(Minghui.org)Tout au long de l’histoire, l’Himalaya fut une région où il y eut de nombreux pratiquants, où les gens menaient une vie simple et modeste, où tout le monde savait chanter et danser, et où l’on vénérait aussi le Fa de Bouddha [le Fofa]. Il y a presque un millénaire, naquit dans cette région un pratiquant s’appelant Milarepa. Alors que la multitude de bouddhas et de bodhisattvas eurent besoin de nombreuses vies et traversèrent de nombreuses tribulations dans leur cultivation jusqu’à obtenir le fruit juste, Milarepa atteignit une vertu majestueuse équivalente en une seule vie et devint connu plus tard comme le fondateur de la Lignée blanche du bouddhisme tibétain.
Le Guéshé Tsakpuwa avait une maîtresse. Il demanda à cette femme de mettre du poison dans un morceau de fromage et de l’apporter au Vénérable pour le tuer. Il lui promit de lui donner un grand morceau de jade quand elle aurait accompli sa mission. La femme le crut et apporta au Vénérable un fromage empoisonné en offrande.
Le Vénérable était déjà pleinement au courant. En visualisant les affinités karmiques, il savait que ceux ayant l’affinité prédestinée seraient sauvés. Bien que le poison ne pût pas lui faire de mal, son nirvana approchait, donc il décida d’accepter le poison comme offrande. Le Vénérable savait également que si la femme n’obtenait pas le jade avant de lui avoir donné le fromage empoisonné, elle ne l’obtiendrait pas plus tard, parce que Tsakpuwa ne le lui donnerait jamais après coup. Donc le Vénérable dit à la femme : « Je ne l’accepterai pas maintenant. Si tu reviens plus tard, alors je le prendrai probablement. »
En entendant les paroles du Vénérable, la femme fut déroutée et effrayée. Elle suspecta que le Vénérable put déjà savoir que le fromage était empoisonné. Nerveuse et mal à l’aise, elle s’en alla.
La femme alla voir Tsakpuwa et lui raconta ce qui s’était passé. Elle lui dit que le Vénérable devait avoir des pouvoirs supranormaux, ce qui était la raison pour laquelle il n’avait pas accepté le fromage.
Tsakpuwa répliqua : « Pfff ! S’il avait un pouvoir supranormal, il ne t’aurait pas demandé de le lui apporter plus tard. Ou il t’aurait dit de le manger. Au lieu de cela, il t’a demandé de le lui apporter plus tard. Cela montre clairement qu’il n’a pas de pouvoir supranormal. Maintenant, prends ce jade et apporte-lui le fromage. Cette fois, assure-toi qu’il le mange ! » Il lui donna alors le jade.
La femme répondit : « Tout le monde pense qu’il doit avoir des pouvoirs supranormaux. Parce qu’il en a, il ne l’a pas mangé hier. Si je le lui rapporte aujourd’hui, il ne le mangera absolument pas. J’ai tellement peur que je n’ose pas y aller. Je ne veux plus du jade à présent. S’il te plaît, pardonne-moi. Je ne peux pas faire cela pour toi. »
Tsakpuwa lui dit : « Seuls les imbéciles vont croire qu’il a des pouvoirs supranormaux. Ils ne lisent pas les soutras, manquent de rationalité et sont trompés par ses mensonges. Dans les soutras, j’ai lu que les gens qui ont des pouvoirs supranormaux ne sont pas comme lui. Je garantis qu’il n’a pas de pouvoir supranormal. Maintenant, va, emporte le fromage empoisonné pour qu’il le mange. Si nous réussissons, je ne te laisserai pas tomber. Nous nous aimons depuis si longtemps, je ne pense pas que nous ayons à nous soucier plus longtemps des commérages. Si tu peux accomplir cela, je ferai le nécessaire et t’épouserai. Non seulement ce jade sera tien, mais tu seras également responsable de mes biens à l’intérieur et à l’extérieur de la maison. Que nous soyons riches ou pauvres, nous resterons ensemble jusqu’à notre mort. Es-tu d’accord ? »
La femme le crut. De nouveau elle mit du poison dans le fromage et l’apporta au Vénérable en tant qu’offrande. Le Vénérable se mit à sourire et l’accepta. La femme pensa : « Le guéshé a raison. Il n’a véritablement aucun pouvoir supranormal ! »
