(Minghui.org) Remarques de l'éditeur : Guo Jufeng est arrivé en Allemagne en 2008. Il était ingénieur dans la ville de Dalian, province du Liaoning, et a été arrêté quatre fois en Chine pour sa pratique du Falun Gong. Lors de sa plus récente détention, il a été transféré dans trois camps de travail et soumis à plus de 30 types de torture mentale et physique.
Douze pratiquants qu’il connaissait ont perdu la vie suite à la persécution. Parmi eux, sept étaient de la ville de Dalian et cinq avaient moins de 18 ans. Mme Wang Qiuxia, M. Wang Zhehao et M. Guo fréquentaient le même site de pratique des exercices dans le district de Shahekou dans la ville de Dalian. Avant le début de la persécution en 1999, il y avait plus de 300 personnes fréquentant le même site de pratique. Mme Wang a été battue à mort au camp de travail de Dalian pour avoir refusé de renoncer à sa croyance en Authenticité-Bienveillance-Tolérance. M. Wang a été battu si gravement au camp de travail Huludao que son visage était couvert de sang. Il est décédé suite à la persécution après avoir été transféré dans deux camps de travail. M. Wang n’avait que 27 ans.
M. Cao Yuqiang et M. Guo ont été transférés ensemble dans trois camps de travail. Ils ont été libérés après avoir fait ensemble une grève de la faim. Plus tard M. Cao a été de nouveau arrêté et battu à mort.
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Après avoir lu l’article « Un appel à l'aide venant d’un camp de travaux forcés en Chine pousse à une enquête du gouvernement américain » (http://fr.minghui.org/articles/2013/1/5/41791.html) sur Minghui, j’ai été à la fois choqué et touché. J’ai été touché par le courage de l’auteur et par le fait que cette lettre avait traversé de nombreuses grilles de fer et points de contrôle avant de finir par atterrir chez une personne bienveillante. Que serait-il arrivé si cette lettre avait été perdue durant son acheminement ? Et si elle n’avait pas été découverte par l’acheteur ? Et si elle avait été découverte par une personne indifférente ? Toutefois rien de tout cela n’est arrivé. La lettre était vraiment bénie par les bouddhas et les divinités !
Maintenant, à part lire la lettre, on ne peut imaginer comment l'auteur a pu écrire cette lettre et quel était son environnement. Que pouvons-nous faire pour cette précieuse lettre de clarification de la vérité ? Cela me fait penser à l'époque où j'ai été détenu dans un camp de travail et où j’ai moi aussi réussi à envoyer une lettre de clarification de la vérité hors du camp. Peut-être que mon expérience personnelle aidera Mme Julie Keith et d'autres personnes intéressées à mieux comprendre l’environnement à l'intérieur des camps de travail et la difficulté d'envoyer des lettres de clarification de la vérité à l'extérieur. J'espère que mon expérience personnelle pourra compléter le contexte de la lettre découverte.
La difficulté d’échanger et d’organiser l'information
Je suis de la même province que l’auteur, la province du Liaoning. Il y a douze ans, j’ai été condamné à deux ans et demi de camp de travail sans procédure ni représentation légales. J’ai été illégalement détenu dans le camp de travail de la ville de Huludao dans la province du Liaoning. C’était ma troisième détention dans un camp. Mon compagnon de détention était M. Cao Yuqiang qui a été plus tard persécuté à mort.
Nous restions enfermés dans une cellule tous les jours. D’autres pratiquants de Falun Gong étaient détenus au même étage, mais nous étions isolés d’eux. Deux prisonniers nous surveillaient 24 heures sur 24. Je me trouvais dans la première salle du côté droit du bâtiment et devais traverser tout le couloir pour aller aux toilettes Il y avait des caméras de surveillance au plafond du couloir. On nous surveillait même quand nous nous brossions les dents, nous lavions le visage ou allions aux toilettes. Les prisonniers nous suivaient de près. On ne nous autorisait aucun contact avec d’autres pratiquants de Falun Gong, ni conversations ni visites à d’autres cellules. Nous devions prendre nos repas dans nos propres cellules.
