Article initialement publié en chinois et en anglais en 2000

Pékin, 6 février (AFP) – La Chine a emprisonné pour douze ans l'organisateur d'une conférence de presse clandestine sur le Falun Gong tenue sous le nez de Pékin, a déclaré le groupe dimanche, un jour après avoir organisé une autre manifestation sur la place Tiananmen.

Jiang Zhaohui, 35 ans, a été secrètement condamné par un tribunal de Pékin après avoir été arrêté le 22 novembre, moins d'un mois après la conférence de presse, a déclaré Mme Chen Dan, membre du groupe, à l'AFP par téléphone depuis les États-Unis.

« La plupart des autres membres du groupe qui ont participé à la conférence de presse ont également été arrêtés », a-t-elle dit.« Nous avons entendu parler de la peine par deux pratiquants à Pékin qui ont été interrogés par la police qui leur en a accidentellement parlé. »

Mais elle a ajouté qu'elle n'avait pas été en mesure de confirmer l'information et ne savait pas quand il avait été jugé.

« Un autre membre du Falun Gong, Mme Gu Linna, qui a également joué un rôle actif dans l'organisation de la conférence de presse a été arrêté en même temps que 15 autres personnes alors qu'ils préparaient une réunion dans le sud de Guangzhou », a dit Mme Chen.

Jiang, ancien directeur d'une société d'investissement étrangère dans le sud-est de Fuzhou, et Gu ont organisé la conférence de presse du 28 octobre avec 20 autres personnes dans une banlieue de Pékin, à laquelle ont assisté environ six journalistes occidentaux.

Ils ont dénoncé la répression exercée par Pékin contre le mystique Falun Gong, qui a été interdit en juillet après avoir tenu une manifestation silencieuse de 10 000 personnes devant le siège du Parti communiste dans la capitale en avril dernier.

La conférence de presse était un défi ouvert aux autorités et a provoqué la colère de la police qui a interrogé plusieurs journalistes qui ont couvert l'événement, leur confisquant temporairement leurs autorisations d'exercer. Mme Chen a dit que la plupart des autres participants avaient été arrêtés. « Nous n'avons eu aucune nouvelle d'eux », a-t-elle dit, le lendemain du jour où les membres du Falun Gong ont organisé une autre manifestation sur la place Tiananmen pour marquer le Nouvel An lunaire chinois.

Mme Chen a indiqué que Mme Gu, 37 ans, était détenue dans le nord de Shijiazhuang, où elle avait travaillé comme présentatrice à la télévision jusqu'en avril.

Elle a été licenciée après avoir réussi à diffuser un reportage favorable à la secte d'inspiration bouddhiste qui prône une vie morale saine et associe exercices traditionnels et méditation.

Samedi, la police chinoise a arrêté des centaines, voire des milliers de membres du groupe interdit, en utilisant des coups de pied et des coups de poing pour briser une série de manifestations pacifiques du Nouvel An lunaire.

Un des membres de la secte qui était venu des États-Unis a déclaré que 2000 à 3000 personnes pouvaient être détenues depuis vendredi soir, mais ce chiffre n'a pu être confirmé.

La place Tiananmen, dans le centre de Pékin, était très fréquentée le samedi soir, la police tenant des talkies-walkies et se jetant sur quiconque commençait à méditer, la forme de protestation publique du groupe.

Dès le dimanche, le calme a été rétabli, bien qu'il y ait eu une forte présence policière, avec des fourgonnettes de police traversant lentement les foules qui s'étaient rendues dans la capitale pour la nouvelle année.

Plusieurs policiers anti-émeutes casqués se sont également promenés par deux sur la vaste esplanade, prêts à intervenir à la moindre difficulté.

Le porte-parole du Falun Gong de Hong Kong, Kan Hung-cheung, a regretté ces arrestations : « Nous espérons que la politique de répression ne se poursuivra pas. »

« Les membres qui ont essayé de pratiquer ou de déployer des banderoles sur la place Tiananmen essayaient seulement d'exprimer ce qu'est le Falun Gong », a-t-il dit.

Et la porte-parole du Falun Gong, Sophie Xiao, également à Hong Kong, a déclaré qu'elle ne pensait pas que le défi était le meilleur moyen pour les pratiquants d'exprimer leur croyance.

« Ce n'est pas ce que le Maître nous a enseigné », a-t-elle dit, faisant référence au fondateur du groupe M. Li Hongzhi, qui vit en exil aux États-Unis.

« Mais dans un autre sens, cela nous donne une attention internationale et amène plus de gens à prêter attention à la question des droits de l'homme. Cela rend les gens conscients de ce qui se passe et les incite à faire pression à propos de ces questions en Chine », a-t-elle ajouté.

Note du rédacteur de Minghui : - Nous en appelons aux médias pour qu'ils évitent les termes péjoratifs dans leur couverture, notamment les mots « secte », « culte », « méli-mélo », ainsi que le terme « mystique ». Le Falun Gong est une pratique avancée de qigong chinois traditionnel conçue pour améliorer le corps et l'esprit par des exercices et la méditation, conduisant les gens vers la sagesse et l'éveil.