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Wang Yonghang, avocat des droits de l'homme : De spectateur à victime puis témoin dans la persécution du Falun Gong (deuxième partie)

13 octobre 2018 |   Écrit par Wang Yonghang, en Chine

(Minghui.org) (suite de la 1ère partie)

M. Wang Yonghang, avocat des droits de l'homme, défend les pratiquants de Falun Gong depuis que le Parti communiste chinois (PCC) a commencé à persécuter ce groupe en 1999. Comme Gao Zhisheng et de nombreux autres avocats qui soutiennent les pratiquants de Falun Gong, M. Wang a été sévèrement puni par le régime, allant jusqu'à une peine de sept ans de détention illégale et de torture brutale.

M. Wang a compris que le public ne saurait jamais ce que lui et beaucoup d'autres pratiquants de Falun Gong ont vécu s'ils ne racontaient pas leurs histoires. Ce qui suit est son récit de première main sur la façon dont le régime communiste a violé la loi dans sa persécution des pratiquants de Falun Gong.

Illégalement jugé et condamné

Lorsqu'une personne emprisonnée est détenue dans un hôpital, un policier du centre de détention et deux policiers armés sont en poste pour le surveiller. Préoccupées par l'impact de mon cas, les autorités ont ajouté deux policiers supplémentaires, en rotation quotidienne depuis l'un des treize postes de police supervisés par le Département de police de Shahekou à Dalian.

Un jeune policier qui me surveillait a décrit les actions du Département de police le jour où ils m'ont arrêté. Il a partagé quelques détails concernant mon départ de chez moi. Cependant, si la police ne m'avait pas suivi ce matin-là, ils n'auraient pas connu ces détails. Je me suis alors rendu compte que bien que l'arrestation de ce jour-là me visait principalement, d'autres pratiquants étaient également impliqués.

J'ai appris à la fin de 2009 que le pratiquant de Falun Gong Feng Gang, qui avait été arrêté alors que j'étais surveillé, était mort. J'ai lu sur le site Internet Minghui après ma libération qu'il avait été torturé après avoir été arrêté.

Le tribunal du district de Shahekou a tenu mon audience le 14 septembre 2009. Ils n’en ont pas informé ma famille ou mon avocat, ni ne m’en ont informé trois jours à l’avance, conformément aux exigences légales.

Après l'audience, le juge Li Bianjiang s'est approché de moi et a posé des questions sur ma cheville blessée. J'ai répondu : « Honorable juge Li, veuillez vous positionner correctement sur la question du Falun Gong. »

« J'ai lu vos articles, qui ont été inclus en tant que preuves. Vous êtes assez talentueux. Cependant, vous ne devriez pas aller à l'encontre du Parti communiste chinois (PCC) », a répondu le juge.

J'ai répondu : « En tant que juge, l'accent devrait être mis sur la question juridique, pas sur qui est contre qui. »

En Chine, les autorités et leurs voyous ont tendance à utiliser l’affirmation « d’être contre le Parti » pour piéger leurs opposants et les attaquer politiquement.

Le tribunal du district de Shahekou m'a condamné à sept ans de prison le 27 novembre 2009. J'ai entamé une grève de la faim pour protester contre la condamnation illégale. Le centre de détention m'a gavé de force et m'a menotté les bras derrière le dos pendant plus de trente heures.

J'ai appris plus tard que mes deux avocats de Pékin, l'avocat Lan et l'avocat Zhang, étaient venus à Dalian six fois pour me rendre visite. Le centre de détention de Dalian avait refusé de les autoriser à me voir. Cependant, lors de leur sixième visite, ils ont été informés que le tribunal intermédiaire de Dalian avait besoin d'eux pour connaître mon point de vue sur la possibilité d'interjeter appel. Ce fut la seule visite de mes avocats au cours de mes sept années de prison.

Torturé en prison

J'ai été emmené à la nouvelle prison de Liaonan le 2 avril 2010. J'ai refusé de porter l'uniforme de prisonnier. Les détenus m'ont battu, m'ont enlevé mes vêtements et m'ont mis l'uniforme de prisonnier.

Le 22 avril 2010, j'ai été emmené à la prison n1 de Shenyang, province du Liaoning. En moins de deux semaines, plusieurs détenus m'ont violemment battu à deux reprises. J'ai signalé les coups au garde en service, Zhang Xiaoyun. Zhang a dit, indifférent : « Es-tu blessé ? Si c'est le cas, va à l'hôpital et demande-leur de vérifier la blessure. »

Les détenus m'ont encore battu le 11 octobre dans la soirée et le lendemain matin.

