(Minghui.org) Mme Liu Yijun, de la préfecture autonome Yi de Chuxiong, dans la province du Yunnan, a été condamnée à quatre ans de prison et six mois d’assignation à résidence le 7 mai 2022, pour sa pratique du Falun Gong. L’assignation à résidence devait être effectuée après son emprisonnement.
Comme Mme Liu est la seule personne à s’occuper de sa mère alitée, les autorités locales lui ont suggéré de placer sa mère dans une maison de retraite. Compte tenu des nombreux rapports faisant état de mauvais traitements infligés aux personnes âgées dans les maisons de retraite, elle a rejeté leur idée. Le 16 mai 2022, elle a fait appel du verdict et attend maintenant le résultat.
Le Falun Gong, également connu sous le nom de Falun Dafa, est une discipline méditative et spirituelle ancestrale que le régime communiste chinois persécute depuis 1999.
Voici son récit personnel.
Arrêtée et condamnée
Le matin du 5 novembre 2020, une femme prétendant appartenir au syndicat des travailleurs de l’ancien lieu de travail de ma mère s’est présentée à ma porte et a dit qu’elle voulait rendre visite à ma mère, Xu Cuiying, qui est alitée depuis plus de dix ans. Lorsque j’ai ouvert la porte, environ huit hommes cachés derrière la femme ont fait irruption. J’étais abasourdie.
L’un des hommes a dit qu’ils étaient de la Division de la sécurité intérieure et qu’ils avaient un mandat de perquisition. Personne ne m’a montré le mandat de perquisition ni leurs cartes d’identité. Ils ne portaient pas non plus l’uniforme de la police. J’ai appris plus tard que cet homme était He Yong, un chef adjoint de la Division de la sécurité intérieure.
Lorsque les policiers ont commencé à saccager mon domicile, j’ai essayé de les arrêter. Ma mère, qui était assise sur le canapé, a eu peur et s’est faite dessus. C’est alors que plusieurs femmes sont arrivées. Je leur ai demandé de s’écarter un moment pour que je puisse nettoyer ma mère. Elles ont refusé et ont même pris des vidéos.
J’ai emmené ma mère dans la salle de bain, mais tout le monde continuait à regarder. J’étais vraiment en colère, car je sentais que cela humiliait ma mère et moi. Je me suis disputée avec eux, et le policier Liu Jianyuan m’a poussée sur le canapé. Les policiers sont sortis au bout d’un moment, laissant les femmes me surveiller. Par la suite, les agents masculins sont revenus et ont continué à saccager mon appartement.
J’ai été emmenée au Département de police et interrogée. Dans l’après-midi, on m’a emmenée à l’hôpital pour me faire une prise de sang. Cette nuit-là, la police m’a demandé de remettre 1000 yuans pour la caution, mais j’ai dit que je n’avais pas d’argent. Je ne savais pas qu’ils avaient réussi à contacter ma famille dans une autre ville et à obtenir l’argent auprès d’eux.
La police m’a demandé de signer un document et a menacé de me condamner à trois ou quatre ans de prison si je refusais. Ils ont dit que ma mère ne serait plus en vie au moment de ma libération. Je n’avais pas d’autre choix que d’obtempérer.
Je suis rentrée chez moi tard cette nuit-là. Ma mère était affamée. Elle a posé sa tête sur mon épaule sans dire un mot. Nous sommes restés assis comme ça jusqu’à minuit.
Le 3 mai 2022, la police a rendu la caution de 1000 yuans. Quelques jours plus tard, ils m’ont remis une assignation à comparaître, m’informant que j’étais convoquée à l’audience le 6 mai à 8 h 40. Comme je devais m’occuper de ma mère le matin, le juge a accepté de reporter l’audience à 9 h 30.
Le jour de l’audience, mon voisin, qui avait accepté d’aider à s’occuper de ma mère, et moi étions occupés à nous préparer chez moi lorsque le chef adjoint de la Division de la sécurité intérieure s’est présenté à ma porte avec deux agents du syndicat des travailleurs du lieu de travail de ma mère. Ils ont dit qu’ils pouvaient aider à prendre soin de ma mère pendant l’audience. Je n’étais pas d’accord.
