| Le Courrier de Genève: La Suisse condamne la persécution du Falun Gong en Chine Daniel Wermus Berne met le paquet sur la Chine pour promouvoir les droits de l?homme. Une piqûre de moustique ou des résultats concrets ? « La Suisse est très inquiète quant aux violations des droits de l?homme en Chine et la répression contre le Falun Gong », a déclaré hier à Berne un représentant du Département des Affaires étrangères (DFAE). Il venait de recevoir une délégation de l?Association suisse de Falun Gong (ASFG), dont plusieurs dizaines de membres sont venus à pied des quatre coins du pays. Cette marche dénonce les persécutions contre ce mouvement spirituel d?essence bouddhiste et taoïste, qui semblent avoir redoublé depuis que Pékin a obtenu les Jeux Olympiques 2008 le mois dernier : 268 morts à ce jour, plus 20'000 internés dans des goulags et des asiles psychiatriques, selon l?ASFG. Berne a d?ailleurs décidé de concentrer sur la Chine ses dialogues sur les droits de l?homme, qui s?adressaient jusqu?ici aussi au Maroc, au Pakistan, au Vietnam et à Cuba. Le petit budget annuel de 1,2 millions ne permet pas la dispersion. L?ambassadeur Peter Maurer, stratège de la politique suisse des droits de l?homme, compte se rendre à Pékin d?ici la fin de l?année. Son équipe promet de parler très franchement des Tibétains, des dissidents démocrates, des minorités religieuses et du Falun Gong, avec des cas concrets et un suivi. Le menu exact sera « consistant » mais reste confidentiel. La petite Suisse peut-elle faire mieux qu?une piqûre de moustique au mastodonte chinois? « Nous sommes les premiers à avoir, en 1991, renoué le dialogue avec Pékin, après les événements de la Place Tienanmen, explique un autre diplomate. Nous sommes écoutés même si l?impact est difficilement mesurable à court terme. Mais ne rien faire serait encore pire ». Berne a également initié une concertation avec d?autres pays occidentaux en vue de se répartir les dossiers et d?échanger les bonnes idées. La diplomatie helvétique ne craint pas que sa franchise entraîne des représailles économiques. Au contraire le dialogue sur les droits de l?homme n?empêche pas les bonnes affaires entre les deux pays. Une femme tuée avec son bébé de huit mois, 18 pratiquantes déshabillées et jetées dans une cellules de criminels, une autre brûlée vive, victimes traînées en moto jusqu?à ce que mort s?en suive. Tels sont les témoignages récents enregistrés par les organisations humanitaires. Maintenant, les exécutions, maquillées en « suicides » deviennent collectives : 15 dans le camp de Wanjia, 10 dans celui de Changlinzi. Quant au goulag de Masanjia, décrit comme un enfer sur terre par un rescapé, 130 détenus font la grève de la faim parce que leur séjour a été prolongé sans motif. L?ASFG demande au Conseil fédéral d?intervenir d?urgence pour sauver des vies. Dans un communiqué, l?ambassade chinoise à Berne qualifie le Falun Gong de « secte hérétique et dangereuse », dont le « gourou » Li Hongzhi annoncerait la fin du monde et exercerait un contrôle absolu sur ses « adeptes ». La Chine ne fait que « condamner une poignée d?adeptes ayant violé la loi » et éduquer le reste » à réintégrer une « vie normale ». L?ambassade met en garde les Suisses contre le Falun Gong, « pour la protection des droits de vie, du bonheur familial, mais aussi des relations entre la Chine et la Suisse ». Ni les autorités ni la population ne semblent voir les choses ainsi, car le Falun Gong n?a donné lieu à aucune plainte dans les 40 autres pays où il est pratiqué. En Suisse, 27'000 personnes ont signé une pétition contre sa répression en Chine. Les marcheurs partis de Genève ont reçu une semaine durant à boire et à manger, ainsi que des messages d?encouragement de politiciens romands, comme les conseillers nationaux genevois Liliane Maury-Pasquier et Patrice Mugny. Ils ont été entendus par les municipalités de Morges et de Lausanne, puis accueillis chaleureusement par le syndic de Fribourg Dominique Debuman et la conseillère d?Etat Ruth Luthi. Quant au député radical genevois Thomas Buchi, chef d?un bureau d?ingénieurs, il a carrément expérimenté les exercices du Falun Gong : « C?est une méthode extraordinaire de travail sur soi, qui permet un mieux-être exceptionnel, a-t-il déclaré devant la Place fédérale. Ce n?est ni une secte ni une religion, mais un moyen de devenir meilleur. C?est un flux d?énergie qui m?a permis d?être plus présent, plus centré dans ce que je fais. Réprimer cette méthode totalement pacifique est un scandale. La Suisse doit intervenir pour que cela cesse ! »
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