(Minghui.org)
Nom : Xu Dawei (徐大为)
Genre
: Masculin
Âge : 34 ans (né le 31 octobre
1975)
Adresse : Municipalité de Ying’emen,
canton de Qingyan, agglomération de Fushun, province de
Liaoning
Profession : Chef, employé par un
restaurant de l’agglomération de Shenyang
Date du
décès : 16 février 2009
Date de la
dernière arrestation : janvier 2001
Dernier lieu de
détention : Prison Dabei de l’agglomération
de Shenyang, première prison de l’agglomération
de Lingyuan, seconde prison de l’agglomération de
Fushun, et prison Dongling, agglomération de Shenyang (沈阳大北监狱, 凌源第一监狱, 抚顺第二监狱, 沈阳东陵监狱)
Ville : Fushun
Province : Liaoning
sévices
subis : Chocs électriques, lavage de cerveau, condamnation
illégale, injections forcées /administration de
drogues, passage à tabac, suspension par les menottes,
emprisonnement, confinement solitaire, extorsion, contrainte
physique, interrogatoire, refus de l’utilisation des toilettes,
refus des visites
M.
Xu Dawei, pratiquant du canton Qingyuan, agglomération de
Fushun, province du Liaoning, a été torturé dans
la prison Dongling, à Shenyang, au point de souffrir d’une
défaillance de ses organes internes, son corps était
couvert de blessures, et il a souffert un effondrement mental et des
pertes de mémoire. En février 2009, 13 jours après
sa libération suite à une peine de huit ans de prison,
M. Xu est décédé à l’âge de
36 ans. En mars 2010, 376 villageois de cinq villages de la
municipalité Ying’emen, canton Qingyuan ont signé
conjointement une lettre d’appel au nom de M. Xu. Cet incident
a entraîné une enquête de la part du Parti
communiste chinois (PCC), qui a eu recours à des menaces et au
harcèlement à l’encontre des signataires de la
lettre. L’avocat Wang Jinglong, engagé par la famille de
M. Xu, a fait face à la répression du département
de la justice de la province du Liaoning.
Quelques mois avant l’arrestation illégale de M. Xu Dawei
M. Xu Dawei, émacié après avoir été libéré de la prison Dongling
Ci dessous une lettre ouverte de son épouse, Mme Xu Lihua, aux agences gouvernementales responsables du cas de M. Xu
Mon nom est Chi Lihua, et je suis l’épouse de Xu Dawei. Voici peu, j’ai mailé le rapport sur la mort de Xu Dawei par torture dans la prison Dongling, à Shenyang avec en pièce jointe une lettre signée par les résidents locaux du canton de Qingyuan. J’écris pour demander le résultat de votre décision sur cette question.
J’ai récemment appris que le gouvernement semblait considérer sérieusement cette question, et avait mobilisé un grand nombre de fonctionnaires. Le responsable du département de la justice et le chef de la police de la région de Qingyuan, ainsi que les agents du poste de police local et les fonctionnaires du gouvernement municipal, se sont rendus dans le petit village montagneux pour enquêter sur cette affaire. Je me serais considérée chanceuse que mon appel ait provoqué une telle attention si ce n’était ce qu’ils ont fait. Il a été rapporté que mon beau-frère avait été emmené de force par la police. Ils sont venus avec très peu d’accusations et ont même tenté de le menotter. Il a été aussi rapporté que ces personnes sont allées de porte en porte, enquêtant et menaçant ceux qui avaient soutenu mon appel. Encore plus troublante l’enquête faite par la police auprès de mon beau-frère pour savoir où étaient gardés mes documents résidentiels, quelle était ma taille, et à quoi je ressemblais. De plus, ils ont demandé aux villageois s’ils m’avaient vu rentrer chez moi.
