Des médecins et des membres du Parti indique qu'il y a beaucoup plus de cas que ce que le gouvernement admet

PAR SUSAN JAKES/BEIJING mardi 8 avril

GUANG NIU/REUTERS

Un couple masqué passe devant une affiche à Beijing. Combien de cas ont-ils été dissimulés ?

Le docteur, Jiang Yanyong, 71 ans, dit  au Time aujourd'hui qu'il a écrit ce rapport parce qu'il estime que "ne pas donner des statistiques précises au sujet de la maladie ne peut que mener à plus de décès." M. Jiang indique que le personnel médical dans les hôpitaux militaires de Beijing ont reçu des instructions au sujet des dangers de SARS au début du congrès national du peuple, début mars, mais a été averti de ne pas publiciser ceci de peur d'interférer avec la réunion annuelle du corps législatif chinois. Ceci a été confirmé par un autre médecin d'un hôpital de Beijing. Après la déclaration télévisée de Zhang Wenkang la semaine dernière, M. Jiang indique avoir parlé aux médecins et aux infirmières de trois hôpitaux militaires de Beijing qui ont exprimé leur surprise et leur colère face aux paroles du ministre. Aujourd'hui, Jiang indique que les médecins de l'hôpital ALP 309 de Beijing lui ont dit traiter 60 patients de SARS et que sept patients étaient déjà morts. Un responsable de l'hôpital numéro 309 contacté pour lui demander un commentaire a dit ce soir "ne pas être clair à ce sujet" et a refusé de fournir des informations au sujet des patients de SARS à l'hôpital.

Ce qui suit sont des extraits traduits du rapport de Jiang:

"Le 3 avril, le ministre de la santé chinois a annoncé que le gouvernement chinois traitait diligemment le problème de SARS, et que la diffusion de la maladie était déjà sous contrôle. Il a dit que Beijing avait eu 12 cas de SARS et que trois étaient morts de la maladie. Je ne pouvais pas croire ce que j'entendais. Le jour suivant quand je suis allé à l'hôpital tous les médecins et les infirmières qui avaient vu l'intervention télévisée de Zhang étaient furieux. En tant que docteur qui s'inquiète des vies et de la santé des personnes, j'ai une responsabilité de faciliter des efforts internationaux et locaux pour empêcher la diffusion de SARS.

Voici ce que j'ai appris de mes collègues:

Au moment de l'ouverture du congrès des représentants nationaux et de la conférence consultative politique, l'hôpital numéro 301 de Beijing a admis un vieil homme. Il était très malade et pensait souffrir probablement de SARS. Il a été donc envoyé à l'hôpital numéro 302 de Beijing (un hôpital pour les maladies infectieuses) pour y être soigné. À ce moment-là les médecins à l'hôpital numéro 302 n'avaient pas d'expérience de cette maladie. En le soignant 10 médecins et infirmières ont été atteints de SARS. Le vieil homme était très malade et est mort deux jours après être entré à l'hôpital. Son épouse a été admise peu après et également morte. Seulement à ce moment des responsables du ministère de la santé ont convoqué une réunion des chefs d'hôpitaux pour les informer que Beijing avait maintenant eu des cas de cette maladie, mais qu'afin d'assurer la stabilité pendant les deux assemblées législatives annuelles, le personnel hospitalier avait l'interdiction de parler de ce qu'ils savaient au sujet de SARS.

Ce jour après avoir écouté l'intervention du ministre, j'ai téléphoné à des collègues à l'hôpital numéro 309 de l'armée de libération. Ils avaient également vu les nouvelles et disaient que l'annonce de Zhang était indigne. En date d'hier leur hôpital (que le département général de logistique de ALP avait indiqué comme hôpital principal pour SARS) avait déjà admis 60 patients de SARS dont 7 étaient morts. Puisque le numéro 309 est déjà plein, le département général de logistique de ALP a redemandé à l'hôpital numéro 302 d'admettre plus de patients. Le 6 avril l'hôpital numéro 302 a admis cinq patients sévèrement malades de la police armée."

Traduit en France le 15 avril 2003

original : http://www.time.com/time/asia/news/daily/0,9754,441615,00.html