(Minghui.org) Note de la rédaction : Mme Chen Jing, brillante diplômée universitaire, a été persécutée alors qu’elle avait tout juste vingt ans, pour avoir défendu sa croyance dans le Falun Gong, discipline spirituelle persécutée par le régime communiste chinois depuis 1999. Elle a été assignée à résidence à l’université et menacée d’expulsion et d’emprisonnement. Après avoir obtenu son diplôme, elle a été licenciée d’un bon emploi qu’elle occupait dans un hôpital. Pour éviter la persécution, elle a été obligée de se déplacer et a vécu dans la peur durant des années. À l’âge de 37 ans, elle a été arrêtée, puis condamnée à cinq ans de prison. Elle a été soumise à divers types de torture brutale dans des centres de détention et des prisons.
Mme Chen Jing
Mme Chen raconte en détail comment elle a été persécutée, tant physiquement que mentalement.
Appel devant la cour intermédiaire
Le 19 janvier 2017, mon avocat a soumis mon cas en appel auprès de la cour intermédiaire de Jiamusi. Le 25 janvier, j’ai soumis ma lettre d’appel manuscrite au centre de détention en leur demandant de la transmettre à la cour intermédiaire de Jiamusi.
Zhou Chen et Jiang Liang, de la cour intermédiaire de Jiamusi, m’ont rencontré le 8 mars. Ils m’ont dit que le tribunal n’avait pas reçu mon appel manuscrit. Au cours de ma conversation de deux heures avec Zhou Chen, il m’a interrogé sur mon casier judiciaire. Il a inscrit ma détention de courte durée de quinze jours après mon arrestation le 22 janvier 2016 comme étant mon casier judiciaire antérieur. J’ai insisté pour qu’il le retire. Il a tenté de la conserver comme preuve à l’appui pour me condamner. Il a même proposé d’ajouter que la détention était illégale. J’ai refusé, disant que la détention faisait partie de la même affaire et qu’il ne pouvait pas l’utiliser comme une double peine contre moi. N’ayant plus d’excuses, il a finalement rayé cette mention.
Je lui ai de nouveau décrit la façon dont j’avais été torturée et les noms des personnes y ayant participé. J’ai mentionné à plusieurs reprises Li Zhongyi, impliqué dans l’ensemble du processus de mon affaire, de son dépôt à sa poursuite, jusqu’au procès et à la condamnation. Zhou a prétendu qu’il ne connaissait pas Li Zhongyi. Il m’a demandé comment je connaissais le nom de Li et les informations le concernant. J’ai répondu : « Peu importe comment on essaie de dissimuler ses crimes, tout sera exposé un jour. De nombreux agents ont condamné Li pour son mauvais caractère. Bien sûr que je connais son nom. »
Au bout d’un moment, Zhou Chen m’a tout à coup posé de nombreuses questions personnelles : Pourquoi ne m’étais-je pas mariée ? Pourquoi avais-je quitté mon emploi à l’hôpital ? Comment avais-je pu subvenir à mes besoins ? Combien avais-je payé pour mon ordinateur ?
C’étaient toutes des questions déjà posées par la police et le parquet. Je savais qu’ils avaient l’intention d’utiliser l’information pour salir le Falun Gong – peut-être en créant une image selon laquelle les pratiquants de Falun Gong sont bizarres, ne se mariaient pas, ou que j’avais le soutien financier d’un autre pays qui travaillait pour renverser le régime communiste.
Je lui ai répondu que j’aurais apprécier parler de moi si nous nous étions rencontrés dans d’autres circonstances. Mais je ne pouvais pas lui répondre, puisque les questions n’étaient pas pertinentes pour cette affaire.
J’ai suggéré qu’il tienne une audience publique sur mon cas d’appel, ce à quoi il a répondu qu’il devait consulter le corps collégial. J’ai demandé qui en étaient les membres, et il m’a donné tous les noms.