Je me demande comment ces questions sont liées à la résolution de cette affaire soulevée par la lettre signée conjointement. Ce que je ne n’arrive pas à comprendre est si ces personnes se représentaient elles-mêmes ou si elles représentaient le gouvernement. Des employés gouvernementaux mèneraient ils une enquête de cette manière pour des citoyens ? Aujourd’hui, la télévision se vante constamment que le gouvernement trouve des résolutions concrètes pour les citoyens. Est-ce la façon dont ces personnes tentent de résoudre le problème ? S’ils ne représentent pas le gouvernement, alors en tant qu’individu, ils auraient pu montrer un minimum de conscience et de sympathie plutôt que de proférer des menaces. Ne pensez-vous pas qu’ils ont endommagé l’image du gouvernement ? Ce qui est encore plus incroyable est qu’il semblerait que cette lettre signée conjointement ait créé l’émoi au sein du comité central du Parti, qui l’a prise très négativement. Je ne suis pas sûre qu’il en soit ainsi, cependant, ma belle-sœur a été emmenée par les agents du département de police local. Ils lui ont demandé où je me trouvais. Ils ont affirmé que ma situation causait une grande inquiétude au niveau de la direction provinciale du Liaoning. Je devrais probablement me sentir reconnaissante, ce n’est en effet pas n’importe qui peut obtenir l’attention du niveau provincial après avoir déposé une lettre d’appel. Est-il vrai que le gouvernement prête finalement attention aux appels du peuple et soit sur le point de prendre une décision ?
Toutes les indications ont prouvé que j’étais simplement trop naïve. Je suis stupéfaite d’apprendre que mon beau-frère a été mis en garde à vue policière. La police l’a interrogé et menacé. Les villageois locaux ont été intimidés. Ma belle-sœur a été aussi emmenée en garde à vue. La police a supprimé le droit d’exercer de M. Wang Jinglong, qui avait gentiment accepté de travailler sur mon cas. Les autorités ont forcé une autre personne du bureau légal de M. Wang, à écrire des rapports d’autocritique. Ils lui ont ordonné de rendre le dépôt de 500 yuans que je lui avais versé pour couvrir ses dépenses de voyage, d’annuler notre contrat et de ne plus travailler sur mon cas. N’est-il pas absurde que le département judiciaire provincial et le département de police aient lancé une si grande campagne simplement pour mon cas, moi une femme sans défense, qui doit encore se remettre du chagrin désespéré de la mort injuste de son mari ?
Une fois, quelqu’un m’a demandé: " Comment avez-vous pu obtenir autant de signatures pour faire appel du cas de votre époux ? " J’ai répondu : "C’est en effet précieux dans cette société matérialiste. Cependant, je dirai que le nombre de signatures serait beaucoup plus élevé si je pouvais demander à ceux qui connaissaient Dawei de signer la lettre. Pourquoi ? Parce que sa passion, son intégrité et sa gentillesse ont touché les vies de nombreuses personnes. Sa mort injuste sous la torture, a brisé les cœurs de toutes ces personnes. Une femme qui nous connaissait m’a dit qu’elle avait acheté des côtelettes afin de préparer une bonne soupe pour Dawei, à son retour. Elle a fondu en larmes lorsqu’elle m’a déclaré qu’elle n’aurait jamais imaginé que Dawei aurait été torturé à ce point. Une dame âgée m’a déclaré : " Mon fils et moi étions si heureux que Dawei puisse finalement rentrer chez lui. Nous voulions l’emmener au restaurant. Qui aurait pu imaginer que cela se passerait ainsi ? Vous ne savez pas combien de fois nous avons versé de larmes pour lui " Une autre dame âgée a déclaré : " Je ne me suis pas occupé autant même de mon propre fils. Je voulais prendre Dawei chez moi. Mais c'est devenu mon regret éternel. Je n’ai même pas pu le voir pour lui rendre un dernier hommage. J’étais si triste. " Quelques jours avant que Dawei ne rentre à la maison, un propriétaire de restaurant m’a appelé au téléphone. Il a gentiment offert que Dawei travaille dans son restaurant. Il a dit : " Cela fait huit ans. Bien que je ne sois pas resté en contact avec lui, j’ai appris par des amis qu’il allait bientôt rentrer. J’ai eu quelques difficultés pour obtenir votre numéro de téléphone. " Il y a tant d’autres familles, amis, et villageois qui ont été choqués, chagrinés et qui ont pleuré la mort de Dawei.
