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Une histoire des temps anciens : Li Bai et son serviteur à Yangzhou (parties I et II )

5 août 2024 |   Écrit par Yueguang (Clair de lune)

(Minghui.org) Li Bai, l’un des plus célèbres poètes de l’histoire chinoise, s’est rendu à Yangzhou à l’âge de 26 ans. Très généreux, il a donné 300 000 pièces de cuivre (la monnaie de l’époque). Plus tard, il a été blessé et s’est retrouvé sans le sou et sans endroit où loger. Avec l’aide de son serviteur Dansha, Li a pu rester dans le temple de Daming. Une nuit, il fit un rêve intéressant. À son réveil, il se rendit compte que sa ville natale lui manquait et écrivit un célèbre poème à ce sujet.

Partie I : Blessures et pauvreté

Yangzhou, où Li Bai a donné 300 000 pièces de cuivre et a ensuite vécu dans la pauvreté, est un endroit terrible. Yangzhou est aussi un endroit merveilleux, car c’est là qu’il a écrit Jing Ye Si (Pensées d’une nuit calme), l’un des poèmes les plus connus de Chine.

L’histoire se déroule en 726 apr. J.-C. et Li Bai avait 26 ans. Après avoir enterré son ami Wu Zhinan au bord du lac Dongting, il voyagea vers le sud jusqu’à la rivière Miluo où il pleura Qu Yuan, un érudit ancien réputé pour son intégrité. Après avoir visité la montagne Yuelu et la ville historique de Lingling, il se dirigea vers l’est, à Jinling (aujourd’hui Nanjing), au site patrimonial de la rivière Qinhuai et au temple Jiming. Enfin, il arriva dans la ville pittoresque de Yangzhou.

Avec beaucoup d’enthousiasme, Li rendit visite à plusieurs fonctionnaires et célébrités, leur apportant ses poèmes. Il plaça notamment le manuscrit de l’Ode à Dapeng (un oiseau géant légendaire), l’œuvre dont il était le plus fier, de façon évidente pour le mettre en valeur. Mais les choses ne se passèrent pas aussi bien qu’il l’avait prévu. Encore et encore, ses visites n’aboutirent à rien, car les gens étaient davantage intéressés par la célébration de la visite de l’empereur au mont Tai.

Cet accueil froid était gênant, mais il ne découragea pas Li. Au contraire, il trouvait que l’air de tristesse s’accordait bien avec la vieille ville de Yangzhou, tandis qu’il se promenait dans les allées de saules et les rues bordées de fleurs. L’eau qui s’écoulait lentement sous les ponts anciens et les promenades en bateau sur le lac Étroit de l’ouest lui procuraient de la détente ; les danses et chants l’inspiraient aussi. Pendant ses temps libres, il regardait les combats de coqs, chassait à cheval ou jouait au Cuju, un jeu de balle ancien.

Un jour de printemps, Li et d’autres personnes jouaient avec enthousiasme au Cuju sur le gazon vert. Vêtu d’une tunique ample à col rond et à manches étroites, il portait des chaussures en toile souple et confortable. Il arborait sur la tête un foulard flottant orné d’un élégant ruban. C’était un joueur habile, tantôt téméraire comme un tigre, tantôt agile comme une grue dans ses déplacements. Soudain, Li envoya le ballon dans le ciel et tout le monde applaudit. Puis il se prit les pieds dans un trou au sol, perdit l’équilibre et tomba avec un bruit sourd. Alors qu’il s’efforçait de se relever, il constata qu’il ne pouvait se porter que sur sa jambe droite, sa jambe gauche traînant derrière lui. Il essaya de faire quelques pas, mais il retomba aussitôt. Lorsque ses coéquipiers vinrent lui venir en aide, ils virent que la jambe gauche de Li avait enflé comme un tronc d’arbre et qu’elle avait presque failli déchirer la jambe de son pantalon. Li ne put que froncer les sourcils et endurer la douleur pendant qu’on le ramenait à l’hôtel.

