(Minghui.org) Niu Shumei était préfet à la préfecture de Ningyuan pendant la période des Daoguang et Xianfeng (période allant de 1820 à 1861) sous la dynastie Qing. Il était honnête et travailleur, et accomplissait des choses remarquables, pour lesquelles les gens faisaient son éloge.

Un jour, il y a eu un terrible tremblement de terre. Toutes les maisons en ville se sont effondrées et d’innombrables personnes ont été blessées ou ont péri. Les bureaux du gouvernement ont également été endommagés. Le fils de Niu est mort et Niu était si gravement blessé au pied qu’il ne pouvait plus marcher correctement.

Dans son angoisse, Niu Shumei écrivit un long article interrogeant le Dieu de la ville, dans lequel il l'accusait de profiter de l'encens que les gens brûlaient, sans les protéger. Défiant le Dieu de la ville, il lui demanda s'il était possible que tout le monde dans la grande ville soit méchant et mérite de mourir ? Il avait disait-il une conscience claire, mais son fils était mort et il avait lui-même été blessé. Il demandait si la voie du ciel était suffisamment bonne pour que les gens aient foi en elle et si les dieux ne commettaient pas aussi des erreurs de jugement.

Cette nuit-là, Niu Shumei fît un rêve dans lequel le Dieu de la ville l’invitait chez lui et lui disait : « Vous m’avez réprimandé dans votre écrit en moralisant et en vous justifiant, mais vous ne comprenez vraiment pas comment fonctionnent les dieux et les esprits, et c’est pourquoi je vous ai invité ici pour répondre à vos questions et à vos remarques diffamatoires. »

« Toutes les calamités résultent du karma des péchés accumulé au fil du temps par les gens, et rien n’est accidentel », poursuivit le Dieu de la ville.

Il révéla ensuite à Niu le secret sur la façon dont les dieux avaient passé 50 années à organiser le tremblement de terre. Il dit : « Il y a eu 50 ans d’enquête et de prises de notes en relation avec le tremblement de terre actuel et tous ceux qui n’étaient pas censés souffrir ont été relocalisés ailleurs ; s’ils avaient commis de nouveaux péchés, ils auraient été ramenés. Même s’il pouvait y avoir eu des changements au moment de la catastrophe, de tels changements auraient été pris en compte et les vies humaines ne seraient jamais ignorées. »

« Si tel est le cas », avança Niu Shumei, « voulez-vous dire qu’il n’y avait pas une seule personne au cœur bon dans toute la ville et que mon fils et moi-même méritions aussi d’être condamnés ? »

« Il y a trois familles en ville qui demeurent saines et sauves », répondit le Dieu de la ville. « L’une est celle d’une femme, veuve depuis trois générations, et qui maintenant prend soin de son petit-fils ; l’autre est la famille d’un médecin. Il n’a jamais vendu de faux médicaments et chaque fois que c’était nécessaire, se rendait aux chevets d’un patient et s’en occupait de son mieux, fût-ce au milieu de la nuit ou sur une route mouillée et boueuse ; une autre est la famille d’une vieille dame et de son jeune petit-fils, qui vivaient en vendant des gâteaux de riz frits. Ils sont tous sains et saufs. Vous pouvez aller vérifier. Je ne dirais pas de mensonges.

« Votre fils avait fait beaucoup de mauvaises choses dans sa vie précédente et en conséquence, il a trouvé la juste rétribution dans le tremblement de terre », dit encore le Dieu de la ville à Niu. « Vous auriez dû être condamné vous aussi mais parce que vous êtes un fonctionnaire honnête et travailleur, vous avez reçu une punition clémente et vous vous êtes seulement blessé le pied. En un mot, les dieux et le Ciel sont extrêmement prudents quand ils accordent récompenses ou punitions, et n’accorderaient jamais de faveur supplémentaire à une personne en particulier. Chaque désastre ou bonne fortune a ses raisons, donc si vous faites de votre mieux pour être un bon fonctionnaire, vous pourriez être promu au poste de commissaire de justice. »

Après avoir entendu tout cela, Niu Shumei remercia le Dieu de la ville et s’excusa pour ce qu’il avait écrit dans l’article.

Après son réveil, Niu est allé inspecter les trois familles dont le Dieu de la ville lui avait parlé dans son rêve. Il a retrouvé effectivement les familles de la femme et du médecin, même s’il lui a fallu un peu plus d’efforts pour trouver la vieille dame qui vendait ses gâteaux de riz frits. Elle a dit à M. Niu qu’elle traitait les gens équitablement et que lorsqu’elle rencontrait des personnes âgées ou handicapées, elle leur vendait toujours ses gâteaux à prix réduits ou les leur donnaient gratuitement.

Elle a dit également à Niu que deux jours avant le tremblement de terre, elle avait eu tout à coup davantage de clients et que la demande excédait l’offre, alors avec son petit-fils, ils ont passé la nuit à confectionner des gâteaux de riz frits à vendre le lendemain. Puis est arrivé le tremblement de terre et tous les deux ont été ensevelis sous les décombres de la maison pendant trois jours avant d’être secourus. Ils ont survécu pendant ces trois jours grâce aux gâteaux de riz frits.

Niu Shumei a été très surpris d’entendre cette histoire, et depuis lors il a acquis une compréhension encore plus profonde du principe de cause à effet et a travaillé encore plus dur pour être un bon fonctionnaire. Plus tard, il a été en effet promu au poste de commissaire de justice du Sichuan.

Note de l’Éditeur

Niu Shumei était une personne réelle dans l’histoire (1791-1875), né à Gansu et candidat honoré à l’Examen impérial dans la 21e année de la période Daoguang dans la dynastie Qing. Au cours de sa carrière de fonctionnaire, il a officié en tant que magistrat du canton de Zhangming (actuelle ville de Jiangyou), préfet de Maozhi et de Ninguyan et commissaire de justice.

Niu a été décrit dans L’ébauche d’une Histoire des Qing comme étant « transparent et prudent dans le jugement des affaires. Il ne laissait aucun cas non résolu et était profondément aimé du peuple ». Le tremblement de terre en question s’est produit à Xichang la nuit du 12 septembre 1850 (le 7 août de l’année lunaire et la 38e année de la période Daoguang). Ce fut un séisme dévastateur d’une magnitude de 7,5.

À propos de la situation à Ningyuan, il a été enregistré dans L’ébauche d’une Histoire des Qing : « La terre a tremblé et la ville entière s’est effondrée, faisant de nombreux morts ou blessés. (Niu) Shumei a été enseveli dans les décombres mais a survécu. La population locale du Sichuan disait que le Ciel avait épargné Niu Qingtian (un surnom que lui avaient donné les gens le louant pour sa droiture et son intégrité), afin qu’il puisse encourager la gentillesse et la bienveillance. Shumei s’est reproché de ne pas avoir suffisamment de vertu pour avoir échoué à protéger les gens et a réfléchi sur lui-même. Il a offert alors tout ce qu’il pouvait pour aider les victimes et a gagné de la part des gens un respect et un amour encore plus profonds.

Cette histoire est tirée des « Juen Yuan Notes » de Huang Shuyun.

Traduit de l'anglais