(Minghui.org) En novembre 2021, une ancienne enseignante de la ville de Jinzhou, dans la province du Liaoning, a été arrêtée au domicile d’une pratiquante de Falun Gong locale à qui elle rendait visite pour demander de l’aide pour trouver un emploi. Bien qu’elles ne disposent d’aucune preuve pour l’inculper, les autorités ont accusé Mme Liu Yurong de « tentative de commettre un crime » et elles l’ont condamnée à un an de prison. Sa sœur a récemment déposé une plainte contre les sept principaux responsables impliqués dans son affaire et a exigé la libération immédiate de Mme Liu.
Le Falun Gong, aussi connu sous le nom de Falun Dafa, est une discipline méditative et spirituelle ancestrale que le régime communiste chinois persécute depuis 1999.
Voici ci-dessous la plainte déposée par Mme Liu Yujun auprès du procureur de la ville de Jinzhou et du tribunal de la ville de Jinzhou en septembre 2022.
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Le 27 novembre 2021, ma sœur Liu Yurong s’est rendue au domicile de Mme Kang pour lui demander de l’aider à trouver un emploi. Des policiers du Bureau de la sécurité domestique du district de Taihe et du poste de police de Beijiao l’ont arrêtée et emmenée au centre de détention local le soir même.
Comme Yurong a déjà eu un accident vasculaire cérébral et qu’elle souffre également d’une hypertension artérielle persistante, sa famille est très inquiète à son sujet.
Une semaine s’est écoulée et personne ne nous a contactés au sujet de son affaire. Inquiète pour sa santé, je me suis rendue au poste de police de Beijiao et j’ai demandé au chef de la police, Liu Jin, de la libérer. Liu a répondu qu’il était au courant de l’état de santé de ma sœur, mais qu’il n’avait pas le pouvoir de la libérer, car le Bureau de la sécurité intérieure du district de Taihe avait ordonné son arrestation.
Je me suis alors rendu au Bureau de la sécurité intérieure et j’ai rencontré le directeur Liu Changjie. Liu m’a dit que Yurong allait très bien. Alors que les examens médicaux coûtent généralement 300 yuans, il a affirmé qu’ils avaient dépensé 600 yuans pour son examen médical. Il a dit qu’elle n’avait aucun problème de santé et que son arrestation avait été approuvée. Il m’a demandé de signer le document d’approbation de son arrestation, mais j’ai refusé.
Yurong enseignait à l’école secondaire de Cuiyan. Elle travaillait très dur et ses élèves se classaient toujours premiers aux examens du district. À cause de ces années de dur labeur, elle a développé des problèmes si graves au niveau des reins, de l’estomac et du foie qu’elle n’était presque plus capable d’enseigner. Un ami lui a recommandé de pratiquer le Falun Gong, et elle s’est rétablie au bout de quelques semaines de pratique seulement.
En 2008, Yurong a été arrêtée parce qu’elle distribuait des documents d’information sur le Falun Gong et elle a été condamnée à six ans de prison par le tribunal de la ville de Linghai. Le collège de Cuiyan l’a licenciée.
En 2013, la prison nous a informés que Yurong était sur le point de mourir et l’on nous a demandé de la ramener chez elle. Nous l’avons emmenée à l’hôpital, où l’on a dit qu’elle avait eu un accident vasculaire cérébral. Le médecin a dit qu’ils ne pouvaient pas l’aider et lui a donné congé.
En pratiquant le Falun Gong, elle s’est progressivement rétablie. Mais le côté gauche de son corps est resté engourdi et ses réactions sont lentes. Elle essaie de trouver des emplois subalternes, mais personne ne veut l’embaucher.
En 2017, lorsque Yurong a atteint l’âge de la retraite, à 55 ans, le bureau de la sécurité sociale a déclaré que ses quatorze années de service avant la réforme des retraites de 1997 seraient effacées, parce qu’elle avait été licenciée par son employeur. Entre 1997 et son arrestation en 2008, il lui restait donc moins de onze années de service à prendre en compte pour le calcul de ses prestations de retraite. Étant donné qu’un minimum de quinze ans est requis pour recevoir des prestations, elle ne pouvait recevoir aucun fonds de retraite à moins de verser des cotisations pour satisfaire à l’exigence des quinze ans.
Ma sœur n’avait pas les moyens de verser les cotisations de retraite. Même si elle avait eu l’argent, elle estimait qu’elle n’avait rien fait de mal en pratiquant le Falun Gong et qu’en premier lieu, elle n’aurait jamais dû voir ses quatorze années de service supprimées. Elle pensait que le fait d’être punie deux fois (une peine de prison et pas de pension) était illégal et a essayé de demander justice auprès de divers organismes, mais en vain.
Avant d’être arrêtée en 2008, Yurong vivait avec notre mère. Son arrestation a porté un coup dur à notre mère, qui est décédée un an plus tard. Peu de temps après son décès, sa maison a été démolie en raison de la construction d’un réservoir d’eau. Lorsque Yurong a été libérée, elle n’a reçu qu’une petite compensation pour la démolition de sa maison. Elle a utilisé cet argent pour payer ses frais médicaux et pour couvrir ses dépenses courantes. Elle était extrêmement économe et faisait parfois de petits boulots, s’occupant de personnes âgées.