Li pensait retourner au terrain de jeu quelques jours plus tard. Bien que son serviteur Dansha et quelques amis aient pris soin de lui, trois mois d’été s’écoulèrent et Li pouvait encore à peine marcher. En fait, il était plus lent qu’un octogénaire. Un dicton dit qu’il faut cent jours pour se remettre d’une fracture musculaire ou osseuse, et c’est ce qui se passa pour lui.

Li était également nerveux parce qu’il ne lui restait que peu d’argent. Le propriétaire de l’hôtel passait souvent et le regardait froidement, il était donc temps de déménager et de trouver un autre endroit où loger.

Partie II : Le temple de Daming

Dansha, son serviteur, se souvint que Li était très ami avec Jianzhen, un moine du temple de Daming. Peut-être que ce moine aux sourcils recourbés et aux yeux étroits et souriants pourrait l’aider ?

Le lendemain matin, Dansha se rendit au temple de Daming et vit un jeune moine en train de nourrir plusieurs oies à côté de la pagode Xiling. Après avoir discuté avec Dansha, le jeune moine le conduisit à l’arrière du temple et lui indiqua un moine qui arrosait des plantes. Il s’agissait de Jianzhen, qui semblait âgé d’environ 30 ou 40 ans. Il arrosait les légumes et les fleurs.

Sans dire un mot, Dansha prit un seau et commença à arroser les plantes à côté de Jianzhen. Jianzhen plissa les yeux et reconnut Dansha. Ils commencèrent à bavarder tout en travaillant.

« Maître, ce temple est magnifique, l’argent de l’encens y est empilé comme une petite colline. Pourquoi continuez-vous à cultiver vos propres légumes et fleurs ? » demanda Dansha.

Jianzhen retroussa ses manches et répondit en souriant : « Chaque centime donné par nos bienfaiteurs est durement gagné, nous devons donc faire preuve de considération à leur égard. Gagner de l’argent, c’est comme transporter de la terre avec une aiguille et dépenser de l’argent, c’est comme verser de l’eau. »

Dansha acquiesça et répondit : « Je suis tout à fait d’accord. Supposons que j’aie 300 cordons de pièces dans ce seau. Cela semble beaucoup et c’est en effet suffisant pour payer plus de 60 000 dous (un dou équivaut à environ 10 litres) de riz. Mais si on les distribue sans réfléchir, il n’y en aura bientôt plus. »

Tandis qu'il tenait une louche d’eau, Dansha regarda une orchidée comme s’il s’agissait d’une personne et grogna : « Par exemple, un jeune homme de Yangzhou était en difficulté et sa femme allait accoucher, alors il a demandé de l’argent à mon jeune maître, Li Bai », Dansha versa l’eau sur l’orchidée et poursuivit : « Mon jeune maître lui a offert 30 cordons de pièces, sans même y penser. »

Dansha prit une autre louche d’eau, regarda les chrysanthèmes d’automne et dit avec amertume : « Le père d’un autre jeune homme de Yangzhou avait presque cent ans et il arrivait à peine à marcher. Il a demandé de l’aide à mon jeune maître. » Dansha versa de l’eau sur les chrysanthèmes et dit : « Mon jeune maître lui a donc donné 30 cordons de pièces, aussi simplement que cela. »

Après avoir arrosé un cactus à floraison nocturne et un lys araignée rouge, Dansha soupira et dit : « Un jeune homme de Yangzhou était alité, malade et souffrant. Mon jeune maître lui a donné 30 cordons de pièces. Lorsque le père d’un autre jeune homme est mort, il tenait dans ses mains la lettre l’en informant, et il a versé deux larmes. Mon jeune maître lui a donné 50 cordons de pièces. »

Jianzhan sourit et dit : « Li Bai est en effet une personne généreuse qui chérit l’amitié. »

« Oui, en effet ! » acquiesça Dansha. « Dans ce monde, tout le monde connaît des moments difficiles. La ville natale de l’un a été inondée, l’autre s’est cassé la jambe en tombant d’un cheval, l’un a perdu son emploi au gouvernement, et l’autre a eu des ennuis pour avoir tué une brute. Tous savaient où trouver mon jeune maître. Ils sont venus la tête baissée et le visage triste, et mon jeune maître a continué à distribuer de l’argent. » Dansha continua d’arroser les choux, la bourse-à-pasteur, les champignons et les épinards.

