Un aperçu de l'industrie de lavage de cerveau en Chine : Politiques, financement, et ampleur
(Minghui.org) Alors que le monde met l'accent sur les médias en Chine, sur son pétrole, ses opérations bancaires et son transport, il est important de noter que les violations des droits de l'homme constituent pratiquement une sous-industrie du secteur public.
Après la fermeture des camps de travail par le régime chinois en fin d'année dernière, ils ont été remplacés par des « prisons noires, » ou centres de détention extrajudiciaires, tel que documenté dans le rapport d’Amnesty International de décembre 2013. En d'autres termes, les mêmes violations des droits de l'homme continuent, mais sont simplement cachées dans des structures plus secrètes.
Au cours des 15 années de persécution du Falun Gong, les pratiquants ont accumulé une solide information de première main sur les centres de lavage de cerveau, un genre répandu de prison noire ayant sa propre industrie bien particulière. Ces centres de lavage de cerveau sont établis pour « transformer » les pratiquants de Falun Gong, c'est à dire les forcer à renoncer à leurs croyances par la contrainte et la torture physique et psychologique.
Cette « industrie de lavage de cerveau » en Chine est une politique axée et gérée par l’État. La mise en application [de cette politique] et les opérations impliquent des fonctionnaires à chaque branche du gouvernement, jusqu'à son plus bas niveau dans les cantons et villages. Bien que le lavage de cerveau des pratiquants de Falun Gong ait également été effectué dans les centres de détention, les prisons et les camps de travail, ce rapport se concentre uniquement sur les centres de lavage de cerveau dédiés à cela.
Ses « clients » (mieux décrits comme des « cibles ») sont des prisonniers d'opinion et des pratiquants de Falun Gong. Cependant, les sources et les mécanismes de revenus sont parallèles à d'autres industries du secteur public.
Les principales sources de l'argent distribué dans l'industrie de lavage de cerveau comprennent les crédits gouvernementaux (principalement sous la forme de financement de construction), les primes payées par le gouvernement sur la base du nombre de pratiquants « transformés », les « frais de scolarité » versés par les employeurs des pratiquants, et les rançons payées par les pratiquants et leurs familles. Une partie des revenus va directement sur des comptes personnels des employés et ne figure pas dans le budget d'un centre de lavage de cerveau.
On estime qu'au cours des 15 dernières années, le gouvernement chinois a investi 1,18 milliard de yuanin en projets de construction de centres de lavage de cerveau, et payé 226 millions de yuan en primes au personnel des centres pour avoir forcé les pratiquants de Falun Gong à renoncer à leurs croyances. (Remarque : 1 $ américain valait environ 6 yuan ces dernières années et environ 8 yuan il y a dix ans).
Pour chaque pratiquant employé détenu dans un centre de lavage de cerveau, son employeur est forcé à payer au centre en moyenne 20 000 yuan par mois, correspondant au total des "frais de formation" (9 450 par pratiquant) et de "frais d'accompagnement" (10 800, soi 5 400 par "accompagnateur", deux "accompagnateurs" par pratiquant, voir les détails dans la deuxième partie). Les revenus générés par ce moyen ont représenté un total entre 3 et 37 milliards de yuan au cours de ces 15 dernières années.
En outre, les centres refusent généralement de libérer les pratiquants à moins que leurs familles paient 7 000 yuan au centre en moyenne. Compte tenu d’une estimation de 131 000 détentions, les centres ont extorqué environ 95 millions de yuan des pratiquants de Falun Gong et de leurs familles.
Depuis le début de la persécution, les centres de lavage de cerveau ont été une source importante de revenus pour les fonctionnaires, à la fois pour la police, le système de la sécurité intérieure et le Bureau 610, une organisation de type Gestapo créée spécialement pour superviser la persécution du Falun Gong.
Encouragés par la politique du gouvernement, les responsables courent après la fortune faite dans les centres de lavage de cerveau. Le directeur d'un centre peut généralement accumuler des dizaines de millions de yuan de revenu « supplémentaire ». [1]
Nous concluons que le montant total de l'argent distribué dans cette étrange industrie depuis le début de la persécution est, au bas mot, d'au moins 4,87 milliards de yuan.
Toutes les données utilisées dans les estimations proviennent d'articles publiés sur le site Minghui. En raison de la lourde censure de l'information en Chine, l'estimation est approximative et ne peut refléter qu'une fraction de l'ensemble du tableau.
Une industrie dirigée par la politique
Quand la persécution a commencé, le gouvernement chinois a annoncé que la tâche principale dans la « guerre contre le Falun Gong » était de « transformer les pratiquants de Falun Gong, » ce qui signifiait les forcer à abandonner la pratique par le lavage de cerveau et la torture.