Xu Dawei impressionnait les autres partout où il allait. Les gens l’aimaient. Il était enjoué et aimable. Partout où il travaillait, il était en bons termes avec ses collègues et ses employeurs. Il travaillait comme caissier dans un établissement de bains privé. Quelquefois, lorsque les hommes âgés arrivaient aux bains, le propriétaire s’inquiétait qu’ils puissent tomber et se blesser, et était réticent à les autoriser à utiliser la baignoire. Dawei intervenait toujours : " Je peux m’occuper de cette personne âgée et l’aider. " Il les aidait à se frotter le dos avec une grande patience. Lorsque la personne âgée voulait le payer personnellement, il refusait toujours et expliquait que c’était ce qu’il devait faire. Quelquefois, lorsqu’il retournait dans sa ville natale dans les montagnes, il était volontaire pour aider les autres, lorsqu’il y avait peu de personnes pour s’occuper d’un grand groupe de villageois, lors d’un événement. Il était bon cuisinier, mais ne prenait jamais de cigarettes ou de liqueur en échange de son travail. Les personnes étaient reconnaissantes de son aide généreuse.
Dawei aimait la vie. Il étudiait beaucoup et avait de nombreux centres d’intérêts. Il avait une bonne mémoire. Il mémorisait 72 poèmes en 24 heures et les récitait sans effort. Il jouait de l’erhu, un instrument de musique à cordes. Il savait composer et était bon chanteur. Quelquefois, il disait: « Ma chère épouse, laisses-moi chanter une chanson pour toi. » Il commençait alors à chanter. Je me souviens encore des paroles touchantes et de la mélodie. Parfois, il m’écrivait un poème, un poème de mots simples, mais chaque mot était plein de l’amour de la vie. Il participait à la maison. Même lorsque je faisais la lessive, il prenait les vêtements épais et lourds et les lavait lui-même juste pour le cas où je ne pourrais pas le faire moi-même. Il me laissait toujours acheter le premier choix lorsqu’il s’agissait de vêtements. Avec n’importe quelle nourriture délicieuse, il me demandait toujours de prendre la première bouchée. Un jour de la saint Valentin, il a acheté un bouquet de roses et l'a placé dans un vase dans le restaurant tenu par la famille de ma sœur plus âgée. Le personnel du restaurant n'a pas pu dissimulé son envie. En effet, j’étais heureuse dans la vie. Non seulement Dawei me traitait avec beaucoup d’égards mais il traitait tout le monde de la même manière. Il essayait d’être attentif à ses parents. Lorsque nous nous sommes mariés, il a dit que ses parents devraient emprunter des dizaines de milliers de yuans si nous voulions un mariage somptueux, de plus ils devraient faire la même chose lorsque son jeune frère se marierait. Ils devraient alors passer le reste de leurs vies à régler les dettes. Il a proposé de ne pas demander d'argent à nos familles respectives et d’organiser un mariage simple. Je comprenais que ses attentions provenaient de la bonté de sa nature. Après que Dawei ait commencé à pratiquer Falun Gong, il est devenu encore meilleur. Il suivait le principe Authenticité-Compassion-Tolérance. Il faisait toujours passer les autres avant lui-même. Dawei était un homme ordinaire. Il n’a pas réalisé de grandes choses. Mais tous ceux qui étaient en contact avec lui, appréciaient sa compagnie. Ils pensaient qu’il était plaisant, honnête, attentif et fiable. Bien que nous ayons vécu seulement un peu plus d’une année ensemble, cela a été la période la plus précieuse de la vie. C’était aussi la période de la vie la plus heureuse.
Cette période de ma vie a été si courte! Après que la persécution de Falun Gong a commencé le 20 juillet 1999, le bien et le mal ont échangé leurs places. Dawei a été illégalement condamné à huit ans de prison pour avoir maintenu sa croyance en Falun Gong. Finalement, il a été torturé à mort à l’âge de 36 ans. J’ai appris par d’autres qui ont été libérés que Dawei avait été détenu dans quatre prisons, dont la prison Dabei dans l’agglomération de Shenyang, la prison N° 1 de Lingyuan, la prison N° 2 de Fushun et la prison Dongling, agglomération de Shenyang. Il a enduré diverses sortes de tortures au cours de ses années d’incarcération, y compris être menotté et enchaîné, méchamment battu, soulevé du sol par ses poignets menottés, nourri de force, battu avec des tubes de caoutchouc durs, il a reçu des injections de substances inconnues, et il a été électrocuté.
