(Minghui.org) Le BMJ (anciennement le British Medical Journal), un journal médical hebdomadaire révisé par des pairs, a publié le 15 octobre 2015 un blog intitulé : « L'entourloupe sémantique de la Chine à propos des organes des prisonniers », par K. Allison et d’autres.

Les auteurs déclaraient : « Depuis 2006, quantité de témoignages suggèrent que des prisonniers d'opinion sont assassinés pour leurs organes en Chine, la pratique bouddhiste brutalement persécutée, le Falun Gong, parmi d’autres, en étant la cible principale. Cette question ne cesse de capter davantage d'attention des grands médias (par exemple un reportage de la radio BBC et les récents reportages télévisés de SBS et de CBC) et de la sphère politique (par exemple la Résolution du Parlement européen ''Prélèvements d’organes en Chine'' du 12 décembre 2013 et l’atelier du même nom du Parlement européen le 21 avril 2015.) »

Sous la pression de la communauté internationale, les responsables des greffes en Chine ont admis il y a plusieurs années prélever les organes de prisonniers condamnés à mort, ceci afin de détourner l’attention de leur pratique de prélèvements forcés d’organes sur des prisonniers d'opinion. Mais l’Association Médicale Mondiale (AMM), déclare sans interprétation possible dans sa politique que « dans les juridictions où la peine de mort est pratiquée, les prisonniers exécutés ne doivent pas être considérés comme des donneurs d’organes et/ou de tissus. »

Afin d’éviter les critiques extérieures continuelles, « Le 3 décembre 2014, le directeur du Comité de don d’organes en Chine et ancien vice-ministre de la santé, Huang Jiefu, a annoncé que la Chine cesserait d’utiliser les organes de prisonniers condamnés à mort pour les greffes après janvier 2015. Depuis, de nombreux professionnels du milieu médical et des journalistes internationaux pensaient que la Chine avait cessé d’utiliser les prisonniers exécutés comme source d’organes. Toutefois, c'est une mauvaise évaluation de la situation en Chine. »

Les auteurs soulignaient : « Le terme ''organes de prisonniers condamnés à mort'' auquel se réfère Huang est différent de la définition commune des organes de prisonniers. L’annonce de Huang se réfère à l’intention de cesser d’utiliser les organes illégalement prélevés sans le consentement des prisonniers. Si le ''consentement'' est obtenu, l’approvisionnement en organes sur des prisonniers exécutés est légal, selon les lois chinoises actuelles. »

« Ces organes de prisonniers obtenus avec ''consentement'' sont à présent considérés comme des donations volontaires de citoyens. La redéfinition de prisonniers en citoyens ordinaires dans ce contexte est facilitée par le fait qu’il n’y a actuellement aucune loi en Chine qui distingue les prisonniers des citoyens ordinaires s'agissant de l’approvisionnement en organes. »

« Cependant, l’utilisation de ''dons volontaires'' d’organes de prisonniers en Chine continue à enfreindre les règles éthiques internationales. Il existe un principe fondamental dans la médecine de transplantation selon lequel les dons d’organes doivent être faits volontairement, ce qui en retour, requiert une prise de décision autonome et éclairée. Même avec un ''consentement'', l’utilisation d’organes sur des prisonniers n’est pas acceptable : les prisonniers ne sont ni libres de la contrainte ni toujours pleinement informés, ni en mesure de consentir librement, pas plus que leur famille. »

« De tels organes sont encore utilisés pour les greffes, mais ne sont plus considérés comme des organes de prisonniers en Chine :

- China Daily rapportait le 4 décembre 2014 : ''Les prisonniers se trouvent encore parmi les candidats qualifiés pour les dons, mais leurs organes seront enregistrés dans le système informatisé au lieu d’être utilisés pour des affaires privées, ce qui, dans le futur, constituera la principale différence, a déclaré Huang aux journalistes.''