Le Vénérable lui sourit et dit : « Le prix pour faire cela – le jade, l’as-tu eu ? »
En entendant ces paroles, la femme eut si peur qu’elle resta bouche bée et sans voix. Coupable et effrayée, tout son corps tremblait et son visage devint pâle. Elle se prosterna et dit d’une voix tremblante : « J’ai le jade. Mais s’il vous plaît, ne mangez pas le fromage. Donnez-le-moi. »
Le Vénérable demanda : « Pourquoi le veux-tu ? »
Elle dit en pleurant : « Laissez-moi le manger, c’est moi qui ai péché. »
Le Vénérable répondit : « Premièrement, je ne peux supporter le fait que tu le manges, car tu es la seule à plaindre. Deuxièmement, si je refuse ton offrande, je violerais les règles des bodhisattvas avec cette infraction fondamentale. En outre, j’ai achevé mes engagements pour moi-même, les autres et offrir le salut, et il est temps pour moi de partir pour un autre monde. En fait, ton offrande ne peut pas me faire de mal, et cela ne fait aucune différence que je le mange ou non. Si j’avais mangé ton fromage la dernière fois, tu n’aurais pas obtenu le jade. C’est pourquoi je ne l’ai pas fait. Maintenant que tu as le jade en main, je peux le manger sans inquiétude, et il sera satisfait. Une autre chose est qu’il t’a offert ceci ou cela une fois que cela serait fait. Mais ses paroles ne sont pas fiables. Quant à ses remarques me concernant, aucune n’est vraie. Tous deux, vous serez remplis de regrets plus tard. D’ici là, ce que vous pouvez faire de mieux est de véritablement vous repentir et apprendre sérieusement le dharma. Ou, au moins, souvenez-vous que s’agissant des questions de vie et de mort, ne commettez plus de tels péchés à l’avenir ! Maintenant tu peux sincèrement prier pour moi et l’héritage de ma lignée.
« Vous deux abandonnez souvent le bonheur et recherchez la souffrance. Cette fois, je ferai le serment de laver en votre nom les péchés que vous avez commis. Tôt ou tard, les gens sauront ce que vous avez fait cette fois. Mais pour votre sécurité, s’il vous plaît, ne dites rien à personne avant ma mort. Je suis maintenant un vieil homme, et vous n’avez pas vu si ce que j’ai dit par le passé était vrai ou non. Donc il se peut que vous ne croyiez pas mes paroles. Cette fois, vous le voyez de vos propres yeux. Vous saurez que ce que j’ai dit est vrai. » Ayant dit cela, le Vénérable mangea le fromage.
La femme s’en retourna et raconta cela à Tsakpuwa. Tsakpuwa dit : « Ce que tu vois dans le wok peut ne pas être un plat délicieux ; ce que tu entends les autres dire peut ne pas être vrai. Du moment qu’il a mangé le fromage empoisonné, j’ai atteint mon objectif. Garde simplement ta bouche fermée et reste tranquille. »
Le Vénérable fit alors passer le mot à Drin et à Nyanam, demandant aux croyants, aux bienfaiteurs et aux gens d’autres endroits qui ne l’avaient pas encore rencontré de venir. Ses disciples, qui se préparaient pour une assemblée du dharma, entendirent cela, incrédules. Tout le monde vint, et le Vénérable donna une leçon sur le dharma à leur intention pendant plusieurs jours d’affilée. Il expliqua en détail la cause et l’effet de la réalité conventionnelle, ainsi que les fondamentaux de la réalité ultime. Alors qu’il enseignait, beaucoup de disciples avec des facultés supérieures virent d’innombrables bouddhas et bodhisattvas dans le ciel écoutant le dharma ; certains virent un public humain et un public non humain partout dans le ciel et sur terre écoutant joyeusement. Des gens virent également un arc-en-ciel de lumière de cinq couleurs, des bannières de victoire et des nuages colorés dans l’espace vide. Des fleurs de cinq couleurs descendirent du ciel comme de la pluie, avec des éclats de parfum. Une musique agréable venait aussi du ciel.
