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Wall Street Journal: les attaques contre le Falun Gong vont se poursuivre
Alors que l’on prétend que c’était des membres du Falun Gong qui s’étaient immolés, Pékin se dépêche d’annoncer une autre immolation.
Ecrit par Ian Johnson, correspondant à Pékin du Wall Street Journal
BEIJING La bataille entre la Chine et le groupe spirituel du Falun Gong s’est intensifiée elle a aussi pris une forme très étonnante durant le week-end, alors qu’un autre soi-disant pratiquant s’est suicidé par le feu.
Les médias contrôlés par l’Etat rapportent que Tan Yihui, âgé de 25 ans, est mort après s’être immolé vendredi midi, dans un quartier résidentiel de la capitale. Des habitants du coin ont confirmé qu’une personne s’est immolée jusqu’à ce que mort s’ensuive à l’endroit décrit par le gouvernement. La télévision de l’Etat a montré des officiers en train de recouvrir un corps carbonisé.
Le cireur de chaussures venait de la province du Hunan, au Sud. En un mois, il était la sixième personne à s’immoler identifiée par le gouvernement comme un pratiquant de Falun Gong. Fin janvier, cinq autres s’étaient immolées à la place Tian an men. L’une d’entre elles est morte et les cinq autres, dont une petite fille de 12 ans, sont encore hospitalisés. Juste après la mort de Monsieur Tian, le gouvernement a réitéré ses critiques du groupe qu’on appelle aussi Falun Gong. Le gouvernement avait interdit le groupe il y a deux ans après qu’ils aient protesté contre le refus du gouvernement de les reconnaître. Pékin a dit que la condamnation était justifiée car le Falun Gong est un [ insulte dans le jargon du gouvernement chinois]. Depuis des milliers ont été arrêtés arbitrairement, et les groupes de protection des droits de la personne disent que plus de 100 personnes sont déjà mortes en détention, certaines des suites de la torture.
Les suicides surviennent alors que le gouvernement a durcit sa campagne contre le groupe depuis la fin de l’année 2000. Il recourt aux centres de rééducation où on « remodèle » les pratiquants en utilisant la torture, les pots-de-vin et la pression psychologique. […]
Comme dans les autres cas d’immolation, les détails fournis sur la mort de Monsieur Tian n’ont fait que confirmer que la nouvelle priorité du gouvernement est d’écraser le Falun Gong.
Les médias contrôlés par l’Etat, par exemple, se sont anormalement précipité. Ainsi il est possible que la mort se soit produite plus tôt qu’elle n’a été annoncé. Il est possible aussi que les médias, extrêmement prudents, avaient l’accord préalable d’en haut pour montrer leurs reportages sur internet et à la télévision. Aux informations locales de 7 heures, par exemple, un reportage sur Chengde, le pays de Monsieur Tian, petite ville du Hunan, était déjà prêt. La plupart des reportages pour le soir ne sont approuvés qu’à midi, ce qui veut dire que les reportages traitent rarement d’événements du jour même, encore moins d’un événement qui s’est produit à midi et était retransmis par satellite d’un endroit du pays assez éloigné.
En se dépêchant ainsi de diffuser les nouvelles à l’extérieur, il semble que Pékin met en avant la politique intérieure, au risque de nuire à ses objectifs internationaux. Une délégation du Comité des Jeux Olympiques, par exemple, doit arriver à Pékin cette semaine pour évaluer si la ville peut accueillir les Jeux de 2008. La Chine, en ne présentant qu’une version des faits, a réussi à convaincre beaucoup de ses citoyens que la répression du Falun Gong est justifiée, mais le message n’est pas passé aussi bien à l’étranger. Les groupes de défense des droits humains disent que les suicides illustrent la brutalité dont use le gouvernement contre le Falun Gong. Certains ont avancé que Pékin n’était pas apte à accueillir les Jeux Olympiques.
Les quelques informations choisies pour être diffusées n’ont pas non plus expliqué le pourquoi de ces suicides. Le gouvernement a interdit aux journalistes étrangers, aux diplomates et aux défenseurs des droits humains de mener une enquête. Le gouvernement dit que Monsieur Tan a laissé une lettre de six pages sur son suicide mais ils n’ont diffusé que trois fragments sur lesquels on lisait que Monsieur Tan voulait « renoncer à sa citoyenneté chinoise » pour devenir un « courageux guerrier » et défendre le fondateur du groupe Monsieur Li et aussi aller au « ciel », d’après l’agence de presse Xinhua.
Ces écrits sont surprenants car Monsieur Li, qui vit à New York depuis plusieurs années, ne parle de « ciel » ou même de ses disciples étant des « guerriers. » […]
De son côté, Falun Dafa dit être « très peiné et choqué » d’apprendre la mort de Monsieur Tan mais ajoutent que les enseignements proscrivent le suicide. Il ne pouvait pas non plus confirmer que Monsieur Tan était un pratiquant. Le groupe n’étant pas une organisation, il n’existe pas de liste de membres.
Lors d’un repas dernièrement un groupe de pratiquants qui vivent cachés à Pékin ont dit être très surpris par les immolations. « Ces personnes ne peuvent pas être des vrais pratiquants car Maître Li proscrit le suicide, » a dit un pratiquant. « Nous ne comprenons pas comment a pu naître cette idée. »
Les universitaires qui ont fait des recherches sur l’immolation en Chine, sont également perplexes. James A. Benn, un docteur à l’Université de Californie de Los Angeles qui rédige sa thèse sur le sujet a dit que « l’auto-crémation » a été pratiquée dans le Boudhisme chinois, mais on n’en compte que 300 durant les 1600 dernières années. Qui plus est, la tradition semble s’être éteinte. Les victimes récentes auraient pu avoir entendu des histoires de personnes qui ce soient immolées après avoir atteint l’état d’éveil ou avoir été influencées par des reportages sur des manifestants coréens dans les années 1990 et des moines vietnamiens pendant la guerre du Vietnam qui s’étaient immolés.
« Mes recherches montrent qu’il faut connaître les cas particuliers avant de pouvoir généraliser, » a dit Monsieur Benn. « Mais c’est une manière de mourir qui ne passe pas inaperçue et que l’on ne peut pas laisser de côté. »
Wall Street Journal: Falun Dafa Will Face Further Attacks
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