(Minghui.org) Dès que je pense au tristement célèbre camp de travaux forcés de Masanjia, mon cœur tremble.
Je n'oublierai jamais ce jour : le 19 avril 2001. Ce jour-là, les gardes du camp de travaux forcés de Masanjia ont emmené neuf d'entre nous, des femmes refusant d'abandonner leur croyance dans le Falun Gong, dans neuf salles séparées. J'ai été placée dans la première salle où quatre détenus masculins attendaient. En allant aux toilettes, j'ai vu une autre grande salle occupée par plus de 30 hommes.
1. Soumise à des travaux forcés à cause de ma croyance
Mon nom est Yi Liping. J'ai 45 ans cette année. J'ai commencé à lire le livre Zhuan Falun fin octobre 1998. Je trouvais que le livre était très bon et je voulais m'améliorer conformément aux enseignements qu'il présentait.
Je n'avais aucune idée à quel point ma vie allait changer en 1999. En juillet 1999, plusieurs agents de police sont venus chez moi pour déterminer si je pratiquais le Falun Gong. Ils ont fouillé mon domicile pour trouver des livres de Falun Gong. Mon frère cadet (dénommé Yi Xianwu) et moi avons protesté contre leur perquisition illégale.
La campagne officielle de persécution du Parti communiste chinois (PCC) ciblant le Falun Gong a commencé le 20 juillet 1999. Après cela, la police a commencé à surveiller ouvertement mon domicile tous les jours. Des voitures et des motocyclettes de police étaient toujours dans les environs, ce qui terrifiait ma jeune fille. Elle tentait de se cacher d'eux. Ces jours-là, il y avait peu de paix dans notre domicile.
J'ai demandé à ma mère de s'occuper de ma fille de sept ans et je suis allée à Pékin faire appel à la justice pour le Falun Gong. Mon frère et moi sommes allés ensemble.
La police allait également à Pékin des quatre coins de la Chine pour tenter d'intercepter les gens qui allaient faire appel pour le Falun Gong. En septembre 1999, j'ai été arrêtée à Pékin et envoyée au centre de détention local. Un mois plus tard, j'ai été libérée et les policiers ont fait du chantage à ma mère pour 9500 yuan.
Mon frère cadet était pâle et maigre après sa libération. Il mesurait 1m84, mais pesait à peine près de 55 kg. Au centre de détention, nous étions forcés d'effectuer des travaux manuels et de réciter les règlements de la prison. Nous recevions des injections de substances inconnues.
Nous étions plus étroitement surveillés après notre libération. Deux personnes assignées par le poste de police local et le Bureau résidentiel local (une branche du Parti qui existe dans chaque quartier en Chine) demeuraient chez moi tous les jours, ce qui nous rendait tous nerveux. Ma fille faisait souvent des cauchemars et pleurait la nuit.
2. Plus de la moitié de mes cheveux sont devenus gris après trois jours de travaux forcés
Entre octobre 1999 et le 7 janvier 2000, j'ai été incarcérée au centre de détention de Diaobingshan pour avoir fait appel pour le Falun Gong à deux reprises. Le matin du 7 janvier 2000, j'ai été envoyée au camp de travaux forcés de Tieling. Les gardiennes ont enlevé mes vêtements et ont entrepris une fouille au corps.
Nous étions forcés de nous lever avant 6 h et de creuser des tranchées à l'extérieur dans le froid. La température était de -20 à -30o C.
Le 20 janvier 2000, nous avons été transférés au camp de travaux forcés du Liaoning. Dès que nous sommes arrivés là-bas, nous avons à nouveau été soumis à des fouilles au corps.
J'ai été envoyée dans la deuxième division. Nous étions forcés à travailler dans des conditions d'esclavage pendant plus de 20 heures par jour. Nous n'étions pas autorisés à dormir si le quota quotidien n'était pas atteint. Ceux qui n'avaient pas été « transformés » n'étaient pas autorisés à dormir avant 3 h du matin. À 5 h30, tous devaient se lever. Nous étions seulement autorisés à aller aux toilettes et à nous laver en moins de 10 minutes.