Certains disciples demandèrent au Vénérable : « Nous avons également vu des êtres célestes écoutant le dharma dans le ciel et dans l’espace vide. Nous avons également vu de nombreux signes rares et merveilleux. Que signifient-ils exactement ? »
Le Vénérable répondit : « Des êtres célestes et des divinités bienveillantes écoutaient ma conférence et me donnaient des offrandes des cinq plaisirs des sens. Parce que vous êtes tous des pratiquants yogis et des croyants avec une qualité innée saine, vous êtes joyeux dans vos cœurs et vous avez vu ces présages prometteurs. »
D’autres demandèrent : « Pourquoi ne pouvons-nous pas voir ces êtres célestes ? » Le Vénérable dit : « Parmi les êtres célestes, certains sont des bodhisattvas et d’autres ont atteint la non-régression. Pour les voir, vous devez avoir des yeux célestes avec une quantité suffisante de mérites et de sagesse et sans trop d’obstacles affectifs et cognitifs. Si on peut voir des bouddhas et des bodhisattvas, on verra tout naturellement d’autres divinités. Pour être en mesure de voir des bouddhas et des bodhisattvas, vous devez vous repentir et accumuler du mérite. En travaillant dur dans la pratique, vous verrez assurément le bouddha le plus spectaculaire – votre propre esprit. »
Quand le Vénérable eut fini, les membres de l’auditoire dotés de facultés supérieures réalisèrent que l’esprit était un corps réel ; ceux avec des capacités moyennes eurent une grande sensation de joie, de clarté et de vide. Tout le monde eut une forte aspiration à la Bodhi.
Le Vénérable dit : « Les lamas, les novices, tout le monde et les êtres célestes peuvent se réunir ici pour l’assemblée du dharma en raison de bonne volonté dans les vies précédentes. Ceci est une assemblée à cause du dharma et de l’affinité karmique. Je suis vieux et faible. Il est difficile de dire si je serai en mesure de vous revoir dans ce monde. Mais ce que je vous ai dit est entièrement vrai. J’espère que vous serez capable de pratiquer d’après le dharma. Dans ma terre de Bouddha, lorsque j’atteindrai la bouddhéité, vous serez tous des disciples m’ayant entendu enseigner dans la première assemblée. Donc, soyez heureux ! »
Les disciples de Nyanam demandèrent pourquoi le Vénérable avait fait ce rappel. Était-ce parce que le salut des êtres était achevé et que le temps du nirvana était arrivé ? Ils supplièrent le Vénérable que si le nirvana approchait, ils espéraient qu’il arriverait à Nyanam, ou qu’il pourrait au moins s’y rendre une fois. Ils pleurèrent et insistèrent pour que le Vénérable aille à Nyanam. Les gens de Drin, de Chubar et d’autres régions supplièrent également le Vénérable d’aller chez eux.
Le Vénérable dit : « Un vieil homme comme moi n’ira pas à Nyanam. J’attendrai la mort à Drin et Chubar. Faisons un bon vœu, d’espérer que dans le futur, nous puissions tous nous rencontrer dans les terres pures des dakinis. »
Les disciples dirent : « Si le Maître ne peut pas, nous espérons que le Maître pourra faire le vœu d’aider tous les endroits visités précédemment pour des bénédictions. Tous les gens et tous les êtres qui ont vu ou entendu le Maître auparavant supplient le Maître de faire un vœu d’assistance et de bénédictions. »
Le Vénérable : « Je suis très ému de voir que vous avez une telle foi. Je vous ai longuement enseigné le dharma avec compassion. Dans le futur, je ferai bien sûr le vœu pour la joie et le bonheur de moi-même, des autres et de tous les êtres. » Le Vénérable chanta alors une chanson sur les vœux.
Les membres de l’auditoire qui écoutaient le dharma étaient remplis de joie. Ils n’osaient pas le croire, pensant : « Le Maître n’entrera probablement pas dans le nirvana. » Les gens, incluant les disciples de Nyanam, s’approchèrent pour demander au Vénérable assistance et bénédictions. L’auditoire se dispersa alors, tandis que les signes auspicieux comme des arcs-en-ciel dans le ciel disparaissaient graduellement.
