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L’histoire de la cultivation de Bouddha Milarepa (12e partie)

28 juin 2024 |   Écrit par l’équipe éditoriale de Minghui

(Minghui.org) Pendant de nombreuses années par la suite, les jours commémorant le Vénérable, des arcs-en-ciel enjambèrent le ciel et des fleurs descendirent du ciel. Des mélodies célestes et d’agréables parfums flottèrent dans l’air, ainsi que bien d’autres sortes de miracles. De plus, de nombreuses espèces de fleurs merveilleuses fleurirent sur toute la terre. Les récoltes furent abondantes année après année, et il n’y eut ni maladies ni guerres. Toutes sortes de miracles se produisirent, les uns après les autres, trop nombreux pour les énumérer.

(Suite de la 11e partie)

Le Vénérable semblait malade. Le ciel était rempli de signes prometteurs d’arcs-en-ciel et de fleurs qui tombaient comme la pluie, tout comme pendant l’enseignement du dharma. Par conséquent, tout le monde savait que le Vénérable irait effectivement dans un autre monde. Des disciples tels que Repa Zhiwa O, Ngandzong Repa et Seban Repa demandèrent au Vénérable : « Maître, dans quelle terre pure iras-tu après le nirvana ? Dans quelle direction devrions-nous prier, nous, les disciples ? »

Le Vénérable répondit : « C’est pareil, peu importe dans quelle direction tu envoies tes prières. Du moment que tu as la foi et que tu pries sincèrement, je serai assurément devant toi. J’accorderai assurément tout ce que tu demanderas dans tes prières.

« Cette fois, j’irai à la rencontre de Bouddha Akshobhya dans la Terre pure orientale d’Abhirati. J’ai mentionné plus tôt avoir davantage à vous dire, à savoir, mes dernières volontés et mon testament. Après que moi Milarepa soit mort, à part quelques articles du quotidien, il ne restera aucuns biens. Vous pourrez donner mes vêtements de coton et ma canne à Rechungpa. Il reviendra très bientôt. Veuillez lui dire que ces deux éléments sont liés à l’origine de notre pratique. Avant l’arrivée de Rechungpa, vous ne devez en aucun cas déplacer mon corps.

« Avec une vue perçante et une bonne observation pour répandre le dharma, le chapeau et le bâton de bois d’agar de Maître Maitripa peuvent aller à Upa Tonpa. Zhiwa O, prends ce bol en bois. Ngandzong, s’il te plaît, prends ce calice crânien. La pierre à silex va à Seban Repa, et la cuillère en os à Drigom Repa. Ce tapis de tissu peut être coupé en morceaux pour les autres disciples, avec un morceau pour chacun. Ces articles n’ont aucune valeur monétaire. Je vous les donne avant tout pour montrer l’origine de notre pratique.

« Mes volontés les plus importantes et mon testament, l’or que moi, Milarepa, ai accumulé pendant de nombreuses années, tout est stocké sous ce foyer. Après ma mort, beaucoup de disciples ignorants pourraient se disputer à propos de mes arrangements funéraires. À ce moment-là, vous pourrez ouvrir le testament et regarder. Il contient davantage d’instructions pour votre pratique.

« Certaines personnes qui apprennent le dharma n’ont pas beaucoup de mérite. En quête de gloire et de respect, ils accomplissent quelques services bouddhistes ici ou quelques bonnes actions pour le mérite là. En fait, quand ils font une offrande de cent, ils pensent à un retour de mille. Quand ces laïcs tiennent avec avidité des services bouddhistes pour le mérite, c’est comme mélanger du poison avec de la nourriture délicieuse et la manger. Vous ne devriez donc pas boire le poison de la recherche de la renommée dans cette vie. Vous devez complètement abandonner ces choses qui semblent être du dharma en surface mais qui, en réalité, sont des phénomènes sans intérêt. Il serait bon de rester dévoué et diligent, et de pratiquer le pur dharma de Bouddha. »

Les disciples demandèrent alors : « Si cela profite aux êtres, pouvons-nous accomplir un petit phénomène de ce monde ? »

