Le Figaro: Les "suicidaires" deTiananmen

(Extrait)

François Hauter

le 2 janvier 2001

[Site Minghui]

Despoliciers interpellent un membre de Falungong sur la place Tiananmen

àPékin

(Photo A. Wong/Reuter)

Des centainesd'adeptes du Falungong, mouvement à la fois spirituel et physique ont convergélundi sur l'immense place Tiananmen. En l'espace de 5 heures, plus de 700 ontété appréhendés par la police. Preuve que les autorités chinoises craignent cemouvement qui se place désormais comme un parti d'opposition.

Quatre groupes deChinois moyens, femmes âgées pour la plupart, n'ont soudain plus fait qu'ungroupe de protestataires, les manifestants déployant leurs banderolesproclamant «Falungong est bon!». Des milliers de soldats les ont renversés, lesfrappant, les traînant à terre et les appréhendant.

Une femme saignaitabondamment. Un enfant de quatre ans s'accrochant à sa mère était embarqué dansun camion de la police. Les taches de sang sur la place ont rapidement étéeffacées. La veille du nouvel an, au même endroit, la police avait bâillonnéune femme avec sa banderole, pour que les touristes ne puissent plus entendreses cris. ... ... Le 1er octobre dernier, jour de la fête nationale, 2 000pratiquants de ce culte entièrement chinois avaient nargué le Parti communistejusque sous le portrait de Mao, porte de la Paix-Céleste. L'année précédente,pour le 50e anniversaire du régime, la police avait déployé les grands moyens,interdisant tout le parcours du gigantesque défilé aux Pékinois. Trois millionsd'habitants avaient été priés de quitter la ville.

Le mouvementFalungong démontre aujourd'hui, en réinvestissant la place Tiananmen, que rienne peut l'arrêter, et que le Parti communiste ou le gouvernement chinois nepeuvent plus imposer leur volonté face à une vaugue concertée de désobéissancecivile. ... ... lorsque 10 000 de ses adeptes ont pacifiquement encercléZhongnanhai, l'Elysée chinois, juste à l'ouest de la Cité interdite. Cerassemblement silencieux de gens du peuple, complètement inattendu, a donné descauchemars au président Jiang Zemin et à son équipe.

Ce jour-là, le chefde l'Etat a frénétiquement tenté de joindre des chefs policiers ou desconseillers municipaux, tous dans leurs résidences de campagne, ou raccrochantle téléphone, croyant à une farce. Des mois après cet événement sans précédentdepuis les heures sombres de juin 1989, les forces de sécurité étaientréorganisées, et la chasse au Falungong ouverte. Mais en vain. La «secte», mêmeaprès avoir été interdite et qualifiée de «culte maléfique» le 22 juillet 1999,a continué à se moquer du «Centre» du pouvoir. Certains de ses adeptesconnaissent intimement les rouages du monde politique et ses points faibles.L'Internet et les cartes de téléphones prépayées leur assurent la mobilité etla discrétion absolue. Mais ne les mettent pas à l'abri d'une férocerépression. A Pékin, le «Bureau 610» coordonne cette chasse. En décembre 1999,cette administration de la Sécurité d'Etat a émis une circulaire indiquant auxautorités régionales qu'elles seraient directement tenues pour responsables sil'on retrouvait des adeptes de la région, place Tiananmen.

En cela, lescommunistes ont repris une tradition, le «bao jia», qui remonte à 2 200 ans, etqui consiste à faire endosser la responsabilité d'une faute au plus bas échelonde la société (le chef de clan ou de famille). Le pouvoir central laissanttoute latitude aux autorités régionales sur les moyens d'appliquer cettecirculaire. La police, dans les petites villes, torture les coreligionnaires deFalungong. Les groupes de défense des droits de l'homme à Hongkong ont prouvé77 morts sous les coups. Ces martyrs, et les 3 000 membres de Falungong envoyésdans des camps de rééducation, ne font que renforcer le mouvement. ... ... ilspèseront lourd en juillet prochain, lorsque le Comité olympique devra examinerla candidature de Pékin pour les jeux de 2008.

http://www.minghui.org/mh/articles/2001/zip.html#18