Les gens de Drin demandèrent sincèrement aux principaux disciples du Vénérable, tel que Zhiwa O, de le supplier de vivre à Rekpa Dukchen. Le Vénérable y demeura pendant quelque temps, enseignant le dharma aux bienfaiteurs. Un jour, le Vénérable dit à tous ses disciples : « Si vous avez n’importe quelle question concernant le dharma, veuillez me la poser maintenant. Je vous quitterai bientôt. » Les disciples préparèrent un rituel de vénération, durant lequel ils posèrent des questions au Vénérable pour des éclaircissements et à propos des enseignements oraux. À la fin, Seban et un autre disciple demandèrent : « Maître, d’après ce que vous dites, vous allez bientôt atteindre le nirvana. Nous avons peine à le croire. Nous espérons que vous pourrez vivre dans le monde plus longtemps pour bénéficier davantage aux êtres. »
Le Vénérable répondit : « Ma vie arrive à son terme. Les êtres qui devaient être sauvés ont été sauvés. Tout ce qui vient d’une naissance doit avoir une mort. En fait, la naissance est simplement une manifestation de la mort. »
Quelques jours plus tard, le Vénérable eut des symptômes de maladies comme prévu. Alors, son disciple Ngandzong Repa réunit tous les bienfaiteurs et les disciples. Ils tinrent un rituel pour le Maître, les divinités, les dakinis et les gardiens divins. Ils dirent au Vénérable : « Maître, vous connaissez les méthodes de longévité et de guérison. Pourriez-vous étendre votre bonté et les utiliser ? »
Le Vénérable dit : « Fondamentalement parlant, les yogis n’ont pas besoin de tels moyens. Toutes les conditions adverses et favorables sont des moyens, lesquels comprennent la maladie et la mort. En particulier pour moi, Milarepa, qui ai achevé la pratique du dharma appris de maître Marpa, il n’y a pas besoin de ces moyens ou de chercher de l’aide auprès des divinités. Je peux changer des ennemis en des épouses chères et tendres. Quel est l’objectif de rituels demandant de l’aide auprès des bodhisattvas ? Pour ce qui est de ces démons et fantômes, je les ai soumis il y a de cela longtemps et je les ai transformés en gardiens divins. Donc, les incantations de ce genre sont encore plus inutiles. J’ai changé les Cinq Poisons (ignorance, attachement, aversion, fierté et envie) en Cinq Bouddhas Dhyani (sagesse des cinq qualités : pratique parfaite, sérénité, observation, réflexion, et mudras de méditation au niveau du dharma ; les cinq bouddhas sont Akshobhya, Ratnasambhava, Amitabha, Amoghasiddhi et Vairocana). Pourquoi aurais-je encore besoin de médicaments ? Maintenant est venu le temps pour la transformation successive en un corps de bouddha, avec la réalité entrant dans les étapes de plénitude parfaite et illuminant la nature du dharma. Il n’y a pas besoin de changer cela.
« À cause de la rétribution venant du précédent karma d’anciennes mauvaises actions, les gens dans ce monde endurent la douleur, y compris la naissance, la vieillesse, la maladie et la mort. Même avec des médicaments ou des rituels, ils ne peuvent échapper à la souffrance. Peu importe la puissance d’un roi, la force d’un guerrier, la richesse d’une personne, la beauté d’une femme, l’intelligence d’un intellectuel, l’éloquence d’un orateur, ils finiront tous par disparaître avec la mort. Ceux-ci ne peuvent être sauvés par des méthodes de pacification, d’enrichissement, de magnétisation et de séduction. Si vous avez peur de la douleur et aimez la joie, j’ai un moyen pour vous faire profiter d’une vie confortable sans douleur. »
Les disciples demandèrent : « Le Maître pourrait-il nous en parler ? »
Le Vénérable dit : « Selon tous les dharmas, en ce qui concerne la réincarnation, l’existence finira en fin de compte par dégénérer, ceux qui se sont réunis finiront par se disperser, la naissance finira en mort et les amoureux finiront par se séparer. Si quelqu’un a une compréhension claire de cela, il devrait complètement abandonner les actes qui génèrent de mauvaises conséquences. À savoir, cesser de courir après la fortune ou de rechercher des gains ; suivez un maître bien qualifié et pratiquez les fondamentaux de la non-émergence basés sur les enseignements. Vous devriez savoir que la pratique de la non-émergence et de la vacuité est la plus sacrée de toutes. J’ai également d’autres choses importantes à dire et je vous les dirai plus tard. »
Zhiwa O et Ngandzong Repa dirent : « Maître, si vous êtes en bonne santé et vivez plus longtemps dans ce monde, ne pourriez-vous pas sauver plus d’êtres ? Vous pourriez ne pas être d’accord avec notre requête de vivre cent ans. Mais quoi qu’il en soit, veuillez considérer les extraordinaires rituels du Mantra secret et prendre quelque remède pour une guérison plus rapide. » Ils le supplièrent encore et encore.