Le Vénérable dit : « Si le motif d’exécuter des phénomènes de ce monde est totalement désintéressé, c’est permis. Mais c’est en réalité très difficile. Si quelqu’un fait des choses pour le bénéfice des autres à cause de sa propre cupidité, alors il est incapable de s’aider lui-même, et encore moins d’apporter des bienfaits aux autres. C’est tout comme une personne qui va nager alors qu’elle ne sait pas nager. Non seulement cette personne sera incapable de nager, mais en plus elle sera confrontée à une mort violente par noyade. Il est donc préférable de ne pas parler de faire des choses pour le bien des autres avant de comprendre la réalité de la vacuité. Sans la cultivation et la réalisation, offrir des bienfaits aux êtres, c’est comme un aveugle conduisant un aveugle. On finira par tomber dans l’abîme de l’égoïsme à la fin. En fait, l’espace vide est illimité, et le nombre d’êtres est également innombrable. Après avoir achevé la pratique, il y a de trop nombreuses façons de sauver les êtres. On peut offrir le salut aux êtres à tout moment et en tout lieu. Avant la plénitude parfaite, vous devriez avoir de pures intentions et une grande compassion, cherchant diligemment la bouddhéité afin d’en faire bénéficier tous les êtres. S’il vous plaît, abandonnez les pensées à propos de vêtements, de nourriture, de gloire et de gain. S’il vous plaît, endurez les épreuves et portez le fardeau dans votre cœur. C’est ainsi que vous devez pratiquer. C’est pour sauver les êtres. Il s’agit d’atteindre la voie, de pratiquer et d’obtenir tous les bienfaits ultimes pour soi-même et les autres. »

Le Vénérable Milarepa poursuivit : « Maintenant, je ne peux pas rester ici plus longtemps. Souvenez-vous de mes paroles et perpétuez ma tradition. » Sur ces mots, il entra dans une profonde méditation et s’éteignit, il avait l’âge de 84 ans. C’était à l’aube du 14 décembre 1135, les étoiles étaient en train de disparaître et le soleil se levait. Le corps physique du Vénérable gagna le royaume du dharma, manifestant le nirvana.

À ce moment-là, la scène sacrée d’un rassemblement d’êtres célestes et de dakinis fut encore plus gigantesque et magnifique. Un arc-en-ciel immense et lumineux apparut dans le ciel, si éclatant comme si on pouvait le toucher de la main. Toutes les couleurs étaient entrelacées dans le ciel, avec une fleur de lotus à huit pétales au centre de l’arc-en-ciel. Au-dessus de la fleur de lotus se trouvait un très beau mandala. Même le meilleur peintre au monde n’aurait pas pu produire une scène aussi frappante. Les nuages de cinq couleurs à l’extrémité se transformèrent en bannières, colliers, ombrelles, et d’autres formes illimitées. Toutes sortes de fleurs avec toutes sortes de couleurs tombèrent du ciel comme de la pluie. Des nuages colorés contournèrent les sommets des montagnes dans les quatre directions. Des nuages comme un stupa entourèrent le centre de Chubar. Tout le monde put entendre une agréable musique céleste et des cantiques. La terre débordait de parfum. Les laïcs dans le monde purent aussi voir des êtres célestes et des divinités dans tout l’espace vide faire de grandes offrandes. En voyant les êtres célestes nus, les humains ne furent pas surpris ; mais les êtres célestes, craignant de sentir l’odeur nauséabonde de la chair des corps humains, se couvraient souvent le visage en passant devant quelqu’un. Parfois, les êtres célestes et les humains se parlaient ou se saluaient. Tout le monde fut témoin de ces scènes spéciales.

