Estimer la limite supérieure d’organes adéquats pouvant être issus de ‘’donneurs’’ condamnés à mort

(Minghui.org)

Par Ouyang Fei, Sun Sixian, Lin Zhanxiang


En 2006, le journal The Epoch Times a révélé une histoire stupéfiante au sujet de ce qui est indiscutablement une des atrocités les plus terribles commises par un gouvernement, non seulement à l’époque moderne, mais au cours de toute l’histoire enregistrée. Comme cela a été documenté dans le rapport d’enquête : ‘’Prélèvement meurtrier’’ par le célèbre avocat des droits de l’homme David Matas et l’ancien Secrétaire d’état pour la région Asie Pacifique, David Kilgour, il existe une preuve accablante du rôle effrayant du régime communiste chinois dans l’assassinat systématique des pratiquants de Falun Gong, la collecte de leurs organes, et les énormes profits engrangés en agissant de la sorte. En réponse au tollé international, le régime chinois a tenté d’expliquer un des principaux éléments de preuves circonstanciées—l’accroissement fulgurant du nombre de greffes d’organes et les temps d’attente extrêmement courts, dans une culture réfractaire aux donations d’organes—en déclarant qu’il s’agissait d’organes prélevés sur des criminels exécutés, après leur mort. Face à une preuve indéniable, il a tenté d’échapper à sa culpabilité pour une atrocité monstrueuse en admettant un crime moindre. Dans ce rapport, nous montrerons des preuves qui contredisent directement cette affirmation et donnent davantage de crédibilité aux graves accusations portées contre le régime chinois.


Dans cette section, nous expliquerons pourquoi nous supposons que le nombre de détenus condamnés à mort dont les organes sont adéquats pour les greffes est de 30 pour cent du total.


1. Compatibilité des tissus – un goulet d'étranglement s'agissant des ‘’donneurs’’ condamnés à mort


Dans le chapitre II et l’Appendice 1, nous avons montré que la compatibilité HLA est extrêmement complexe. Il existe sept groupes de HLA, pour un total de 148 antigènes. Le nombre de permutations possibles est bien supérieur à 2.000.000. Excepté pour les jumeaux issus du même œuf, il est pratiquement impossible de trouver un donneur et un récipiendaire avec des HLA identiques. En conséquence, la réaction de rejet suit toujours une homogreffe. Elle doit être traitée avec une intense immunosuppression. La probabilité que des personnes sans lien satisfassent à un minimum d’exigences de compatibilité HLA (pour que les médicaments immunosuppresseurs soient efficaces après la transplantation) se situe entre 20-30 %. Ainsi, le pourcentage de détenus condamnés à mort avec des organes compatibles ne peut excéder 30% quelque soit la taille significative de l’échantillon.



2. Laps de temps critique dicté par l’ischémie froide


Lorsqu’un organe quitte le corps humain, le tissu se décomposera. Lorsque le cœur d’une personne cesse de battre, ses organes seront utiles durant un laps de temps de 15 minutes, et doit être pris promptement et préservé par un moyen spécial, à des températures très basses. Même dans des conditions maxima, les organes doivent être greffés en une période de temps critique à cause de l’ischémie froide (rafraîchissement d’un organe avec une solution de perfusion froide après obtention chirurgicale de l’organe). Avec la technologie actuelle, le laps de temps est de 24 heures pour un rein, 15 heures pour un foie, et 6 heures pour un cœur. Donc, outre la compatibilité des tissus, l’ischémie froide est une seconde contrainte critique. Il n’est simplement pas encore possible de préserver des organes convenablement pour des besoins futurs.


En plus de ces limitations techniques, il y a d’autres considérations importantes dans l’utilisation d’organes provenant de détenus condamnés à mort, qui seront expliquées ci dessous.



3. Les organes des condamnés à mort, une ressource d'une seule fois


Les organes des détenus condamnés à mort constituent une ressource d'une seule fois. Non comme les organes fournis par un réservoir de personnes en vie, les organes de détenus condamnés à mort ne peuvent être réservés pour une utilisation future. Bien sûr, il y a des rapports selon lesquels quelques tribunaux ont retardé les exécutions jusqu’à ce que l’hôpital trouve un récipiendaire compatible. Cependant, dans la plupart des cas, les exécutions de condamnés à mort constituent un acte politique pour le régime communiste chinois, dans le but de maintenir son pouvoir, et donc, ce ne sont pas toutes les exécutions qui peuvent être accomplies pour des raisons médicales. Par exemple, à cause de besoins politiques perçus, le régime communiste chinois a pris l’habitude d’exécuter les condamnés à mort les jours de congés nationaux, comme le jour du Nouvel an, le Jour de mai, ou le jour de la fête nationale, pour obtenir la meilleure exposition possible de l’événement. Assez souvent, les périodes déterminées pour de telles exécutions signifient que les organes des détenus ne sont pas utilisés. Wang Guoqi, autrefois, spécialiste des brûlures à l’hôpital général paramilitaire de Tianjin a témoigné devant le Sous-comité sur les opérations internationales et les droits humains de la Chambre des Représentants des Etats-Unis. Dans une déclaration écrite, il a déclaré : ‘’J’ai retiré la peau de cadavres de prisonniers exécutés’’, et a plus tard, décrit la façon dont il s’est rendu sur le lieu des exécutions pour prélever les organes. Parmi quatre détenus exécutés, un seul avait des organes compatibles. On a demandé au Dr. Wang d’emmener le cadavre dans une ambulance dans les 15 secondes après le coup de feu. Lui et un autre médecin ont alors pris 13 secondes pour retirer la peau. [21]



