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L’histoire de la cultivation de Bouddha Milarepa (2e partie)

21 juin 2024 |   Écrit par l’équipe éditoriale de Minghui

(Minghui.org) Tout au long de l’histoire, l’Himalaya fut une région où il y eut de nombreux pratiquants, où les gens menaient une vie simple et modeste, où tout le monde savait chanter et danser, et où l’on vénérait aussi le Fa de Bouddha [le Fofa]. Il y a presque un millénaire, naquit dans cette région un pratiquant s’appelant Milarepa. Alors que la multitude de bouddhas et de bodhisattvas eurent besoin de nombreuses vies et traversèrent de nombreuses tribulations dans leur cultivation jusqu’à obtenir le fruit juste, Milarepa atteignit une vertu majestueuse équivalente en une seule vie et devint connu plus tard comme le fondateur de la Lignée blanche du bouddhisme tibétain.

(Suite de la 1re partie)

Milarepa sourit et dit : « D’accord, je vais vous raconter la suite. »

« Quand j’avais sept ans, mon père tomba gravement malade. Les médecins ne purent rien faire et une diseuse de bonne aventure dit également que mon père n’avait aucun espoir de guérison. Mes proches savaient que la maladie était mortelle et mon père n’ignorait pas non plus qu’il était sur le point de mourir. Il décida de prendre des dispositions pour nous trois et les biens de la famille avant sa mort.

« Père demanda à mon oncle, ma tante, mes parents et mes voisins de se réunir dans notre maison. Devant tout le monde, il lut le testament qu’il avait préparé.

« Le testament stipulait clairement que tous les biens seraient hérités par son fils aîné.

« Après avoir lu le testament, mon père dit lentement : “Je n’ai aucun espoir de survivre à cette maladie. Mon fils et ma fille sont encore jeunes, alors je ne peux que déranger leur oncle, leur tante et d’autres parents pour s’occuper d’eux. Bien que je ne sois pas excessivement riche, j’ai une quantité décente de biens. Dans mon domaine, il y a des bœufs, des moutons et des chevaux. De mes terres, la plus importante est ce Triangle d’Orma, et les plus petites sont trop nombreuses pour être mentionnées individuellement. L’étable en bas a des bœufs, des moutons et des ânes. À l’étage, j’ai des meubles, des antiquités en or et en argent, des bijoux, des pierres précieuses et des vêtements en soie. J’ai aussi des entrepôts remplis de grains. Dans l’ensemble, j’ai assez de richesses pour n’avoir pas besoin de compter sur les autres. Après ma mort, veuillez utiliser une partie des biens pour mes funérailles. Pour le reste des richesses, j’espère que tous ceux qui sont réunis ici, en particulier Oncle et Tante, pourront aider Mère à prendre soin des deux enfants. Quand Topaga grandira et qu’il sera temps de le marier, veuillez accueillir Dzese, la jeune fille qui lui est fiancée, dans notre famille. Les frais de mariage doivent correspondre à notre statut social. Dès lors, mon patrimoine devra être géré par Topaga. J’espère qu’Oncle et Tante pourront veiller sur ces deux enfants et leur mère. Veuillez aider pour que tous trois ne souffrent pas. Après ma mort, je les surveillerai d’entre les jointures du cercueil.”

« Après avoir dit ces mots, Père mourut, nous laissant tous les trois derrière lui.

« Nous enterrâmes Père, et après discussion, nous convînmes tous que Mère s’occuperait de toutes les richesses. Mais Oncle et Tante étaient résolus et dirent : “Bien que vous soyez parents, nous sommes des parents encore plus proches. Nous ne vous laisserons jamais souffrir tous les trois, aussi gérerons-nous toute la richesse selon le testament.” Le frère de ma mère et le père de Dzese énumérèrent plusieurs raisons pour lesquelles Mère devrait prendre soin du domaine, mais ils ne voulurent rien écouter. En conséquence, mes biens allèrent à Oncle, tandis que ceux de ma sœur allèrent à Tante. Les biens restants furent répartis également entre eux.