Le Vénérable répondit : « Si le temps et les conditions n’étaient pas réunis, j’aurais pu faire comme vous le suggérez. Mais si quelqu’un invite des bouddhas et des bodhisattvas à venir pour sa propre longévité plutôt qu’au bénéfice d’autrui, c’est la même chose que de demander au roi de quitter le trône pour travailler pour vous en tant que serviteur. C’est un péché. Donc vous ne devriez pas pratiquer le Mantrayana juste pour vous ou pour cette vie présente. Cela serait très bien de pratiquer le Mantrayana pour le compte des autres êtres. Pour aider tous les êtres, j’ai passé ma vie entière dans des montagnes retirées en pratiquant les rituels les plus rigoureux, donc je n’ai plus besoin d’autres rituels. Mon esprit a atteint la même nature aussi fondamentale que celle du dharma, et ils sont inséparables. Par conséquent, je n’ai pas besoin de rester dans ce monde. Avec des versets et des remèdes de maître Marpa, j’ai complètement éradiqué les Cinq Poisons en moi, signifiant qu’aucune médication n’est nécessaire pour moi. Si vous ne pouvez pas considérer les conditions adverses comme des conditions favorables, vous n’êtes pas de vrais disciples. Quand le moment n’est pas encore arrivé, remèdes ou rituels sont appropriés quand on rencontre des conditions adverses comme des obstacles en travers du chemin vers la Bodhi. Il y a certains précédents où les conditions adverses ont été enlevées et changées en des conditions favorables. Pour offrir le salut à ces êtres ayant moins de capacités, Bouddha Shakyamuni a une fois accepté le diagnostic et les remèdes de Jivaka Kumara. Mais quand le temps et les conditions ont été réunis, Bouddha lui-même a manifesté son entrée dans le nirvana. Actuellement, mon temps et mes conditions sont réunis, donc il n’y a aucun besoin de remèdes ou de tels rituels. »
Les deux disciples principaux demandèrent alors : « Maître, allez-vous dans un autre monde pour le bénéfice des êtres ? Pourriez-vous nous dire comment nous devrions gérer cela, comme la vénération durant le nirvana, prendre soin du corps, fabriquer des statues et construire un stupa ? Veuillez, également, nous dire à nous, disciples, comment méditer et pratiquer avec l’ouïe, la pensée et la cultivation. »
Le Vénérable répondit : « Avec la gentillesse et les vertus de maître Marpa, toutes mes activités en lien avec la réincarnation et le nirvana sont complètes. Un yogi dont l’esprit, la parole et le corps ont été libérés dans le dharma n’a pas à laisser le corps derrière lui. Il n’y a pas besoin que vous fabriquiez des statues ou construisiez un stupa. Je n’ai aucun attachement aux temples. Sans temple, nul besoin de trouver quelqu’un comme abbé. Vous pouvez considérer les zones retirées dans les hautes montagnes ou les montagnes enneigées comme vos temples. Quand vous méditez avec compassion pour les êtres dans les six voies, ce sera la statue la plus extraordinaire pour les quatre saisons. Atteindre une complète compréhension de la pure nature originelle du dharma, c’est comme construire un stupa et fabriquer des banderoles. Maintenir vos paroles semblables à votre esprit et prier du plus profond de votre cœur est la meilleure offrande.
« Rester avec ceux qui sont profondément affligés et attachés à eux-mêmes, et faire des choses qui affligent les êtres va à l’encontre du comportement fondamental d’un pratiquant du dharma. Pour maîtriser les Cinq Poisons et pour le bénéfice des êtres, on peut donner l’impression d’être en train de faire de mauvaises actions en surface tout en suivant en réalité la voie de Bouddha ; ce n’est pas un problème.
