Remarques du superviseur Chris Daly à propos des tentatives d’intimidation du gouvernement chinois à San Franciso

Rapport du Congrès du Comité Électoral sur les Droits de l’Homme

Le 11 juin 2002

Madame la Présidente, membres du Comité,

Je m’appelle Chris Daly et je représente le quartier 6 dans le Conseil des Superviseurs de San Francisco. C’est un honneur pour moi d’être ici aujourd’hui pour discuter de mes expériences avec le consulat chinois à San Francisco. Je pense que leurs actions étaient antidémocratiques et tyranniques. Votre courage d’investiguer ces activités est apprécie.

[…]

L’administration municipale est le palier du gouvernement où les représentants élus sont les plus proches des électeurs et des besoins des résidants. J’ai été élu membre du conseil des Superviseurs de San Francisco avec plus de 81 % des votes provenant d’un des quartiers les plus pauvres de la ville, non pas pour élaborer une politique étrangère, mais pour travailler sur des sujets tels que le logement, les soins de la santé et les services pour les personnes âgées. Mais durant mes trois premiers mois à cette fonction, beaucoup de résidants du quartier qui étaient des immigrants chinois m’ont appelé pour me dire que le gouvernement chinois les intimide parce qu’ils sont des pratiquants du Falun Gong. Les citoyens américains de mon quartier m’ont rapporté des cas de traitement similaire.

Par conséquent, je me suis alors efforcé d’envoyer un signal clair que ce traitement est inacceptable. En travaillant avec ces électeurs, j’ai présenté une simple résolution demandant au gouvernement chinois d’arrêter la persécution des pratiquants du Falun Gong.

Le 5 octobre 2001, en réponse à ma résolution, Wang Yunxiang, le Consul général de la République Populaire de Chine, a envoyé une lettre au Président de notre Conseil d’Administration contenant beaucoup de mauvais renseignements dans le but d’éliminer ma proposition. Dans cette lettre, le Consul général mentionne que le Falun Gong est un [terme diffamatoire omis] et que "le gouvernement chinois était dans l’obligation de réprimer [terme diffamatoire omis]". Afin de justifier leurs actions, Wang a indiqué que le Falun Gong "interdit aux adhérents de voir les médecins pour obtenir des traitements quand ils sont malades". Veuillez prendre note que les pratiquants du Falun Gong nient cela.

Le vrai problème ne concerne pas la nature des croyances du Falun Gong mais est plutôt à savoir si les pratiquants du Falun Gong sont libres d’obtenir et d’exprimer leur croyance. Le gouvernement chinois déclare que les "pratiquants se rassemblent souvent devant l’édifice gouvernemental et dans des endroits publics afin de perturber l’ordre social normal". Aux États-Unis, le droit de faire un rassemblement est un droit constitutionnel. En étant même garantis dans la constitution de la Chine, je pense qu’il est des plus déloyal que ces droits ne puissent s’appliquer aux pratiquants du Falun Gong ou à n’importe quelle personne considérée comme un dissident.

La tragédie ici est que la vision du gouvernement chinois concernant l’ordre social normal laisse libre cours à l’intimidation, à l’intérieur de la Chine et ici, par le consulat chinois et le déploiement du personnel politique de la haute direction, afin de faire la pression sur ceux ayans les pouvoirs de décisions dans la localité.

Au cours de l’audition du Conseil des Superviseurs à propos de cette question en octobre, de nombreux pratiquants du Falun Gong ont témoigné sur les mauvais traitements qu’ils ont reçus en Chine. Certains étaient en larmes en racontant ces événements horribles. Quelques-uns ont témoigné au sujet du harcèlement qui leur a été infligé ici à San Francisco. Un petit groupe de personnes, sous la direction de Rose Pak, une personnalité politique très connue qui a des liens avec le gouvernement chinois, a témoigné contre cette mesure. Ils ont généralement répété les phrases préparées par le consulat chinois.

Durant l’audition, Rose Pak, qui est aussi une excellente collectrice de fonds en faveur des campagnes politiques locales, a influencé la salle, et a parlé au moins à 2 superviseurs faisant partie du Conseil de la Chambre.

Ma législation, comme les autres qui passent typiquement devant le Conseil des Superviseurs de San Francisco sans aucune objection, est devenue un sujet de débat international et a été ultimement contrecarrée par de puissants politicos locaux influencés par la mission diplomatique d’un gouvernement étranger. Ma législation appuyant les droits des pratiquants du Falun Gong a été rejetée 8 à 3.

John Dowling, l’avocat d’un pratiquant du Falun Gong agressé au Carré Portsmouth, a dit qu’après leur arrestation, les assaillants sont allés demander de l’aide en premier lieu à la Chambre de Commerce chinoise de Rose Pak. Voici les paroles de Dowling : "Nous voyons un pattern ici, que nous poursuivrons en cour, où les gens à San Francisco sont utilisés pour contrer les membres du Falun Gong qui ne font que pratiquer leur religion [croyances; Note : le Falun Gong n’est pas une religion.] tel que garanti par le gouvernement des États-Unis." Dowling ajoute : "Vous vous demandez pourquoi, dans une ville comme San Francisco, il est problématique de passer une résolution défendant les droits des pratiquants du Falun Gong."

[…]

Suite au rejet de ma résolution au conseil des Superviseurs, j’ai reçu un appel téléphonique du Consul général Wang demandant qu’une "nouvelle compréhension" soit établie entre nous. Après avoir réitéré certains de ses commentaires sur le Falun Gong […], il a dit que j’étais mal renseigné et que je devrais être son invité en Chine pour voir comment cela "est réellement". Malgré que j’ai refusé l’invitation, j’ai dit au Consul général que je serais intéressé à avoir un dialogue moins formel à propos des sujets généraux d’ordre social. Cependant, il m’a paru clair immédiatement que le Consul général n’était pas en mesure d’avoir cette conversation ­ il a répété deux fois que nous "devrions développer une nouvelle compréhension". C’était notre dernière conversation et elle s’est terminée quand je lui ai dit de me téléphoner quand il sera "libre de parler".

Mesdames et messieurs, je voudrais vous exprimer mes louanges face à votre engagement de prendre toute mesure en votre pouvoir pour protéger les pratiquants du Falun Gong et les représentants locaux élus qui les appuient. Merci.