Le 24 août 1999, un mois après le début de la persécution, le Bureau général du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) et le Bureau général du Conseil d’État de Chine ont publié une circulaire par l’agence de presse Xinhua, indiquant que la « transformation des pratiquants de Falun Gong est la clé pour mesurer les résultats de la guerre contre le Falun Gong. »
Les centres de lavage de cerveau ont été planifiés et construits spécifiquement pour la « transformation ».
Cette politique a été activement menée par plusieurs ministères. Par exemple, lors d'une conférence nationale des directeurs des bureaux provinciaux de la magistrature du 16 au 18 janvier 2001, Zhang Fusen, le ministre de la Justice d’alors, a demandé aux bureaux judiciaires locaux de prendre la « transformation des pratiquants de Falun Gong » comme une tâche obligatoire.
Le 25 avril 2001, le Département de l'Organisation du Comité central du PCC a communiqué les instructions pour « la guerre contre le Falun Gong » à ses branches locales. Ces instructions comprennent trois documents contenant des expériences de « transformation des pratiquants de Falun Gong » telles que résumées par le camp de travaux forcés de Masanjia dans la province du Liaoning, le bureau du camp de travail à Pékin, et le comité du PCC dans la ville de Qitaihe, province du Heilongjiang.
L'approche utilisée dans les centres de lavage de cerveau a été développée par le personnel de la mise en application de la loi de la ville de Dalian, district de Xigang, province du Liaoning, et comprend la mise en place des « écoles de formation juridique » (un euphémisme pour les centres de lavage de cerveau) et la conduite d'« une gestion et d'une transformation serrées ».
Suivant le modèle mis en place à Xigang, Dalian, la ville de Pékin a mis en place un « centre de formation juridique » avec l'aide du gouvernement central. Sa fonction est de former les fonctionnaires des administrations locales de tout le pays aux techniques de lavage de cerveau pour transformer les pratiquants de Falun Gong.
Le gouvernement central et le comité du PCC à Pékin ont rapidement et activement promu les centres de lavage de cerveau comme modèles pour « transformer » les pratiquants de Falun Gong. Les gouvernements locaux à chaque niveau ont reçu l’ordre de mettre en place ces centres.
Les gouvernements locaux appliquent les politiques nationales
Poussés par le gouvernement central, les gouvernements locaux sont venus avec toutes sortes de politiques détaillées pour « transformer » les pratiquants de Falun Gong.
Par exemple, le comité du PCC de la région autonome de Ningxia Hui a déclaré que, à chaque niveau dans les gouvernements locaux et les entreprises d'État, le directeur de l'organisation est en charge de transformer les pratiquants de Falun Gong clés dans l'organisation, et les membres de la base du Parti sont chargés de transformer les autres pratiquants.
Le gouvernement local du district de Hexi, ville de Tianjin a demandé au comité résidentiel, au poste de police et aux employeurs en lien avec des pratiquants de Falun Gong de collaborer en les surveillant et en les transformant. Ces trois organisations sont tenues de signer un contrat précisant leurs responsabilités.
Dans la ville de Nanjing, district de Xiaguan, de façon à impliquer les employeurs et les comités résidentiels dans la tâche de transformer les pratiquants de Falun Gong, le gouvernement a exigé que chaque employeur ainsi que la direction de chaque comité résidentiel verse respectivement 200 et 100 yuan de dépôt chaque année.
À la fin de l'année, si les quotas de transformation sont remplis, le gouvernement rembourse les dépôts et verse des bonus en guise de récompense. Si les employeurs et les comités résidentiels n'ont pas réussi à atteindre les quotas, en plus de perdre les dépôts et les bonus, ils seront soumis à des sanctions disciplinaires par les autorités administratives supérieures.
En tant qu'unités opérationnelles supervisant les centres de lavage de cerveau, les Bureaux 610 locaux et le Comité des affaires politique et juridiques du PCC (PLAC) s'organisent activement et chargent la police d'arrêter les pratiquants de Falun Gong.
Par exemple, Gu Songhai, directeur adjoint du Bureau 610 du Heilongjiang, a dirigé la mise en place et a supervisé les centres de lavage de cerveau dans de nombreuses villes, y compris Wuchang, Jiansanjiang, Qitaihe, Hegang, Yichun, Mishan, Jixi, Shuangyashan, Daqing, Mudanjiang, Qiqihar, et Harbin. Si un certain centre de lavage de cerveau avait un faible nombre de détenus, il exhortait le Bureau 610 local d’arrêter illégalement plus de pratiquants pour les remplir.
Le Bureau 610 en charge du centre de lavage de cerveau de Lannigou dans la ville de Guiyang, province du Guizhou, ordonne aux employeurs des pratiquants et aux comités résidentiels de faire une enquête au début de chaque année afin de déterminer les personnes qui pratiquent encore le Falun Gong. En se basant sur ces résultats, le Bureau 610 charge ces organisations d’envoyer des pratiquants au centre.