Le 7 avril, Zhou Chen a rendu la décision me concernant. J’ai préparé trois documents pour l’appel, dont « Demande auprès de la cour d’appel d’un procès public », « Demande auprès de la cour d’appel concernant la comparution des examinateurs et des témoins au procès » et « Demande d’exclusion des preuves verbales recueillies par des méthodes illégales telles que la torture, des preuves matérielles et des preuves documentaires recueillies non conformes aux procédures légales » et je les ai remis à Zhou. Il a refusé et ne les a pas acceptés.
Je lui ai demandé pourquoi le tribunal n’avait pas tenu de procès public, et il m’a répondu que la décision avait été prise par le panel. J’ai remarqué que les membres du panel étaient différents de ceux annoncés le 8 mars. Le libellé du verdict salissait le Falun Gong encore davantage que celui du tribunal de première instance.
Je lui ai affirmé que les documents que j’avais fournis étaient conformes à la loi et que l’affaire ne serait pas jugée équitablement si les juges ne les lisaient pas. Il ne m’a pas regardée et a répondu qu’il était inutile de les lui donner maintenant. Il n’arrêtait pas de me demander de signer le verdict.
J’ai refusé. Au lieu de cela, j’ai écrit dessus : « Cette décision a abusé de la loi. Je n’accepte pas le verdict. Je refuse de signer. » J’ai écrit sur le récépissé de livraison que je refusais de l’accepter. J’ai signé mon nom sous la signature de l’avocat de la défense dans la section de déclaration de défense et je l’ai datée. Je l’ai donné à Zhou et lui ai demandé de l’inclure dans le dossier avec tous les documents que je lui avais donnés. Je lui ai dit que j’y ferais référence lors de mon futur appel. Il n’a pas répondu et déclaré qu’il informerait mon avocat de la décision.
Mon appel a été vain.
« Ce n’est pas un endroit pour les êtres humains »
J’ai été emmenée à la prison pour femmes de la province du Heilongjiang le 10 mai 2017 pour y purger une peine de cinq ans. C’est un endroit que Yang Bo et Li Zhongyi qualifiaient de « ce n’est pas un endroit pour les êtres humains ».
Le jour de mon arrivée, j’ai rencontré les détenues chargées de me « gérer ». Je me suis présentée et je leur ai dit paisiblement que je n’étais pas une criminelle et que je n’avais commis aucun crime. L’une des détenues, Tian Yanru, m’a grondée et m’a poussée : « Tais-toi, ne parle pas, ne regarde pas autour de toi, marche tête baissée. Sais-tu où tu es ?? Tu dois te rappeler ton identité... »
J’ai répondu : « Pourquoi les gens n’ont-ils pas le droit de parler ? »
Yanru a crié : « Cette Falun Gong ne semble pas bien éduquée sur le protocole du centre de détention et ne connaît pas le règlement. »
Ensuite, la détenue Zhou Lirong et deux autres détenues grandes et fortes m’ont traînée de force dans une petite pièce sombre et ont commencé à me donner des coups de poing et de pied. Je me sentais étourdie et ne pouvais plus bouger suite aux coups. La détenue en chef du Groupe Six et trois détenues m’ont traînée jusqu’au Groupe Six et jetée par terre près d’un lit vide dans le coin. La détenue Huang Liyan a écrit des mots maudissant le Falun Gong et le Maître du Falun Gong sur le sol avec un marqueur noir, que je n’ai pas réussi à enlever quand je les ai frottés avec mes mains.
« Chen Jing, écoute. À partir de maintenant, toutes tes activités auront lieu dans ce petit espace, en marchant sur [le nom de] ton Maître », m’a dit Liyan.
Liyan a ordonné à une autre détenue d’emporter la literie neuve et le matelas rembourré qui m’avaient été fournis et m’a apporté un couchage sale et mince. Ils ont essayé de me forcer à m’asseoir sur un petit tabouret pendant des heures cette nuit-là, mais ont cédé après que j’ai expliqué m’être levée à 5 heures du matin et que je n’avais pas mangé ce jour-là. J’ai été autorisée à me coucher à 21 h 30.
