PRAGUE 13 octobre 2006 (RFE/RL)

-- Les pays occidentaux commencent à prêter une attention croissante aux accusations selon lesquelles les autorités chinoises assassinent des membres emprisonnés du mouvement spirituel interdit Falun Gong, dans le but de vendre des parties de leurs corps pour des greffes d’organes.

Un sous-comité de la Chambre des Représentants des Etats-Unis a tenu une séance sur ces accusations, le 29 septembre. La question a aussi été soulevée au niveau du ministre des affaires étrangères, lors du sommet de l’Union Chine-Europe, le 9 septembre à Helsinki.

Mission de recherche

Les allégations ont obtenu un regain d’attention suite au rapport publié le 6 juillet par deux avocats des droits de l’homme canadiens, qui ont examiné en détails les déclarations selon lesquelles les autorités chinoise tuent des prisonniers dans le but de vendre leurs organes chez eux et à l’étranger.

Une association de Falun Gong en Amérique du Nord a demandé aux deux avocats David Matas et David Kilgour, de les aider à enquêter sur les allégations selon lesquelles des prisonniers, qu'aucun tribunal n'a condamné à mort ont été assassinés. Il y a eu quelques 60,000 greffes en Chine entre 2000 et 2005, mais Matas et Kilgour estiment que seules 18,000 donations d’organes au cours de cette période, proviennent de sources officielles. Tous deux sont des avocats des droits de l’homme expérimentés. Kilgour est un ancien secrétaire d’état canadien, et Matas est un spécialiste très connu sur les questions de réfugiés, d’immigration et de droits.

Ils disent dans leur rapport qu’ils n’ont trouvé aucune preuve concrète de ces graves accusations contre la Chine. Cependant, Kilgour et Matas ont déclaré avoir établi une séquence de preuves circonstanciées qui suggèrent qu’un tel commerce ait lieu. Il implique des victimes, en particulier du Falun Gong.

Démenti de Pékin

Kilgour et Matas n’ont pas eu l’autorisation de se rendre personnellement en Chine. Comme ils l’ont signalé, après que de tels prélèvements d’organes soient soi-disant exécutés, une salle d’opération vide ne comporte aucun indice. Et les corps n'y sont plus : On dit que les autorités brûlent les corps après que le foie, les reins, le cœur et autres organes sont prélevés.

[…] Beaucoup sont entrés…

Lorsqu’il a été interdit par les autorités chinoises en 1999, le Falun Gong avait des dizaines de millions de membres – dont plusieurs milliers ont été arrêtés ou envoyés dans des camps de travail ou de rééducation. Les fonctionnaires américains ont estimé que la police tient des centaines de camps de rééducation ayant une capacité de détention de 300,000 personnes.

Les avocats Matas et Kilgour ont dit que beaucoup de (gens du) Falun Gong ramassés ont refusé de donner leurs coordonnées aux autorités, craignant que leurs proches n'aient à en souffrir . Ceci protégeait les familles, disent-ils, mais dans le même temps a fait que les familles n'ont aucun moyen de retrouver les prisonniers – et rendu plus faciles les disparitions discrètes des prisonniers. Ceux-ci pourraient-ils être au moins certains des donneurs dans le gigantesque trafic de greffes chinois ?

Selon des chiffres fournis par le président de l’Association de Greffes Médicales d’Organes de Chine, le professeur Bingyi Shi, il y a eu prés de 60,000 opérations de greffes effectuées en Chine entre 2000 et 2005.

Mais Matas et Kilgour estiment que seulement environ 18,000 donations d’organes durant cette période proviennent de sources officielles – c’est-à-dire, des individus donnant leurs organes après leur mort ou de prisonniers à mort exécutés officiellement. Ils disent que ceci crée un manque de quelques 40,000 donations d’organes, et se posent à voix haute la question : d’où viennent ces organes

Motivation suffisante?

Un motif certain pour les activités criminelles est fourni par le profit fait par la transplantation d’organes. Le Centre d’Assistance pour le Réseau de Transplantation International de Chine à Shenyang avait en début d'année une liste de prix pour les parties de corps. La liste donnait le prix d’un rein à $62,000, d’un foie à $130,000, même prix pour un cœur, et un poumon à $150,000.