« Ils nous dirent alors à tous les trois : “À partir de maintenant, nous prendrons bien soin de vous ! ”

« Et avec cela, toutes nos richesses disparurent.

« Dès lors, Oncle nous fit labourer les champs pendant l’été brûlant, tandis que Tante nous faisait tricoter la laine des moutons pendant l’hiver glacial. Nous mangions de la nourriture qui n’était bonne que pour les chiens et travaillions comme des bêtes. Nous portions des haillons tenus par des ceintures d’herbe tressée. Nous travaillions du matin au soir sans arrêt. Le travail excessif usa nos mains et nos pieds, et notre peau craquelée saigna. Il n’y avait pas assez de vêtements pour nous garder au chaud ni assez de nourriture pour nous nourrir. Notre peau devint grise, et nous étions émaciés, n’ayant plus que la peau sur les os. Je me souvins qu’il y avait eu autrefois de l’or, des pierres précieuses et des anneaux sur la tresse dans mes cheveux, mais désormais tout cela avait disparu et il ne restait plus qu’une corde gris-noir. Pour finir, mes cheveux furent si pleins de poux et de lentes qu’ils poussaient en nids dans mes cheveux ébouriffés. Quiconque nous voyait réprimandait Oncle et Tante pour leur cruauté. Mais avec une peau aussi épaisse que du cuir de bœuf, ils n’avaient pas honte et ne prêtaient pas la moindre attention à ces railleries. Mère appelait alors Tante une yaksha perfide ou tigresse fantôme, au lieu de Khyungtsa Paldren. Le terme tigresse fantôme se répandit plus tard dans le village. Les villageois à l’époque disaient souvent : “Arracher les biens des autres et traiter les anciens propriétaires comme des chiens de garde, est-ce que ce genre de choses injustes existent vraiment dans le monde ?”

« Avant la mort de Père, les gens riches et pauvres venaient chez nous pour créer des liens avec nous et nous flatter. Maintenant qu’Oncle et Tante avaient de l’argent et vivaient comme des nobles, ces gens commencèrent à s’entendre avec eux. Certaines personnes disaient même du mal de ma mère : “Une expression dit qu’un mari riche va avec une femme habile. C’est effectivement vrai ! Voyez, lorsque le mari de Nyangtsa Kargyen était vivant, elle était une dame généreuse. Sans lui, elle est si pingre.”

« Il y a un proverbe au Tibet : “Une fois qu’une personne rencontre la malchance, les ragots se répandent partout.” Alors que notre situation continuait à se détériorer, la sympathie des gens pour nous disparut. Elle fut remplacée par le mépris et les ragots.

« Les parents de Dzese eurent pitié de mon malheur et me donnèrent parfois des vêtements ou des chaussures. Ils me réconfortèrent aussi avec chaleur : “Topaga, tu sais, la richesse n’est pas quelque chose qui va durer éternellement. La richesse peut aller et venir, éphémère comme la rosée du matin. Ne sois pas triste à propos de votre pauvreté. Ton grand-père n’a-t-il pas aussi commencé à partir de rien ?”

« “Quand tu seras grand, tu pourras aussi gagner de l’argent et accumuler une fortune !”

« Je leur étais très reconnaissant.

« Mère avait une terre de sa dot. Le nom n’était pas beau, mais c’était une bonne terre avec une récolte décente. Mon oncle aîné cultivait cette terre et économisait le millet chaque année pour les intérêts. Après plusieurs années, les intérêts et le capital s’accumulèrent pour atteindre un montant raisonnable. Les jours difficiles passèrent un à un. Quand j’eus 15 ans, Mère vendit la moitié de la terre. Avec l’argent de la vente et l’intérêt du grain, elle acheta beaucoup de viande, de la farine d’orge grillée des hauts plateaux et du seigle pour faire du vin. Les actes de Mère étonnèrent les villageois, et c’est ainsi que tous commencèrent à faire des conjectures entre eux : “Nyangtsa Kargyen fera-t-elle une fête et demandera-t-elle officiellement le retour des biens de sa famille ? Après que Mère et son frère eurent tout préparé, ils disposèrent des rangées après rangées de nattes empruntées dans le salon de notre maison à quatre piliers et huit poutres. Ils demandèrent à Oncle et Tante d’accueillir les parents, les amis et les voisins, surtout ceux qui étaient présents lorsque Père avait annoncé sa volonté sur son lit de mort. Mère plaça la meilleure viande et les meilleurs plats devant Oncle et Tante, et de la nourriture abondante fut disposée devant chaque invité. Tout le monde eut aussi un grand bol de vin devant lui. C’était vraiment un grand banquet.

