Droits de l'homme - 27-11-2007 - 15:00

(Minghui.org)


À l'approche des Jeux Olympiques de Pékin, la communauté internationale doit maintenir la pression sur la Chine pour ce qui est du respect des droits de l'homme: tel est le message d'une audition de la sous-commission des droits de l'homme du Parlement européen, à laquelle participaient plus de 200 personnes ce lundi à Bruxelles. Plusieurs ONG, dont un dissident chinois s'exprimant au téléphone via internet, ont passé en revue les nombreuses violations toujours perpétrées par les autorités.

Ouvrant la réunion, Hélène Flautre (Verts/ALE, FR), présidente de la sous-commission parlementaire, a relevé que l'audition publique se tenait deux jours avant le 10ème sommet UE-Chine. Elle a déploré l'absence de représentant de l'ambassade de Chine.

La Chine, "catastrophe" sur le plan des droits de l'homme

Premier orateur invité, le cyberdissident Hu Jia - dont l'épouse Zeng Jinyan était candidate au prix Sakharov du PE cette année (voir lien ci-dessous) - s'est exprimé au téléphone via internet depuis Pékin, où il est en résidence surveillée. Il a indiqué que son pays était le théâtre d'"une catastrophe sur le plan des droits de l'homme". Un million de personnes sont victimes de persécutions parce qu'elles militent en faveur des droits de l'homme, nombre d'entre elles étant enfermées dans des camps ou des hôpitaux psychiatriques. Hu Jia a qualifié d'ironie du sort le placement du chef du Bureau national de sécurité à la tête du Comité chinois d'organisation des Jeux olympiques, la "mafia responsable des Jeux". Selon le cyberdissident, il y a conflit entre les espoirs de l'Occident, pour qui la tenue des jeux en Chine devrait encourager la démocratie et l'ouverture dans ce pays, et des autorités chinoises qui souhaitent voir les Jeux légitimer leur pouvoir. Il a exhorté l'Europe à "tenir bon" et en particulier à ne pas vendre d'armements à la Chine.

Hu Jia n'a pas été en mesure de répondre à Ana Gomes (PSE, PT) qui souhaitait savoir s'il était exact qu'un cadre supérieur du parti avait appelé les autorités à "venir nettoyer la place Tiananmen" et connaître le nombre de personnes encore détenues dans les prisons et les hôpitaux à la suite de ces incidents.

Le CIO ne doit pas éluder le problème

Ancien champion olympique d'escrime, aujourd'hui député européen et membre du Comité International Olympique (CIO), Pál Schmitt (PPE-DE, HU) a souligné que le CIO n'est pas en mesure "de prendre des positions de pointe en matière de droits de l'homme et sur des questions politiques" ni d'exercer des pressions sur la Chine sur des questions autres que les Jeux. Pour le CIO, il vaut mieux "garder ouverte une nouvelle porte sur la Chine", a-t-il ajouté, un avis mis en cause par la présidente de la sous-commission et ouvertement contesté par Edward McMillan-Scott (PPE-DE, UK), vice-président du PE. "L'article 1 de la Charte olympique fait référence aux principes éthiques fondamentaux et le CIO a par conséquent un mandat pour s'intéresser à ces questions", a-t-il affirmé, soulignant que le Comité a déjà exclu l'Afrique du Sud des jeux pour cause d'apartheid montrant par là "qu'il peut prendre des positions politiques". "Le temps est venu pour le CIO de faire une déclaration politique" sur la situation en Chine, a ajouté M. McMillan Scott. Pál Schmitt a finalement convenu de parler au conseil d'administration du CIO qui, a-t-il reconnu, "ne peut pas rester sourd" plus longtemps à ces requêtes.

Phelim Kine, de Human Rights Watch Hong-Kong, s'est focalisé sur la question de la liberté des médias, rappelant que la Chine s'était engagée à ce que les médias soient en position de travailler en toute liberté pour se voir confier l'organisation des Jeux de 2008. Mais, a-t-il affirmé, "le CIO ne s'assure que la Chine tienne sa promesse" et "fait la sourde oreille" aux rapports de l'ONG.

M. McMillan-Scott a lu devant l'assistance une déclaration au nom de Hong Bing Yuan, un militant chinois des droits de l'homme résidant aujourd'hui en Australie qui n'a pas pu se rendre à l'audition. Selon ce dernier, "des gens sont toujours emprisonnés ou assassinés", le traitement réservé au mouvement Falun Gong est "un désastre sur le plan du respect des droits de l'homme", "90 millions de personnes travaillent comme des esclaves" et de manière générale, cette situation "jettera opprobre et discrédit sur l'esprit olympique".

"Le combat pour les droits de l'homme en Chine est un marathon"

Sharon Hom, de l'ONG Human Rights in China basée à New York a évoqué une "liste noire de 42 catégories d'individus indésirables" établie par les autorités. Cet "instrument de refroidissement et d'intimidation pour contrôler la société" devrait "inquiéter le CIO", a-t-elle estimé. Mme Hom a aussi indiqué que le gouvernement avait des "difficultés à maintenir l'ordre intérieur tout en présentant une image ouverte vers le monde" et a pressé l'UE de maintenir la pression dans ses relations bilatérales avec la Chine. "Le combat pour les droits de l'homme est un marathon", a-t-elle indiqué, mais s'il est gagné, ce sera un succès "pour la Chine comme pour le monde entier".

Pour finir, Vincent Metten, de la Campagne internationale pour le Tibet, a souligné la répression du Bouddhisme, la "colonisation démographique", la détérioration environnementale de la région et la marginalisation socio-économique des Tibétains.

26/11/2007
Sous-commission "droits de l'homme"
Présidente : Hélène Flautre (Verts/ALE, FR)
http://www.europarl.europa.eu/news/expert/infopress_page/015-13596-330-11-48-902-20071126IPR13587-26-11-2007-2007-false/default_fr.htm