4. Facteurs limitant les organes des détenus condamnés à mort


L’exécution de détenus condamnés à mort survient en différents endroits et à des périodes différentes. Puisque la Chine n’a pas de réseau de partage d’organes, tel le Réseau uni pour le partage d’organes aux Etats-Unis, la recherche de compatibilité des tissus provenant de détenus exécutés ne peut avoir lieu que sur ou prés de la zone d’exécution. Ainsi, les détenus condamnés à mort sont considérés comme une ressource rare. Certains experts ont noté que les palais de justice locaux font souvent équipe avec les hôpitaux locaux pour protéger les intérêts locaux. Ce phénomène rend plus difficile pour les hôpitaux extérieurs à la région d’avoir accès aux organes. Ce n’est qu’en août 2009 que la Chine a annoncé un système de donation d’organes expérimental dans dix provinces et agglomérations sélectionnées.


Le schéma ci dessous illustre la façon dont les détenus condamnés à mort peuvent être divisés en quatre groupes différents basés sur l'endroit et la période de leur exécution. En principe, dans n’importe quel endroit donné, à n’importe quelle période, les organes provenant de détenus condamnés à mort ne peuvent être compatibles qu'avec les patients de cet endroit spécifique et à ce moment spécifique. Ainsi, le nombre d’organes gaspillés est probablement très élevé.



Pour cette raison, nous craignons que les pratiquants de Falun Gong détenus soient devenus un réservoir pour une compatibilité et un prélèvement d’organes à grande échelle, ce dont nous discuterons dans les sections ultérieures.



5. Le prélèvement d’organes de détenus condamnés à mort suit le ‘’modèle donné par la cour’’


Le 9 octobre 1984, le tribunal suprême du peuple de Chine, le procuratorat (plus ou moins équivalent au Parquet) suprême du peuple, le ministère de la sécurité publique, le ministère de la justice, le ministère de la santé publique, et le ministère des affaires civiles ont promulgué et mis en œuvre les ‘’Dispositions provisoires sur l’utilisation de cadavres de détenus condamnés à mort,’’ faisant autorité légale pour l’utilisation d’organes sur des détenus condamnés à mort exécutés.


Alors que le tribunal, le procuratorat, le centre de détention, et l’hôpital sont parties intégrantes du processus de collecte d’organes sur les détenus condamnés à mort, la partie clé est le tribunal, puisqu’il prononce les condamnations à mort et procède aux exécutions. Avant l’exécution, le détenu condamné à mort doit subir des tests sanguins avec l’approbation du centre de détention. Puis, le tribunal procède à l’exécution sous la supervision du procuratorat. Le tribunal et le procuratorat restreignent l’accès au site d’exécution et assistent les médecins dans le prélèvement d’organes sur des détenus exécutés. Le gouvernement communiste chinois a adopté ce processus lorsque le marché des greffes d’organes en était à son étape la plus précoce et a présenté les Dispositions provisoires 1984 susnommées pour donner une autorité légale au processus. Depuis, il l’a suivi. L’Hebdomadaire Phoenix (numéro 21, 2005) a cité une source déclarant : ‘’Sans l’approbation du département de la justice, il serait impossible pour les hôpitaux de collecter des organes sur des détenus condamnés à mort.’’ [22]



Les tribunaux jouent un rôle clé en procurant les organes provenant de détenus condamnés à mort


Le modèle donné par le tribunal rend le processus d’utilisation des organes provenant de détenus condamnés à mort plutôt public, programmé, et quelquefois, même bureaucratique, dans lequel le tribunal, le procuratorat, le centre de détention, et l’hôpital jouent leurs rôles intégraux avec leurs propres intérêts à l’esprit. Ce processus est connu des observateurs des droits de l’homme, en dépit des démentis constants du gouvernement communiste chinois jusqu’à ces dernières années (voir Préface). Il convient de préciser que les médecins ne peuvent pas simplement se rendre dans le centre de détention et demander aux gardes de la prison des détenus condamnés à mort pour prélever les organes. Plus de parties et d' étapes sont impliquées, moins le processus de collecte d’organe est efficace.



6. Exigences légales pour une classification des ‘’corps non réclamés’’


Les Dispositions provisoires de 1984 fournissent les directives suivantes pour accepter les organes de cadavres non réclamés ou ceux provenant de détenus exécutés : les directives stipulent que les cadavres sont acceptables si


1. Ils ne sont pas réclamés ou sont refusés par la famille des exécutés ;
2. Ils sont volontairement donnés par les détenus condamnés à mort ;
3. Si les familles des exécutés donnent leur consentement.