Le 7 mai, le lendemain de l’audience, la juge Qin Xiaoyan s’est présentée chez moi avec plusieurs membres du personnel du tribunal. Elle m’a dit qu’elle avait examiné ma situation et avait décidé de venir en personne pour annoncer le verdict : j’ai été condamnée à quatre ans de prison et à six mois supplémentaires d’assignation à résidence. J’ai également été condamnée à une amende de 7000 yuans. J’ai exprimé mon intention de faire appel.
J’ai fait appel le 16 mai. À la fin du mois de mai 2022, la cour intermédiaire m’a convoquée pour un interrogatoire. J’ai présenté ma lettre de défense.
Le 10 juin, quelqu’un a frappé à ma porte. Il s’agissait de deux responsables du gouvernement, de deux agents de la communauté de voisinage et du président du syndicat des travailleurs du lieu de travail de ma mère. Ils m’ont dit qu’avant que la cour intermédiaire ne prenne une décision sur mon affaire, je devais prendre des dispositions pour ma mère. Ils m’ont dit que je devais soit demander aux membres de ma famille qui travaillent dans une autre ville de venir s’occuper de ma mère, soit placer ma mère dans une maison de retraite. J’ai rejeté leurs suggestions et j’ai dit que je n’avais commis aucun crime. J’ai ajouté que prendre soin de ma mère était mon devoir de fille.
Lettre aux policiers et au juge
Voici la lettre de défense que j’ai présentée :
Mon nom est Liu Yijun. Avant 2011, je travaillais dans une société immobilière de la ville de Kunming, dans la province du Yunnan, et j’étais responsable de la formation et du recrutement des employés au sein du département des ressources humaines. Je m’entendais bien avec mes collègues et ils aimaient me parler de leurs problèmes.
J’ai quitté mon emploi pour prendre soin de ma mère
En 2011, ma mère a glissé et est tombée dans la salle de bains. On lui a diagnostiqué une ostéonécrose de la tête fémorale et elle a dû subir une intervention chirurgicale. L’opération a été un succès, mais son dos a commencé à se raidir au bout de six mois. Elle ne pouvait plus marcher seule et quelqu’un devait l’aider à aller aux toilettes et au lit. Nous avons engagé une aide-soignante pour elle, mais entre-temps ma mère a subi deux fractures internes, ce qui nous a inquiétés.
J’en ai discuté avec ma jeune sœur qui travaillait dans une autre ville, et nous avons convenu que je devais m’occuper de notre mère malade. J’ai quitté un emploi que j’adorais pour assumer ma responsabilité familiale.
Je suis retournée à Chuxiong pour m’occuper de ma mère tandis que mon père m’aidait surtout à faire les courses et la cuisine. En raison de son état, ma mère est devenue dépressive et incapable d’agir.
Je me levais tôt tous les jours pour aider ma mère à se laver et à préparer le petit-déjeuner. Je l’aidais à s’installer sur le canapé avant de me laver moi-même. Parfois, ma mère m’appelait pour que je l’aide à s’allonger avant même que j’aie fini de prendre mon petit-déjeuner. Elle demandait généralement à se lever au bout de dix minutes et voulait se recoucher après dix autres minutes. Elle voulait également aller aux toilettes plusieurs fois avant de se recoucher. Cela se répétait plusieurs fois par jour, et je n’avais pas le temps de me reposer.
Il y avait des moments où je venais juste de m’installer pour me reposer et où ma mère me demandait à nouveau de l’aider. Je ne pouvais nettoyer la maison que lorsqu’elle se reposait. Mais quand j’étais fatiguée et que je voulais dormir, elle m’appelait à nouveau. Je n’avais pas le temps de me reposer, encore moins de sortir et de profiter de la vie. Je me sentais fatiguée et j’avais envie de pester. Je me sentais triste, mais je n’avais personne pour m’aider.
Après le déjeuner, mes parents faisaient une sieste pendant que je nettoyais la cuisine. Je ne pouvais me reposer qu’une fois que mon père était levé.
J’étais avec ma mère la nuit et, habituellement, elle se réveillait plusieurs fois par nuit. Parfois, juste après s’être couchée, elle demandait à se lever à nouveau. Pendant un certain temps, elle a refusé de boire de l’eau pendant la journée. J’ai découvert que c’était parce qu’elle voulait éviter d’aller aux toilettes pour ne pas être un fardeau pour moi.