Les jours les plus sombres
Le lendemain matin, le lavage de cerveau brutal a commencé. J’ai dit à Huang Liyan que je connaissais très bien le contenu de ces CD et livres de lavage de cerveau, et qu’ils n’agiraient pas du tout sur moi. Liyan s’est emportée, criant : « Alors nous pouvons te gérer directement et utiliser ce qu’il y a de plus rude, pas besoin de s’échauffer ... Pas besoin de commencer par s’asseoir sur un banc. Laissons-la rester en station debout du matin au soir ... »
J’ai commencé par rester debout de 5 h à 22 h, puis de 4 h à 23 h, puis de 3 h à 24 h. Finalement, je suis restée debout 24 h sur 24. On ne me donnait que trois ou cinq minutes pour les repas, sans être toutefois autorisée à m’asseoir pour manger. Pour m’empêcher de rencontrer d’autres pratiquantes de Falun Gong, deux détenues m’accompagnaient aux toilettes. Je n’avais droit qu’à deux minutes à chaque fois. On ne me laissait que cinq minutes pour me laver le matin et pas plus de dix minutes le soir.
Toutes les détenues chargées de me surveiller passaient leur colère sur moi lorsqu’elles étaient de mauvaise humeur. Elles me grondaient ou me causaient intentionnellement des problèmes. Lorsque l’écran de surveillance de ma cellule a cessé de fonctionner, les détenues m’ont battue librement, avec l’aide des gardes de prison.
Les détenues qui devaient me surveiller la nuit ne pouvaient pas dormir et s’en prenaient à moi, me pinçant et me poussant, me piquant les paupières avec des cure-dents ou me versant de l’eau dessus. Une nuit, les détenues Li Zhenghuan et Ning Hongshuai m’ont tourmentée pendant plusieurs heures en utilisant ces méthodes. Zhenghuan m’a soudain attrapée par le col et m’a secouée fortement d’avant en arrière, me menaçant et criant : « Sais-tu comment je suis arrivée ici ? J’ai tué quelqu’un. Ne m’irrite pas, sinon je vais faire n’importe quoi. »
Huang Liyan n’a permis à personne de me parler ou de m’aider. Comme je venais d’arriver, je n’avais pas de produits de première nécessité. Lors de mes menstrues, Liyan ne m’a pas permis d’aller aux toilettes lorsque c’était nécessaire, alors le sang tachait mon pantalon mais je n’étais pas autorisée à le changer. J’étais toujours obligée de rester debout toute la journée.
Comme je refusais toujours de faire des compromis, le gardien de prison a ordonné à Yang Shuo, une détenue grande, forte et impitoyable dont la peine avait été réduite parce qu’elle persécutait les pratiquantes de Falun Gong, de travailler avec Liyan pour me tourmenter. Shuo me battait chaque fois qu’elle se sentait déprimée. En conséquence, un jour j’ai eu un œil au beurre noir, ou bien un autre jour la bouche qui saignait. Mon corps était couvert d’ecchymoses. Parfois, Shuo mettait un morceau de papier à tenir entre mes jambes pendant que je me tenais debout et me battait dès que le papier tombait.
Après un certain temps, trois des jeunes détenues les plus difficiles, Ning Hongshuai, Hou Haiyue et Li Jianing, ont été transférées dans le groupe de Huang Liyuan. Elles intimidaient les pratiquantes, y compris des personnes âgées de 60 et 70 ans. Elles leur soutiraient de l’argent et s’employaient activement à coopérer avec Liyan pour obtenir des avantages de sa part.