Si son école ne l’avait pas renvoyée, elle aurait reçu au moins 6000 yuans par mois. Mais nous savions qu’elle avait déjà beaucoup de chance d’avoir survécu à la torture en prison et nous avons fait de notre mieux pour l’aider. Mais si elle tombait à nouveau malade, nous n’aurions pas les moyens de payer ses factures médicales.
Le soir du 27 novembre 2021, Yurong a été arrêtée au domicile de Mme Kang. Lorsque Mme Kang a été libérée le lendemain en raison de son hypertension et de son âge avancé, elle nous a dit qu’elle avait expliqué à la police que Yurong était venue chez elle pour chercher un emploi, mais que la police avait insisté pour la maintenir en détention. Son arrestation a été approuvée un mois plus tard.
J’ai engagé un avocat pour Yurong. Lorsque l’avocat s’est rendu au Bureau de la sécurité intérieure, le 28 décembre 2021, pour s’enquérir de son cas, le directeur Liu Changjie et l’adjoint Li Lei ont refusé de le rencontrer, mais ils ont envoyé un policier pour lui parler. Le policier a dit à l’avocat que Yurong avait admis avoir distribué des documents de Falun Gong.
L’avocat s’est rendu au centre de détention quelques heures plus tard et a vu Yurong. Elle lui a dit que la police avait tenté de la forcer à admettre qu’elle s’était rendue au domicile de Mme Kang pour obtenir des documents de Falun Gong à distribuer, mais elle a refusé d’acquiescer. Elle a aussi dit qu’en raison de sa tension artérielle dangereusement élevée de 170/110 mmHg, le centre de détention s’est arrangé pour qu’elle ne soit pas sous sa garde la nuit.
J’ai été bouleversée d’apprendre que la police était parfaitement au courant de son état, mais que le directeur du Bureau de la sécurité intérieure continuait à affirmer qu’elle se portait bien.
Le 28 décembre, l’avocat a également présenté plusieurs requêtes : à la police pour qu’elle libère Yurong, et au procureur de la ville de Linghai pour qu’il retire sa décision d’approuver son arrestation. J’ai aussi écrit au procureur pour lui demander d’enquêter sur la façon dont la police a piégé Yurong, mais je n’ai jamais reçu de réponse.
Dans une autre lettre que l’avocat a adressée au procureur de la ville de Linghai, il a demandé que les autorités libèrent ma sœur en raison de son état de santé. Le 24 janvier 2022, lors d’un appel téléphonique, le procureur Zeng Qiang a dit à l’avocat qu’il n’y avait aucun moyen pour lui de libérer Yurong, mais qu’il pouvait lui infliger une peine légère. Il a révélé qu’il s’agissait d’une décision qui venait de Ma Liang, le président du parquet de la ville de Linghai.
Deux jours plus tard, le 26 janvier, l’avocat a reçu une réponse officielle du procureur. Celle-ci indiquait qu’après avoir examiné son dossier, ils avaient décidé qu’il était nécessaire de maintenir Yurong en détention, car elle « représentait un danger immédiat pour la société, étant soupçonnée d’utiliser une organisation sectaire pour saper l’application de la loi ».
L’avocat a ensuite appelé le procureur à plusieurs reprises pour demander la libération de Yurong, mais en vain. J’ai aussi appelé le procureur pour me renseigner sur l’affaire de Yurong, mais dès que je lui ai expliqué la situation, il m’a dit que j’avais fait un mauvais numéro et a raccroché.
En juin 2022, après l’inculpation de Yurong, j’ai aussi appelé Xu Bing, la juge du tribunal municipal de Linghai. Elle m’a demandé d’attendre. Le 13 juillet, quand je l’ai rappelée, elle m’a demandé comment j’avais obtenu son numéro de téléphone portable et a menacé d’enquêter sur moi.
Le matin du 18 juillet, l’avocat et moi nous sommes rendus au tribunal municipal de Linghai pour déposer sa défense. Nous avons été surpris d’apprendre que le tribunal avait déjà jugé Yurong le 13 juillet, mais que la juge Xu n’avait pas encore rendu son verdict. Je me suis souvenue que lorsque j’avais appelé la juge dans l’après-midi du 13 juillet, elle n’avait rien dit de l’audience du matin.
Le 8 août, la juge a condamné Yurong à un an de prison et à une amende de 2000 yuans.
Dans l’affaire de Yurong, la police a travaillé main dans la main avec le procureur et la juge pour la condamner à tort. Ils persécutent les bonnes personnes et abusent de la loi. Je dépose maintenant une plainte contre Liu Changjie, chef du Bureau de la sécurité intérieure du district de Taihe, Li Lei, chef adjoint du Bureau de la sécurité intérieure du district de Taihe, Liu Jin, chef du poste de police de Beijiao, Zeng Qiang, procureur du parquet de la ville de Linghai, Xu Bing, juge du tribunal de la ville de Linghai, et Chen Ruirui, chef du centre de détention pour femmes de la ville de Jinzhou.
Je demande que ces auteurs soient tenus pour responsables de la persécution. J’exige aussi que les autorités libèrent immédiatement Yurong et lui versent une indemnisation appropriée.
Voir aussi :
Sept femmes, dont quatre septuagénaires et octogénaires, condamnées pour leur pratique du Falun Gong
Arrêtée alors qu’elle cherchait un emploi, une ancienne enseignante est de nouveau poursuivie pour sa croyance
Traduit de l’anglais