Inévitablement, attirées par d’énormes bénéfices financiers potentiels, certaines personnes ont découvert des moyens d’exploiter les failles de ces directives. Par exemple, dans certains cas, les familles ne sont pas averties de la période de l’exécution et en conséquence, les corps demeurent non réclamés. Néanmoins, ces directives imposent bel et bien des restrictions légales sur l’utilisation des organes des détenus condamnés à mort.


Réactions des familles des personnes exécutées au détournement des organes des détenus condamnés à mort


Depuis 2000, les familles des détenus exécutés se sont ouvertement plaintes du retrait des organes sans consentement. Certaines ont même engagé des actions en justice. Ceci a augmenté l’incertitude entourant l’utilisation des organes des détenus condamnés à mort.


En septembre 2000, Yu Yonggang de l’agglomération de Taiyuan, province de Shanxi a été condamné à mort pour vol et meurtre. La mère de Yu a déclaré de façon répétée que l’hôpital et le tribunal ont pris les organes de son fils sans qu’elle ait donné son consentement. Elle a écrit une lettre intitulée ‘’Plainte éplorée d’une citoyenne’’ pour mettre la question en lumière, pointant du doigt les corps gouvernementaux concernés.


En mai 2000, Fu Xingrong, un fermier de la province de Jiangxi, a été exécuté pour meurtre. Le tribunal local a vendu ses reins à l’un des principaux hôpitaux de la province de Jiangxi sans le consentement de sa famille. De chagrin et d’indignation, le père de Fu s’est suicidé. La sœur de Fu a engagé un avocat et lancé une action en justice contre le tribunal local.


Le 23 septembre 2003, le Lanzhou Morning News a rapporté un cas dans lequel un centre de détention de la province de Gansu a ‘’donné’’ des organes d’un détenu condamné à mort sans son consentement. Plus tard, le tribunal local a décrété que le centre de détention devait payer à la famille 2.000 yuans de compensation. Le directeur du centre de détention a admis auprès des médias que la donation d’organes devait avoir un consentement écrit des détenus condamnés à mort, et que, dans ce cas, le centre de détention n’avait aucun document écrit du détenu. [23]


Les réactions des familles comme celles-ci ont entrainé des hésitations sur l’utilisation des organes des prisonniers condamnés à mort, du moins jusqu’à un certain degré, et à cette époque, les organes pris sur des condamnés à morts ne peuvent plus être considérés comme une ressource abondante et aisément disponible.


D’autres considérations incluent l’âge (idéalement, le ‘’donneur’’ devrait avoir entre 20 et 30 ans) et l’état de santé. De nombreux détenus sont dépendants au tabac, à l’alcool, et aux drogues, ce qui en fait des donneurs moins qu’idéaux.


Tout ceci explique le pourcentage relativement bas d’organes potentiellement utiles qui peuvent être issus de ‘’donneurs’’ condamnés’’ à mort. Nous avons discuté de la façon dont un organe faiblement compatible impacte directement la qualité de l’opération de transplantation. Si un nombre élevé de patients meurent sur la table ou décèdent peu de temps après l’opération, cela influe directement sur la réputation et la carrière du chirurgien. Il va par conséquent de soi que le chirurgien préfère ne pas utiliser un organe de source incertaine, lors de l’opération. En résumé, nous considérons un schéma de 20 à 30% d’organes adéquats provenant de détenus condamnés à mort comme étant une estimation raisonnable, sinon optimiste, et dans nos calculs, nous avons fixé 30 % comme constituant la limite supérieure.


Du fait de ces limitations sur l’utilisation des organes de prisonniers condamnés à mort, le nombre annuel d’organes provenant de détenus exécutés se situe probablement aux alentours de 6.000. Cependant, entre 2003 et 2006, il y a eu une croissance massive du marché des greffes d’organes en Chine. En clair, les seuls organes de prisonniers condamnés à mort , ne satisfont pas à cette demande qui monte en flèche.


Références


[21] Wang Guoqi: ‘’J’ai ôté la peau sur les cadavres de prisonniers exécutés- témoignage de Wang Guoqi, chirurgien à l’hôpital du corps de la police armée de Tianjin,’’ citée du Journal du Monde sur http://www.chinamonitor.org/news/qiguang/wqgzb.htm


[22] Hebdomadaire Phoenix (numéro 21, 2005), ‘’Enquête sur la donation d’organes provenant de détenus condamnés à mort,’’ http://www.ifeng.com/phoenixtv/72951501286277120/20050823/617113.shtml


[23] Deng Fei, ‘’Enquête sur la donation d’organes provenant de détenus condamnés à mort,’’ Hebdomadaire Phoenix, http://health.sohu.com/20081120/n260760080.shtml


Traduit de l’anglais en France