Les gardes Chang Hong et Liu Shuang m'ont mis dans le centre strictement géré. Pendant deux semaines, on m'a seulement donné de la bouillie de maïs.

J'ai refusé de porter la carte d'identité indiquant que j'étais un criminel. Le chef du dix-huitième district, Li Shiguang, m'a privé de mes droits d'achat pendant neuf mois. Je me suis donc retrouvé sans papier hygiénique, lessive en poudre, soupe, dentifrice et brosse à dents. Pendant longtemps, j'ai dû prendre les tubes de dentifrice vides que les gens jetaient pour en faire sortir les derniers restes.

La prison m'a transféré du dix-huitième arrondissement au deuxième district le 1er juin 2011, après la mort du pratiquant de Falun Gong Hou Yanshuang du deuxième district, pour équilibrer la répartition des prisonniers de Falun Gong.

Le directeur adjoint du deuxième district, Chen Dong, a affirmé qu'il était responsable de moi. Il a pensé à certains moyens pour que j'effectue un « travail symbolique », comme de la comptabilité. Mais j'ai refusé.

Il a crié : « Dans la prison, les gardes et les prisonniers ont besoin de travailler. Pourquoi ne devrais-tu pas faire ta part ? »

« Les policiers travaillent pour répondre aux exigences de leur travail », ai-je dit. « Les détenus travaillent pour répondre aux exigences de la réforme par le travail. Je ne suis ni un policier ni un détenu. Donc, je n'ai aucune responsabilité pour effectuer le travail. »

Chen m'a enfermé à l'intérieur de la cafétéria et m'a empêché d'entrer en contact avec quiconque. Un détenu m'a également surveillé.

La prison a lancé une campagne « pour éradiquer la croyance du Falun Gong » en février 2012. Le directeur Wang Bin et le sous-directeur Liu Shigang ont dirigé la campagne. Ils ont donné aux pratiquants deux options : « Mourir ou se transformer ». La principale méthode était la privation de sommeil et la restriction de nourriture et d'eau.

J'ai été privé de sommeil pendant treize jours du 8 mai au 21 mai 2012. On m'a diagnostiqué une pleurésie et une accumulation de liquide près de ma deuxième côte.

Lorsque ma femme m'a rendu visite en juin 2012, elle a vu que je devais être porté par d'autres. Elle a demandé aux gardes ce qui s'était passé. Chen Dong a répondu: « C'est comme une mère qui punit son fils. »

Chen m'a dit une fois: « Tu devrais tenir parole. Tu as déjà accepté d'être "transformé", alors tu devrais le faire. Pourquoi ne respectes-tu pas ton engagement ? »

Après avoir refusé de répondre à son sondage sur les pratiquants « transformés », Chen a dit : « Si tu ne réponds pas, nous ne te libérerons pas, même après la fin de ta peine. Nous t'emprisonnerons pendant vingt ans. »

Un autre jour, Chen a fait venir une chaise de fer pour me torturer. Après le départ de Chen, un détenu m'a dit : « Lorsque le PCC fait cela à des gens comme toi, c'est juste le signe de leur incompétence. »

Plus tard, j'ai été emmené à la prison de Tieling, qui dispose d'une installation de quarantaine pour les patients tuberculeux.

Ramener pour torture

La prison n1 de Shenyang a envoyé quelques personnes à la prison de Tieling en mars 2013 pour voir si j'avais été « transformé ». Je leur ai dit que je maintiendrais ma conviction et condamnais leur pratique de « transformation » forcée.

J'ai écrit une lettre à la prison de Tieling pour exposer les tortures subies à la prison n1 de Shenyang. La prison n1 de Shenyang m'a ramené le 25 juin 2013. J'ai été placé dans le 19e arrondissement et torturé avec le banc du tigre pendant trois jours.

On m'a seulement donné de la bouillie de maïs pendant quinze jours. J'avais mal à la poitrine et au dos, alors je suis allé à la clinique pour un bilan de santé. La radiographie a montré que j'avais des symptômes de pleurésie et de tuberculose.

J'ai été soumis à une intense surveillance pendant deux mois jusqu'au 23 août. C'était l'été, mais je n'avais pas le droit de prendre de douche, de laver mes vêtements, de me laver le visage et les mains ou d'avoir du papier hygiénique. J'ai été forcé de m'asseoir sur un tabouret en bois de six heures à vingt-deux heures, tous les jours. Je n'avais pas le droit d'aller aux toilettes la nuit.

