(Minghui.org) Lorsque The Transplantation Society (TTS) a organisé sa 26e conférence annuelle à Hong Kong du 19 au 23 août 2016, les responsables chinois ont souligné l’événement et éludé le sujet des prélèvements d’organes sur des pratiquants de Falun Gong vivants en Chine.
Le régime chinois a changé ses explications plusieurs fois ces quelques dernières années, s’agissant de la principale source d’organes utilisée pour les greffes, passant des prisonniers exécutés aux dons volontaires. De plus, il affirme que la Chine effectue près de 10 000 greffes par an.
Trois enquêteurs indépendants - David Kilgour, David Matas et Ethan Gutmann - ont publié une mise à jour de leurs recherches sur les prélèvements forcés d’organes en Chine. Le rapport abordait la source des organes, le nombre de greffes et de nombreux autres aspects liés.
Voici le discours prononcé par M. Matas au Symposium international sur les prélèvements d'organes à vif à Hong Kong, organisé par The Epoch Times. Le symposium a eu lieu pendant la semaine de la conférence de la TTS.
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David Kilgour, Ethan Gutmann et moi-même avons publié en juin une mise à jour de notre précédant travail sur les abus de greffes en Chine en examinant le volume des transplantations. Notre mise à jour est affichée sur notre site Internet, endorganpillaging.org. Le rapport fait 680 pages avec presque 2400 renvois. Tenter de résumer un tel rapport en à peine quelques minutes est une tâche ardue.
Nous avions, dans le passé, pris les déclarations officielles chinoises sur les volumes globaux de greffes au pied de la lettre et nous étions focalisés sur une tentative d’identification des sources de ces volumes revendiqués. Un effort qui était nécessaire et que finalement nous avons fait était de déterminer par nous-mêmes ce que représentent les volumes de greffes en Chine.
Pour les communistes, les statistiques sont des poursuites politiques par d’autres moyens. Les statistiques en Chine peuvent être fiables, mais uniquement si le Parti pense que leur exactitude sert un dessein politique. Déterminer la justesse des statistiques chinoises, lorsque la source des données sur laquelle sont basées les statistiques n’est pas disponible, nécessite une évaluation.
Pour les statistiques des greffes d’organes, le système communiste a eu des considérations de rivalité politique. D’un coté, montrer combien ils étaient avancés dans la technologie des greffes, une considération qui les poussait à afficher des nombres importants. De l’autre, ne pas créer de soupçons excessifs sur les sources, qui les poussait en direction de nombres moins élevés.
La première tendance a initialement prévalu, menant à la production d’un nombre inexplicablement important de greffes. Le Parti a alors réalisé que cette manière de se vanter leur causait un problème politique, parce qu’elle soulevait la question des sources pour tous ces organes, à une époque où il n’existait pas de système de dons et aucun système national de distribution d’organes. Ils se sont retrouvés coincés par le nombre qu’ils avaient produit. Mais, une fois qu’ils ont réalisé que ces nombres leur créaient un problème, les chiffres, 10 000 greffes par an, ont cessé d’augmenter.
L’analyse est suffisamment simple lorsque nous ne considérons que les chiffres nationaux. Une fois que nous commençons à considérer les chiffres locaux, l’analyse devient plus compliquée. Les hôpitaux individuels sont moins préoccupés par le comptage des sources, puisque, du moins à ce jour, il n’y pas d'attention internationale sur leurs chiffres. De même, la tendance pour les hôpitaux individuels à produire des nombres importants pour se vanter de leurs réalisations n’est pas aussi contraignante que la tendance nationale du Parti communiste.
Les nombres que nous obtenons des hôpitaux individuels pour les greffes, lorsqu’ils sont ajoutés, excèdent de loin le total présenté par le système national. Mais, nous devions nous poser la question, quelle est dans tout ceci la part de vantardise, la manipulation des statistiques à un niveau local, générée par des considérations politiques différentes que ce qui est pratiqué au niveau national ?
Nous avons répondu à cette question en examinant, hôpital par hôpital, une large variété d’autres facteurs en plus des déclarations des hôpitaux concernant leurs nombres de greffes. Nous avons considéré, par exemple, le nombre de lits. Le nombre de lits nous donne les totaux pour les entités physiques et sont probablement fiables. Cependant, isolés, ils ne constituent pas un indicateur parfait du nombre de greffes, parce que les lits sont fongibles et peuvent être utilisés dans des buts autres que les greffes. C’est moins probable dans un hôpital de greffes ou dans l’aile transplantation d’un hôpital, mais c’est toujours possible. Même si les lits sont utilisés seulement pour les greffes, nous devons avancer des suppositions pour l’utilisation des lits dans le cas de temps d’attente et de guérison, qui ne sont pas fixés.