« Si l’on connaît seulement le dharma sans une pratique réelle, ses vastes connaissances deviendront à leur tour un obstacle, faisant, à la fin, tomber l’individu dans l’abîme des Trois Royaumes inférieurs. Par conséquent, pensez s’il vous plaît à l’impermanence de la vie, maintenez avec diligence les bonnes actions et prenez garde aux mauvaises, de sorte que même si sa vie venait à s’éteindre, on ne ferait jamais rien de mal. Pour être plus clair, un pratiquant du dharma doit savoir combien il est honteux de suivre un tel chemin. En faisant ainsi, vous pourriez aller à l’encontre de certaines écritures ou livres pervers, mais vous seriez en accord avec l’intention originale des bouddhas et des bodhisattvas. Tous les fondamentaux sur l’écoute et la pensée peuvent se résumer à ceci, et je pense que c’est suffisant. Si vous pouvez suivre mes paroles, je serai satisfait. Vous pourrez atteindre l’ultime dans tout votre travail sur la réincarnation et le nirvana. Sinon, il ne sert à rien de satisfaire le désir de mon cœur d’une manière mondaine. »
Profondément émus, tous les disciples apprirent par cœur de tels enseignements.
Quelque temps plus tard, le Vénérable eut l’air gravement malade. Le Guéshé Tsakpuwa arriva avec du bon vin et de la viande, prétendant faire une offrande. Il s’approcha du Vénérable et se moqua : « Berk ! Avec la capacité d’accomplir de si grandes choses comme le Maître l’a fait, une maladie aussi grave n’aurait pas dû arriver. Comment avez-vous pu tomber malade ? Si la maladie pouvait être partagée avec d’autres, vous pourriez la répartir parmi vos principaux disciples. Ou si la maladie pouvait être transférée, transférez-la-moi, je vous en prie. Il n’y a rien que vous ne puissiez faire à présent. Comment pouvons-nous mettre fin à cela ? »
Le Vénérable sourit paisiblement et lui dit : « J’aurais pu éviter cette maladie. Quant à savoir comment elle est venue, de toute façon, tu devrais être clair là-dessus. La maladie d’une personne ordinaire est différente de celle d’un yogi, tant dans sa nature que dans l’affinité karmique. La maladie que j’ai maintenant est essentiellement une manifestation solennelle du dharma de Bouddha. »
Tsakpuwa pensa que le Vénérable pourrait être en train de le soupçonner, mais il n’en était pas certain. Le Vénérable avait dit que la maladie pouvait être transférée, ce qui était totalement infondé. Comment la maladie pourrait-elle être transférée à d’autres dans ce monde ? Alors il dit : « Je ne suis pas au clair sur la cause de la maladie du maître. Si la maladie est causée par des fantômes, un rituel qui chasse les démons est nécessaire ; si c’est parce que les Quatre Grands Éléments sont en désordre, on devrait ajuster le corps et prendre des médicaments. Si la maladie pouvait effectivement être transférée à d’autres, Maître, s’il vous plaît, transférez-la-moi. »
Le Vénérable dit : « Il y a une personne avec de grands péchés. Le démon dans son esprit est sorti pour me nuire, mettant mes Quatre Grands Éléments en désordre et causant ma maladie. Tu n’as pas le pouvoir d’éradiquer cette maladie. Bien que je puisse te la transférer, j’ai peur que tu ne puisses pas la supporter même un moment. Donc, mieux vaut ne pas le faire. »
Tsakpuwa pensa : « Celui-ci ne peut pas du tout transférer la maladie aux autres. Donc il a dit ces mots sarcastiques. Je me dois de le mettre dans l’embarras. » Il supplia ensuite encore et encore le Vénérable pour qu’il lui transfère la maladie.
Le Vénérable répondit : « Puisque tu insistes à faire ainsi, je vais transférer temporairement la maladie à la porte qui me fait face. Si je te la transférais, tu ne pourrais pas le supporter. Maintenant, regarde attentivement. » Avec son pouvoir divin, le Vénérable transféra la douleur à la porte qui lui faisait face. La porte commença par émettre un son de craquement, comme si elle allait être arrachée. Après un moment, elle se cassa réellement en petits morceaux. Le Vénérable, par contre, semblait ne plus avoir aucune maladie.