« “Vous tous, aujourd’hui, j’ai préparé de la nourriture maigre et du vin dilué pour que nous nous retrouvions ensemble de façon symbolique”, dit Mère.

« Une fois chacun assis, Mère se leva au milieu de tous ces gens et dit solennellement : Bien qu’aujourd’hui ce soit l’anniversaire de mon fils, c’est en fait sans importance. J’aimerais dire quelques mots à tout le monde : lorsque mon mari Sherab Gyeltsen prononça son testament avant sa mort, tout le monde, les aînés, et Oncle et Tante étaient assis ici et tout le monde a clairement compris. Maintenant, je veux inviter tous ceux qui sont assis ici à écouter à nouveau le testament.

« Sur quoi, son frère se leva et lut le testament à haute voix. Pas un seul invité ne dit un mot.

« Mère poursuivit : “Topaga est maintenant adulte et en âge de prendre femme. Selon la volonté de son père Sherab Gyeltsen, nous devrions organiser le mariage en fonction de notre statut social. Topaga devrait aussi hériter et gérer les biens de notre famille conformément au testament. Quant au testament que nous venons de lire, tout le monde l’a entendu en personne lorsque Sherab Gyeltsen était mourant et je n’ai pas besoin de le répéter. Aujourd’hui, je demande à Oncle et Tante de nous rendre les biens qu’ils ont gardés pour nous. Je remercie aussi sincèrement Oncle et Tante et vous tous pour vos soins pendant toutes ces années.”

« “Hé ! Avez-vous encore des biens ?!”, crièrent Oncle et Tante. “Où sont vos biens ?”

« En temps normal, Oncle et Tante étaient mutuellement en désaccord sur presque tout. Mais pour ce qui est d’arracher les biens d’autrui, ils étaient unis.

« Ils dirent encore : “Avez-vous encore des biens ? Où sont vos biens ? Quand Sherab Gyeltsen était jeune, il nous a emprunté beaucoup de terre, d’or, de pierres précieuses, de chevaux, de bœufs et de moutons. Puisqu’il est mort, bien sûr que cela doit nous revenir. Qu’est-ce qui est vôtre ? Vos biens ne sont pas même l’équivalent en or d’une étoile dans le ciel nocturne, d’une poignée de blé, d’un tael de beurre de yack ou d’un vieux contingent de bétail. Oh ! D’où vient ce genre de rêve éveillé ? Qui a écrit ce testament pour vous ? Prendre soin de vous et de vos enfants pendant tant d’années, c’est déjà plus que suffisant ! Il y a une expression qui dit que certaines personnes rendraient la gentillesse par la haine. Je crois qu’il parlait de gens inutiles comme vous !”

« Ils étaient furieux en disant ces choses, braillant, les dents serrées et émettant des grincements de dents.

« Bondissant de leurs sièges et piétinant le sol de leurs pieds, ils hurlèrent : “Hé ! Vous comprenez ? Cette maison est à nous. Dehors !”

« Sur ces mots, ils battirent Mère avec des fouets et nous balancèrent ma sœur Peta et moi par nos manches.

« Mère était par terre dans un désespoir absolu et s’écria : “Sherab Gyeltsen ! Est-ce que tu vois ça ? Tu as dit que tu veillerais sur nous d’entre les planches du cercueil. As-tu vu ça ?!”

« Ma sœur et moi nous blottirent contre Mère, et tous trois nous sanglotâmes effroyablement. Voyant beaucoup de gens applaudir Oncle, le frère aîné de Mère n’eut pas d’autre choix que de cacher sa colère et de garder le silence. Des invités soupirèrent : “Pauvre mère et pauvres enfants !” Voyant notre malheur, ils avaient le cœur brisé et les larmes aux yeux, mais ils ne pouvaient rien faire de plus que soupirer en silence.

