(Minghui.org) The Telegraph, un quotidien national britannique, a examiné la dure réalité du prélèvement forcé d’organes en Chine dans un article du 27 mai intitulé : « La science britannique aide-t-elle et encourage-t-elle le commerce chinois d’organes humains ? »
« Le marché des prélèvements forcés d’organes est lucratif, et certains experts occidentaux soupçonnent maintenant qu’ils ont involontairement encouragé les médecins qui en sont responsables », a écrit Henry Bodkin, un journaliste réputé.
Il précise qu’au début des années 2000, la Chine est passée du statut de suiveur à celui de leader en matière de technologie de transplantation. Citant des informations de Wayne Jordash QC, fondateur de Global Rights Compliance, l’article écrit que les hôpitaux de transplantation d’organes en Chine ont triplé en quatre ans. « Le volume des greffes de reins a augmenté de 510 %, celui des greffes de foie de 1820 %, celui des greffes de cœur de 1100 % et celui des greffes de poumon de 2450 % », est-il écrit dans l’article.
Le problème est que tout cela s’est produit en l’absence d’un système de don volontaire d’organes. On estime qu’au moins des centaines de milliers de pratiquants de Falun Gong ont été victimes de prélèvements forcés d’organes.
Témoignages
Annie Yang, 59 ans, est une traductrice travaillant à Londres. Alors qu’elle se trouvait encore en Chine, elle a été détenue dans un camp de travail à l’extérieur de Pékin entre mars 2005 et septembre 2006 pour sa pratique du Falun Gong. En plus de devoir travailler jusqu’à 20 heures par jour, elle et d’autres pratiquantes de Falun Gong détenues ont également été torturées de temps en temps.
Mais toutes les quelques semaines, elle et d’autres pratiquantes détenues étaient envoyées dans un hôpital de la police voisin. « Là, elles subissaient une série complète d’examens médicaux : scanners, analyses de sang, radiographies, etc. Les femmes traumatisées étaient déconcertées », peut-on lire dans l’article. « Pourquoi un régime qui les torturait sans vergogne semblait-il aussi préoccupé de leur santé ? »
Mme Yang n’a pas compris cela avant de se réfugier au Royaume-Uni et de lire des rapports sur les prélèvements forcés d’organes en Chine. « Tout mon corps tremblait – j’aurais pu être l’un d’entre eux », a-t-elle déclaré dans une interview accordée à The Telegraph. Mais elle ne savait pas combien de codétenues étaient encore en vie, étant donné le système de transplantation forcée d’organes parrainé par l’État en Chine.
Mme Yang a témoigné il y a deux ans devant le China Tribunal présidé par Sir Geoffrey Nice QC, l’ancien procureur principal contre Slobodan Milošević. Le tribunal a également conclu que « les pratiquants de Falun Gong servaient de source principale pour un système de prélèvements forcés d’organes en République populaire de Chine ».
Un autre témoin est Enver Tohti, un ancien chirurgien en Chine. On lui a ordonné de « couper profondément et de travailler rapidement » lorsqu’il prélevait les organes de prisonniers politiques alors qu’ils étaient encore en vie. En outre, huit rapporteurs spéciaux de l’ONU ont également estimé que cette preuve et d’autres étaient des « indicateurs crédibles de prélèvements forcés d’organes ».
« En clair, les victimes sont tuées sur commande, leur corps est découpé pour récupérer leur foie, leur cœur, leurs reins et leurs poumons, voire leur cornée. Les organes sont ensuite vendus sur un marché international redoutablement lucratif », est-il écrit dans l’article. « Les reins se vendent entre 50 000 et 120 000 dollars, et les pancréas entre 110 000 et 140 000 dollars. »
Conformément à ces conclusions, « les experts pensent que le Parti communiste chinois est également de plus en plus disposé à autoriser des expériences scientifiques sur des prisonniers politiques non consentants, en écho aux pratiques les plus sombres des camps de concentration nazis », explique l’article.
Les pays occidentaux ont pris des mesures pour mettre un frein au prélèvement forcé d’organes. Le mois dernier, le gouvernement a adopté un projet de loi qui interdit aux citoyens britanniques de se rendre à l’étranger pour acheter un organe.
Connexion aux technologies occidentales
Le prélèvement forcé d’organes n’est pas un problème qui concerne uniquement la Chine. Dans l’article est écrit : « D’éminents médecins [occidentaux] commencent à jeter un regard rétrospectif sur des décennies “d’engagement constructif” avec l’establishment médical chinois – ces voyages tous frais payés pour donner des conférences à des chirurgiens en herbe, et les arrangements rentables pour former des fournées d’entre eux à l’Ouest. »
Le professeur Russell Strong, médecin transplanteur australien de renommée mondiale, a demandé en octobre dernier que « tous les chirurgiens chinois soient interdits d’accès aux hôpitaux occidentaux pour les empêcher d’utiliser les compétences qu’ils y acquièrent sur le marché des prélèvements d’organes ».