Ces sommes énormes sont établies sur une toile de fond de corruption largement répandue parmi les fonctionnaires, en dépit des efforts du Parti communiste pour l’éradiquer. Avec la perspective de tels profits , il est aisé de voir comment le système a pu être trompé.

Les grands groupes des droits de l’homme sont déconcertés par l’échelle des allégations horribles contre la Chine et tentent d’établir ce qui se passe réellement.

‘’ Nous avons tenté d’en découvrir plus, de toute évidence, parce que les allégations sont très, très sérieuses,’’ a dit Anna Klalathi d’Amnesty International. ‘’ Je veux dire, si quelque chose comme cela devait arriver, ce serait en effet, très grave. Mais nous n’avons pas pu pousser nos investigations très loin.’’

Solliciter des ‘’Donations’’

Mais Falun Gong déclare avoir plus de preuves. Les membres de Falun Gong en Amérique du nord ont dit qu’ils avaient téléphoné à divers hôpitaux, prisons, et autres institutions en Chine, se faisant passer pour des acheteurs d’organes, enregistrant les conversations qui s’en sont suivis.

Lors d’une telle conversation – au Centre de détention Mishan dans la province de Heilongjiang, le 8 juin—un membre du personnel a dit à l’appelant qu’ils avaient des fournisseurs [ d’organes] du Falun Gong.’’

Question: ‘’ Avez vous des fournisseurs [d’organes] du Falun Gong?
Réponse: ‘’ Nous en avions, oui.’’
Question: ‘’Et maintenant?’’
Réponse: ‘’Oui’’
Question: ‘’Pouvons nous venir choisir, ou est ce que vous nous les fournissez directement?’’
Réponse: ‘’ Nous vous les fournissons.’’
Question: ‘’ A quel prix?’’
Réponse: ‘’ Nous en discuterons quand vous viendrez.’’

En même temps, une Chinoise interrogée par Matas et Kilgour a déclaré que son mari était chirurgien et lui avait dit avoir personnellement prélevé des cornées sur 2,000 prisonniers anesthésiés dans le Nord-Est de la Chine, durant une période de deux ans jusqu’en octobre 2003. Elle a dit que son mari a plus tard, refusé de continué ce travail macabre.

Ouvert aux abus.

Le gouvernement chinois en 2005, a confirmé pour la première fois qu’il utilisait des organes de prisonniers jugés et exécutés. Pour les groupes des droits de l’homme, ceci est déjà une approche exploitable de la question des parties du corps, parce que cela implique que des criminels pourraient être condamnés à mort plus facilement dans le but d’obtenir les organes.

‘’Ce qui est déjà établi et admis par les autorités chinoises, est que les organes sont pris sur des prisonniers condamnés à mort,’’ a dit Kltalathi de Human Rights Watch.’’ Et c’est aussi impossible à surveiller, à cause du manque de transparence entourant la peine de mort en Chine.’’

La situation légale en Chine a laissé la porte ouverte aux abus dans le commerce des greffes d’organes.

Jusqu’au 1 juillet, il n’y a pas eu de lois exigeant de permission écrite des donneurs d’organes. Ni aucune institution devant vérifier que les organes proviennent de sources légales. Ni de comités d’éthique devant approuver à l’avance, chaque greffe

[...]

En juillet, la législation est venue en force créer ces conditions comme étant des exigences légales. Mais comme Matas et Kilgour l’ont noté, les mises en application des lois écrites dans les livres des statuts, n’a pas toujours été le point fort de la Chine.

Ils disent qu’il n’est pas clair de savoir si cette collecte d’organes – si elle a bien lieu--est appuyée par la politique officielle de Pékin, ou s’il s’agit du résultat de la cupidité d’hôpitaux particuliers, qui ont littéralement pu recourir aux meurtres.


http://www.rferl.org/featuresarticle/2006/10/eeed1dbf-7691-465f-b892-1961267a5022.html