Je suis retourné dans le 2e district le 23 janvier 2013, après que mes symptômes de pleurésie ont disparu.

Je suis resté à l'hôpital le 16 avril 2013 pour ma blessure à la cheville. J'ai été examiné par le premier hôpital et le quatrième hôpital affilié de l'université médicale de Chine et à l'hôpital orthopédique de Shenyang. Leur diagnostic était une inflammation postopératoire des os.

Relâché, mais surveillé

Le 3 juillet 2016 était la fin de ma peine de prison. Un garde responsable des pratiquants de Falun Gong m'a fait sortir. Il a dit : « Ne recommence pas. N'as-tu pas vu pendant toutes ces années que tu ne pouvais compter que sur les membres de ta famille dans les moments critiques ? »

J'ai compris ce qu'il sous-entendait. J'ai répondu : « S'il n'y avait pas eu les efforts constants de la part des pratiquants de Falun Gong et des personnes à l'étranger, notre situation ici serait beaucoup plus misérable ! »

Il est resté silencieux.

En fait, s'il n'y avait pas eu une attention constante et des appels, je n'aurais peut-être pas survécu.

La prison ne m'a pas libéré au début, affirmant qu'ils attendaient les ordres du gouvernement local. Ils ne m'ont relâché que lorsque plusieurs personnes de mon comité résidentiel de rue se sont présentées.

Afin de me surveiller, le comité résidentiel de rue et du poste de police local ont installé une caméra chez moi et une autre sur le toit de l'immeuble faisant face à mon balcon. L'avant était pointé à ma porte et le dos à nos deux chambres. Il s'agissait de deux caméras infrarouges.

Témoin de meurtres

Ce qui suit sont des cas de mort de pratiquants de Falun Gong dont j'ai eu directement ou indirectement connaissance :

    1. Le pratiquant Feng Gang de Dalian est mort dans des circonstances suspectes.

    2. Le pratiquant Hou Yanshuang de Lingyuan est mort à la prison n1 de Shenyang.

    3. Le pratiquant Peng Geng du Département de police de la province du Liaoning est mort au cours d'une grève de la faim ou de tuberculose dans la prison de Tieling.

    4. Le pratiquant Li Shangshi de Panjin est mort dans la prison n1 de Shenyang.

    5. Le pratiquant Liu Zhanhai de la ville de Harbin, province du Heilongjiang, est mort à la prison n1 de Shenyang.

    6. Le pratiquant Guo Chunzhan de Huludao est mort d'une défaillance d'organe après avoir été libéré de la prison n1 de Shenyang.

    7. Le pratiquant Hu Guojian de Fushun est mort dans la prison de Benxi, province du Liaoning.

Autres incidents

Ma femme a été arrêtée deux fois quand j'étais en prison. Elle a été détenue pendant cinq jours dans un centre de détention. Puis elle a été emmenée au centre de lavage de cerveau de Fushun pendant trente jours.

En avril 2017, je suis allé au bureau d'admission des entrées et sorties à Dalian pour demander un passeport pour des raisons professionnelles. On m'a dit que le policier Guo m'empêchait d'obtenir un passeport.

Récemment, lorsque j'ai pris le TGV, des policiers m'attendait à mon siège. Ils ont pris une photo de moi et ont fouillé mon sac.

Contexte

M. Wang Yonghang, un pratiquant de Falun Gong, était avocat au bureau juridique de Qianjun dans la province du Liaoning. Il a conseillé, représenté et défendu plusieurs pratiquants de Falun Gong depuis 2007.

Il a publié sept articles sur le site Internet d'Epoch Times (en chinois), notamment une lettre ouverte adressée à la plus haute instance judiciaire de Chine. Dans sa lettre ouverte, intitulée « Les erreurs commises par le passé exigent que les services correctionnels soient faits rapidement aujourd'hui », M. Wang soulignait que les autorités du PCC contrôlent à la fois les systèmes législatif et judiciaire et les utilisent pour persécuter les pratiquants de Falun Gong sous couvert de légalité.

À la suite de ses lettres et sous la pression des autorités, le cabinet d'avocats où il travaillait a mis fin à son emploi. Son certificat d'avocat lui a été confisqué et retenu par les autorités.

Il a été arrêté en juillet 2009 et condamné à sept ans de prison. Son cas figure dans le rapport du Rapporteur spécial des Nations Unies de 2010 sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

(Fin)

Traduit de l'anglais au Canada