- Le 28 janvier 2015, le People Daily a rapporté : ''D’après Huang Jiefu, les prisonniers condamnés à mort sont aussi des citoyens. Les lois ne les privent pas du droit de faire don de leurs organes. Si les prisonniers condamnés à mort souhaitent expier leur crime en donnant leurs organes, ils devraient être encouragés.'' »

« Toutes ces déclarations livrent collectivement un message clair : les prisonniers condamnés à mort sont encore autorisés ou peut-être même encouragés à fournir ''volontairement'' des organes en Chine. Ces organes sont maintenant considérés comme des dons provenant de citoyens. »

Apparemment, la Chine se livre à une astuce sémantique sur la question. Les organes des prisonniers sont continuellement prélevés sous une appellation différente pour éviter la condamnation. « L'astuce sémantique de la Chine s’agissant des organes des prisonniers fonctionne avec ''succès'' et a déjà commencé à porter ses fruits. »

Les auteurs notaient : « Il y a actuellement une grande confusion au sein de la communauté internationale concernant ce problème, dû au manque de transparence en Chine. Par exemple, lors de l’atelier du Parlement européen sur ''les prélèvements d’organes en Chine'', du 21 avril 2015, l’ancien président de la Société de Transplantation (TTS), Francis Delmonico, a déclaré de façon erronée que ''l‘approvisionnement en organes provenant de prisonniers exécutés est illégal depuis le 1 janvier 2015, selon la loi chinoise.'' Tout récemment, Jeremy R Chapman, rédacteur en chef de la revue Transplantation, a déclaré dans un commentaire dans leur numéro de juillet que ''l’utilisation d’organes provenant de prisonniers exécutés est désormais illégale par mandat gouvernemental.'' Ces interprétations sont en contraste évident avec les déclarations des responsables chinois des greffes mentionnées plus haut, lesquels continuent en 2015, à défendre ouvertement les ''donations'' d’organes de prisonniers. »

De plus, selon la découverte des auteurs : « L’annonce de décembre 2014 n’est en soi ni une loi ni une règle gouvernementale. Elle est tout au plus une déclaration de bonne intention, mais n’a pas force de loi. L’annonce n’est même pas mentionnée dans les politiques de la Commission nationale de la Planification familiale et de la santé de la République Populaire de Chine, qui administre le Système de réponse des greffes d’organes de Chine (COTRS). Et pour souligner l’incertitude juridique, la Règle de 1984 autorisant l’utilisation d’organes de prisonniers exécutés n’a pas été abolie. »

Les auteurs notaient : « Après des promesses répétées non tenues de la Chine, comme la lettre de l’Association médicale chinoise à l'AMM en 2007 et la Résolution de Hangzhou en 2013, les annonces seules, sans action judiciaire extérieure et sans vérification que ces lois respectives sont mises en place, ne devraient pas être considérées comme satisfaisantes par la communauté médicale. »

« Si ce tour sémantique (étiqueter les organes de prisonniers comme des dons volontaires provenant de citoyens) est accepté par la communauté médicale internationale, la Chine continuera officiellement à outrepasser les directives éthiques internationales et la pratique non-éthique de prélèvements d’organes sur des prisonniers pourrait devenir une histoire sans fin. »

Ils poursuivaient : « De plus, le nouveau ''critère'' pourrait même favoriser l’augmentation des prélèvements forcés d’organes sur les prisonniers d'opinion. »

« En redéfinissant les prisonniers comme des citoyens ordinaires pour les dons ''volontaires'' d’organes, le système d’approvisionnement national d’organes en Chine pourrait être détourné pour blanchir des sources d’organes provenant à la fois de prisonniers condamnés à mort et de prisonniers d'opinion. »

Ils concluaient : « Donc, en raison des normes éthiques internationales et des risques d’abus à l’encontre des populations vulnérables, l’utilisation d'organes provenant de tout type de prisonniers doit être interdite par la loi en Chine. La Chine doit rendre son système de dons d’organes transparent et vérifiable pour les organisations professionnelles indépendantes et s’ouvrir aux inspections internationales pour acquérir une crédibilité. Jusque là, des sanctions devraient être maintenues. »

Traduit de l'anglais en Europe