La Grande Époque
Rabbi Reuven Bulka
Le Canada et les autres pays démocratiques devraient boycotter les Jeux olympiques de Beijing en 2008 si le régime communiste chinois continue de prélever les organes, selon un rabbin important d’Ottawa.
Lors du congrès annuel du World Society of Cardio-Thoracic Surgeons (Société mondiale des chirurgiens cardiothoraciques), le rabbin Reuven Bulka a pressé le gouvernement canadien de forcer le régime chinois à «mettre un terme à cette pratique horrible».
Les commentaires du rabbin Bulka ont été exprimés à la suite de la publication le mois dernier d’un rapport rédigé par l’ancien parlementaire, David Kilgour, et l’avocat spécialiste des droits de la personne, David Matas. Ce rapport révèle que les organes des pratiquants de Falun Gong sont systématiquement prélevés et vendus en Chine et ce commerce contrôlé par l’État rapporte de gros sous.
«Ça rapporte gros pour eux», a dit M. Bulka à La Grande Époque. «Ils encaissent des centaines de millions de dollars avec ça et ils croient probablement qu’ils vont aussi faire des centaines de milliers de dollars avec les Olympiques. Mais si nous leur disons qu’ils sont persona non grata au sein de la communauté internationale jusqu’à ce que cela cesse, ils comprendront le message.»
Le régime communiste a initié une persécution brutale du Falun Gong en 1999, croyant que la popularité de la pratique de méditation menaçait l’idéologie athée officielle de l’État. Des centaines de milliers d’adeptes ont été illégalement arrêtés et détenus, selon le Centre d’information du Falun Gong, alors que des milliers ont été tués et d’autres ont simplement disparu.
Boycotter Beijing
Bien que le rapport sur les prélèvements d’organes n’appelle pas au boycottage, M. Kilgour a dit récemment lors d’un voyage en Australie que les Olympiques offraient une «possibilité» pour presser le Parti communiste chinois d’arrêter ce genre de crimes.
David Kilgour et le vice-président du Parlement européen, Edward McMillan-Scott, sont maintenant en tournée pour sensibiliser les gens au rapport et obtenir l’appui des gouvernements pour mener une enquête indépendante.
Le gouvernement canadien a dit qu’il prévoyait enquêter sur les allégations du rapport, tandis que le gouvernement australien est allé plus loin en faisant pression la semaine dernière sur des fonctionnaires chinois pour qu’ils autorisent une enquête indépendante. M. Kilgour a félicité l’Australie et espère que d’autres pays feront de même.
Les preuves du rapport incluent de nombreuses conversations avec du personnel hospitalier en Chine confirmant que des organes vitaux sont prélevés sur des «lots» de pratiquants de Falun Gong toujours en vie; des appels à la police et aux autorités judiciaires indiquent que les tribunaux chinois ont organisé assez de «fournisseurs» d’organes pour combler la demande. Le rapport estime qu’environ 41 500 transplantations d’organes entre 2000 et 2005 n’ont aucune source identifiable basée sur des statistiques officielles.
Selon les auteurs du rapport, les politiques de répression et d’incitation à la haine du parti communiste à l’égard du Falun Gong signifient que les adeptes sont simplement à la merci des autorités corrompues.
«L’incitation à la haine contre le Falun Gong et la déshumanisation des pratiquants signifient qu’ils peuvent être massacrés et tués sans aucune protestation de la part de ceux qui gobent cette propagande haineuse officielle», explique le rapport.
David Matas, coauteur du rapport, dit qu’il serait probablement plus efficace d’utiliser un boycottage pour faire pression sur la capitale chinoise, Beijing, afin qu’elle cesse de persécuter le Falun Gong, plutôt que de focaliser sur les récents rapports de prélèvements d’organes. Même si les preuves de prélèvements d’organes sont en grande partie indirectes, M. Matas indique qu’il y a des «preuves irréfutables» que d’autres types de persécution sont infligés aux pratiquants de Falun Gong en Chine.
Il est peu probable que la nouvelle loi interdira les crimes de prélèvements d’organes
David Matas précise que même si le régime chinois a passé une loi bannissant le trafic d’organes le 1er juillet, il n’y a aucune preuve qu’elle soit appliquée. Cela ne surprend pas Guo Guoting, un avocat spécialiste chinois des droits de l’homme qui s’est exilé au Canada.
