"Utiliser
la raison pour prouver la Loi, utiliser la sagesse pour expliquer clairement la
vraie image, utiliser la compassion pour que la Loi soit immensément répandue
et pour donner le salut aux gens de ce monde" (Rationalité)
Zhu Ying : Mon expérience d'arrestation et de détention en Chine
Ying Zhu
Le 22 juin 2001
Bonjour tout le monde.
Je suis heureuse de vous voir tous aujourd'hui.
Je suis si heureuse d’être de retour au Canada et d'embrasser la liberté d’être capable de revoir mes amis à nouveau, d’être capable de pratiquer le Falun Gong sans avoir l’inquiétude d’être emprisonnée ou persécutée. Pour avoir perdu une fois, ma liberté, je sais maintenant combien c'est précieux de la retrouver. J’aimerais remercier tout le monde qui a rendu cela possible.
Le fait d'entendre comment le peuple canadien a fait appel pour que ma libération de la détention chinoise soit possible, me touche beaucoup. Je vous remercie tous, de tout mon coeur, particulièrement l'Université Concordia, l'Union des étudiants de Concordia et la Fédération canadienne des étudiants, les Membres du Parlement, l’Amnistie Internationale et plusieurs ONG(s), le gouvernement canadien, les médias et les milliers de canadiens au bon cœur. J’aimerais aussi remercier particulièrement mon ami Claude Emond.
Cela a été un cauchemar. J'ai été enlevée, interrogée, menacée et mentalement abusée par les gens du Ministère de la Sécurité Nationale. (L’équivalent du K.G.B. de l'a ancienne Union soviétique.)
Ce qui suit est une histoire courte, de ce que j'ai pu éprouver.
Enlevée aux douanes
Je ne pourrai pas oublier le 10 mai 2001, qui est pour moi une date mémorable : j'ai perdu ma liberté immédiatement après que j'ai mis pieds sur ma mère patrie, la Chine, et où mes parents et mon mari y vivent – le tout parce que j'ai choisi de pratiquer le Falun Gong pour ma santé et pour ma paix intérieure.
Ma mère a eu récemment deux opérations du coeur. Je lui manquais beaucoup et je me faisais aussi du souci, pour elle. J’ai donc pris la décision d'aller visiter mes parents. C'était ma première visite en Chine depuis que j'ai immigré au Canada en 1997.
Je suis arrivée à la gare de Guangzhou, vers 6 heures du soir. Aussitôt que j'ai montré mon passeport, à la douane, j'ai été amenée dans une pièce où il y avait plus de 20 personnes en uniformes parfaits qui se tenaient debout et m'entouraient. J'ai demandé la raison. Ils ont dit que c'était un contrôle régulier. Ils ont fouillé dans mes bagages et ont pris mon livre du Falun Gong et ma musique d'exercice. Ils ont pris mon carnet d'adresses, j'ai refusé de leur remettre et j’ai commencé à le déchirer. Ils m'ont jeté par terre. En tombant, je me suis fait très mal à une jambe. Le carnet d'adresses contenait des informations sur mes amis au Canada. Cependant, ce carnet d'adresses a été considéré comme "la preuve du crime". Plus tard, j'ai été interrogée jour après jour sur les personnes dont j'avais de l'information dans ce carnet d'adresses.
Vers 9:30pm, escortée par quatre personnes qui ont refusé de dévoiler leur identité, on m'a conduite dans un bâtiment, sans signe à l'extérieur. J'ai été amenée dans une pièce et j'ai été détenue là pendant plus de 33 jours sans qu’on ne me montre aucun document légal justifiant mon arrestation.
33 jours en détention
La pièce était avait environ 20 mètres carrés. Il y avait une salle de toilette avec une baignoire, mais il n'y avait aucune porte pour la salle de toilette, pas même un rideau de bain.
o On ne m'a pas permis de franchir le seuil de la porte pendant les 33 jours complets, sauf une fois où je suis sortie pour rencontrer ma belle-soeur pendant 10 minutes, dans une chambre d'hôtel.
o On ne m'a pas permis d'entrer en contact avec personne ou de faire un appel téléphonique. J'ai été totalement isolée du monde extérieur.
o J'ai été surveillée jour et nuit. À chaque minute, il y avait 3 personnes qui m’observaient dans la pièce, 1 homme et 2 femmes. 12 personnes se relayaient à tour à tour. Même pendant la nuit, ils étaient assis dans la pièce, à me surveiller. Une fois, ils ont fait un commentaire sur ma position couchée.
o Je ne pouvais pas dormir avec ces 3 personnes qui m'observait sans cesse et sous la lumière d'une ampoule de 120-watts devant les yeux jour et nuit. La lumière y était 24 heures par jour. Ils ne l'ont jamais éteinte.
o Chacun de mes mouvements, humeurs, expressions et émotions ont été enregistrés et classés. Je me sentais très tendue et nerveuse.