Tsakpuwa pensa : « C’est de la magie pour dissimuler tout ça. Vous ne pouvez pas me berner. » Alors il dit : « Ah ! C’est vraiment étonnant ! Mais, Maître, transférez-moi simplement la maladie. »
Le Vénérable dit : « Puisque tu me supplies autant, je vais te donner la moitié de la maladie. Si je te la transférais totalement, tu ne pourrais absolument pas le supporter. » Il lui transféra alors la moitié de la douleur. Tsakpuwa fut immédiatement en grande souffrance. Il pouvait à peine frissonner ou respirer. Quand il fut au seuil de la mort, le Vénérable reprit la majorité de la maladie qu’il lui avait transférée et demanda : « Je ne t’ai donné qu’une petite portion de la maladie. Comment était-ce ? Pouvais-tu le supporter ? »
Après avoir expérimenté lui-même la violente douleur, une vive repentance se manifesta dans l’esprit de Tsakpuwa. Il s’agenouilla, se prosterna devant le Vénérable et dit avec des larmes coulant sur son visage : « Maître ! Maître ! Je me repens maintenant sincèrement. S’il vous plaît, pardonnez-moi. Je donnerai tous mes biens en offrande au Maître. Pourriez-vous aider quant aux conséquences de mes péchés. » Il pleurait très tristement.
Le voyant se repentir véritablement, le Vénérable fut très heureux et reprit la petite quantité de maladie restante. Il dit : « Je n’ai pas voulu de terre ou de biens durant cette vie. Maintenant je suis mourant et tout cela est encore plus inutile pour moi. Tu peux les garder. S’il te plaît, ne commets pas de mauvaises actions par la suite, même si tu meurs. J’accepte d’aider à résoudre les conséquences de tes péchés pour cette fois. »
Tsakpuwa dit au Vénérable : « J’ai commis de mauvaises actions dans le passé, la plupart du temps pour de l’argent. Je n’en ai pas besoin maintenant. Même si le Maître ne veut pas l’accepter, les disciples ont toujours besoin d’aide pour la pratique. S’il vous plaît, acceptez-le en leur nom. » Bien qu’il ait supplié de la sorte, le Vénérable ne le prit pas. Les disciples l’acceptèrent plus tard et utilisèrent ses biens pour tenir des assemblées. Même de nos jours, ces assemblées se tiennent encore à Chubar.
À partir de ce moment-là, Tsakpuwa abandonna étonnamment la gourmandise qu’il avait nourrie tout au long de sa vie et devint un très bon pratiquant.
Le Vénérable dit à ses disciples : « La raison de rester ici était d’aider cette personne avec de grands péchés à véritablement se repentir et être libéré de la souffrance. C’est maintenant accompli, il est temps pour moi de partir. En fait, si un grand pratiquant du dharma entre dans le nirvana dans un village, c’est comme si un roi mourait dans la maison d’une personne ordinaire. Donc, je vais aller à Chubar et mourir là-bas. »
Seban Repa demanda : « Maître, vous êtes gravement malade, et cela fait trop mal de marcher. Que diriez-vous de trouver un palanquin et de vous transporter là-bas ? »
Le Vénérable répondit : « Je ne suis pas réellement malade, et ma mort n’est pas une mort réelle. Ce sont simplement des manifestations de maladie et de mort. Il n’y a pas besoin de quelque chose comme un palanquin. Jeunes disciples, vous pouvez partir maintenant pour Chubar. »
Quand les jeunes disciples arrivèrent à Chubar, le Vénérable les attendait déjà là-bas. Certains disciples âgés dirent : « C’est nous qui avons accompagné le Maître ici. » Un autre dit : « Le Maître était malade et se reposait à Rekpa Dukchen. » Quelques bienfaiteurs qui étaient venus plus tard dirent : « Nous avons vu le Maître enseigner le dharma dans un dzong. » D’autres bienfaiteurs dirent : « Nous sommes venus avec le Maître. » Beaucoup de gens dirent : « Chacun de nous était en train de vénérer le Maître à la maison. » Ceux qui étaient arrivés à Chubar en premier dirent : « Le Maître est arrivé d’abord à Chubar, et nous l’avons escorté ici. » C’est ainsi que certains dirent que le Maître était arrivé plus tard, certains dirent qu’il était en train d’enseigner le dharma et certains dirent qu’ils étaient en train de le vénérer à la maison. Ils se disputaient entre eux et ne croyaient pas les autres. Le Vénérable entendit tout cela et dit avec un sourire : « Vous avez tous raison. J’ai fait cela parce que je voulais vous faire une blague. »
(À suivre)
Version française révisée en avril 2024
Traduit de l’anglais