Marie-Claude Girard
La Presse
Jinyu li attend depuis plus de deux ans la libération de son mari
détenu en Chine pour avoir pratiqué le Falun Gong. Le 23 janvier
prochain, elle pourrait le voir et lui parler pour la première fois
depuis décembre 1999.
Les autorités
chinoises devraient libérer ShenLi Lin du camp de travail où
il est détenu, mais elles peuvent aussi prolonger son emprisonnement.
En juillet dernier, il devait être libéré, mais sa détention
avait plutôt été prolongée de six mois, sans explication.
Cette échéance arrive donc à terme la semaine prochaine
et Mme Li espère revoir son mari. «Je n'ai pas eu
de nouvelles depuis six mois. Je sais seulement qu'ils le font travailler
très dur», raconte-t-elle. Mme Li obtient parfois des
bribes de nouvelles par l'entremise de sa famille restée là-bas.
Au cours d'une conférence de presse tenue hier, les représentants
du mouvement Falun Gong, Mme Li et Amnistie internationale
ont demandé que M. Lin soit relâché. «Le gouvernement chinois
n'a aucune raison pour le détenir plus longtemps», a dit Yumin
Yang, représentant de Falun Gong.
Le Falun Gong ou Falun Dafa est une philosophie issue de l'école
de Bouddha, assortie d'exercices visant à recentrer le corps
et l'esprit.
Aujourd'hui, le mouvement Falun Gong compte plus de 100 millions d'adeptes
selon leurs évaluations. Cette pratique a toutefois été
mise hors la loi en juillet 1999, trois mois après une manifestation
silencieuse à Pékin devant le siège du régime communiste,
qui l'a accusé de vouloir renverser le pouvoir.
Les problèmes du couple ont pour leur part débuté le 22
décembre 1999, neuf mois seulement après leur mariage. ShenLi
Lin et Jinyu Li ont décidé de se rendre à des bureaux gouvernementaux
à Pékin pour «demander la fin de la persécution envers
les adeptes de Falun Gong». «Alors que nous attendions en ligne, ils ont
demandé aux personnes venues pour représenter Falun Gong de
se rendre dans une pièce. Nous sommes entrés et nous avons aussitôt
perdu toute liberté», dit Mme Li. Étant donné
qu'elle possède la citoyenneté canadienne, Mme
Li est alors expulsée vers le Canada, mais son mari, en attente d'un
visa, est envoyé au camp de Dafeng.
De retour à Montréal, où elle vit depuis 1990, Mme
Li a mis tous ses efforts pour obtenir la libération de son mari.
Elle a envoyé des centaines de lettres et sollicité l'aide
du gouvernement canadien. Elle a d'ailleurs obtenu les appuis des
députés libéraux de Mont-Royal, Irwin Cotler, et d'Anjou
Rivière-des-Prairies, Yvon Charbonneau.
Plusieurs adeptes de Falun Gong possédant la citoyenneté canadienne
ont connu des problèmes semblables. Ying Zhu, qui étudie à
l'Université Concordia, a été gardée prisonnière
pendant un mois alors qu'elle visitait sa famille en mai dernier.
Selon Yumin Yang, la persécution envers les adeptes de Falun Gong
s'est intensifiée ces derniers mois. Environ 25 personnes sont
mortes dans des camps de travail selon le représentant de Falun Gong.
Jusqu'à maintenant, près de 350 membres de Falun Gong ont
trouvé la mort en Chine et plus de 10 000 d'entre
eux ont été arrêtés jusqu'à maintenant.
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