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o Utiliser la salle de toilette était très humiliant et difficile puisqu’ils étaient dans la pièce. Ma santé commença à se détériorer et mon système interne devint chaotique. Je savais qu'ils essayaient de me casser.
Au tout début, j'ai eu une fièvre qui dura 3-4 jours et je n'ai pu dormir, ni manger quoi que ce soit pendant ces quatre jours.
Je m’inquiétais pour mes parents. Tous les jours, je leur ai demandé de me libérer. J'ai dit que mes parents devaient être très inquiets de ma disparition. C’était inhumain de ne pas me permettre de rentrer chez moi et de me détenir comme cela. Cependant, ils ne m'ont jamais répondu.
Pendant ces 33 jours de détention, trois personnes (autres que celles qui me surveillaient) sont venues m'interroger quotidiennement. Ils ont non seulement essayé de me persuader de renoncer à la pratique du Falun Gong mais ils ont aussi essayé de décrypter chaque détail contenu dans mon carnet de téléphone personnel. Pour chaque personne dans mon carnet, ils m'ont demandé des questions très détaillées comme le nom, le genre, la nationalité, si elle était pratiquante ou pas, etc. Je suppose qu'ils essayaient de trouver l'indice/la preuve que je pouvais avoir un lien avec certaines "forces anti-Chine", ce qui leur aurait permis de m'inculper d'une lourde charge criminelle. En attendant, ils ont essayé de constituer une liste noire dans le but de persécuter les pratiquants d’outre-mer comme ils avaient été capables de le faire pour moi et pour beaucoup d’autres pratiquants.
Une fois, ils m’ont montré ma photo en train de faire appel à Hong Kong, avant ma visite en Chine. Ils ont dit qu'ils savaient tout ce que j'avais fait à Hong Kong. Tout ce que j'avais fait à Hong Kong, avait été de protester paisiblement contre la persécution du Falun Gong, en Chine.
Lavage de cerveau par un psychologue
Quelques jours après mon arrestation, une personne prétendant être "un professeur de psychologie" nommé M. Qiu est venu me visiter. Après m’avoir donné beaucoup de documentation de propagande diffamant le Falun Gong et son fondateur, M. Li Hongzhi, il a commencé à m’attaquer directement. Il a dit qu'il avait réussi à faire renoncer à la pratique du Falun Gong, beaucoup de pratiquants. Il disait croire que ceux qui refusent de renoncer à la pratique du Falun Gong ont tous un problème mental. Les plus sérieux ont été tous envoyés aux hôpitaux psychiatriques pour recevoir des traitements psychiatriques. J'ai été choquée. Je ne pouvais pas croire qu'il me dise cela de façon aussi directe. Je sais que beaucoup de pratiquants sont persécutés dans des hôpitaux psychiatriques mais je n'ai jamais pensé que cette cruelle réalité pourrait être, un jour, aussi près de moi. J'ai commencé à m'inquiéter qu'ils m'envoie dans un hôpital psychiatrique parce que je n'avais aucunement l'a intention de renoncer au Falun Gong.
Il est revenu encore une autre fois. Cette fois, il était même plus effronté. Il m'a conseillé de coopérer avec le gouvernement car sinon, je m'exposais à souffrir. Il a dit qu’il n’était pas impossible en Chine de créer de fausses allégations et de fausses accusations ; et que même le Maréchal He Long (un leader chinois célèbre) avait été envoyé directement en prison avec une fausse accusation et qu'il était mort là. Je savais qu'il était en train de m’intimider, mais j'étais quand même effrayée. Je savais clairement que ce qu’il disait était une réalité en Chine. Beaucoup de personnes innocentes avaient été faussement accusées et persécutées durement pour diverses raisons, durant les 50 ans passés, sous le régime communiste. Je craignais de rester ici et que personne ne sache jamais comment j'avais disparu ou ce qui m'était arrivé. À ce moment-là , je gardais à l'esprit une forte pensée que je devais survivre et faire connaître au monde cette vérité.
Surveillance à domicile
Le 12 juin, dans l’après-midi, les 3 personnes qui m'avaient interrogé sont venues pour me dire que je pouvais aller chez moi, mais sous conditions. J'ai dû signer un rapport sur tous les entretiens que j’avais passés et leur donner une empreinte digitale. Ils ont enregistré sur vidéocassette le processus tout en entier. Ils ont aussi emporté mon carnet d'adresses personnel et mon passeport avant de me laisser rentrer chez moi.
