(Minghui.org) M. Wang Yonghang, un pratiquant de Falun Gong et avocat de la ville de Dalian, province du Liaoning, a représenté et défendu plusieurs pratiquants de Falun Gong contre les accusations fabriquées du régime chinois.
Il a été arrêté par plus de 20 policiers en juillet 2009 et condamné à sept ans de prison. Son cas était inclus dans le rapport 2010 du Rapporteur spécial des Nations unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Voici le récit de M. Wang, qui a été privé de sommeil pendant treize jours dans la prison no 1 de Shenyang, ce qui l'a finalement amené à faire des « aveux » forcés devant une caméra.
En 2009, j'ai été condamné à sept ans de prison pour avoir publié plusieurs articles critiquant le régime communiste chinois pour ses violations des droits des pratiquants de Falun Gong.
En prison, j'ai été soumis à des passages à tabac vicieux, à l'isolement cellulaire et à la famine ; j'ai été privé du droit d'acheter des produits de première nécessité. Toutefois, la pire expérience a été la privation de sommeil pendant treize jours et nuits consécutifs en 2012.
Wang Yonghang, pratiquant de Falun Gong et avocat de la ville de Dalian.
La prison a commencé une nouvelle série de brutalités contre les pratiquants de Falun Gong détenus au début de l'année 2012 dans le but d'« annihiler le Falun Gong en prison ».
Dit clairement, la prison entendait utiliser tous les moyens possibles pour essayer de nous faire, nous les pratiquants, abandonner notre croyance dans le Falun Gong. Afin de m'empêcher d'entrer en contact avec d'autres détenus, la prison m'a déplacé dans la cafétéria et a affecté le détenu criminel Zhang Weihui à ma surveillance 24 heures sur 24. Sauf lorsque les autres détenus venaient prendre leurs trois repas quotidiens, la cafétéria était fermée à clé.
À la fin de février 2012, un ami détenu m'a prévenu : « L'un des gardiens force les pratiquants de Falun Gong à se “transformer”. La méthode qu'ils utilisent est impitoyable. Tu devrais être prudent. » Nous comprenions tous qu'un pratiquant de Falun Gong est « transformé » lorsqu’il abandonne sa croyance dans le Falun Gong (également connu sous le nom de Falun Dafa).
Plus tard, un chef détenu m'a informé que son quartier subissait une telle campagne. « Ils veulent éradiquer le Falun Gong à l'intérieur de la prison et ils sont impitoyables. Il n'y a que deux solutions : être “transformé” ou être mort », a-t-il dit. « Tous sauf un ont signé des déclarations de transformation dans mon quartier — le dernier n’aura guère plus longtemps à attendre. »
Dans les mois qui ont suivi, j'ai commencé à entendre des rumeurs selon lesquelles les pratiquants de Falun Gong dans d'autres quartiers étaient privés de sommeil pour les forcer à abandonner leur croyance.
Je me suis souvenu d'une conversation que j'avais eue avec Han Dong, capitaine de l'équipe 4 des détenus, où j'avais été détenu avant d'être déplacé à la cafétéria. Il était venu à la cafétéria un jour de mars pour discuter avec moi.
Je l'avais interrogé sur la campagne contre les pratiquants en prison et lui avais dit : « Aucun d'entre nous, les pratiquants détenus, n'a enfreint la loi. Je ne comprends pas pourquoi les autorités de la prison doivent nous poursuivre et essayer de nous forcer à abandonner notre croyance spirituelle. Ne pensez-vous pas que l’auteur d’une telle décision a des problèmes mentaux ? »
Han a répondu : « Je le pense aussi. » Sa réponse était une réponse normale à ma question, pourtant, avec d'autres chefs d'équipe, il n'a fait que suivre les ordres lorsque les supérieurs les ont pressés de « transformer » les pratiquants.
Après la pause déjeuner du 8 mai, j'ai entendu quelqu'un appeler mon nom. J'ai vu cinq gardes à l'extérieur de la cafétéria. L'un d’entre eux m'a dit : « Le capitaine Liu Shuang vous attend. Il veut vous parler. » Je savais que mon heure était venue.