Dawei a été transféré de la prison N° 2 de Fushun à la prison de Dongling en février 2007. Le 14 février 2008 (le huitième jour après le Nouvel An Chinois), moi et d’autres membres de ma famille sommes allés lui rendre visite. Un garde lui a amené notre fille. Il lui a chaleureusement demandé d’être attentionnée et de suivre mes instructions ainsi que celles de son grand-père et de sa grand-mère. Dawei a passé un peu plus d’un an dans la prison Dongling. Ce fut la seule fois où nous avons été autorisés à lui rendre visite. Après cela, chaque mois, nous sommes allés le voir. Les gardes de la prison ont tenté de nous forcer à insulter le fondateur de Falun Gong, sinon la réunion ne pourrait pas se faire. Nous avons refusé et peu importe comment nous avons tenté de les persuader de nous accorder une réunion, ce fut en vain. Nous avions appris que Dawei souffrait de pleurésie et d’un épanchement de pleurésie. Nous étions inquiets au sujet de sa santé, et j’ai demandé en son nom une libération sous caution pour raison médicale. Guo Baoyuan, responsable du pavillon, ainsi que Huo Xizhong et d’autres gardes nous ont assuré que Dawei était un homme gentil et qu’ils prendraient soin de lui, qu’il était en bonne santé et qu’ils le soigneraient, si nécessaire. Tout ce que nous avions emmené pour Dawei ne fut pas accepté par les gardes.
Finalement, le 3 février 2009, la peine de huit ans de Dawei est arrivée à terme. Sa famille et moi sommes arrivés à la prison Dongling. Je n'ai pas pu en croire mes yeux. Ses cheveux étaient devenus complètement blancs. Il était totalement émacié. Ses yeux étaient ternes. Il ne nous reconnaissait plus. J'ai demandé aux gardes: « Comment a-t-il pu devenir comme cela ? Comment a t-il pu devenir si émacié? » Personne ne m'a répondu. Après être rentrés à la maison, il s’est agenouillé dans un coin de la pièce et ne bougeait plus. Nous lui avons dit : " Tout va bien, maintenant. Tu es revenu à la maison. " Après un long moment, il s’est assis sur le lit. Avec une présence attentive, il avait parfois une pensée claire ou deux. Il a dit : " En prison, ils m’ont injecté des drogues psychiatriques…enfermé dans une pièce sombre, m’ont battu, donné des coups de pieds et des coups de poing…" Nous avons découvert qu’il n’avait mangé aucune nourriture. Il toussait continuellement. Mais il n’avait pas suffisamment de force pour expectorer ce qu’il avait dans ses poumons. Il avait de nombreuses blessures sur tout le corps suite aux chocs électriques. Ses mains et ses pieds étaient enflés. Il y avait des cicatrices sur son genou et sa cheville droite. La peau de ses fesses était nécrosée et était devenue noire. Après plusieurs jours de soins, il n’y avait pas de changement dans sa situation. Nous l’avons emmené dans un hôpital. Les médecins nous ont dit : " Il n’y a pas d’espoir. Son cœur est épuisé. Aucun sang ne peut être pris pour des tests. Le stade où nous pouvions lui prescrire le traitement nécessaire est dépassé depuis longtemps. " Dans les treize jours qui ont suivi sa libération de la prison Dongling, le 16 février 2009, Dawei est décédé. J’étais emplie de tristesse, cependant, je ne savais pas quoi faire. Les villageois et moi sommes allés à la prison dans deux voitures pour obtenir pour la seconde fois, une explication. Non seulement, les autorités de la prison ont refusé d’apporter cette explication, ils ont aussi diffusé des rumeurs selon lesquelles les sympathisants de Falun Gong avaient " assiégé " la prison.
Il y a de nombreux pratiquants de Falun Gong ordinaires comme Dawei dans toute la Chine. Ils ont bénéficié de la pratique. Pendant onze ans, d’innombrables pratiquants ont perdu leurs familles, et beaucoup ont même perdu leurs vies. Selon des statistiques incomplètes sur le site Internet Clearwisdom, plus de 3383 pratiquants sont morts, directement suite à la persécution. Des dizaines de milliers d'autres sont toujours en prison, dans les camps de travail, ou sont détenus en garde à vue contre leur volonté.