Les évaluations annuelles de rendement de ces employeurs et des comités résidentiels sont étroitement associées à leur [capacité à] transformer les pratiquants de Falun Gong, et les autres indicateurs de performance sont secondaires. La même chose s'applique pour les primes annuelles pour le personnel. Pour chaque pratiquant transformé, le personnel reçoit un certain montant de revenus sous forme de bonus. Cette politique incite les organisations à envoyer autant de pratiquants que possible au centre de lavage de cerveau.
Avant chaque session au centre de lavage de cerveau de la Montagne Luotai dans la ville de Fushun, province du Liaoning, le Bureau 610 provincial et le PLAC donnent des missions d'arrestations aux Bureaux 610 locaux dans les villes alentours. Ces Bureaux 610, à leur tour, obligent les postes de police et les employeurs des pratiquants d’effectuer les arrestations.
Un poste de police de Fushun qui n'était pas en mesure d'atteindre le quota d’arrestation et d’envoyer des pratiquants au centre de lavage de cerveau a engagé des non-pratiquants pour qu’ils s’inscrivent au centre, au prix de 20 yuan par jour. Ces personnes embauchées ont prétendu être des pratiquants de Falun Gong et ont convenu qu'ils « renonçaient à la pratique » quand ils étaient au centre. De cette façon, le quota de transformation attribué par l'autorité supérieure a été rempli.
De nombreux employeurs de pratiquants de Falun Gong ont refusé de se conformer à ces politiques. En retour, les Bureaux 610 les ont menacés d'une amende pour tous les employés.
L’ampleur de cette industrie : des milliards de yuan
Nous allons évaluer l'ampleur de l'industrie sous deux aspects, les immobilisations totales et le total distribué dans le système. En raison du blocus de l'information en Chine, il est impossible de déterminer exactement à combien se chiffre la somme investie par le régime, et à combien se chiffre les gains que les représentants gouvernementaux ont obtenus via les centres de lavage de cerveau. Néanmoins, nous pouvons tout de même réaliser une analyse approximative basée sur les textes qui ont été publiés.
Crédits gouvernementaux dans le financement de la construction : 1,15 milliards de yuan
Deux investissements publics importants dans les centres de lavage de cerveau sont les coûts des projets de construction et les coûts opérationnels quotidiens. Estimer ces derniers implique de prendre en compte le nombre total des employés et d'autres coûts, tels que les frais de services publics. Très peu d'informations sur ces types de coûts sont disponibles. Ainsi, nous discuterons seulement du coût des projets de construction, à savoir les immobilisations des centres.
Les centres de lavage de cerveau font partie d'un système allant du sommet à la base. Chaque province met en place un centre de niveau provincial, tels que le Centre Xinjin dans la province du Sichuan, et le Centre de formation juridique de Hubei dans la province du Hubei. Chaque niveau de ville-préfecture et canton peut également avoir son propre centre. Les centres à ces niveaux sont permanents.
Note : Les villes-préfectures en Chine sont des divisions administratives en dessous d’une province et au-dessus du canton ou d’une ville-canton.
Au niveau de la ville, il y a de nombreux centres temporaires ad hoc, qui peuvent être mis en place en cas de besoin et mis hors service après une ou deux séances. Nous excluons les centres temporaires dans notre analyse et nous nous concentrons uniquement sur les permanents.
Le Tableau 1 énumère quelques exemples des investissements gouvernementaux dans les centres de lavage de cerveau à différents niveaux. En moyenne, le coût de construction d'un centre de niveau provincial, de préfecture et de canton est respectivement de 19,82 millions, de 1,75 million et de 0,4 million de yuan.
Il y a 31 provinces, 324 villes-préfecture et 2855 cantons en Chine. Les cantons n’ont pas tous leur propre centre, mais il est prudent de supposer qu'il y a au moins un centre fixe dans chaque province et chaque ville-préfecture. Sur la base de cette hypothèse prudente, le coût total de la construction des centres de lavage de cerveau est estimé à 31*19.82M + 324*1,75 = 1,18 milliard de yuan.
Cette estimation ne donne que la limite minimale du coût, comme les centres au niveau des villes et des cantons sont exclus de l'analyse.
Montant cumulatif dispensé dans l'industrie de lavage de cerveau : 3,69 milliards de yuans
En plus des crédits de construction, les centres de lavage de cerveau ont trois principales sources de revenus : les récompenses gouvernementales (bonus) pour la transformation les pratiquants, les frais de scolarité payés par les employeurs des pratiquants et les rançons payées par les pratiquants et leurs familles. Une partie des revenus est versée directement sur les comptes personnels des employés et n'apparaît pas dans les budgets des centres.