Souvent, ma mère se mettait à crier au milieu de la nuit. Après l’avoir réveillée, elle me disait qu’elle avait très chaud et que je devais l’aider à se retourner. Si elle avait toujours chaud, je l’aidais à se lever et après un moment, elle demandait à retourner dans son lit. Peu de temps après, elle demandait à nouveau à aller aux toilettes.
La santé de la mère s’est détériorée après avoir été forcée de renier sa croyance
Dans le passé, ma mère était une personne joyeuse. Bien qu’elle ait eu plusieurs maladies, elle s’était rétablie en quelques mois après avoir pratiqué le Falun Gong. Elle pouvait même faire des randonnées.
Ma sœur et moi étions heureuses de voir cela. Cependant, ma mère a ensuite été contrainte d’abandonner la pratique à cause de la persécution, et sa santé a commencé à se détériorer.
J’ai eu plusieurs problèmes de santé chroniques depuis que je suis jeune, notamment une pneumonie. On m’emmenait souvent aux urgences de l’hôpital la nuit. Après avoir commencé à travailler, on m’a diagnostiqué une hypoglycémie, une hypotension artérielle et une sinusite. Je pensais que je devais être en bonne santé pour m’occuper de ma mère.
J’ai commencé à pratiquer le Falun Gong
J’ai décidé de me lancer dans la pratique du Falun Gong. En suivant les enseignements du Falun Gong, j’ai changé mon caractère et augmenté mon endurance physique.
J’ai été condamnée à deux ans de prison en 2014, parce que je pratique le Falun Gong. Mon père octogénaire a, chaque jour, tout enduré en prenant soin de ma mère.
Lorsque je suis sortie de prison en 2016, j’ai été dévastée de découvrir à quel point mon père était devenu maigre. Ses vêtements, qui lui allaient bien auparavant, étaient maintenant amples. Ses cheveux avaient tous viré au gris. Son asthme s’était aggravé et il devait s’allonger sur le canapé pour se reposer après quelques pas seulement.
J’ai commencé à m’occuper de mes parents et à nettoyer la maison. Mon père faisait une sieste après le repas, mais c’était une autre histoire pour ma mère. Je ne pouvais pas dormir la nuit. Cela a duré longtemps sans qu’on puisse en voir la fin.
Je me suis occupée seule de ma mère
La santé de mon père s’est légèrement améliorée après mon retour à la maison. Je me sentais aussi plus confiante. Cependant, il est soudainement décédé et j’ai failli m’effondrer.
C’est devenu plus difficile après la mort de mon père. Je devais courir pour acheter des provisions, sinon ma mère m’appelait désespérément. Parfois, ma mère pleurait parce qu’elle avait souillé son pantalon à cause d’un mal de ventre. Après l’avoir nettoyée et aidée à prendre un bain, je commençais à préparer le déjeuner. Je lavais ensuite les draps de lit et la couverture.
Jour après jour, nuit après nuit, une personne normale n’aurait pas été capable de gérer tout cela, mais grâce à ma croyance, j’ai trouvé la force de continuer.
Le soutien des voisins
Dans la société chinoise, les gens font généralement preuve de discrimination à l’égard de ceux qui ont été condamnés à la prison. Mais parce que j’ai toujours traité tout le monde avec gentillesse et aidé tous ceux qui étaient dans le besoin, les gens qui m’ignoraient ont commencé à me sourire et à me saluer. Ils ont également demandé des nouvelles de la santé de ma mère. Certains voisins aimables ont partagé leur nourriture avec nous. Une grand-mère de près de 90 ans m’a donné un jour un morceau de viande en me disant de le cuisiner pour ma mère.
Je ne regrette pas de prendre soin de ma mère, même si c’est un parcours difficile dont on ne voit pas la fin. Je ferai de mon mieux pour assumer mes responsabilités de fille dévouée et consciencieuse.
Nous avons tous des parents qui pourraient un jour avoir besoin de nos soins, alors j’espère que vous pouvez comprendre ma situation.
Traduit de l’anglais