Quatre d'entre nous, dont Mme Gao Jinling (qui a plus tard été torturée à mort), ont été assignés à une aciérie. Nous devions prendre des barres d'acier de différentes tailles avec des bords irréguliers d'une pile de plusieurs mètres de haut et les charger dans un grand camion. Nous devions charger chaque camion d'environ 4 à 5 tonnes de barres d'acier. Mes mains et mes bras étaient couverts de coupures venant des barres d'acier. Nous transpirions beaucoup dans une telle chaleur. L'acier brûlant touchait notre peau mouillée et la brûlait à en faire des ampoules.
Lorsque nous revenions à notre cellule en soirée, nous étions encore forcés à faire des travaux manuels jusque tard et nous travaillions parfois toute la nuit.
Plus de la moitié de mes cheveux sont devenus gris après trois jours de ces travaux forcés. Mes yeux étaient rouges et mes mains étaient si gravement blessées que mes empreintes digitales ont disparu. Mon corps entier était si douloureux que je ne pouvais même pas monter dans le lit la nuit.
Nous étions également forcés à travailler sur de l'amiante, sans masque facial. Nous n'arrêtions pas de vomir à cause de l'air toxique.
Plus tard, je vomissais fréquemment du sang à cause de la fatigue excessive. Mon poids a chuté de 75 à 60 kilos en l'espace de quelques mois. J'ai également cessé d'avoir mes règles.
En septembre 2000, quatre d'entre nous, Wang Dong, Wang Jinping, Lu Yanjing et moi avons été secrètement transférés vers le camp de travaux forcés de Masanjia.
3. Le tristement célèbre camp de travaux forcés de Masanjia
Le camp de travail de Masanjia est spécialisé dans la persécution des pratiquants de Falun Gong. J'étais réveillée avant 5 h du matin chaque jour et forcée d'écouter la propagande calomniant Dafa pendant près de 24 heures – jusqu'à 2 h le lendemain.
Après deux semaines, comme je n'étais pas « transformée », j'ai reçu l'ordre d'aller au bureau de Zhang Xiurong, la directrice de la division. Elle a mis un bâton en bois sur mes jambes et m'a frappée à la tête avec son poing. Elle m'a envoyée au sol à coups de pied et m'a forcée à m'accroupir avec le bâton entre mes jambes. Si le bâton tombait, elle m'électrocutait avec la matraque électrique.
Elle m'a donné des coups de pied et de poing et a tenté de me forcer à rédiger les « trois déclarations ». J'ai refusé. Elle a ordonné que je sois emmenée dans une salle vide où des pratiquants étaient torturés. Elle a commencé à m'électrocuter avec deux matraques électriques, sur le visage, le cou, les pieds et les mains. Je souffrais d'une douleur atroce. J'avais des difficultés à respirer et mon visage n'arrêtait d'avoir des mouvements convulsifs. Je ne pouvais plus me tenir debout et je suis tombée à la renverse.
Reconstitution de torture : électrochocs
Un grand coup de tonnerre a soudain secoué l'immeuble et des rafales de vent se sont fait entendre à l'extérieur. Je lui ai dit d'un ton sévère que je n'abandonnerais pas le Falun Dafa même à la toute dernière minute de ma vie. Elle a lancé les matraques par terre et est sortie précipitamment.
J'ai été traînée jusque la cellule. Lorsque j'ai repris conscience, j'ai découvert que mes mains, mon visage, mon cou et mon dos étaient couverts de marques de brûlures et d'ampoules. J'étais extrêmement faible.
Voyant combien j'avais été gravement torturée, une vieille dame dans la cellule sanglotait et disait : « Je ne sais pas si tu peux le supporter. Peu de personnes peuvent supporter la torture. Si tu ne peux pas, écris simplement les déclarations qu'ils veulent. »
J'ai alors réalisé que c'était de cette manière que les si nombreux pratiquants ont été « transformés » à Masanjia. J'ai pleuré de tristesse.
Comme je refusais d'être « transformée », Zhang Xiurong a ordonné que je ne sois pas autorisée à dormir. Zhang Naimin, une directrice de division, m'a électrocutée avec deux matraques électriques. Lorsqu'elle m'a demandé les raisons pour lesquelles je refusais de renoncer au Falun Dafa en écrivant les « trois déclarations », je lui ai dit que j'avais appris le Falun Dafa de mon plein gré, pourquoi écrirais-je donc une « déclaration de repentir » ? Elle m'a électrocutée pendant 10 minutes.
À Masanjia, ils essayaient toutes les techniques sur les pratiquants pour les transformer. Zhang Xiurong a ordonné à un groupe de détenus de me battre à tour de rôle. Ils m'ont frappé la tête contre un mur, ce qui a provoqué un fort sifflement dans mon oreille.