Certains amis et membres de la famille m’ont demandé d’abandonner. Ils ne pensaient pas qu’il y aurait des résultats. Je ne pouvais qu'attendre le jour où l’innocence de tous les pratiquants serait restaurée, et ils auraient alors à expliquer la mort injuste de Dawei. Je leur ai dit que nous avions tous besoin de travailler pour arriver à ce jour. Nous ne pouvions nous asseoir et attendre. Il existe un dicton chinois : " Le lien entre le mari et la femme dure longtemps, même après une seule journée de mariage. " En tant que son épouse, je ne peux rester à l’écart de la mort injustifiée et inexpliquée de Dawei. Ceux responsables de sa mort ne devraient-ils pas être punis par la loi ? Etre bon et tolérant n’implique pas d’être aveugle face aux crimes et aux assassinats impitoyables.
Je ne veux
pas penser à la façon dont j’ai passé ces
huit années dans une attente anxieuse. C’est difficile
pour quelqu’un qui ne l’a pas expérimenté
personnellement. Je me suis occupée de ma petite fille et de
mes parents âgés. Les épreuves, le malheur,
l’inquiétude et les soucis ont été au-delà
de toute description. Je ne sais plus combien de fois j’ai
pleuré. Je n’avais même plus de larmes. Seul du
sang coulait de mon cœur. Je pensais que finalement, l’attente
était finie après huit longues années, mais ce
qui est survenu a été un coup fatal. Ma mère n’a
pu supporter le choc est s’est évanouie en apprenant la
nouvelle. Mes deux parents ne sont plus de ce monde. Je les ai
perdus, je n’ai pas de maison et pas de revenus. Les parents de
Dawei m’ont demandé de vivre avec eux, mais j’y
suis réticente. Jusqu’à un certain point, je ne
fais pas face à la réalité. Ce n’est pas
parce qu’ils vivent dans un petit village dans les montagnes.
Et ce n’est pas parce que je ne m’entends pas avec eux.
Les parents de Dawei ne m’ont pas traité comme une
belle-fille—ils m’ont traité comme leur propre
fille. Et moi, aussi, je les ai considérés comme mes
propres parents. Je ne veux pas vivre avec eux, simplement parce que
je ne veux pas que ma présence leur rappelle leur fils. J’ai
même encore plus peur de la réponse lorsque la
grand-mère de Dawei, âgée de 99 ans me demandera
pourquoi Dawei n’est toujours pas rentré à la
maison.
Ma fille a dix ans à présent. Elle a
perdu pour toujours l’amour de son père sans en avoir
profité un seul jour. Je n’ose pas lui laisser voir mon
chagrin. Je fais ce que je peux pour paraître heureuse devant
elle. Elle a tant souffert à son jeune âge. N’importe
quelle tristesse en moi est contagieuse. Lorsqu’elle me voit
pleurer, elle essuie toujours mes larmes avec ses petites mains et me
dit : " Maman, ne pleures pas. Père n’est
pas avec nous. Mais je suis encore avec toi. Je grandirai et je te
soutiendrai. Lorsque tu seras âgée, je prendrai soin de
toi. Maman, sois heureuse! " J'ai eu du mal à croire
qu’une enfant d'à peine 10 ans, puisse parler ainsi.
Elle avait un peu plus de huit ans lorsque son père est
décédé. Lorsque j’ai vu son journal, j’ai
eu le cœur brisé. Elle y avait écrit : " Je
dois étudier sérieusement. Lorsque je serai grande, je
dois avoir un bon emploi pour ma maman. Je veux la rendre heureuse. "
En une autre occasion, elle a écrit :" Comme je
voudrais vivre avec maman ! Mais je suis maintenant en
pensionnat." Après que son père soit décédé,
je passais tout mon temps dans diverses organisations
gouvernementales. Je n’ai pas pu m’occuper d’elle.
J’ai dû l’envoyer en internat. Quelquefois, lorsque
je l’emmenais à l’école, elle pleurait
alors que nous marchions et disait: " Maman, lorsque tu te seras
occupée du cas de papa, pourras-tu venir me voir aussi
rapidement que possible ? " Elle essuyait ses larmes à
l’entrée, puis se précipitait à
l’intérieur sans oser regarder en arrière de peur
de fondre à nouveau en larmes. Même lorsque je l’avais
perdu de vue, je restais debout là. Je sais combien elle a
besoin de l’amour de son père. Elle ne dit rien, mais je
le sais. Quelquefois, elle me tient par le cou et m’appelle
Papa.