Les bienfaiteurs de Nyanam entendirent parler de l’entrée du Vénérable dans le nirvana, et tous vinrent à Chubar. Ils donnèrent de nombreuses raisons aux principaux disciples et bienfaiteurs de Chubar concernant leur demande de déplacer le corps du Vénérable à Nyanam pour son enterrement. Mais la demande fut rejetée par les principaux disciples. Les bienfaiteurs de Nyanam demandèrent donc de reporter les funérailles, donnant aux croyants de tous les endroits encore une chance de voir le Vénérable. Les bienfaiteurs de Chubar furent d’accord avec cela. Les gens de Nyanam revinrent pour discuter, accompagnés d’un groupe d’hommes forts pour essayer d’emmener de force le corps du Vénérable. Ils se disputèrent avec les bienfaiteurs de Chubar, et le chaos faillit conduire à une bagarre. En voyant cela, les disciples principaux dirent : « Nous sommes tous les croyants du Vénérable. S’il vous plaît, arrêtez de vous disputer. Puisque le Vénérable est allé au nirvana à Chubar, il serait inapproprié d’organiser les funérailles à Nyanam. S’il vous plaît, attendez ici. Après la crémation, vous aurez certainement des reliques et des cendres comme offrande. » Mais les gens de Nyanam pensaient qu’ils avaient une foule nombreuse avec eux et projetaient de prendre le corps de force. Soudain, un être céleste apparut dans le ciel, parlant avec la voix du Vénérable.

Les bienfaiteurs, les croyants et les disciples furent incroyablement joyeux et heureux, comme s’ils revoyaient le Vénérable. Ils cessèrent de se disputer et prièrent sincèrement. Finalement, au cours d’une transformation inimaginable, les gens de Nyanam obtinrent un autre corps du Vénérable en plus de celui conservé par les principaux disciples et bienfaiteurs de Chubar. Ils portèrent le corps et allèrent l’incinérer à Dudul Puk dans les montagnes enneigées de Lapchi. Une fois de plus, l’arc-en-ciel aux cinq couleurs, les nuages colorés, la musique céleste, les parfums et d’autres phénomènes de bon augure apparurent, tout comme ceux qui s’étaient produits pendant le nirvana.

À Chubar, les principaux disciples et bienfaiteurs prièrent sincèrement pendant six jours sans interruption. Le visage du Vénérable devint soudain rayonnant, comme celui d’un enfant de huit ans. Plusieurs des principaux disciples discutèrent : « Rechungpa ne viendra probablement pas. Si nous tardons davantage, nous n’aurons peut-être plus rien, pas même de cendres pour l’offrande. Procédons sans tarder à la crémation. » Après discussion, ils se relayèrent pour revoir encore une fois le visage du Vénérable et déplacèrent le corps à l’avant de la grotte. Ils installèrent un support pour l’incinération, placèrent le corps dessus et dessinèrent un mandala. Bien que cela ne puisse être comparé à une offrande céleste, c’était un assortiment des meilleures offrandes du monde humain. La crémation devait avoir lieu à l’aube après toutes les prières et les rituels. Mais peu importe combien ils essayèrent, ils ne purent pas allumer le feu. À ce moment-là, un arc-en-ciel apparut soudain dans le ciel, ainsi que cinq dakinis.

Ngandzong dit : « La volonté du Vénérable et les dakinis nous ont tous deux signifié de ne pas déplacer le corps du Vénérable avant l’arrivée de Rechungpa. Mais Rechungpa n’est pas venu, et le corps va probablement se décomposer bientôt. Que devons-nous faire ? »

Repa Zhiwa O dit : « Sur la base des instructions du Vénérable et des dakinis, et suite à l’échec d’allumer un feu pour brûler le corps, Rechungpa va certainement venir bientôt. Prions sincèrement. » Ils ramenèrent le corps dans la grotte, et tous continuèrent à prier sincèrement.

