Tribune de Genève
: Le FALUN GONG, risque ou chance pour la chine ?
Lundi 25 Novembre 2002
Texte/Marie-Paule Blanchard -Queloz députée, Grand Conseil Genève.
Le comité central du Parti communiste chinois à réelu son bureau politique
qui sera dirigé par le nouveau secrétaire général succédant à Jiang
Zemin. Chargé de poursuivre les réformes économiques,ce remaniement
politique est est-il un espoir de démocratisation ou un renforcement
de l'ordre sous la main de fer du parti?
La Chine, avec 1,2 milliard d'habitants, aux traditions profondément ancrées,
livrée à la frénesie capitaliste dans une dictature communiste vit une époque de transition donc de risque
de déstabilisation.
C'est dans ce contexte de tensions exacerbées que c'est développé dès
1992 le Falun Gong, méthode de qigong (exercice d'énergie) profondément
ancrée dans la tradition chinoise qui est composée d'exercices lents
et harmonieux, accessibles à tous, et qui demande d'appliquer dans la
vie quotidienne les principes universels de vérité(être vrai, authentique),
bienveillance(compassion) et tolérance(patience et endurance)c'est-à-dire
cultiver la "qualité de son coeur". Le Gouvernement chinois
a soutenu et même encouragé cette méthode à ses débuts constantant que
ceux qui la pratiquent se montrent altruistes et déseintéressés, ce
qui ne nécessite pas d'appareil policier pour surveiller leurs réunions
pacifiques. En 1999, une enquête officielle révèle plus de 70 à 100
millions de pratiquants toutes catégories sociales confondues. Le nombre
fait alors peur aux dirigeants qui brandissent le spectre de la déviation
et du danger de déstabilisation pour justifier la répression sanglante
qui devient dès lors une priorité. A ce jour des milliers de Chinois,
hommes,femmes,enfants ont été victimes de presécutions, d'arrestations,
de tortures, d'autres traitements cruels, de procédures sommaires, voire
d'exécutions capitales au mépris des Conventions internationales.
Après avoir écrasé les membres des associations, des syndicats, des
minorités religieuses, la dictature élimine physiquement ce qu'elle
ne peut contrôler: elle s'en prend à 100 millions de personnes qui affirment
trouver le bien-être et la sérénité en essayant d'élargir leur conscience.
Sont-ils manipulés? D'après de nombreux observateurs avertis comme le
journaliste américain Danny Schechter ou le dissident syndicaliste Harry
Wu, on a affaire à des gens qui choisissent librement cette voie et
la suivent individuellement, sans contrôle ni contrainte. Il s'ait,
semble-t-il, d'un phénomène à la fois nouveau et massif: en changeant
l'humain à l'intérieur, la vision du monde change,l'action dans la vie
quotidienne change, le monde change.
Quoi qu'il en soit et quelle que soit la ligne choisie par la nouvelle
direction du parti, vouloir éradiquer le Falun Gong est complètement
absurde. C'est perdu d'avance. La liberté intérieure ne peut être tuée
même par la plus puissante machine de répression. Dès lors pourquoi
ne pas tenter le pari: transformer cette force intérieure et cette détermination
de millions de gens en chance pour l'avenir de ce pays pris dans la
tourmente "d'ouverture au marché capitaliste mondiale"qui
comporte un prix social et un danger énorme. Cent millions de personnes,
presque 10% de la population chinoise, peuvent constituer un facteur
de stabilité intérieure fase à la frénesie commerciale et aux enjeux
financiers gigantesques qu'attise ce pays.
C'est dans ce même esprit d'appel et d'ouverture que l'on peut comprendre
le vote de la Résolution par le Grand Conseil de la République et canton
de Genève d'octobre dernier, déplorant la "violation des droits
de l'homme en Chine, entre autres sur les pratiquants du Falun Gong",
et qui invite les autorités suisses à poursuivre le dialogue. La ville
internationale des droits de l'homme envoie un signal clair à la Chine
pour qu'elle saisisse la chance que le développement économique puisse
aller de pair avec les respect des droits de l'homme et de l'ouverture
à la diversité de peuple chinois.