Tout en marchant jusqu’au bureau, j'ai dit aux gardes qu'une telle « transformation » est illégale, irrationnelle et absurde. Ils ont très peu parlé. Je leur ai rappelé : « Ce que vous faites, c'est votre travail ; comment vous le faites est votre conscience. »
Le capitaine Liu m'attendait. Quand il m'a vu, lui non plus n’a guère parlé. Il a indiqué que nous devrions marcher jusqu'à la salle d'interrogatoire. En m’y conduisant, il m’a jeté un rapide coup d'œil et a laissé échapper un léger soupir.
Quand je suis entré dans la salle d'interrogatoire, j'ai remarqué qu'un épais rideau était suspendu au-dessus de la porte. La pièce était éclairée par deux grosses ampoules, mais semblait néanmoins très sombre par rapport à l'extérieur.
On m'a dit de m'asseoir sur une chaise de fer. Une fois que mes yeux se sont ajustés à la lumière, j'ai remarqué qu'il y avait plus d'une douzaine de personnes dans la pièce. J'ai également vu environ 20 matraques électriques de différentes longueurs sur le rebord de la fenêtre.
Yan Tianxiang, le directeur adjoint de la « Section d'éducation » de la prison, m'a annoncé : « Par ordre du bureau provincial et de la prison, vous êtes maintenant obligé de passer par la transformation idéologique. Avez-vous quelque chose à dire ? »
« Nous [les pratiquants de Falun Gong] n'avons commis aucun crime. C’était suffisamment injuste d’être jeté en prison. Pourquoi avez-vous besoin de continuer à nous torturer comme ça ? Quel est le but ? » lui ai-je demandé.
Il n'a pas répondu à ma question, mais a ordonné qu’on m’attache à la chaise de fer. Mes pieds étaient ligotés au niveau des chevilles et mes bras immobilisés des deux côtés.
Appareil de torture : la chaise de fer
J’ai été laissé avec quatre détenus et deux ou trois gardes dans la pièce. On m'a montré des programmes vidéo qui diffamaient le Falun Gong. Depuis que j'avais commencé à pratiquer le Falun Gong en 2006, j'avais déjà auparavant regardé presque tous les programmes. J’avais vérifié par moi-même que l’information contenue dans ces vidéos n'était pas vraie.
Il y avait une vidéo en particulier qui parlait de la façon dont un homme du nom de Wang Yusheng avait apporté et affichait aux États-Unis une banderole pesant quelques tonnes et longue de plusieurs kilomètres. Sur cette banderole, il y avait, selon la vidéo, plus d'un million de signatures de citoyens chinois soutenant la persécution du Falun Gong par le régime communiste chinois.
Je ne savais que trop bien comment les signatures avaient été rassemblées, ayant moi-même été forcé de signer mon nom. Je me souviens que c'était un après-midi du printemps 2001, peu après l'incident des auto-immolations sur la place Tiananmen, lorsque mon lieu de travail avait ordonné à tous les employés d'assister à une réunion.
Les dirigeants avaient lu à voix haute un ordre puis avaient forcé les 1000 personnes à s'aligner et à monter sur scène à tour de rôle pour signer leur nom sur la banderole et dénoncer le Falun Gong. Trois caméras vidéo avaient enregistré l'ensemble du processus sous différents angles. Tout le monde avait dû prendre position et personne n'avait dit non. Moi non plus, je n'avais pas eu le courage de m'opposer à la persécution et j'avais mis mon nom sur la banderole contre ma volonté.
Après un certain temps, même la police pensait que ces vidéos n'étaient pas convaincantes. Ils ont décidé de ne montrer qu'une vidéo qui n'avait rien à voir avec le Falun Gong.
Un détenu s'est assis devant moi à ma droite, à seulement un demi-mètre de mon visage. Si mes yeux se fermaient pendant plus de trois secondes, il prenait des mesures pour me réveiller. Un détenu nommé Zheng Jie était particulièrement vicieux ; il me frappait sur la côte droite avec un poing serré. Une fois, un détenu m'a donné un coup de poing dans le dos et les côtes alors que d'autres n'étaient pas présents. Je me suis évanoui de douleur.