À ce moment-là, Rechungpa méditait dans un temple à Lorodol. Un jour après minuit, pendant la sensation de luminosité et de sommeil, il vit un stupa de cristal illuminer l’espace vide tout autour. D’innombrables dakinis escortaient le stupa vers un autre monde. Sur la terre, ses frères vajra et ses bienfaiteurs étaient partout. Le chant des êtres célestes et des dakinis remplissait le ciel, avec des nuages d’offrandes inimaginables partout. Rechungpa se prosterna devant le stupa. Soudain, le visage du Vénérable apparut dans le stupa et dit à Rechungpa : « Mon fils, bien que tu n’aies pas suivi mes paroles pour revenir à temps, je serais très heureux que nous, père et fils, puissions nous réunir à nouveau. Toi et moi ne pourrons peut-être pas nous voir souvent à l’avenir. Surtout, ne perds pas cette précieuse opportunité, et ayons une bonne conversation. » Sur ces mots, le Vénérable posa sa main sur la tête de Rechungpa et lui sourit. Avec tristesse et joie, Rechungpa éprouva une foi sans précédent et une sensation magnifique.

Au réveil, Rechungpa se souvint que le Vénérable lui avait demandé de revenir à une certaine heure, il était vraiment consterné : « Le Vénérable est-il entré dans le nirvana ? » Un chagrin insupportable et une foi forte s’élevèrent aussitôt en lui, et il pria sincèrement : « Maître, j’ai tant de regrets de ne pas être arrivé à temps. Mais j’y vais maintenant ! » Alors qu’il y pensait, deux jeunes femmes apparurent dans le ciel et lui dirent : « Rechungpa, le Vénérable va maintenant dans une terre pure. Si tu n’es pas assez rapide, tu ne pourras peut-être pas le voir dans cette vie. S’il te plaît, dépêche-toi ! »

N’ayant que son maître à l’esprit, Rechungpa eut très hâte d’y retourner. Il entama immédiatement le voyage. Les oiseaux au temple commençaient à gazouiller pour annoncer l’arrivée de l’aube.

Rechungpa pria dans son esprit et utilisa ses pouvoirs surnaturels. En une demi-journée, il parcourut la distance qu’un cheval ou un âne mettrait deux mois à parcourir. Quand il arriva à Drin, le soleil s’était levé et il faisait déjà jour. S’asseyant pour se reposer, il leva les yeux et vit des nuages de bon augure partout. En particulier, au sommet de la montagne où le Vénérable était entré dans le nirvana, il y avait une gigantesque canopée de nuages sans limites émettant une forte lumière. D’innombrables êtres célestes et dakinis accordaient une grande offrande aux cinq sens. Certains êtres célestes priaient, certains faisaient des vœux, d’autres se prosternaient et d’autres encore chantaient des chants de louanges. Voyant cela, Rechungpa eut des sentiments mitigés de tristesse et de joie. Dubitatif, il demanda à un être céleste : « Pourquoi ces offrandes et ce culte ? »

L’être céleste dit : « Es-tu sourd ou aveugle ? Ne connais-tu pas cette assemblée spéciale du ciel et de la terre ? Mila Zhepa Dorje va dans les terres pures des dakinis. Les êtres célestes et les êtres humains expriment tous leur vénération avec des offrandes. Ne le sais-tu pas ? »

Rechungpa entendit ces mots et se sentit extrêmement affligé, comme si un couteau lui avait transpercé le cœur. Il courut vers la grotte où le Vénérable était entré dans le nirvana. Arrivé sur un plateau en forme de stupa, il vit comme en rêve le Vénérable qui lui souriait, disant : « Est-ce mon fils Rechungpa qui arrive ? »

En voyant cela, Rechungpa fut extrêmement joyeux et pensa que le Vénérable était encore en vie. Il se prosterna et salua son maître. Il posa aussi beaucoup de questions au Vénérable et reçut des réponses une par une. Finalement, le Vénérable dit à Rechungpa : « Mon fils, je dois partir le premier. Je te prie de me rejoindre plus tard et je t’accepterai. N’oublie pas mes paroles, je t’en prie. » Alors qu’il finissait de dire cela, le Vénérable disparut instantanément.