L’année après la mort de Dawei, je me suis rendue dans diverses organisations gouvernementales. Je suis allée au procuratorat, au tribunal et au département de justice pour déposer une plainte. Je me suis rendue au bureau des plaintes et des appels et au Congrès du peuple. Jusqu’à présent, je n’ai pas pu déposer de plainte. Au lieu de ça j'ai reçu de nombreuses menaces. N’est-ce pas absurde ? Les persécuteurs ne font même pas l’objet d’une enquête. C’est la victime qui est plutôt menacée. En dépit des circonstances adverses, je crois encore que la justice prévaudra. Ce monde n’est pas un endroit où les torts peuvent être maintenus par les mauvaises personnes. Un jour, les persécuteurs seront punis.
Tout le monde ne s'est pas non plus positionné du côté du mal. De nombreux employés du gouvernement ont été informés de ma situation et ont exprimé leur sympathie. Ils m’ont offert des idées et de l’aide. En une occasion, je me suis rendue dans une organisation gouvernementale. La pièce était pleine de personnes, et toutes m’ont montré leur sympathie après avoir entendu mon récit. Ils ont commenté : " Nous sommes allés visiter la prison Dongling, réputée être une prison civilisée. Comment ont-ils pu traiter un détenu de la sorte ? Bien que nous ne soyons pas responsables de votre appel, vous pouvez déposer une plainte auprès de l’organisation qui supervise la prison." Une des personnes de la pièce semblait être un fonctionnaire. Il a pris ma déposition, l’a lu, et déclaré : " C’est très bien écrit. Utilisez ceci en guise d’appel." En une autre occasion, je me suis rendue dans une organisation et ai rencontré le responsable. Au début, il n’était pas réceptif. Il a affirmé que ce n’était pas l’endroit et que je devais me diriger vers une autre organisation. Je lui ai répondu que j’avais besoin de son aide. Je ne connaissais pas les procédures légales correctes et n’avais aucune idée sur la façon de procéder. Il m’a patiemment expliqué quelles étapes je devrais franchir. Au moment de partir, il en savait plus sur mon cas. Il m'a dit que si j’avais d’autres questions, je pouvais revenir pour les lui poser. Il y avait un autre bureau où j’ai dû retourner après six mois. Ils m’ont reconnu. Une personne qui m’avait parlé lors de la première visite m’a demandé : " Je vous ai dit de suivre la procédure. Avez-vous suivi celle que je vous ai décrite ? " J’ai répondu : " Je n’ai pas saisi tous les termes légaux que vous avez utilisé. Pouvez-vous me l’expliquer une fois de plus ? " Il a pris un stylo et a écrit les étapes. A la fin de l’année dernière, je suis allée dans une organisation pour voir s’ils avaient reçu les matériaux qui leur avaient été envoyés par courrier express. Un fonctionnaire était plutôt bourru au début. Après avoir expliqué la situation, il s’est radouci et a déclaré : "C’est une condamnation sévère ! " Bientôt, un jeune homme est venu prendre note de ma demande. Il était plutôt agressif et m’a interrogé comme si j’étais une criminelle. Le premier fonctionnaire est resté tout près. Il a appelé le jeune homme et a dit quelque chose. Le jeune homme a cessé de me questionner et a monté les escaliers pour appeler le fonctionnaire de service. Deux fonctionnaires sont descendus. Je les avais déjà rencontrés auparavant. Bien qu’ils affirmaient que je manquais de preuves tangibles, leur attitude s’était adoucie, en particulier, lorsque j’ai mentionné que c’était à nouveau la période où les autres familles célébraient le Nouvel An chinois, et que je n’avais aucune idée sur la façon dont ma famille allait la traverser. Un des deux responsables était touché. Lorsque je suis partie, il m’a raccompagné tout du long jusqu'à la porte de devant, et j’ai remarqué que ses yeux étaient humides.