Pendant les trois premiers jours, on ne m'a donné aucune nourriture. J'ai été emmené aux toilettes deux fois. Pour moi, la partie la plus difficile était la soif et l’assoupissement. Les deux ampoules à haute tension qui brillaient devant moi me donnaient encore plus soif.
Les détenus qui me surveillaient étaient prêts à me frapper pour m'empêcher de m’assoupir. Un jour, un détenu m'a frappé sur le dos et les côtes quand d'autres détenus sont sortis. Je me suis évanoui sous l’intense douleur. Quand je suis revenu à moi, j'ai signalé le détenu au capitaine Liu, qui l'a renvoyé de ma cellule un jour plus tard.
À partir du quatrième jour, je n’étais même plus autorisé à aller aux toilettes. Je ne pouvais uriner qu’une fois par jour dans ma chaise de fer. On me donnait 250 ml d'eau par jour. En mangeant si peu, je n'ai pas eu de selles pendant les dix jours suivants.
Parce que la porte et les fenêtres étaient recouvertes, je ne pouvais pas discerner le jour de la nuit. Je n'avais qu'une idée approximative de l'heure à laquelle les détenus allaient travailler le matin et revenaient dans leurs cellules le soir. Mais je suis devenu si désorienté en quelques jours que j'ai même perdu une telle perception.
Au début, les policiers entraient et m'interrogeaient. Puis ils ont cessé de venir parce que l'air s’était raréfié dans la pièce. Un jour, ils ont installé une caméra vidéo à environ 25 cm devant mon visage. De cette façon, la police pouvait voir mon visage clairement de leur bureau. Bien sûr, la caméra ne capturait pas le détenu assis à côté de moi et il me frappait chaque fois que je fermais les yeux.
Je portais une paire de vieilles chaussettes en laine. Quelques jours plus tard, les chaussettes sont devenues trop malodorantes et ont été jetées dans un coin de la pièce. Quand j'ai senti que je ne pouvais plus supporter la privation de sommeil, j'ai crié : « Falun Dafa est bon ! »
À ce moment-là, ils m’ont enfoncé un chiffon dans la bouche. Mais le détenu Zheng Jie qui m'avait frappé auparavant utilisait toujours mes propres chaussettes malodorantes pour me remplir la bouche. Les chaussettes s’altéraient terriblement et laissaient beaucoup de peluches dans ma bouche. Comme je n'avais pas beaucoup d'eau à boire, j'avais la bouche très sèche et ne pouvais même pas cracher les peluches.
Après à peu près six jours de privation de sommeil, j'ai commencé à avoir des hallucinations. Au début, je pouvais encore discerner les illusions de la réalité, mais plus tard je ne le pouvais plus. Un jour, mon esprit s’est vidé. J'ai fait de gros efforts pour me souvenir, mais je ne pouvais penser à rien. Je ne pouvais pas me souvenir de qui j'étais ni si j'avais vécu dans ce monde. Je me sentais complètement terrifié et j’ai fait une dépression nerveuse.
Selon ce que les gens m'ont dit plus tard, je me suis levé et j'ai cassé les menottes, et j'ai commencé à crier et à hurler. Ils m'ont attaché à un banc et m'ont enfoncé un chiffon dans la bouche.
Je savais qu'ils voulaient me rendre fou. Je n'avais pas peur de mourir, mais j'avais peur de devenir fou. Si je devenais fou, ils l'utiliseraient pour diffamer le Falun Dafa.
Après l'incident, j'ai écrit une déclaration de garantie que je ne pratiquerais plus le Falun Gong, mais j'ai aussi précisé qu'au fond de mon cœur je ne trahirais jamais ma croyance. Ils ont dit que tant que je signais mon nom sur la déclaration, ils se fichaient de savoir si je restais intérieurement ferme dans ma croyance.
Mais ils sont allés plus loin et ont exigé que j'admette mon « crime » devant une caméra. J'ai refusé, car je ne voulais pas qu'ils utilisent la vidéo pour en tromper d’autres et diffamer le Falun Gong.