Nous avons aussi considéré le nombre de personnels. Là encore, ce sont les nombres d’entités physiques et elles-mêmes sont probablement fiables. On peut supposer que le personnel des greffes est engagé pour travailler. Cependant, le nombre de personnes ne nous dit rien sur le rythme de travail.
Nous avons examiné les subventions et les bourses. Les subventions et les bourses sont des indicateurs d’activité. Des citations d’attribution ou d’acceptation peuvent mentionner un chiffre. Mais le récipiendaire est-il là simplement pour se vanter afin de justifier la bourse ? Les bourses peuvent mentionner un chiffre projeté. Mais la projection a-t-elle été réalisée ?
Nous avons examiné les publications, les bulletins d'information et les études de recherche. De nouveau, nous avons dû évaluer ce que ces bulletins d'information et études de recherche ont produit. La recherche chinoise dans le domaine des greffes d’organes n’est pour la plupart pas publiée dans les journaux réputés, parce que ces journaux rejettent en général la recherche basée sur des organes venant de sources qui ne sont pas prouvées appropriées. La recherche chinoise sur les greffes d’organes est souvent de la vanité publiée par les journaux tentant de donner de la respectabilité à ces chercheurs en dépit de leur incapacité à démontrer un approvisionnement en organes approprié.
Le résultat de ces considérations signifie qu’aucun élément de preuve pour un hôpital quel qu’il soit ne peut nous dire avec certitude ce que représente le volume des greffes. Comme nous l’avons fait pour nos anciennes recherches, nous avons évité de tirer une conclusion avant d’avoir considéré toutes les données. Ce que ces données nous disent systématiquement, hôpital par hôpital, en considérant tous les facteurs combinés, est que le volume des greffes en Chine est de loin plus important que ce qu’annonce les chiffres officiels nationaux.
L’inclinaison des hôpitaux individuels à s’engager dans une vantardise compétitive, ne peut expliquer à elle seule la différence entre le total des chiffres locaux et des chiffres nationaux. L’écart est trop consistant, sur de trop nombreuses variables, pour cela. Il pourrait, au contraire, y avoir une plus grande probabilité d’exactitude localement que nationalement, parce que la tentation de minimiser les chiffres pour ne pas soulever de questions sur les sources a eu probablement moins d’emprise localement que nationalement.
Les déclarations des hôpitaux locaux annonçant des nombres considérables ne doivent pas être prises au pied de la lettre. C’est une des raisons pour lesquelles nous n’avons pas sorti un chiffre spécifique à propos des volumes de greffes. Mais elles rendent assurément plus urgente la nécessité de se conformer aux devoirs de transparence, d'ouverture à l'examen minutieux et de prise de responsabilité. Les nombres considérables que le système national revendique imposent déjà la nécessité de respecter ces devoirs. Les beaucoup plus grands nombres de totaux que les hôpitaux individuels, en combinaison, déclarent, imposent ce devoir de s'y conformer avec d’autant plus de force.
Pour les hôpitaux ayant l’approbation du ministère de la Santé pour effectuer des greffes de foies et/ou de reins, nous avons calculé leur capacité minimum de greffes en utilisant les exigences minimum de lits du ministère pour maintenir la certification. Le 27 juin 2006, le ministère de la Santé a publié une « Notice concernant la gestion et la régulation des capacités de transplantations de foies, reins, cœurs et poumons », qui imposait ces exigences pour les institutions médicales menant ces greffes d’organes :
• Foie : 15 lits dédiés aux greffes et pas moins de 10 lits en unité de soins intensifs, pour un total de 25 lits
• Rein : 20 lits dédiés aux greffes et pas moins de 10 lits en unité de soins intensifs pour un total de 30 lits
• Foie et Reins : 35 lits dédiés aux greffes et pas moins de 20 lits en unité de soins intensifs pour un total de 55 lits.
Il y a eu 21 hôpitaux de foies, 65 hôpitaux de reins et 60 hôpitaux combinés foies/reins ayant reçu les autorisations, soit un total de 146 hôpitaux. En se basant sur une période d’hospitalisation d’un mois, chaque lit peut accommoder jusqu’à 12 patients transplantés par an. En pratique, les greffes de reins requièrent généralement une ou deux semaines alors que les greffes de foie prennent trois ou quatre semaines.