À mon arrivée j’ai échangé des informations avec M. Cao. Étant sous stricte surveillance nous n’étions pas autorisés à parler librement même si nous partagions la même cellule. Toute conversation liée au Falun Gong était interdite. L’échange d’information a pris beaucoup de temps et nous l’avons fait petit à petit.
Certaines informations que nous avons échangées étaient sur la persécution que nous avions subie dans un camp de travail où nous avions tous les deux été détenus, le camp de travail de Guanshanzi dans la province du Liaoning. Il y a deux niveaux de camp de travail dans la province du Liaoning. L‘un est le camp de travail Masanjia qui est mentionné dans la lettre de clarification de la vérité. Y sont détenues en particulier des pratiquantes de Falun Gong. L’autre est le camp de travail de Guanshanzi où sont détenus principalement des pratiquants de Falun Gong. La caractéristique commune de ces deux camps est que les gardiens torturent les pratiquants de Falun Gong et les soumettent au travail d’esclave.
Début août 2001, vingt pratiquants de Falun Gong, dont M. Cao et moi, avons été secrètement transférés du camp de travail de la ville de Dalian au camp de travail de Guanshanzi. À partir du quatrième jour, nous avons été torturés à tour de rôle. Nous avons été enfermés dans de petites cellules et forcés à faire du travail d’esclave dans un champ de pierres ou de briques.
M. Cao et moi étions les seuls à avoir été transférés hors du camp de travail de Guanshanzi. Nous étions alors détenus dans la même cellule du camp de travail de Hululao et il a partagé avec moi ce qu’il savait. Alors que nous partagions de plus en plus, il m’a parlé des expériences d’autres pratiquants persécutés. Nous avons eu une idée courageuse. Nous chercherions des occasions de révéler la vérité de la persécution. À cette époque cela nous paraissait être comme un conte de fées.
La première difficulté est que nous n’avions ni feuille ni stylo. L’information que m’avait donnée M. Cao était très importante. Je ne pouvais pas librement communiquer avec lui à cause de la surveillance des prisonniers. Je devais donc mémoriser toutes les informations qu’il me donnait d'un trait, car la possibilité de pouvoir nous reparler à nouveau était mince. Lorsque l'information qu'il a partagée avec moi à propos d'autres pratiquants persécutés a dépassé cinq pratiquants de Falun Gong, mon cerveau s’est senti un peu surchargé. J'avais besoin de m'assurer que je n'allais pas confondre les informations des différentes victimes: Quand l'un avait été enfermé dans une petite cellule ? Combien de fois ? Pour combien de temps ?
Je répétais ces informations chaque jour afin de les mémoriser. Je me demandais si notre idée allait réussir ou pas, je me concentrais simplement sur ce que je devais faire et attendais les occasions. Je me suis fermement tenu à un ancien proverbe chinois « La foi peut déplacer des montagnes. »
Un stylo sort de nulle part
Tout à coup, M. Cao m’a dit avoir trouvé un stylo. J’étais très heureux. Je pleurais presque. Cependant, je ne pouvais montrer ma joie, même par un sourire. Nous appelions cela un stylo, mais en réalité, il s’agissait juste de la partie centrale d’un stylo. J’ai admiré sa persistance. Je n’ai pas eu l’opportunité de découvrir comment il avait obtenu le stylo. Peut-être l'avait-il acquis entier mais avait dû jeter le reste.
Avec le stylo, notre plan est passé à une autre étape. Même si la partie centrale du stylo n’était pas pratique, c'était suffisant. Je remerciais profondément les divinités pour cette faveur. Si l’encre dans le cœur du stylo n'allait pas suffire à écrire le texte entier, ce serait une telle perte ! Mais cela ne s'est pas produit.
J’ai réparti l’information et organisé un brouillon dans mon esprit. Nous avions un stylo, mais qu’en était-il du papier ? J’ai soudain pensé au papier toilette. Même s’il était très mou, cela pourrait aller. Quand devrais-je écrire ? Bien entendu, pas dans la journée. La lumière était toujours allumée durant la nuit. Les prisonniers de service allaient et venaient toute la nuit. Le meilleur moment était de minuit aux premières heures du matin. Bien que je ne pourrais pas dormir, le sacrifice n'était rien comparé à la satisfaction de diffuser la vérité !
