(Minghui.org) Amnesty International Canada a publié le 12 mai un rapport soulignant l'augmentation des violations des droits de l'homme de responsables chinois vivant à l'étranger. Le rapport documentait de nombreux incidents au Canada où des pratiquants de Falun Gong, des dissidents ou des défenseurs de la démocratie ont été harcelés.

Intitulé « Harcèlement & intimidation de personnes travaillant au Canada sur des questions liées aux droits de l'homme en Chine », le rapport est le fruit d'un effort conjoint de la Coalition canadienne des droits de l'homme en Chine et d'Amnesty International au Canada.

« Les défenseurs des droits de l'homme sont de plus en plus confrontés à des menaces, à des intimidations concernant la défense chinoise », indique le rapport. 

Un rapport publié récemment par Amnesty International Canada et la Coalition canadienne des droits de l'homme en Chine

Il s'agit d'une mise à jour d'un rapport antérieur des deux organisations publié en 2017 qui décrivait des attaques organisées contre des militants qui défendent les questions des droits de l'homme liées à la Chine.

« Profondément préoccupante, cette tendance fait clairement partie d'une campagne de longue date et systématique visant à faire taire le débat public sur les graves préoccupations en matière de droits de l'homme en Chine, laquelle s'étend de plus en plus bien au-delà des frontières de la Chine », a déclaré Alex Neve, secrétaire général d'Amnesty International Canada, section anglaise.

« Le gouvernement chinois poursuit depuis longtemps une stratégie visant à étendre son influence politique et culturelle à l'étranger, dans le but de réprimer les dissidents et de mobiliser les communautés chinoises à l'étranger pour agir en tant qu'agents des intérêts politiques de la Chine », indique le rapport.

Ces activités au Canada comprennent la pression sur les élus, les médias sino-canadiens, les médias sociaux et les établissements universitaires.

Le rapport demandait aux responsables canadiens de prendre des mesures immédiates pour régler ce problème. De telles attaques organisées ont eu lieu sur les campus universitaires et dans les écoles secondaires de tout le Canada. Les victimes incluent des défenseurs de la démocratie à Hong Kong, des pratiquants de Falun Gong et divers groupes minoritaires.

Les pratiquants de Falun Gong visés

« Depuis 2017, les pratiquants de Falun Gong ont continué d'être visés au Canada à travers des incidents de harcèlement qui semblent être liés à l'appareil d'État chinois », écrit le rapport. « Il y a eu un certain nombre d'incidents à Ottawa, Calgary et Winnipeg impliquant des menaces, de l'intimidation et du harcèlement des pratiquants de Falun Gong, ainsi que de fausses correspondances, une caractéristique du gouvernement chinois, envoyées au nom présumé du Falun Gong dans le but de les discréditer. Le groupe du Falun Gong à Ottawa a observé que ce ne sont pas des cas isolés, mais qu'ils faisaient plutôt partie d'un schéma de persécution de longue date par les autorités de l'État chinois. »

Festival des bateaux-dragons

Un tel incident s'est produit le 22 juin 2019, lors du festival annuel des bateaux-dragons. Lorsque le pratiquant de Falun Gong Gerry Smith a assisté à l'événement dans un parc public à Ottawa, le directeur du festival lui a ordonné d'enlever une chemise avec les mots « Falun Dafa » (un autre nom pour le Falun Gong) et les principes de la pratique spirituelle : « Vérité, Bonté, Patience ». Le directeur de l'événement a déclaré que l'ambassade de Chine était un sponsor de leur événement et que sa chemise était une « déclaration politique inappropriée ». Le directeur a également dit que sept à huit autres pratiquants de Falun Gong qui faisaient les exercices de méditation dans le même parc devaient partir.

« Le gouvernement chinois a longtemps tenté de justifier sa persécution du Falun Gong en dénigrant la pratique spirituelle apolitique comme un « mouvement politique », écrit le rapport. «De nombreuses photos de la journée démontrent clairement que les pratiquants de Falun Gong qui étaient présents au parc ne participaient à aucune forme de protestation ou de manifestation politique (c.-à-d. pas de banderoles ou de conférenciers), et qu'ils pratiquaient simplement les exercices de méditation. »

Grace Wollensak du groupe Falun Gong à Ottawa a dit que ce n'était pas un incident isolé, mais faisait partie de vingt ans de persécution du Falun Gong par l'appareil d'État chinois, y compris à travers ses consulats et ambassades à l'étranger. Un article en chinois sur l'incident a été publié sur des sites Web en Chine, qualifiant les pratiques du Falun Gong de politiques et d'indésirables lors d'un événement au Canada. Les articles citaient le directeur du Festival et répétaient la propagande anti-Falun Gong.