Se sentant troublé, Rechungpa alla à Chubar et arriva à la grotte où il vit des disciples et des bienfaiteurs prier tristement autour du corps du Vénérable. Beaucoup de nouveaux disciples n’avaient jamais vu Rechungpa auparavant et ils l’empêchèrent d’approcher. Avec un chagrin extrême, Rechungpa pleura, chantant :

Mon maître reconnaissant est comme un père compatissant,
avec une compassion inconditionnelle ;
Peux-tu, maître, entendre mes pleurs,
avec une compassion inconditionnelle ?
As-tu pitié de moi pour ma douleur,
Oh, mon père compatissant et maître ?

Alors que le chant de Rechungpa entrait dans la grotte, le visage du Vénérable devint soudain rayonnant comme s’il était vivant. Son corps s’enflamma soudain tout seul. En entendant la chanson de Rechungpa, Repa Zhiwa O, Ngandzong Repa, et d’autres disciples majeurs ainsi que des bienfaiteurs vinrent l’accueillir. Comme les nouveaux disciples ne le connaissaient pas et ne l’avaient pas laissé entrer, Rechungpa était très triste et n’entra qu’après sept chants d’offrandes. La passion et les chants sincères de Rechungpa émurent le Vénérable. Bien qu’entrant déjà dans le nirvana de la lumière et de la nature du dharma, il s’assit dans la lumière et dit aux nouveaux disciples : « Mes disciples qui avez récemment commencé à pratiquer, ne faites pas cela. Rechungpa est comme un lion et il mérite votre respect. » Il dit alors à Rechungpa : « Mon fils, ne sois pas si affligé. Tu peux venir ici voir ton père. »

En voyant ce miracle, tout le monde fut surpris et admiratif. Ils devinrent très joyeux.

Rechungpa s’approcha du corps, il étreignit le Vénérable et pleura bruyamment. À cause de son chagrin excessif, il s’évanouit et tomba par terre. Lorsqu’il se réveilla, il vit les disciples et les bienfaiteurs autour de l’autel. Comme un pur vajra, le corps du Vénérable n’était pas couché mais était assis paisiblement dans le feu d’un lotus à huit pétales. Comme les étamines d’une fleur, le corps du Vénérable était assis au centre du feu du lotus à huit pétales. Sa main droite faisait le geste d’enseigner à la pointe des flammes, tandis que sa main gauche soutenait sa joue dans une position de chant. Devant Rechungpa et d’autres disciples, le Vénérable dit : « S’il vous plaît, écoutez le dernier chant d’un vieil homme. » Il chanta ensuite sur l’autel une chanson des six éléments essentiels du cœur :

Mon adorable fils Rechungpa,
écoute ma volonté et mon dernier chant ;
Se réincarnant dans la mer de feu des trois royaumes,
cinq agrégats et un corps illusoire sont la clé ;
Avides de vêtements et d’emplettes,
les choses du monde n’ont pas de fin.
Plus de phénomènes terre-à-terre, Rechungpa !

Dans la transformation illusoire,
un esprit non substantiel est la clé ;
Si l’esprit est conduit par le corps,
jamais on n’atteindra nature et réalité du dharma.
Garde l’esprit bienveillant, Rechungpa !

L’esprit et la matière, subtilité du choix et du rejet,
la sagesse fondamentale étant la clé ;
En se concentrant sur les changements des affinités karmiques,
on ne peut jamais comprendre le sens de celui qui est sans naissance.
Observe bien l’infini de la vie, Rechungpa !

Cette vie-ci et cette vie-là, choisir et rejeter,
l’esprit et le sens du bardo est la clé ;
Penser souvent au corps ou non,
on ne peut jamais comprendre le sens de la réalité.
Observe bien la réalité, Rechungpa !

Six royaumes dans le chaos comme une ville sans lumière,
les péchés et le karma s’agrègent comme une montagne ;
Quand les afflictions persistent comme l’avidité et la colère,
on ne peut jamais reconnaître l’égalité des gens.
Plus d’avidité ni de colère, Rechungpa !

Des milliers de bouddhas en terres pures,
éloquents et bons à enseigner le dharma ;
Si l’on répond d’une voix mielleuse pour parler de principes similaires,
on ne peut jamais comprendre le sens ultime.
Aucun enseignement provisoire n’est permis, Rechungpa !