Je me suis encouragé et j'ai réprimé mes peurs et inquiétudes. Aucune pensée négative ne me ferait abandonner : « Est-ce que cela fonctionnera ? Une fois que je l’aurais écrit, cela pourrait ne même pas atteindre le monde extérieur. Pourrais-je faire face à la torture si je suis découvert ? Des prisonniers connaissent-ils mon plan ? Attendent-ils simplement de m’attraper dès que je vais mettre mon plan à exécution ? »
Je n'ai donné aucune énergie à de ces mauvaises pensées. Lorsqu’elles émergeaient dans mon cerveau, je ne les entretenais pas et les purgeais immédiatement.
Pas de sommeil, cette nuit-là
Les scènes qui ont suivi étaient pleines de ce type de conflit et d’anxiété que la plupart des gens ne peuvent imaginer apparaître que dans les films. Cependant, je n’avais pas ce type de soulagement parce que ce n’était pas un film. Si mon plan était découvert, les matraques électriques et autres tortures seraient véritablement utilisées sur moi.
Cette nuit-là, même les yeux fermés, je finalisais l’article dans mon esprit. Je ne pouvais montrer aucune différence dans mon comportement habituel. Je ne pouvais pas bouger dans le lit. Je devais aussi connaître les habitudes du prisonnier de service, comme quand il serait loin ou près et combien de temps lui faudrait-il pour revenir près de moi.
Après minuit, c'était très calme. J'ai pris avec beaucoup de soins le stylo et le papier. J'ai demandé d’abord la bénédiction des divinités et des bouddhas, puis j'ai commencé à écrire. Je tirais la couverture sur ma bouche. La couverture ne pouvait pas me couvrir les yeux parce que mes yeux et mes oreilles étaient nécessaires pour observer les prisonniers de service. Si je tirais la couverture au-dessus de mes yeux, les prisonniers seraient soupçonneux. De plus, j’avais besoin de la lumière dans la pièce de façon à pouvoir écrire sous la couverture.
Lorsque les prisonniers de service faisaient demi-tour pour s’éloigner de moi, je pouvais bouger un petit peu et créer un petit espace sous la couverture. Je ne pouvais même pas ouvrir mes yeux en écrivant. La taille des caractères ne pouvait pas être trop grosse. Lorsque les prisonniers de service se tournaient et commençaient à marcher vers moi, je devais cesser d’écrire de façon à avoir suffisamment de temps pour réagir si l'un d’entre eux venait vers moi. Par exemple, je pouvais avaler le papier et jeter le cœur du stylo. Mon esprit était fortement concentré et en alerte en permanence.
Finalement, j’ai fini d’écrire la lettre. Elle faisait plus de 2800 caractères chinois de long.
Le choix du moment était crucial
L’article était fini. Cependant,je ne pouvais pas le mettre dans ma poche. Les cellules étaient aussi soumises à des fouilles intempestives. Je devais donc bien le cacher.
Un jour, la famille d’un prisonnier est venue lui rendre visite. Emprisonné pour vol, il est venu me poser une question. J’étais nerveux et devais prendre une décision difficile en un temps extrêmement court.
Il m’a demandé calmement : « As-tu besoin d’aide de ma part ? » Je me suis dit : « Essaie-t-il de m’aider ou d’obtenir ma lettre et me dénoncer à la police ? À quel point puis-je croire un voleur ? S’il souhaite vraiment m’aider, en a-t-il même la capacité ? » Sa famille l’attendait dans la salle des visites. Je devais lui donner mon article avant qu’il ne les voit. J’ai réfléchi un instant et lui ai présenté ma requête : « Je dois aller aux toilettes. »
En nous dirigeant vers les toilettes, je continuais à me demander si je devais ou non lui donner la lettre. J’ai pensé : « Maintenant que l’article a été écrit, il doit être envoyé d’une façon ou d’une autre. Je dois saisir l’opportunité maintenant qu’elle s’est présentée. »
Arrivés aux toilettes, j’ai demandé au prisonnier : « Peux tu me donner ton étui à cigarettes ? » Il me l’a tendu. J’ai pris la lettre et l’ai placée dans l’étui. Je lui ai demandé : « Envoie ceci à l’adresse écrite là. Merci. » Après quoi, le prisonnier m’a renvoyé à ma cellule et est allé retrouver sa famille.