« Oncle et Tante n’avaient pas fini de soulager leur colère et leur ressentiment, et ils continuèrent à nous maudire tous les trois violemment, comme des chiens hargneux.

« “Oh ! Vous voulez qu’on vous rende votre argent ? Oui, il est à vous, mais on ne veut pas vous le rendre. Comment allez-vous le récupérer ? Si nous l’utilisons joyeusement pour boire du vin et divertir les invités, ce ne sont pas vos affaires ! Ils continuèrent à se moquer de nous avec mépris : Si vous en avez la force, trouvez des gens pour lutter contre nous pour récupérer vos biens. Si vous ne trouvez personne, alors essayez de réciter des incantations ! Sur ces paroles, ils tournèrent le dos et partirent avec leurs amis.

« Le chagrin extrême laissa Mère à sangloter sans pouvoir retrouver son souffle pendant un long moment. À l’intérieur de la maison à quatre piliers et huit poutres, il ne resta que nous trois et quelques parents compréhensifs. Dzese, ainsi que son père et son frère, nous réconfortèrent. Ils étaient prêts à nous offrir des provisions quotidiennes pour que nous puissions survivre. Le frère de ma mère me proposa d’apprendre un métier tandis que ma mère et ma sœur l’aideraient dans l’agriculture. Il insista sur le fait que nous devions accomplir quelque chose pour montrer à Oncle et Tante que la famille de Sherab Gyeltsen n’était ni faible, ni incapable, ni une famille à rabaisser à la légère.

« Finalement, Mère réussit à contenir son chagrin et essuya ses larmes. Avec tristesse et colère, elle dit résolument : “Comme je n’ai pas la capacité de reprendre mes biens, je ne compterai pas sur les autres pour élever mes enfants non plus. Maintenant, même si l’oncle et la tante des enfants rendent une partie de la richesse, je ne la prendrai pas. Néanmoins, Topaga doit apprendre un métier. Avant de rembourser la générosité d’Oncle et Tante, ma fille et moi sommes tout à fait disposées à être même des servantes ou des esclaves. Nous devons leur montrer !”

« Mère se tourna alors vers son frère et dit : “Nous sommes prêts à prendre ta place à la ferme !” Voyant sa détermination, personne ne proposa d’autres idées et nous suivîmes son plan.

« Il y avait un lama de la Lignée rouge qui était spécialiste et expert dans le Dharma, en qui les villageois locaux croyaient fermement. (Note : La Lignée rouge au Tibet est considérée comme l’une des premières formes du bouddhisme tibétain ; le nom tibétain Nyingma aurait dû à l’origine être traduit par « anciens enseignements », mais comme les lamas portaient tous des vêtements rouges, il était communément appelé la Lignée rouge.) Mère me dit d’aller étudier avec ce lama de la Lignée rouge. Lorsque je quittai la maison, deux ou trois parents vinrent me voir partir. À cette époque, les parents de Dzese lui demandèrent souvent d’apporter de la nourriture, du bois de chauffage ou de l’huile à l’endroit où j’étudiais. Quand Mère et Sœur ne trouvaient pas de travail, le frère de Mère nous fournissait de la nourriture. Afin que Mère n’ait pas à mendier la nourriture, il allait partout à la recherche d’un travail pour elle. Il fit tout ce qui était en son pouvoir pour nous aider tous les trois. Ma sœur effectuait à l’occasion des courses, jouait du tambour, nettoyait les granges et faisait d’autres petits travaux pour se procurer de la nourriture et des vêtements. Mais nous mangions très insuffisamment et nous portions de minables haillons. Il n’y avait que du chagrin, pas de joie. »

Tandis que le Vénérable Milarepa nous racontait son histoire, les gens écoutant son Dharma versaient tristement des larmes, se sentant las du monde. Les disciples dans la grotte bondée écoutant le Dharma étaient calmement immergés dans les bruits des gémissements et des sanglots.

(À suivre)

Version française révisée en avril 2024

Traduit de l’anglais