Lorsqu'ils en ont eu assez de me battre, ils m'ont forcée à m'accroupir à moitié avec les mains tendues à plat. Ils ont mis des aiguilles sous mes poignets. Si mes mains tombaient, elles me piquaient. En moins de deux heures, mes poignets étaient piqués si gravement que du sang en coulait. Si j'éloignais mes mains des aiguilles, ils me battaient avec des bâtons en bois et me giflaient au visage.
Un jour, j'ai été traînée au bureau de Zhang Xuerong et j'ai été mise sous pression pour me faire écrire les « trois déclarations ». J'ai refusé. Zhang Xuerong et deux gardes m'ont battue et m'ont insultée. Elle m'a maintenue par terre et m'a coupé les cheveux avec des ciseaux. Ensuite, elle a ri sauvagement et a dit que j'avais l'air d'une malade mentale.
4. Placée en secret dans une cellule remplie d'hommes
Je n'oublierai jamais le 19 avril 2001.
Ce matin-là, Zhang Xiurong m'a dit de ramasser mes biens personnels. Je ne savais pas pourquoi j'étais la seule des trente personnes de la cellule à ramasser mes biens personnels. Ensuite, Mme Zhao Suhuan de la cellule de l'autre côté du couloir a aussi été appelée à venir. Nous avons été emmenées dans la cour avec nos bagages. Il y avait dix pratiquantes qui n'avaient pas été « transformées ».
Un directeur de division a dit : « Nous avons trouvé un bon endroit. Vous pouvez y pratiquer ».
Dix d'entre nous, dont Zhou Guirong, Zhang Suhuan, Ren Dongmei, Zhou Yanbo, Wang Li, Wang Min, Wang Keyi et tante Qu ont été menottées par des gardes et emmenées dans une fourgonnette de police. La fourgonnette s'est arrêtée à un camp de travail pour hommes. Plus tard, nous avons appris que c'était le camp de travaux forcés de Zhangshi.
Nous avons été emmenées dans un immeuble blanc et notre pression artérielle a été examinée. Tante Qu a été emmenée et neuf d'entre nous sont restées.
Nous avons été emmenées dans neuf salles différentes. J'ai été envoyée dans la première salle. Il y avait dans la pièce un grand lit double et un crochet au sol. Quatre hommes attendaient déjà dans la pièce. Lorsque je suis allée aux toilettes, j'ai vu qu'il y avait une grande salle avec plus de 30 hommes qui y dormaient. Ils étaient des détenus de la prison.
J'avais un peu peur et je me demandais de quelle sorte d'endroit il s'agissait. Qui étaient ces hommes ? Pourquoi tant d'hommes dormaient-ils ici ? J'ai eu la réponse cette nuit-là.
Après 22 h, j'ai demandé aux hommes dans la pièce : « Pourquoi ne partez-vous pas ? Je dois dormir. » L'un d'eux a répondu : « Dormir ? Tu veux dormir ? Personne n'est autorisé à dormir sans avoir été « transformé ». Une femme a été « formée » ici pendant 18 jours et n'a pas été autorisée à dormir. Finalement, elle est devenue folle. »
Ils sont rapidement partis, mais quatre ou cinq autres hommes sont entrés. Peu de temps après, un autre groupe d'hommes est arrivé. Ils ont crié dans le couloir et ont fait beaucoup de bruit. Ils ont donné des coups de pied sur la porte et sont entrés dans la pièce. Ils n'arrêtaient pas de me filmer.
Tout à coup, j'ai entendu la voix de Mme Zhou Guirong dans le couloir. Elle n'arrêtait pas d'appeler mon nom : « Liping, Liping, on nous a envoyées d'un repaire de loup à un repaire de tigre. Le PCC est un groupe de voyous ! »
En entendant ses pleurs misérables, je me suis précipitée dans le couloir et j'y ai trouvé Mme Zhou. Nous nous sommes tenues fermement malgré les coups des hommes. Je voulais désespérément la protéger car elle était plus petite et plus mince que moi. Le coin de mon œil droit était enflé en conséquence des coups. Mes vêtements étaient déchirés et j'étais presque nue. Mme Zhou et moi avons été traînées dans nos pièces. Quatre ou cinq détenus masculins m'ont lancée sur le lit. Un homme s'est assis sur moi et m'a battue. J'étais prise de vertiges et j'ai perdu connaissance.