L’article explique : « Tout cela implique une question troublante. À savoir, l’Occident a-t-il aidé et encouragé l’industrie chinoise des prélèvements d’organes ? Ou bien, en termes plus humains, si Mme Yang était restée à Pékin pour se faire découper le cœur vivant, ce chirurgien aurait-il pu avoir reçu une formation appropriée d’une université britannique, ou même du NHS (National Health Service) ? »
Une chaîne d’approvisionnement
Un fait connu est que la demande mondiale d’organes dépasse largement l’offre légitime. Selon le professeur Martin Elliott, du Great Ormond Street Hospital de Londres, les organes sont souvent recherchés désespérément. Cela a donné naissance à un marché du tourisme d’organes d’une valeur d’environ 1,7 milliard de dollars par an. Une Japonaise a même payé 5 millions de dollars pour un foie, indique l’article.
Ces « agents » de transplantation sont disponibles dans de nombreux pays et les compagnies d’assurance maladie israéliennes avaient même l’habitude d’aider leurs clients à trouver de tels agents en Chine. Bien que ces incitations soient compréhensibles, « ce qui est moins clair pour l’observateur occasionnel, c’est comment la Chine a réussi, en quelques décennies, à devenir le centre mondial de transplantation d’organes ».
Wayne Jordash QC, fondateur de Global Rights Compliance, a tenté de trouver la réponse. « Au début des années 2000, la République populaire de Chine a fait un bond, passant du statut de suiveur à celui de leader de la technologie de transplantation », a-t-il déclaré. « On a rapporté que les touristes transplantés et les citoyens chinois avaient accès à un organe compatible en quelques semaines ou quelques mois, par rapport à d’autres pays où les patients pouvaient être sur une liste d’attente de transplantation pendant des années malgré des systèmes de don bien établis. »
La question suivante est celle de la source de l’abondance de ces organes. Les autorités chinoises ont déclaré en 2009 que deux tiers des organes utilisés pour les transplantations étaient prélevés sur des condamnés à mort. « Mais cela ne tenait tout simplement pas debout. À partir de 2000, le nombre d’exécutions après une condamnation à mort a diminué, tandis que le système de transplantation a connu une croissance exponentielle », explique l’article.
C’est pourquoi les gens se sont tournés vers le Falun Gong, un système de méditation durement réprimé par le Parti communiste chinois (PCC). « Des arrestations massives ont suivi. Depuis lors, le nombre de pratiquants de Falun Gong victimes de prélèvements forcés d’organes est estimé, de manière prudente, à des centaines de milliers », écrit l’article. « Selon le China Tribunal de Sir Geoffrey Nice, 60 000 à 100 000 transplantations ont eu lieu chaque année entre 2000 et 2014, les pratiquants de Falun Gong servant de source principale. »
Plusieurs années après la révélation des prélèvements forcés d’organes, la Chine a déclaré en 2010 que les prélèvements d’organes sur les prisonniers exécutés prendraient fin en 2015 et seraient remplacés par des dons volontaires. « Mais les experts n’y croient pas un seul instant. Ils soulignent que le nombre d’organes utilisés en Chine pour des transplantations dépasse largement le nombre qui pourrait jamais être obtenu par des dons volontaires », écrit l’article.
La voie à suivre
« Ce qui est embarrassant, c’est que, bien que j’aie passé toute ma vie dans le domaine de la transplantation, je n’étais absolument pas au courant de ces activités, ce qui est en soi un problème », a remarqué le Pr Elliott. « Vous êtes souvent invité là-bas [en Chine], peut-être pour donner une conférence, peut-être pour faire de l’enseignement, peut-être pour opérer, et vous ne voyez que cette partie étroite de ce que vous êtes autorisé à voir. »
Cela s’est produit à grande échelle. « Il est important de savoir que de nombreuses organisations, souvent animées de bonnes intentions, gagnent de l’argent et tirent profit de relations avec des sources réciproques dans des États tels que la Chine », a déclaré le Pr Elliott.
Le Dr Julian Sheather, conseiller spécial de la British Medical Association (BMA), a déclaré : « Il ne fait absolument aucun doute que ces activités constituent une parodie des obligations morales de la médecine. » En ce qui concerne les technologies occidentales, les défenseurs attendent des lois qui « pourraient avoir un effet dissuasif sur la complicité, même involontaire, des entreprises et institutions occidentales dans le prélèvement d’organes ».
« La doctrine juridique de la complicité est l’une de ces voies possibles qui pourraient être particulièrement dangereuses pour les fabricants de dispositifs médicaux », est-il écrit dans l’article. « Elle a été utilisée en 1946 pour condamner le directeur général de Tesch & Stabenow, le fabricant du poison Zyklon B. gaz, pour complicité dans l’Holocauste. »
La Chine est connue pour le manque de transparence de son système médical, entre autres appareils d’État. Il est donc difficile pour une entreprise occidentale de s’assurer qu’un appareil de diagnostic ou un dispositif chirurgical ne sera pas utilisé pour le prélèvement d’organes.
« S’ils ne peuvent pas s’assurer que leur équipement n’est pas utilisé de cette manière, ils doivent se poser de sérieuses questions sur leur présence sur ce marché », a fait remarquer M. Sheather.
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Traduit de l’anglais