(Minghui.org) Moins d'un an après avoir été arrêté en raison de sa croyance dans le Falun Gong, M. Ye Fenglin est décédé à l'âge de 44 ans le 27 juin 2002, tandis qu'il purgeait une peine de deux ans et demi dans un camp de travaux forcés. Dix-neuf ans ont passé depuis sa mort tragique, mais sa famille reste dans le flou quant à ce qui lui est arrivé pendant ses derniers jours.
Il y a deux ans, un ami de sa famille est tombé sur un rapport d'autopsie et a découvert que l'homme habitant la ville de Bijie, province du Guizhou, est décédé après qu'on l'a gavé, contrairement aux déclarations du camp de travail selon lesquelles son décès a été causé par une tuberculose grave et une défaillance respiratoire.
Une mort suspecte
Le 27 juin 2002, vers 22 h, la famille de M. Ye a reçu la visite de Ge Junlan, un directeur du camp de travail, et Lu Yongliang du poste de police de Sanqiao, qui leur ont demandé de les accompagner au camp de travaux forcés de Zhongba.
L'épouse de M. Ye a demandé ce qui se passait. Les agents ont refusé de révéler quoi que ce soit et ont dit : « Vous le saurez lorsque nous arriverons là-bas. » À leur arrivée, on lui a annoncé que M. Ye était décédé d'une maladie grave à 7 h ce matin-là.
La famille de M. Ye a ensuite été emmenée à la maison funéraire de Qingshanyuan. À ce moment-là, les employés de la maison funéraire avaient déjà préparé et habillé M. Ye. Sa famille n'a pas pu voir s'il avait des blessures sur le corps. Sur le mur, une étiquette disait « corps anonyme ».
Le camp de travail a, dans un premier temps, refusé de procéder à l'autopsie de M. Ye. Ils ont fini par céder face aux demandes insistantes de sa famille.
L'autopsie a été menée à la maison funéraire l'après-midi du 29 juin par les médecins légistes Wang Jie, Wang Lei et Huang Yingkang du Département de médecine légale de la faculté de médecine de Guiyang, et par Zhang Qinghua et Chen Xiang du Bureau des technologies légistes du bureau de la sécurité publique de la ville de Qingzhen.
Pendant l'autopsie, on a découvert qu'une des côtes de M. Ye était cassée. Une grande partie de son abdomen, près du foie, portait des ecchymoses. Ses intestins étaient très propres et ne retenaient aucun reste de nourriture.
Aucun des directeurs du camp de travail ni aucun médecin n'a assisté à l'autopsie, il n'y avait personne de disponible pour répondre à des questions. Seuls deux jeunes médecins et quelques gardiens qui ne savaient rien du dossier de M. Ye ont été envoyés à la maison funéraire. Lorsque sa famille les a interrogés au sujet de la côte cassée et des ecchymoses, ces agents ont répondu que cela avait été causé pendant la réanimation à l'hôpital.
La famille de M. Ye a également demandé à voir les vêtements qu'il portait au moment de sa mort, mais un garde a répondu qu'ils avaient été jetés et que c'était par pure humanité qu'ils l'avaient préparé et lui avaient mis de nouveaux vêtements.
Dans le rapport final d'autopsie publié dix jours plus tard, le 9 juillet, les médecins légistes concluaient que M. Ye est décédé d'une tuberculose aiguë disséminée dans le sang qui avait provoqué une toxicité systémique dans son corps et une défaillance respiratoire.
Sans avis médical, la famille de M. Ye n'a pas lu attentivement le rapport. Ils pensaient qu'il avait été battu à mort et que la tuberculose n'était qu'une excuse utilisée par les autorités pour couvrir les coups.
Rapport d'autopsie
Vers 2019, un ami médecin de la famille a eu l'occasion de lire le rapport d'autopsie. Il a été choqué de lire ce passage : « La lumière bronchique était remplie de résidus de liquides et d'aliments. » Après avoir discuté de ce cas avec d'autres professionnels de la santé, il a conclu que M. Ye était décédé après avoir été gavé.
Le rapport ajoutait que « de grandes quantités de contenus gastriques accumulés dans le larynx, l'épiglotte et l'œsophage » et « la nourriture dans l'estomac était à moitié digérée et semblait normale ».
L'ami de M. Ye a expliqué que le passage précédent du rapport signifiait que les résidus découverts dans la lumière bronchique, le larynx, l'épiglotte, l'œsophage et l'estomac étaient les mêmes. Dans des circonstances normales, il est simplement impossible que la nourriture reste dans le larynx, l'épiglotte et l'œsophage, car cela bloquerait rapidement la respiration. Le fait que même la lumière bronchique principale était remplie de nourriture signifiait que tout son système respiratoire était entièrement bloqué.
Le rapport médical de M. Ye fourni par le camp de travail disait qu'il avait refusé de prendre des médicaments le 24 juin 2002. Son ami suspectait aussi que les gardes pourraient avoir mélangé des substances à la nourriture et avoir essayé de le nourrir de force. S'il refusait d'avaler la nourriture, cela pourrait expliquer pourquoi la nourriture était restée dans le larynx, l'épiglotte et l'œsophage. Il est aussi possible que les gardes avaient inséré le tube de gavage dans le conduit bronchique qui se trouve à côté de l'œsophage et avaient alors rempli le passage bronchique de nourriture.
Le rapport médical indiquait que M. Ye transpirait abondamment, avait le visage pâle, la respiration courte et des lèvres bleues vers 6 h 30, une heure avant son décès. Ces symptômes indiquent tous un manque d'oxygène, soulignant le fait qu'il était incapable de respirer.