Maîtres, divinités et dakinis,
fusionne-les en un seul pour prier ;
Perspicacité droite, bonnes actions et pratique juste,
médite sans différence entre elles trois :
Cette vie, la vie future et le bardo,
pratique comme un seul et souviens-toi bien du dharma ;
Ce sont les derniers mots de moi à toi,
comme ma volonté à la toute fin.
Sans autres mots à transmettre que ceux-ci,
pratique en les suivant, mon fils.

Après ces mots, le Vénérable entra à nouveau dans la nature de lumière et du dharma. Dès que le Vénérable fut entré dans le nirvana, l’autel rayonna de clarté et se transforma en palais carré. Il y avait toutes sortes d’offrandes étendues et magnifiques, y compris des ombrelles brillantes, des nuages colorés et des bannières. Dans la lumière apparurent d’innombrables jeunes filles célestes qui chantaient et dansaient sur une merveilleuse musique. Au-dessus de l’autel, des garçons et des filles célestes dans l’espace vide tenaient des bouteilles pleines de douce rosée comme offrandes. Parmi les disciples et les bienfaiteurs, certains voyaient le Vénérable comme Hevajra dans l’autel, certains le voyaient comme Chakrasamvara ou Guhyasamaja, et certains le voyaient comme Vajrayogini. Selon les différentes affinités et fondations karmiques, chacun voyait différents corps de Bouddha.

Alors d’innombrables dakinis remplirent l’espace vide et chantèrent ensemble :

Au moment où le Vénérable est allé au nirvana,
les êtres humains et les êtres célestes sont tous en deuil ;
Certains pleurent fort avec des larmes qui coulent continuellement,
d’autres sont pris de vertige et de frustration.
La chaleur intérieure met le feu toute seule,
avec des flammes comme la fleur de lotus à huit pétales ;
Sept trésors et huit auspices,
des milliers d’offrandes apparaissent à volonté.
Le luth, le psaltérion et tous les instruments de musique sont en place,
jouant d’incommensurablement merveilleuses mélodies ;
Les jeunes filles célestes sortent du feu,
apportant de vastes offrandes intérieures et extérieures.
Entourées de parfums et d’une atmosphère agréable,
les ombrelles et les bannières sont magnifiques ;
Les offrandes viennent des jeunes filles célestes,
les reliques parties avec un corps de pureté.
Le corps physique incinéré sans agrégat restant,
les reliques du maître sont rares et précieuses ;
Le corps de la réalité est haut comme l’espace vide,
avec des souhaits miséricordieux le corps de jouissance est comme les nuages du dharma.
Les accomplissements du corps de transformation comme des pluies de fleurs,
amènent d’innombrables êtres à maturité ;
La nature du dharma est vide et sans naissance,
où il n’y a aucune naissance du tout.
La vacuité est différente de la naissance et de la mort,
tandis que la naissance et la mort elles-mêmes sont vides ;
C’est le sens profond de la vacuité et de l’existence,
et vous n’aurez aucune confusion à ce sujet.

Après que les dakinis eurent chanté la chanson, la nuit tombait presque. Le ciel s’obscurcissait peu à peu, et le feu sur l’autel s’était déjà éteint. Surpris par la luminosité à l’intérieur et à l’extérieur de l’autel, les disciples regardèrent à l’intérieur et virent un stupa lumineux au centre de l’autel. À l’intérieur du stupa, certains virent Chakrasamvara, certains virent Vajrayogini ou Hevajra, d’autres virent la cloche de Vajra, le pilon, la bouteille, le mudra, et toutes sortes de personnages du corps, de la parole et du mental. Il y en avait aussi qui virent la lumière dorée, l’eau de mer, le feu, ou rien.