« Le père de Li Bai est un marchand. Pas étonnant qu’il soit si généreux ! », observa Jianzhen.

« Bien sûr ! Voici une blague, très drôle. Une fois, un jeune maître voisin a crié. Mon jeune maître n’a rien dit et m’a dit d’apporter 30 cordons de pièces au maître d’à côté. Sais-tu pourquoi cette personne a crié ? » Dansha se pencha en avant, riant si fort que ses yeux n’étaient que des fentes, et ajouta : « Ce jeune maître venait de gagner beaucoup d’argent au jeu. Lorsque ses parents et ses amis l’ont appris, ils sont tous venus emprunter de l’argent, si bien qu’il a dû se cacher dans l’hôtel. Quand je lui ai donné l’argent, il me l’a rendu en disant : “C’est difficile quand on n’a pas d’argent, mais c’est encore plus difficile quand on a de l’argent”. »

Jianzhen ne put s’empêcher de rire et dit : « Je savais seulement que Li Bai écrivait de bons poèmes ; je ne savais pas qu’il était aussi gentil qu’un Bodhisattva. » Jianzhen arrêta de rire et dit : « Peut-être que votre jeune maître pourrait, comme vous l’avez dit, “verser un peu d’eau” sur moi ? »

Prenant le seau, Dansha versa le reste de l’eau sur les légumes. Il retourna ensuite le seau et le montra à Jianzhen : « Même s’il y avait beaucoup d’eau au départ, elle finit par s’épuiser. Pour l’instant, nous serions reconnaissants envers le propriétaire de l’hôtel s’il acceptait de ne pas mettre mon jeune maître à la porte. »

À ce moment-là, plusieurs oies s’approchèrent et commencèrent à chercher des vers dans le sol.

Les yeux de Dansha s’illuminèrent et il dit : « Maître, ces oies me rappellent quelque chose d’intéressant. Vous êtes très savant et vous le savez probablement. Ces oies sont blanches avec des pattes roses, délicates comme des fillettes. Mais lorsqu’elles sont en colère, elles osent donner des coups de bec aux gens et même à un tigre. Vous savez que le tigre est le roi des animaux, mais il ne sait pas quoi faire quand il s’agit d’oies. Lorsque mon jeune maître a enterré Wu Zhinan au bord du lac Dongting l’année dernière, un tigre est sorti des bois – j’ai eu peur moi aussi. Tout à coup, les deux oies que j’avais élevées sont sorties de l’eau et ont rejoint la rive. L’une d’elles a donné un coup de bec au tigre, tandis que l’autre l’a attaqué avec ses ailes. Elles ont volé autour du tigre, le rendant ainsi désorienté. Finalement, le tigre a pris la fuite. »

« Oui, lorsque Li Bai a enterré son ami Wu Zhinan, il a pleuré jusqu’à ce que ses yeux soient rougis et il n’a pas bougé même lorsqu’un tigre est arrivé », a déclaré Jianzhen tout en égrenant son chapelet. « J’en ai entendu parler et je l’admire beaucoup. »

Dansha dit : « Mon jeune maître dit souvent : “Si l’on ne connaît pas la poésie, la moitié de sa vie est perdue ; si l’on ne chérit pas l’amitié, l’autre moitié de sa vie est perdue ”. Mais à mon avis, si quelqu’un ne comprend pas les oies, il perdra probablement sa vie complètement. »

Jianzhen rit et dit : « C’est logique. Il est vrai que votre jeune maître sait peut-être cela à propos des oies. Mais j’ai quelque chose à vous rappeler : il est préférable d’agir avec droiture et de vivre modestement que de faire de mauvaises actions et de vivre dans l’abondance. Je sais pourquoi vous êtes ici, alors vous n’avez pas besoin de parler par énigmes. Si votre jeune maître n’y voit pas d’inconvénient, il pourra rester au temple de Daming à partir de demain. »

(À suivre)

Traduit de l’anglais