Puisque dans notre analyse de volume nous mélangeons les greffes de reins et de foies, nous utilisons la durée maximum d’hospitalisation comme moyenne. Notre enquête sur les hôpitaux indiquent des contraintes d’installation répandues, y compris les centres de greffes qui excédent le 100 % d’utilisation des lits et ont une longue file de patients en attente de greffes. En plus des 146 centres de greffes certifiés foie et reins, il y a 23 centres certifiés cœur et poumons, nous donnant un total de 196 hôpitaux de greffes certifiés. Les prévisions du gouvernement d’étendre le nombre d’hôpitaux approuvés pour les greffes de 169 à 300, suggère que la capacité actuelle du système ne peut suivre la demande. Ainsi, nous pensons que la vaste majorité de la capacité existante a été utilisée pour effectuer des greffes. En supposant 100 % d’utilisation des lits, nos calculs indiquent que ces 146 hôpitaux combinés pourraient effectuer 69 300 greffes par an.
Nous parvenons à ce nombre en multipliant 21 hôpitaux de foies par 25 lits, puis par 12 mois, soit un chiffre de 6300. Nous ajoutons 65 hôpitaux de reins par 30 lits par 12 mois, soit un nombre de 23 400. Nous ajoutons enfin 60 hôpitaux de foie et de reins combinés par 55 lits par 12 mois, soit un nombre de 39 600. Si nous ajoutons 8052 plus 23 400 plus 38 600, nous obtenons 69 300.
Plus de 1000 hôpitaux ont déposé des demandes de permis pour effectuer des greffes. Simplement pour en faire la demande, ceux qui l’ont fait devaient satisfaire aux exigences minimum ou être proches d’y parvenir.
Un autre moyen d’approcher le problème est de démarrer au niveau micro en réfléchissant au nombre de greffes qu’un médecin dans un centre de greffes de niveau national effectue en un an. Par exemple, dans un rapport de 2013, un chirurgien affirme avoir effectué 246 greffes en un an.
Lorsque vous soustrayez les week-ends et les vacances, une année moyenne contient environ 250 jours travaillés, ainsi, le chirurgien a essentiellement effectué une greffe pour chaque jour travaillé de l’année. Un centre de greffe au niveau national n’emploie pas seulement un seul chirurgien en greffes ; au minimum, un centre aura au moins deux ou trois équipes de transplantation. Ainsi, nous pouvons commencer par l’hypothèse d’une proposition de sens commun, un nombre théorique, pour représenter le minimum absolu de la plage pour le centre de greffes de niveau national : un par jour, soit 365 greffes par an.
La moyenne d’une greffe par jour pour chaque centre de greffes approuvé par le ministère est-elle crédible ? Il serait excessivement difficile de rejeter une greffe par jour comme étant déraisonnablement élevé. Pour les 146 hôpitaux certifiés de greffes foies et reins, si nous multiplions 146 par 365, nous obtenons 53 290 greffes par an.
Le scénario d’exigence minimum basé sur les lits et le scénario inférieur basé sur les greffes par an sont des sous-estimations et on ne prend pas pleinement en compte les centres de greffes hautement productifs. La plupart des centres de greffes nationaux ont la capacité d’effectuer plus de 1000 greffes par an, certains dépassant cela de loin. Par exemple, l’hôpital no 309 de Pékin a 393 lits et la capacité d’effectuer plus de 4000 greffes par an. Du côté civil, le Centre oriental de greffes d’organes de l’Hôpital central de Tianjin a au moins 500 lits de greffes et affirme avoir une utilisation à 131 %, ce qui signifie qu’il effectue près de 8000 greffes par an. Le Centre de chirurgie Hépatobiliaire oriental de Shanghai avait 742 lits mais a, plus tard, déménagé sur un nouveau campus et s’est étendu davantage.
Considérant juste le minimum pour les lits et le personnel, et simplement les hôpitaux certifiés rein et foie, nous obtenons entre 53 000 et 60 000 greffes par an. Si nous ajoutons à cela les centres de greffes de cœur et poumons, le fait que de nombreux hôpitaux certifiés fonctionnent bien au-delà des niveaux minimums et que certains hôpitaux non certifiés continuent à effectuer des greffes, nous obtenons un chiffre beaucoup plus important. Nous dirions que le nombre de volume de greffes se situe entre 60 000 et 100 000 par an. Nous souhaitons insister sur les nombres les plus élevés.
Traduit de l'anglais en Europe