Les disciples ouvrirent la porte de l’autel pour que l’air chaud puisse sortir, prévoyant de revenir le lendemain pour les reliques. À ce moment-là, de nombreux signes inimaginables et merveilleux se produisirent également. Cette nuit-là, tout le monde dormit la tête tournée vers la porte de l’autel. Dès son réveil le lendemain matin, Rechungpa vit cinq dakinis venir à l’autel pour des offrandes, portant des colliers, des ornements d’os, des bijoux et des offrandes pour les cinq sens. Au bout d’un moment, il vit cinq dakinis majeures tenir quelque chose qui illuminait l’autel et qui s’envolèrent. Stupéfait par ce qu’il venait de voir, Rechungpa réalisa soudain que les dakinis avaient emporté les reliques du Vénérable. Paniqué, il se précipita dehors et vit les dakinis déjà dans les airs avec les reliques. Rechungpa retourna et réveilla tous les autres disciples. Ouvrant la porte de l’autel et regardant à l’intérieur, ils virent qu’il ne restait pas une seule relique. Avec une douleur extrême, Rechungpa supplia les dakinis de laisser des reliques pour les disciples dans le monde humain.

Les dakinis répondirent : « Vous, grands disciples, avez obtenu les meilleures reliques, et vous avez vu le corps réel. Si cela ne suffit pas, veuillez prier le Vénérable et il vous les donnera naturellement. Quant aux autres personnes, comparées au Vénérable qui est aussi brillant que le soleil et la lune, ce ne sont même pas des lucioles. Pourquoi ont-ils besoin de reliques ? Ces reliques nous appartiennent. » Elles s’immobilisèrent ensuite dans les airs. Entendant et méditant les paroles des dakinis, les disciples savaient que les paroles étaient correctes et ils étaient pleins de remords.

Puis ils virent la lumière rayonnante de cinq couleurs émise par les mains des dakinis et les reliques du Vénérable, de la taille d’un œuf d’oiseau, tomber sur l’autel. Les disciples virent les reliques descendre, et tous tendirent la main pour les prendre. Les reliques s’envolèrent soudain dans les airs et se fondirent de nouveau avec la lumière des mains des dakinis. La lumière devint soudain deux : l’une était un trône de lion avec un coussin avec un soleil et une lune, et l’autre était un stupa à émail de céramique. Le stupa émettait une lumière de cinq couleurs : rouge, blanc, bleu, jaune et vert. La lumière illuminait les trois mille mondes. Entouré de mille et deux bouddhas, le Vénérable Milarepa était assis au centre, avec des millions de dakinis rassemblées autour pour l’offrande. Deux jeunes filles célestes tenaient le stupa par en dessous.

Une fois la chanson terminée, les dakinis tinrent le stupa et étaient prêtes à inviter le Vénérable dans la terre pure des dakinis. À ce moment-là, Repa Zhiwa O pensa : « Au nom des êtres de ce monde, je devrais supplier les dakinis de quitter ce stupa pour l’offrande des disciples dans ce monde humain. » Il pria ensuite tristement et sincèrement.

Tandis que les dakinis tenaient le stupa et survolaient les principaux disciples, de nombreux fils de lumière furent soudain émis par le stupa. Un fil de lumière darda également de la tête de chaque disciple. Tout le monde vit le Vénérable voler du centre du stupa dans les airs, se transformer en Hevajra, Chakrasamvara, Guhyasamaja et d’innombrables bouddhas, entourés de dakinis. À la fin, les bouddhas et les bodhisattvas se transformèrent tous en lumière et se fondirent dans le cœur du Vénérable. Au son d’une musique céleste, le Vénérable fut accueilli dans la terre pure orientale d’Abhirati.

Certains disciples virent le corps de jouissance du Vénérable assis sur un trône de lion avec des ornements. Quatre dakinis l’escortaient, conduites par Guhyasamaja. Avec une musique céleste inimaginable et des nuages d’offrandes, elles s’envolèrent vers la terre pure orientale d’Abhirati.