Incident de Calgary

Les pratiquants de Falun Gong ont continué à faire face à des incidents de harcèlement dans les principales villes canadiennes au cours des trois dernières années. « En août 2017, deux hommes ont perturbé les pratiquants de Falun Gong rassemblés devant le consulat chinois à Calgary, arrachant la bannière de leur manifestation et les injuriant. Des témoins ont affirmé qu'après la fin de la confrontation, deux personnes sont sorties du consulat chinois pour parler à l'un des perturbateurs, amenant à penser qu'elles leur avaient ordonné d'interrompre la manifestation », indique le rapport.

Jeff Yang, le coordinateur du groupe Falun Gong à Calgary, a également décrit le harcèlement et les insultes répétés au cours des dernières années (aussi récemment qu'en juin 2019) contre les pratiquants de Falun Gong par un homme d'origine chinoise.

Fausses lettres et faux e-mails

« L'utilisation de fausses lettres et de faux e-mails a longtemps été une caractéristique de la campagne à l'étranger du Parti communiste chinois contre les pratiquants de Falun Gong, pour les dénigrer et porter atteinte à leur réputation », indique le rapport.

Ces perturbations contre les pratiquants de Falun Gong se poursuivent depuis trois ans. « Des lettres et des courriels bizarres, offensifs et parfois menaçants ont été envoyés en leur nom, y compris à des responsables politiques comme Judy Sgro (députée libérale en décembre 2017) et Peter Julian (député néo-démocrate en mars 2019), dans un effort apparent pour discréditer le Falun Gong et nuire à leurs relations avec les destinataires », indique le rapport.

Cas liés à Anastasia Lin

Anastasia Lin, ancienne Miss Monde Canada, a fait face à plusieurs cas de harcèlement pour avoir défendu les droits de l'homme en Chine.

En plus de ne pas lui permettre d'assister au concours Miss Monde en Chine, Lin « a également fait face à l'intimidation d'agents de l'État chinois agissant via son père et ses grands-parents, les avertissant que si elle n'arrêtait pas son travail en faveur des droits de l'homme, elle risquerait de monter sa famille les uns contre les autres », indique le rapport.

Médias d’actualité

Sous l'influence du Parti communiste chinois (PCC), les journaux de langue chinoise au Canada ont également calomnié les pratiquants de Falun Gong. «En juillet 2015, Today Commercial News, un journal chinois actif au Canada, a été forcé de publier une rétractation et de présenter des excuses après avoir réimprimé un article diffamatoire sur le Falun Gong antérieurement paru dans People’s Daily, le journal officiel du Comité central du PCC », indique le rapport.

Cependant, en janvier 2020, Today Commercial News a publié un deuxième article de nature diffamatoire contre le Falun Gong.

Exhorter le gouvernement canadien à agir

Le cas de Lin est un exemple d'une stratégie commune utilisée par le gouvernement chinois contre les défenseurs avoués des droits, visant à faire pression sur eux à travers le harcèlement des membres de leur famille vivant en Chine, selon le rapport. Lin a également fait état d'exclusion par certaines parties de la communauté chinoise du Canada en raison des pressions exercées par l'ambassade ou le consulat chinois.

Le rapport exhortait le gouvernement canadien à prendre davantage de mesures pour régler ces problèmes, par exemple :

1) Nommer un point focal centralisé au sein du gouvernement pour être le principal contact de première ligne pour les individus et les groupes confrontés au harcèlement et à l'intimidation liés à l'activisme sur les questions des droits de l'homme en Chine ;

2) Maintenir un engagement diplomatique de haut niveau avec la Chine sur la question du harcèlement et de l'intimidation ;

3) Réévaluer en permanence les liens économiques et commerciaux avec la Chine et donner la priorité aux préoccupations relatives aux droits de l'homme dans leurs relations bilatérales ;

4) Travailler avec d'autres gouvernements pour soulever les préoccupations concernant les violations des droits de l'homme en Chine ;

5) Affirmer son opposition à ces violations de la pratique diplomatique normale ;

6) Mettre en place une enquête publique indépendante sur les méthodes et incidents d'ingérence spécifiques au secteur de l'éducation ; et

7) Examiner la législation d'autres juridictions pour contrer l'ingérence étrangère clandestine et envisager de promulguer une législation similaire au Canada.

Traduit de l'anglais