Au cours de l’année passée, j’ai visité de nombreux cabinets d'avocats. Beaucoup d’avocats n’ont pas osé prendre mon cas. Ils étaient si effrayés, comme s’ils allaient souffrir des représailles de la mafia, mais ils m’ont donné quelques bonnes idées. Certains ont offert d’écrire ma lettre d’appel gratuitement. Certains prenaient des frais pour les consultations initiales, mais plus tard, ont décidé d'y renoncer. Finalement, j’ai rencontré l’avocat Wang Jinglong. Il a été compatissant à mon égard et a décidé de m’aider. Je ne m’attendais pas à ce qu’il soit réprimé comme il l’a été après avoir accepté mon cas. J’étais bouleversée. (Ici, je dois garder anonymes les noms des autres personnes bienveillantes par peur qu’elles soient aussi persécutées comme l’a été l’avocat Wang.)
Dans la Chine d' aujourdh'ui, Xu Dawei n’a rien fait d’autre que demeurer fidèle à sa croyance, à savoir être une bonne personne en suivant le principe Authenticité-Bienveillance-Tolérance. Il n'a fait qu'établir des faits et a été condamné à huit ans de prison. Même cela n'était pas suffisant aux yeux de certains. Ils devaient le tuer. Et des personnes comme l’avocat Wang Jinglong qui ont répondu à l’appel de leur conscience pour soutenir les droits basiques d’un citoyen et la justice dans le système légal, au lieu d’être récompensés, font face à une répression systématique. Les villageois de la ville natale de Dawei, par sympathie pour la mère et l’enfant qui ont survécu à Dawei, nous ont aidés dans notre appel auprès du gouvernement. Ils ont aussi fait face à des menaces. Tout ceci a bloqué les canaux légaux pour faire appel de mon cas. Comment puis-je expliquer la réalité de notre société à ma fille, qui doit encore y grandir ?
Ici, je voudrais remercier ces personnes bienveillantes qui m’ont aidée et m’ont réconfortée. Je les remercie pour avoir exprimé leur soutien en dépit de la répression d’un pouvoir autoritaire. Leur soutien va au-delà de mon seul cas. Ils aident aussi à construire une justice légale et sociale et à protéger les droits basiques d’un citoyen. Ils ont aussi fait part de leur attente bienveillante que le gouvernement puisse apporter les corrections nécessaires. Ce qui n’a aucun sens est que de tels actes de justice qui méritent les louanges de la société aient causé une telle peur au sein des organisations gouvernementales. Ma gratitude surpasse mon malheur, dans mon cœur. Je pense qu’une grande et juste société est construite par chaque citoyen. Elle est construite sur la gentillesse et la justice dans nos cœurs. Je crois que vous aussi avez votre part de sincérité, de bonté, de justice et de sympathie. Il n’y a pas de doute quand à ce qui est bien, ce qui est mal ; ce qui est bon et ce qui est mauvais. Seul un pouvoir autoritaire peut refuser aux gens la capacité d'exprimer leurs opinions. Il y a ces paroles : " Si chacun apporte ne serait-ce qu'un petit peu d'amour, ce monde deviendra un endroit merveilleux. " Ce que je veux dire est que si chacun fait une déclaration des faits et prend publiquement cause pour la justice, aussi peu que ce soit, afin d’empêcher les tortionnaires d’accomplir des méfaits, la persécution de Falun Gong ne tiendra plus. Les personnes bienveillantes ne seront plus persécutées. Les malfaiteurs n’auront personne à qui s’attaquer. De cette façon, non seulement les personnes bienveillantes seront sauvées, mais aussi ceux qui ont perpétré les mauvaises. Je crois qu’il y a plus de personnes bienveillantes. Vous êtes l’une d’entre elles. Il est possible qu’une déclaration juste de votre part fasse la différence.
Un jour, lorsque l’innocence de ces personnes sera restaurée, je me sentirai heureuse pour vous, parce que face au choix de la justice et de la conscience, vous aurez fait le choix le meilleur, le plus juste et le plus courageux. Vous pourrez faire face à votre famille et aux générations futures avec une bonne conscience.
Ici, je
voudrai remercier ceux qui m’ont à nouveau accordé
leur aide et leur attention. Beaucoup d’entre eux ne font pas
partie de ma famille, et certains ne me connaissent même pas.
J’espère que toutes les personnes bienveillantes
auront un parcours sûr dans la vie. Que le ciel vous bénisse
pour votre bonté et qu’un futur brillant vous attende.
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Traduit de l’anglais en France
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