Ils m'ont clairement fait comprendre que j'étais toujours sous l'assignation à domicile.
Bien que j'ai été capable de demeurer avec mes parents du 12 au 18 juin, on m'a menacé si j'entrais en contact avec des gens au Canada. Ma vie quotidienne et toutes mes communications étaient sous la plus stricte surveillance. Ils ont téléphoné à la maison de mes parents chaque jour, pour s’enquérir sur moi. J'ai senti une énorme pression. Chaque fois que le téléphone sonnait, je devenais nerveuse craignant que cela puisse venir d'eux et inquiéter ma famille. Je voulais quitter la Chine aussitôt que possible, le pays que j'ai tant aimé.
Retour au Canada
Le 18 juin, je suis entrée en contact avec ceux qui étaient responsables de mon arrestation pour récupérer mon passeport et mon carnet d'adresses. Les 3 même personnes m'ont rencontrée dans un hôtel. Ils ont demandé que j'écrive une promesse de ne pas m'engager dans des activités qui vont à l’encontre du gouvernement chinois et du peuple chinois et une promesse de rapporter toute situation reliée au gouvernement chinois. Ce processus a été aussi enregistré sur vidéocassette. J’ai été aussi menacée que je pourrais m’attirer des ennuis au Canada si je mentionnais que c'était le Département de la Sécurité du gouvernement chinois qui était responsable de mon cas. En attendant, j'ai été avertie que ma vie et mes études au Canada pourraient être en danger si je parlais de ces choses et si je disais la vérité après mon retour au Canada. Ils ont peur que les gens sachent la vérité sur leurs agissements. Après cet épisode, mon carnet d'adresses m'a été rendu. Mon passeport, cependant m’a été donné seulement le jour suivant, quand j'ai quitté la Chine. Les gens qui m'ont arrêtée et qui m’ont interrogée sont du Ministère de la Sécurité Nationale, associé "au bureau 610", le bureau qui a été fondé particulièrement pour persécuter le Falun Gong et ses pratiquants.
Le 19 juin, quand je sui arrivée à Hong Kong, un officier de l'immigration m'a retenue de nouveau, à la douane, pendant 3 heures sans aucune explication, mais en faisant allusion que cela était relié à ma croyance. C’était tellement ridicule puisque le Falun Gong est légal à Hong Kong. Il n'y a aucun doute qu'ils ont compilé une liste noire des pratiquants du Falun Gong, à Hong Kong.
Je suis arrivée à Montréal le 21 juin tôt, le matin.
Quelques mots de mon cœur
Maintenant, je suis libre. Cependant, mon expérience en Chine ne sera pas oubliée. Chaque jour était plein de soucis et d'inquiétudes. De mon mieux, j'ai essayé de maintenir un cœur et un esprit paisible et calmer les inquiétudes de mes parents. Je suis si chanceuse d'avoir eu l'appui du peuple canadien et de mes amis. Cependant, je ne peux pas oublier les dizaines de milliers de pratiquants qui ne sont pas aussi chanceux et continuent à souffrir pour leur croyance. J'espère que mon expérience pourra leur donner une voix, laisser le Canada et le monde savoir que cette persécution brutale continue et augmente dans son intensité quotidiennement. Avant que je sois détenue, il y a un mois, le chiffre indiquant les pratiquants morts était de deux cents, aujourd'hui il y a 229 pratiquants que l’on sait, morts en détention policière. Cette expérience m'a montré juste un peu de ce que certains pratiquants ont passé à travers pendant les deux ans passés et je ne le souhaiterais à personne. Avec ma liberté et parce que je peux de nouveau m’exprimer, je me consacrerai entièrement à assurer la libération de tous les pratiquants du Falun Gong illégalement détenus et arrêtés en Chine. Je ne me reposerai pas avant qu'ils ne connaissent la liberté que je connais maintenant. De cette expérience, j'ai compris qu'une forte voix internationale pour la justice peut aider à mettre fin à cette persécution vicieuse. Travaillons ensembles et plus durement pour aider les autres pratiquants du Falun Gong en Chine et travaillons à une résolution paisible de cette crise de Droits de l'Homme.
Finalement, je vous ai exposé aujourd'hui tout ce que j'ai vécu en Chine. Moi et moi-seule, je suis responsable de toutes les informations et de tout ce qui a été dit. Cela n'a aucun rapport avec ma famille et mes parents en Chine. J’aimerais finir en m'adressant à ceux qui participent à cette persécution : le bon sera récompensé par le bon et le châtiment pour tout mauvais acte que vous faites viendra. Laissons l'histoire en juger.
Traduit de :
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