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New Statesman (R.U) : Pourquoi le Falun Gong est-il interdit?

5 septembre 2008 |   Écrit par Leeshai Lemish

(Minghui.org)

19 août 2008

Leeshai Lemish aborde l'histoire et les causes de la campagne lancée par le Parti communiste chinois contre le Falun Gong

"Si le Falun Gong est inoffensif, pourquoi le gouvernement chinois en a-t-il si peur?" Après neuf ans de persécution cette question fondamentale demeure commune. J'essayerai d'y répondre ici.

Dans les années 80, à l'aube, quelques 200 millions de personnes pratiquaient les exercices aux mouvements lents connus sous le nom de qigong dans les parcs de la Chine. En 1992 Maître Li Hongzhi présentait le Falun Gong, une pratique de qigong ressemblant apparemment à n'importe quelle autre. Mais Maître Li était le seul à insister non sur la guérison ou les pouvoirs supra normaux, mais sur la 'cultivation' de soi pour atteindre la perfection spirituelle.

Le Falun Gong a été un succès populaire presque instantané. Maître Li a voyagé à travers la Chine en présentant la pratique et ses principes. Le bouche à oreille a fonctionné et le Falun Gong n'a pas tardé à être pratiqué dans des milliers de parcs. L'ambassade chinoise à Paris a invité Maître Li à enseigner dans leur auditorium, et une étude officielle a permis de découvrir que le Falun Gong avait fait épargner au pays des millions en dépenses de santé.

Avance rapide jusqu'en juillet 1999 et soudain le Falun Gong se retrouve l’ennemi public numéro un. Les pratiquants sont condamnés à la «réforme par le travail» dans des camps où ils sont affamés, battus, et torturés avec des matraques électriques. En 2008, il y a plus de 3.000 cas documentés de pratiquants tués par la persécution d'état. Des preuves de plus en plus probantes suggèrent que beaucoup plus d'entre eux ont été les victimes non consentantes de prélèvements de reins, foies, et cœurs. Combien, nous n'en avons aucune idée.

Pourquoi, alors, cette persécution bizarre ?

Explications peu convaincantes

Face à la critique internationale et à la sympathie de la population chinoise envers le Falun Gong, le Parti communiste chinois s'est vite efforcé de rationaliser sa campagne. Il a décrété que le Falun Gong représentait une menace pour la société - un groupe de méditant superstitieux, dirigés de l'étranger, étroitement organisés et dangereux. Les médias d'État ont raconté d'horribles histoires de mutilation et de suicide, sur lesquelles les étrangers ne sont pas autorisés à enquêter. Quand les enquêteurs parviennent malgré tout à vérifier la véracité de tels cas, ils trouvent des histoires d'individus qui n'existent pas et de crimes commis par des gens qui n'ont rien à voir avec le Falun Gong. Human Rights Watch qualifie tout bonnement les déclarations officielles de «canular».

Quelques intellectuels occidentaux ont suggéré que les dirigeants du Parti craignaient le Falun Gong parce qu'il leur rappelait les religions du passé tournées en rébellions. Mais ces parallèles faciles ignorent combien ces groupes étaient meurtriers – Taiping, par exemple, auquel il est souvent fait référence, a été responsable de 20 millions de décès. Le Falun Gong a toujours été strictement non-violent et n'avait aucun plan de rébellion.

Une dernière explication discutable est que le 25 avril 1999, le rassemblement de 10.000 pratiquants de Falun Gong dans le cœur politique de Pékin a surpris les dirigeants du parti et déclenché l'oppression qui a suivi.

Mais la manifestation paisible arrivait en fait après trois ans d'escalade de l'oppression d'état. En réalité, c'était une réponse directe aux pratiquants arrêtés et battus dans la ville voisine de Tianjin et à la campagne calomnieuse des médias à leur égard.

L'explication du dirigeant seul

L'incident a été central, mais pour des raisons différentes. Ce jour d'avril, le premier Ministre Zhu Rongji a rencontré des membres du groupe rassemblés et a écouté leurs doléances. Ceux qui avaient été arrêtés furent libérés. Les pratiquants qui étaient là m'ont dit qu'ils avaient été enthousiasmés par la communication ouverte entre le gouvernement et sa population.

Mais cette nuit-là, le Président Jiang Zemin a repoussé la position conciliante de Zhu. Il a qualifié le Falun Gong de menace pour le parti et dit que ce serait perdre internationalement la face si le Falun Gong n'était pas immédiatement écrasé. En effet, beaucoup d'experts attribuent la campagne à l'obsession de Jiang envers le Falun Gong autant qu'à n'importe quel autre facteur.

L'explication de la popularité

Ce qui semble avoir effrayé Jiang et d'autres purs et durs du parti (certains qui occupent encore des postes élevés et maintiennent la campagne) est la popularité et l'unanimité sociale que le Falun Gong a suscité. Dans les villes du nord, les ouvriers pratiquaient le Falun Gong ensemble dans les cours d'usine avant de se mettre à leurs machines. Professeurs et étudiants méditaient sur les pelouses de l'université Tsinghua. Les épouses des dirigeants du parti et les cadres aînés avaient leur propre petit groupe dans le centre de Pékin.

Cette crainte de la popularité du Falun Gong explique pourquoi son texte principal, Zhuan Falun, a été interdit de publication quelques semaines après être devenu un best-seller en 1996. Et pourquoi, lorsqu' un rapport du gouvernement a estimé qu'il y avait plus de pratiquants de Falun Gong (plus de 70 millions) que de membres du parti, les agents de la sécurité ont commencé à interrompre les sessions d'exercice.

L'explication du Parti d'état prédateur

Pendant des décennies le parti a persécuté différents groupes - les intellectuels, les artistes, le clergé, les conservateurs, les réformistes - par des mouvements politiques. Certains ont été visés parce qu'ils échappaient au contrôle du parti ou possédaient leur propre idéologie. Le Falun Gong, avec ses enseignements spirituels, son sens de la communauté, et son réseau indépendant tombe dans cette catégorie.

D'autres ont été visés lorsque les dirigeants du parti manœuvraient pour se maintenir au pouvoir. Le Falun Gong semble en avoir été victime, aussi, car la persécution a fourni une excuse pour renforcer les rouages de la Sécurité d'État. Cela a donné au parti une occasion d’huiler ses machines - des purges du style révolution culturelle aux systèmes de surveillance d'Internet.

Comme me l'a dit un survivant de la torture, Zhao Ming, à Dublin : "le mécanisme de persécution du parti était là - Jiang n'a eu qu'à presser le bouton".

Source : http://www.newstatesman.com/blogs/the-faith-column/2008/08/falun-gong-party-chinese


Traduit de l’anglais le 2 septembre 2008