Avec le Vénérable hors de vue et incapables d’obtenir des reliques pour l’offrande, tous les grands disciples pleuraient bruyamment et priaient avec tristesse. Soudain, ils entendirent la voix du Vénérable dans le ciel : « Mes disciples, ne soyez pas si tristes. Vous trouverez quatre caractères inscrits sous une pierre de la falaise. Après cela, vous trouverez une offrande. » Ils regardèrent partout près de la falaise et virent les mots inscrits sur une pierre, que l’on peut encore voir aujourd’hui dans un temple de Chubar.

Les disciples virent que le Vénérable était parti dans un autre monde, et ils étaient très tristes. Ils savaient aussi qu’ils pourraient renaître dans la terre pure du Vénérable. En outre, ils comprirent que toutes les manifestations du Vénérable étaient pour le dharma de Bouddha et les êtres. Déterminés et dévoués à œuvrer pour leur propre bienfait et celui d’autrui, ils allèrent lire la volonté du Vénérable et chercher l’or sous le foyer.

Même s’ils savaient que le Vénérable n’aurait pas d’or, tout le monde suivit néanmoins sa volonté et vérifia sous le foyer. Comme ils s’y attendaient, il y avait un morceau de tissu de coton sous le foyer, à l’intérieur duquel se trouvait un petit couteau avec une lame tranchante et un poinçon attaché à son manche. De plus, il y avait un petit morceau de bonbon et une pierre à aiguiser enveloppés dans le tissu. Ils vérifièrent soigneusement le couteau et y trouvèrent plusieurs lignes de mots : « Utilisez ce couteau pour couper le bonbon et le tissu et ils ne seront jamais épuisés. Ainsi, vous pouvez partager le bonbon et le tissu avec tout le monde. Quiconque mange le bonbon ou reçoit le tissu ne tombera pas dans les Trois Royaumes inférieurs. La nourriture du samadhi et les vêtements de Milarepa ont été soutenus par des maîtres et des bouddhas. Quiconque entend mon nom et a la foi ne tombera pas dans les Trois Royaumes inférieurs dans les sept générations à venir, et il sera capable de se rappeler des choses des sept dernières générations. C’est une prophétie des bouddhas et des bodhisattvas. Si quelqu’un dit que Milarepa a de l’or, cette personne devrait manger des excréments. » Dans une profonde tristesse, les disciples lurent la dernière phrase du testament et ne purent s’empêcher de rire. Tout le monde était joyeux.

Alors ils coupèrent le bonbon avec le couteau. Peu importe combien de fois ils le coupaient, il restait toujours du bonbon. C’était la même chose avec le tissu – peu importe combien de fois ils le coupaient, le morceau de tissu gardait sa taille originale. Après avoir coupé de nombreuses fois, tout le monde reçut du tissu et du bonbon. Après avoir mangé le bonbon, les personnes malades se rétablirent. De même, ceux qui avaient une mauvaise qualité innée et qui étaient dérangés par les afflictions augmentèrent lentement leur sagesse et leur gentillesse.

Pendant la cérémonie funéraire, des fleurs de cinq couleurs descendirent du ciel. La plupart disparurent en atteignant les têtes des gens, et certaines tombèrent à terre. Quand les gens les ramassèrent, ils trouvèrent que les pétales des fleurs étaient minces et délicats comme les ailes des abeilles et extrêmement beaux.

Les fleurs célestes tombèrent et recouvrirent le sol près de Chubar, jusqu’à hauteur des pieds ou des genoux. Les fleurs tombèrent également comme des flocons de neige dans d’autres régions. À la fin de la cérémonie, ces signes merveilleux diminuèrent lentement.

Pendant de nombreuses années par la suite, les jours commémorant le Vénérable, des arcs-en-ciel enjambèrent le ciel et des fleurs descendirent du ciel. Des mélodies célestes et d’agréables parfums flottèrent dans l’air, ainsi que bien d’autres sortes de miracles. De plus, de nombreuses espèces de fleurs merveilleuses fleurirent sur toute la terre. Les récoltes furent abondantes année après année, et il n’y eut ni maladies ni guerres. Toutes sortes de miracles se produisirent, les uns après les autres, trop nombreux pour les énumérer.

(Fin)

Version française révisée en avril 2024

Traduit de l’anglais