Les quelques jours qui ont suivi, j’étais sur des charbons ardents. Je ne savais pas où la lettre était allée. Je pensais souvent : « Si un groupe de gardes se précipite dans ma cellule, que devrai-je faire ? » La pensée érodait mon esprit et me plongeait dans un océan d’obscurité, profond et suffoquant. Je me suis rappelé la signification de la lettre et pourquoi je l’avais écrite.
La lettre a finalement été reçue par mon ami. Il a été bouleversé, a mis l’information en forme et l’a envoyée au site Minghui. L’article « » a été publié le 18 mai 2002. J’en étais alors à mon cinquième jour de grève de la faim. 24 heures plus tard, j’ai été libéré sans conditions.
Ça ne réussit pas à chaque fois
Les tentatives de faire sortir l’information de la prison ou des camps de travail ne réussissent pas toujours. Un pratiquant de Falun Gong qui avait été détenu pendant cinq ans dans la prison de Huazi de la ville de Liaoyang, dans la province du Liaoning, m’a dit : « Une fois, un prisonnier devait être libéré, à la demande d’un pratiquant de Falun Gong, il a caché la lettre sur lui pour la sortir de la prison. Avant qu’il ait pu sortir, la lettre a été découverte lors de la fouille finale. Ce prisonnier a été renvoyé en prison pour un an supplémentaire. »
Le monde extérieur connaît aujourd’hui toutes sortes de produits venant des travaux forcés. Un prisonnière une fois détenue dans la prison pour femmes de Shanghai m’a dit qu’elle avait fabriqué des dizaines de milliers de drapeaux nationaux britanniques. On disait qu’ils devaient servir pour l’anniversaire de la Reine.
La mère d’un de mes amis est actuellement détenue dans le deuxième pavillon du camp de travaux forcés numéro 1 de la province du Shandong. Il y a plus de 50 travailleuses forcées et deux chaînes d’assemblage. Elles ont travaillé sur entre 5000 et 6000 récipients de pêche, et entre 15 et 18heures par jour. Les navires de pêche appartiennent aux Pêcheries Weihai Guangwei de la province du Shandong. C’est une filiale du Groupe Weihai Guangwei de la province du Shandong. Leurs produits s’exportent dans plus de 70 pays du monde.
Le camp ne rétribue pas le travail du tout. Un travail aussi intensif se monterait à 300 000 yuans chinois (~48,142 USD) par mois en supposant que chaque individu reçoivent 200 yuans (~32 USD) par jour pour les 50 personnes travaillant sur ces deux chaînes d’assemblage. Les camps de travail n’ont pas de coûts de salaires du tout. De tels camps ne font que des profits illégaux.
La première fois que les gens ont appris la vérité des camps de concentration nazis en Allemagne, beaucoup ont trouvé ça difficile à croire. Mais la vérité a bouleversé chacun. Le journal d’Anne Franck est considéré comme un des livres les plus importants du 20e siècle parce qu’il rend compte des histoires réelles de la vie quotidienne de la famille d’Anne durant les deux ans qu’elle a passés dans une chambre secrète à Amsterdam pour éviter l’arrestation.
Des scènes aussi horribles ont lieu chaque jour en Chine. Des dizaines de millions de pratiquants de Falun Gong sont soumis aux travaux forcés et même aux prélèvements d’organes à vif. Cela défie le seuil limite de la moralité humaine. Cependant, nous avons encore de bonnes personnes dans le monde et nous devrions nous unir pour résister et éliminer l’érosion des valeurs fondamentales de notre humanité.
Traduit de l'anglais en Europe
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