Les autorités chinoises ont harcelé Guo Guoting et ont fermé sa firme d’avocats parce qu’il défendait des dissidents politiques et des pratiquants de Falun Gong et qu’il critiquait le régime communiste sur Internet.
M. Guo affirme que plusieurs lois en Chine ne sont « que des façades» et ne sont jamais appliquées. Selon lui, la nouvelle loi a été adoptée peu de temps après que le scandale des prélèvements d’organes ait éclaté en Occident – une tactique utilisée par le régime pour créer la perception «qu’ils contrôleront ce genre de situation avec la loi».
«Ils ont passé cette soi-disant loi, mais en réalité, c’est seulement pour tromper la communauté internationale, et non pas pour protéger les droits des gens.»
Le commentateur adjoint du NPD en matière des droits de la personne, Wayne Marston, croit que le Canada devrait attendre qu’Amnesty International et les Nations Unies soient capables d’enquêter sur les rapports de prélèvements d’organes avant d’utiliser les Olympiques comme levier. Comme la Chine est devenue «davantage une nation faisant du commerce en quête de partenaires dans le monde», Beijing pourrait être plus ouverte à laisser des enquêteurs entrer dans le pays comparativement au passé, explique-t-il.
MM. Kilgour et Matas ont demandé des visas pour aller enquêter en Chine, mais ont essuyé un refus.
L’Association du Falun Dafa du Canada (AFDC), un groupe qui représente les pratiquants de Falun Gong au Canada, a demandé à Ottawa de condamner publiquement Beijing pour les prélèvements d’organes massifs et d’exhorter le régime chinois à arrêter la persécution de Falun Gong.
«Le Canada doit mettre un terme à sa politique d’apaisement vis-à-vis des atrocités violant les droits de l’homme commises par la Chine communiste le plus vite possible», mentionne un communiqué de l’AFDC.
Liens commerciaux
Au cours d’un séminaire sur les prélèvements d’organes à la Nouvelle-Galles du Sud, Australie, le 20 août dernier, M. Kilgour a mentionné que même si le Canada et les États-Unis ont des liens commerciaux étroits avec la Chine, ces liens ne devraient pas pour autant dissuader ces deux pays à condamner la Chine qui a un mauvais dossier au chapitre des droits de l’homme.
Le rabbin Reuven Bulka est d’accord. «Chaque pays doit prendre une décision motivée par les principes. Il est vrai que le commerce pourrait être affecté, mais ils doivent se demander s’ils veulent entretenir des relations commerciales avec quelqu’un qui fait quelque chose d’aussi abominable que ça. Et si c’est ce qu’ils veulent, alors il y a un sérieux problème moral.»
La U.S. National Kidney Foundation (Fondation américaine du rein) affirme que les transplantations d’organes pratiquées dans le non-respect du code de déontologie devraient être condamnées par ceux impliqués dans le domaine de la transplantation à l’échelle internationale. La fondation a émis une déclaration dans laquelle elle exprime sa «grande inquiétude» au sujet des résultats des recherches du rapport Kilgour-Matas.
Le China International Transplantation Network Assistance Centre (Centre d’assistance internationale du réseau de transplantation de Chine) annonçait les prix des organes en vente sur son site Internet. Le centre demande jusqu’à 130 000 $ US pour un foie et 62 000 $ US pour un rein. Le site Internet affirme que les organes – incluant des cerveaux, des poumons et des cœurs – sont disponibles sans aucun délai, et que 5000 transplantations de reins sont effectuées annuellement en Chine.
Reuven Bulka, un membre du Conseil canadien pour le don et la transplantation, qui agit comme conseiller auprès de Santé Canada, avance que si plus de gens en Occident faisaient un don d’organe, cela comblerait la pénurie d’organes et éliminerait du même coup le besoin des Canadiens d’aller à l’étranger pour des transplantations.
En attendant, il croit que le gouvernement canadien s’en tirera avec un boycottage des Jeux «si les Chinois ne se corrigent pas de leurs actes barbares».
«Cette situation est si sérieuse que nous devons utiliser toute la force que nous avons», affirme le rabbin Bulka. «Le gouvernement canadien cherche à corroborer le rapport et selon sa manière d’agir jusqu’à présent, je suis très confiant qu’il prendra la bonne décision.»
David Matas a annoncé que de nouvelles preuves seront divulguées dans un autre rapport attendu pour le mois d’octobre.
Source : http://theepochtimes.com/tools/printer.asp?id=45303
Traduit le 27 août 2006 au Canada de l’anglais.