Les récompenses cumulatives du gouvernement peuvent être calculées étant donné qu'une récompense pour transformer un pratiquant peut-être multipliée par le nombre de pratiquants qui ont été contraints de renoncer à la pratique. Ce nombre est le produit du nombre total de pratiquants détenus dans les centres de lavage de cerveau et le « taux de réussite » de la transformation.
Les frais de scolarité cumulatifs dépendent du nombre total de pratiquants détenus dans les centres, la durée de la détention, et les frais mensuels payés par leurs employeurs.
Enfin, la rançon cumulative est calculée comme le produit du nombre total de pratiquants détenus dans les centres et la somme d'argent que chaque pratiquant (ou leur famille) a dû payer.
Ainsi, l'information clé qu'il faut connaître pour évaluer chaque élément est le nombre total de pratiquants qui ont été envoyés dans les centres au cours des 15 dernières années. Il est difficile, sinon impossible, de déterminer un nombre exact. Néanmoins, les statistiques publiées fournissent un nombre approximatif.
Les données du Tableau 2 ont été recueillies dans quelques régions en Chine, où le nombre de pratiquants détenus dans des centres de lavage de cerveau pendant une certaine période était disponible. Le nombre de détenus dans les centres à chaque niveau a été multiplié par le nombre de centres à chaque niveau pour atteindre le nombre total de détenus.
Au niveau de la préfecture, les détenus varient de 57 à 1464, avec une moyenne de 383, de 1999 à 2013. Ce nombre peut être largement sous-estimé, étant donné que le nombre moyen de centres de niveau ville/district et de centres de niveau canton/ville-canton est respectivement de 177 et 26, et que chaque ville-préfecture contient des dizaines de faubourgs, districts et cantons. Par exemple, la province du Guangdong a 21 villes au niveau de ville-préfecture, et chaque ville a en moyenne 2,6 districts, 54,5 villes et 3,2 cantons/villes-canton.
Le nombre de détenus au niveau provincial est disponible uniquement dans le Guangxi, qui était de 221, de 1999 à 2013. Évidemment, tenir compte de ce nombre comme une moyenne pour toutes les provinces serait une grande sous-estimation. Toutefois, jusqu'à ce que nous puissions obtenir plus de données, nous allons utiliser ce nombre pour une estimation prudente.
Puisque le nombre de centres de lavage de cerveau au niveau ou en-dessous du niveau du canton est inconnu, nous ne tiendrons pas compte des détenus dans ces centres, même s’ils représentent une fraction considérable de l'ensemble des détenus.
En combinant les données des Tableaux 1 et 2, nous estimons que le nombre de détenus du Falun Gong dans les centres de lavage de cerveau à l'échelle de la province et de la préfecture est de 31*221 + 324*383 = 131 000, de 1999 à 2013.
En utilisant ce nombre, nous présentons le montant total distribué dans le système de lavage de cerveau dans le Tableau 3. Les calculs détaillés des frais par personne ou par mois de détention sont disponibles dans les Tableaux 4-6 dans les sections suivantes.
Nous estimons que le revenu des primes gouvernementales, des frais de scolarité, et des rançons pour tous les détenus de 1999 à 2013 sont respectivement de 226 millions, de 3,37 milliards, et de 95 millions de yuans, totalisant un montant distribué de 3,69 milliards de yuan. Nous tenons à souligner encore une fois qu'il s'agit probablement d'une sous-estimation pour les raisons indiquées ci-dessus.
Cet article est le premier d'une série de quatre. Plus de données et d'analyses suivront dans les parties 2-4.
(À suivre)
Références :
[2] 河北省会洗脑班的罪恶
[5] 曝光湖北省洗脑班犯罪流程
[6] 再度关注四川成都新津洗脑班
[8] Latest News from China - 12/21/2002
[10] 沈阳张士洗脑班强制洗脑内幕
[12] 武汉洗脑班对老年大法弟子的迫害
[13]
[14] 红魔为祸广西
[15] 甘肃省兰州市十四年迫害综述(上)
[16] 保定邪党迫害法轮功十年罪行录(2)
[18] 兴安血泪(一)黑龙江伊春北部地区法轮功学员十三年被迫害综述
[19] 云南省红河州法轮功学员被迫害纪实
[20] 中共迫害阜平法轮功学员十四年综述(上)
[21] 湖北石首市法轮功学员受迫害综述
[23] 兴安血泪(四)伊春市金山屯区法轮功学员十三年被迫害综述
[24] 吉林市经济技术开发区迫害综述
[25] 武汉硚口区法轮功学员被迫害综述
Article lié en chinois :
http://www.minghui.org/mh/articles/2014/7/2/洗脑班暴敛黑财的调查报告(上)
Traduit de l’anglais au Canada