Tandis que je reprenais conscience, j'ai noté que trois hommes étaient étendus à côté de moi. L'un était à ma gauche et deux autres étaient à ma droite. Un jeune homme près de moi à droite touchait mon corps de haut en bas avec ses mains. Il avait moins de 20 ans. L'autre homme derrière lui était aussi occupé à me toucher avec ses mains. L'homme à ma gauche n'arrêtait pas de toucher mon visage et tenait sa jambe contre mes parties génitales. Au dessus de ma tête, il y avait un autre homme assis là. Il continuait de toucher mon visage et ma tête. Deux hommes se tenaient sous moi faisant face à l'ouverture entre mes jambes. Une personne me filmait et l'autre regardait. Ils ne cessaient de dire des choses obscènes. Je ne savais pas combien d'autres personnes étaient sous mes pieds. Ils n'arrêtaient pas de gratter le centre de la plante de mon pied et de rire. Ils ont dit des choses vulgaires et ont dit : « Ne fais pas semblant de mourir. Tu dois être transformée même si tu es morte. »
Je ne pouvais pas croire ce que je vivais. Un gros filet de sang est rapidement sorti de ma bouche.
J'ai entendu Mme Zhou Guirong appeler mon nom : « Liping ! Liping ! » Je me suis levée avec toute mes force pour chercher cette voix familière. L'homme tenant la porte m'a frappé la tête avec un crochet et j'ai senti la chaleur du sang couler le long de mon visage.
J'ai frappé sur la porte et au même moment j'ai été battue par derrière. Je ne cessais d'appeler le nom de Mme Zhou et elle s'est précipitée dans la salle. Nous ne cessions de secouer la porte en métal. Lorsque le garde a ouvert la porte, nous avions toutes les deux été gravement battue.
Nous avons demandé au garde : « Pourquoi les autorités nous font-elles cela ? Si ces hommes ne quittent pas nos pièces aujourd'hui, nous allons vous poursuivre si nous pouvons sortir d'ici en vie. Si nous mourons ici, nos âmes ne vous le pardonneront jamais ! »
Le garde a dit aux détenus qu'ils ne devaient rien faire de mal pendant qu'il était en service.
Nous avons été emmenées dans une salle et quatre détenus étaient présents pour nous surveiller. Nous sommes restées éveillées toute la nuit en nous regardant avec des larmes aux yeux. Nous pouvions entendre le son de cris et de coups sur les portes des autres salles.
Le lendemain, le 20 avril, un autre garde était en service lorsque Mme Zhou Guirong a été ramenée dans sa pièce. Ce jour-là, j'ai été battue par un détenu masculin. Ce soir-là, j'ai été violée par un groupe d'hommes, tout comme la nuit précédente.
Nous ne savons pas comment nous avons survécu cette nuit-là.
Le troisième jour, Mme Zhou et moi avons pensé à Mme Ren Dongmei, une femme non mariée qui était incarcérée dans la salle la plus à l'intérieur. Nous nous sommes précipitée dans le couloir et avons appelé son nom.
J'ai parlé au garde et je lui ai dit en larmes que Mme Ren Dongmei n'était pas mariée et qu'ils ne devraient pas lui faire de mal s'ils étaient toujours humains.
Le quatrième jour, un groupe de gardes est arrivé. Mme Zhou Guirong et moi avons été tenues par deux gardes respectivement et nous avons été emmenées. Nous n'arrêtions pas d'appeler le nom de Mme Ren Dongmei et elle a finalement été traînée dehors. Nous ne savons pas ce qui est arrivé aux six autres pratiquantes.
Je n'ai jamais mis par écrit les détails de ce qui s'est passé là-bas. Même maintenant, plusieurs années plus tard, je tremble encore en y pensant. Chaque fois que je me souviens de ce qu'on m'a fait, je fais une fois de plus l'expérience de la peur extrême et de la douleur de ces jours et nuits.
Plus tard, j'ai appris qu'avant que nous soyons envoyées là-bas, 33 pratiquantes y avaient été envoyées et avaient été « transformées » de cette façon. Certaines souffraient de dépressions nerveuses. Depuis des années, ils n'ont jamais cessé la persécution cruelle des pratiquants de Falun Gong.
Traduit de l'anglais au Canada