D'un autre côté, le rapport médical ne mentionne jamais qu'il souffrait de tuberculose. Pourtant les médecins légistes ont déclaré qu'il était mort de cette maladie, ce qui, selon son ami, pourrait être un moyen utilisé par les autorités pour couvrir la réelle cause de sa mort.
En ce qui concerne la côte cassée, le médecin légiste a déclaré que cela s'était produit après le décès, ce que l'ami de M. Ye dénonce aussi comme un moyen de couvrir les maltraitances qu'il a subies en détention.
Son ami a aussi remarqué que les ecchymoses sur l'abdomen n'ont pas été mentionnées dans le rapport d'autopsie et aucune photo n'y a été ajoutée, alors que les personnes qui ont procédé à l'autopsie ont pris des photos de son corps pendant la dissection.
Récit de persécution de M. Ye
M. Ye est né en 1958. Il a obtenu son diplôme de l'école normale de Bijie en 1977. Il a travaillé comme instituteur et directeur d'école primaire. Avant cela, il a travaillé dans des installations militaires de la région. Avant de commencer à pratiquer le Falun Gong, il connaissait beaucoup de problèmes de santé, en particulier une douleur intense aux pieds. Il fumait, buvait et jouait parfois.
L'épouse de M. Ye lui a recommandé le Falun Gong en 1995. Il a été attiré par les principes que le Falun Gong enseignait et s'est mis à pratiquer activement. Il a abandonné toutes ses mauvaises habitudes et a fait connaître la pratique aux habitants du quartier, dans l'espoir que plus de personnes puissent aussi en bénéficier.
Au début de la persécution, en raison de sa réputation parmi les pratiquants de la région, des policiers ont fouillé son domicile et l'ont arrêté. Comme il refusait de renoncer au Falun Gong, il a été détenu dans un camp de travaux forcés pendant un certain temps.
Peu après avoir été libéré, M. Ye a de nouveau été arrêté au travail en octobre 2000 et incarcéré dans un centre de détention pendant six mois. Les policiers l'interrogeaient fréquemment et lui ordonnaient de renoncer au Falun Gong. Les gardes du centre de détention le frappaient constamment parce qu'il pratiquait les exercices de Falun Gong.
Le 17 avril 2001, M. Ye a été condamné à deux ans et demi au camp de travaux forcés de Zhongba où il a été torturé et soumis au lavage de cerveau, parce qu'il maintenait sa croyance. Malgré ses blessures, les gardes le forçaient aussi à effectuer de lourdes tâches non rémunérées.
Lorsque l'épouse et le fils de M. Ye lui ont rendu visite en janvier 2002, son état physique était encore relativement bon. Il a encouragé son fils à bien étudier et bien réussir son examen d'entrée au lycée. Son fils lui a promis de revenir lui rendre visite après l'examen. Personne ne s'attendait à ce que ce soit la dernière fois qu'ils se verraient.
Le 18 juin 2002, M. Ye a eu de la fièvre. Le lendemain, sa température est montée à 41 °C. Lors de l'entretien d'usage pendant le repas, le garde Li Jiming a réprimandé M. Ye pour n'avoir pas parlé de sa température élevée plus tôt. Mais il n'était pas question de l'envoyer à l'hôpital. Au lieu de cela, les gardes lui ont donné un médicament antipyrétique, mais aucun autre traitement. M. Ye a arrêté les travaux forcés et a pratiqué les exercices de Falun Gong dans sa cellule. Les autres pratiquants prenaient bien soin de lui. Deux jours plus tard, la fièvre est retombée et il pouvait marcher.
Des gardes l'ont emmené à l'hôpital du camp de travail le 23 juin. Le dossier médical mentionné ci-dessus commençait à cette date.
Deux détenus en service de nuit à l'hôpital du camp de travail ont plus tard rapporté aux pratiquants de Falun Gong ce qui s'est passé le soir du 26 juin. L'un d'entre eux était de garde jusque minuit ce soir-là et M. Ye lui a parlé jusque 23 h avant d'aller se coucher. L'autre détenu dont la garde commençait à minuit a raconté qu'un groupe de médecins est arrivé en trombe vers 1 h. Ils ont essayé de réanimer M. Ye. Six heures plus tard, il décédait.
En juillet, après que les pratiquants de Falun Gong incarcérés dans le camp de travail ont appris le décès de M. Ye, ils ont adressé six requêtes aux autorités carcérales : 1) expliquer la raison pour laquelle le décès de M. Ye a été caché ; 2) révéler les informations détaillées de son décès ; 3) enquêter sur le fait que le garde Li n'a pas cherché de soins adaptés à M. Ye alors qu'il était au courant de sa température élevée ; 4) organiser une cérémonie en sa mémoire ; 5) dire à la famille de M. Ye que sa fièvre était tombée et qu'il avait récupéré le 21 juin (six jours avant sa mort) ; 6) arrêter de trouver des excuses au décès de M. Ye et d'utiliser sa mort pour diffamer le Falun Gong. Les autorités ont accepté les requêtes 2) et 6), mais aucun rapport détaillé de la mort de M. Ye n'a jamais été fourni.
Personnes responsables impliquées dans le décès de M. Ye :
1. Xia Wanxiang (夏万祥), directeur du poste de police de Tuanjiexiang : +86-857-8734004
2. Zhao Qingyang (赵庆阳) et Nie Zongfa (聂宗发), directeur politique des services de police de Bijie : +86-857-8223041, +86-857-8221354
3. Yu Jiang (余江), Liu Yirui (刘遗瑞), Ge Junlan (葛俊兰), gardes du camp de travaux forcés de Zhongba
4. Li Jiming (黎计明), agent de police
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Traduit de l'anglais
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