Le maniement maladroit de la crise du SRAS à Beijing démontre pourquoi une réforme démocratique est un question de vie et de mort
Le 18 avril 2003
China Journal
By Mark Clifford
Bien sûr, SRAS est un microbe dangereux. Je ne panique pas, mais puisque je suis un résident de Hong Kong, je mentirais si je disais que je n’étais pas sérieusement inquiet au sujet de cette maladie. C’est un microbe qui se déplace et tue de façon bizarre. Cependant, le problème est définitivement hors des proportions des dommage que SRAS a causé. Maintenant les autorités de plusieurs endroits surveillent étroitement les voyageurs par avion et il se répand lentement.
Alors, pourquoi toute cette peur ? Est-ce tout simplement le sensationnalisme des médias provoquant l’hystérie de la population que l’Asie a apporté l' Armageddon ? Je ne crois pas. Personne ne veut parler de ce qui est derrière cette peur : la Chine. SRAS a mis à nues certaines vérités horribles au sujet d’un pays dont le monde entier veut désespérément voir réussir.
NOUVEAU MONDE, ANCIENNES ATTITUDES. Il est vrai que la Chine a complètement changée depuis le dernier quart de siècle. Ses gratte-ciel modernes, manufactures immaculées, et une population bien éduquée de plus en plus internationale représentent un volte-face aux jours austères de Mao Zedong. Mais les changements ont été dans l’économie et dans la société. Les attitudes des représentants gouvernementaux de la Chine n’ont pas changées.
La plupart du temps, cette attitude impérieuse n’est pas un problème. Bien sûr, c’est un embêtement pour tout le monde, des intellectuels aux hommes d’affaires, lorsqu’ils se heurtent aux côtés durs de l’état Chinois. Et pour les dissidents, les opprimés, ou quiconque qui se trouvent dans la mauvaise manche de l’État, l’expérience peut être plus qu’un petit embêtement. Mais à mesure que le secteur privé a pris de l’ampleur, l’importance de cette structure gouvernementale à l’ancienne mode avait de moins en moins d’importance. Où il semblait en être ainsi.
Je suis désolé de dire que les gens d’affaires ont encouragé ceci. Trop d’entre eux ont dit que la Chine ne pouvait pas s’offrir la démocratie à ce moment-ci. Ils disaient que la Chine deviendrait une démocratie un jour, dans quelques décennies, comme si la démocratie était un bouton électrique qu’on peut simplement allumer – et éteindre au bon plaisir des autorités. Et les apologistes de la Chine ont dit que la démocratie n’est pas importante pour les affaires – ou les Chinois – de toute façon. La démocratie est l’un de ses luxes occidentaux dont la Chine peut se passer. C’est un obstacle au développement qui introduit des inefficacités.
Une crise de crédibilité : Les entrepreneurs Chinois à l’étranger qui retournent au pays pour faire affaires ont été particulièrement bruyants en disant que les Occidentaux ne comprennent tout simplement pas l’Asie. (Ça m’a fait me demander ce qu’ils savaient de l’Asie – des difficultés des gens de la Corée du Sud, de la Thaïlande, de l’Indonésie, de la Malaisie et même de leurs compatriotes Chinois à Taiwan pour plus d’ouverture, de Gouvernements sensibles. Les gens d’affaires impatients pour une tranche de l’une des économies mondiales rapidement grandissante pourraient ignorer ce qui arrive.
Maintenant, tout le monde peut voir que la démocratie n’est pas un luxe. Ils peuvent voir que l’autoritarisme ne garanti même pas la stabilité. Un Gouvernement qui cache l’information non seulement tue ses citoyens – et aussi ceux des autres pays – mais répand la panique et l’incrédulité en même temps que sa crédibilité diminue.
Peut-être que la plupart des Chinois croient encore en leur Gouvernement. Je ne peux pas parler pour eux. Mais je sais que la réponse maladroite face au SRAS a fait que plusieurs gens autour du monde, spécialement dans le secteur de la santé publique et de la gérance des situations d’urgence, ont repensé la Chine. Ils se demandent à quel point elle a évolué dans le dernier quart de siècle depuis que Deng Xiaoping démarra le processus de la réforme. Ils réalisent qu’après presque 14 ans d’économie époustouflante et de changements sociaux depuis le massacre à la Place Tian-An-Men en 1989, les politiques du Royaume du milieu n’ont quasiment pas changées. Ils voient que la Chine n’a pas de stratégie de transformation lorsqu’il est question de son développement politique.
LE TCHERNOBYL DE LA CHINE ? Et, en plus, ils craignent que cette politique arriérée leur fera du tort. Alors ils ont décidé que la Chine est coupable à moins d’être prouvée innocente. Ceci n’est peut-être pas juste. Mais si la Chine veut que la situation change, elle doit apprendre des leçons dans la gérance d’une crise. Leçon numéro 1 est que les États modernes du 21e siècle doivent être ouverts et transparents. Si vous ne savez pas, dites-le. La seule façon de rétablir la crédibilité est de convaincre les gens que vous n’avez rien à cacher.
L’intellectuel Chinois Richard Baum dit que le SRAS peut finir comme un Chernobyl de la Chine. Lorsque ce désastre nucléaire s’est passé, les autorités soviétiques ont essayé de l’étouffer. Mais à mesure que les nuages de gaz radioactifs balayaient l’Europe, la pression montait pour la vérité. Éventuellement, Mikhaïl Gorbachev a vu que le futur de l’Union Soviétique aux vues étroites pourrait être lamentable si on n’y apportait pas des changements. Il a commencé un processus politique de « glasnost »(*) qui a ouvert la société soviétique.
Baum ne prédît pas que la Chine suivra le même chemin que la Russie. Moi non plus. Mais je sais que l’importance du SRAS va beaucoup plus loin que le bilan humain et économique que la maladie a coûté.
Clifford est le chef du Bureau du Business Week à Hong Kong.
(*) glasnost: (mot russe, publicité) Hist. En U.R.S.S., politique de transparence de la vie publique accompagnant le changement d'orientation (perestroika) conduit par Mikkail Gorbatchev.
http://www.businessweek.com/bwdaily/dnflash/apr2003/nf20030418_4543.html
Date d’affichage : 23/4/2003
Date originale de l’article : 23/4/2003
Catégorie : Nouvelles et Rapports de Media
Traduit au Canada le 24/4/2003
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