La torture s'est intensifiée. Je ne pouvais même pas avoir une demi-bouteille d'eau par jour. Mon pied droit avait été grièvement blessé plus tôt, donc il n'était pas attaché à un anneau de sol jusque là. Mais ils ont attaché à présent mes deux pieds. Un détenu du nom de Zhou Hongwei me donnait continuellement des coups de pied dans la jambe quand il essayait de m'empêcher de fermer les yeux. J'ai finalement exigé qu'il arrête une telle violence. Il n'a plus jamais touché mon pied droit.
Finalement, le jour est arrivé où je n’ai plus pu le supporter. J'ai accepté d'admettre mon « crime » devant une caméra.
Quand j'ai été sorti de cette pièce, j'ai remarqué que la date était le 21 mai 2012.
Cette nuit-là, j'ai eu une forte fièvre et de la difficulté à respirer. J'ai été emmené à la clinique de la prison. On m'a diagnostiqué une pleurésie et une accumulation de liquide dans la région de ma deuxième côte. Pendant les deux semaines qui ont suivi, mon rythme cardiaque était supérieur à 100 battements par minute. Je n’avais jamais eu de problèmes cardiaques jusque là. De plus, je n’ai pas pu dormir normalement pendant un mois, et je dérivais entre la conscience et l'inconscience.
Mes chevilles étaient enflées et noires après avoir été attachées au banc pendant si longtemps. Mes jambes ont perdu une épaisse couche de peau morte après qu’on m’ait fait sortir de cette pièce.
Plus tard, en juillet 2015, lorsque j'ai vu des avocats des droits de l'homme arrêtés admettre leurs « crimes » à la télévision, je me suis souvent demandé s'ils avaient été soumis à ce que j'avais moi-même vécu.
Informations contextuelles
M. Wang Yonghang était avocat au bureau juridique de Qianjun dans la province du Liaoning. Il a fourni une assistance juridique aux pratiquants de Falun Gong à plusieurs reprises depuis 2007.
Il a publié sept articles sur le site The Epoch Times, y compris une lettre ouverte adressée au plus haut poste judiciaire en Chine. Dans sa lettre, intitulée Les erreurs commises dans le passé exigent que des corrections soient faites rapidement aujourd'hui, M. Wang soulignait que les autorités du Parti communiste chinois (PCC) contrôlaient les systèmes législatif et judiciaire sans contrainte et les utilisaient pour persécuter les pratiquants de Falun Gong sous le couvert de la loi.
M. Wang a révélé la nature illégale de la persécution et a demandé que les plus hautes autorités judiciaires reconnaissent la gravité du problème, corrigent immédiatement leurs erreurs et libèrent tous les pratiquants illégalement détenus.
À la suite de ses lettres et sous la pression des autorités, le cabinet d'avocats où il travaillait a mis fin à son emploi. Sa certification d'avocat lui a été enlevée et retenue par les autorités.
Le 4 juillet 2009, la police a illégalement arrêté M. Wang. Selon des sources au sein du système de police, cette arrestation a été ordonnée par Zhou Yongkang, le plus haut responsable du droit et de l'ordre en Chine et membre du comité permanent du Politburo du PCC.
Le 27 novembre 2009, M. Wang a été condamné à sept ans de prison. Il a été emmené à la prison no 1 de Shenyang dans la province du Liaoning le 22 avril 2010.
Voir aussi :
En français :
CIFD : Un avocat des droits de l'homme emprisonné pour sa défense du Falun Gong est en danger
Un avocat de la ville de Dalian M. Wang Yonghang à l’article de la mort suite à la torture
La famille de l’avocat Wang Yonghang, emprisonné, s’inquiète pour sa situation
L'avocat Wang Yonghang gravement blessé suite aux passages à tabac dans la prison de Shenyang
Le cas de Wang Yonghang, avocat de Dalian inclus dans le rapport annuel 2010 des Nations Unies
En anglais :
The Persecution of Professionals in Dalian
Why Are Chinese Judges Hostile toward Lawyers that Defend Falun Gong Practitioners?
FDI: Human Rights Lawyer who Defended Falun Gong Beaten in Chinese Prison
Lawyer Mr. Wang Yonghang Savagely Abused in Shenyang No.1 Prison
Traduit de l'anglais en Europe