Une nuit vers six heures, alors que je me tenais debout en guise de punition, la jeune détenue Hou Haiyue n’était pas contente de son prochain quart de nuit pour me surveiller et a menti à Shuo, affirmant que j’étais désobéissante. Comme celle-ci était également de mauvaise humeur, elle s’est précipitée sur moi, me donnant de sauvages coups de poing et de pied. Elle portait une paire de chaussures dures et j’ai été immédiatement meurtrie et battue. Voyant que je ne bougeais pas, Shuo m’a donné un coup de pied puissant et haut. J’ai volé hors de la cellule et j’ai heurté le mur du couloir à environ quatre mètres, puis j’ai rebondi sur le sol. Ma colonne vertébrale était gravement blessée. Liyan l’a vu, elle a demandé à d’autres détenues de me traîner dans la cellule et a fermé la porte à la hâte.
Les jours suivants, mes deux pieds sont passés du bleu au violet, puis au noir. Les ecchymoses se sont étendues jusqu’à mes mollets. Mes pieds étaient trop enflés pour porter les chaussures dures de la prison. Liyan a insisté pour que je les mette. Elle a enfoncé mes pieds dedans, et les bords des chaussures ont coupé dans ma chair enflée. Mes chaussures et mes pieds étaient couverts de sang.
Je suis devenue une grande cible pour Liyan et les autres détenues. Une nuit, elle était furieuse. Elle a ordonné à toutes les autres pratiquantes de Falun Gong présentes dans la pièce d’aller se coucher et de fermer les yeux. Aucunes des détenues chargées de moi ne sont allées se reposer. Elles m’ont fait tomber par terre. Puis les deux jeunes détenues, Hou Haiyue et Li Jianing, ont chacune pris un petit tabouret et l’ont enfoncé dans mes cuisses. Puis elles se sont assises sur les petits tabourets. Li Xiangzhen et Cao Fengping ont maintenu mes deux bras. Liyan a enlevé sa couche supérieure de vêtements et s’est mise à califourchon sur moi. Elle criait et a commencé à m’enlever de force mon haut. Quand elle a essayé de m’enlever aussi mon pantalon, j’ai résisté de toutes mes forces et elle a arrêté. Puis elle a soudain pincé violemment l’un de mes tétons, je n’ai pas pu m’empêcher de crier fort à cause de la douleur. Hongshuai a ensuite rapidement tordu mon autre téton. Mes deux mamelons sont restés gonflés pendant plus de deux semaines.
Toute la nuit, elles n’ont cessé de m’asperger d’eau froide alors que j’étais allongée sur le sol, impuissante et tremblante. J’ai commencé à avoir des pertes de connaissance. J’ai vaguement entendu Liyan crier fort pour obtenir une chaussette ou un sous-vêtement sale à enfoncer dans ma bouche. Lorsque je suis revenue à moi, mon visage, mon corps et mes vêtements étaient mouillés.
Plus tard, Liyan a enroulé du ruban adhésif transparent autour de ma bouche et de mon corps et m’a encore forcée à me tenir debout. La détenue Cao Fengping a menacé : « Huang Liyan peut te faire tout ce qu’elle veut. Elle peut même attacher un paquet de brosses à dents ensemble et les fourrer dans ton vagin et les faire tournoyer, ce qui te détruira. » Huang Liyan a ajouté : « Je pourrais aussi te mettre dans une grande cuve et te verser de l’eau froide dessus pendant ta période menstruelle, pour te donner un bon coup de lavage. »
Liyan a été libérée de prison le 5 avril 2018, sa peine ayant été réduite de près de cinq ans en reconnaissance pour sa persécution des pratiquantes de Falun Gong.
Ayant insisté sur le fait que je n’avais rien fait de mal en pratiquant le Falun Gong, les responsables de la prison s’inquiétaient de comment ils me contrôleraient après le départ de Huang Liyan. Ils ont décidé de me mettre dans le même groupe que Yang Shuo, où je continuais à être surveillée de près tous les jours.
(À suivre)
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Traduit de l’anglais
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