Vendredi 9 septembre 2005

Les droits de l'homme et non pas le commerce et les investissements devraient dominer l'ordre du jour lorsque le premier ministre Paul Martin rencontrera le Président chinois Hu Jintao aujourd'hui.

Pendant trop longtemps, les politiciens canadiens ont pris les choses à l’envers dans leurs relations commerciales avec la Chine: Ils encourageaient plus de commerce, espérant que le développement économique y amélioreraient les droits de l'homme. Ce qu'ils n'ont pas compris est que le commerce prendra soin de lui-même, alors que les droits de l'homme ont besoin de champions.

Le commerce Sino-canadien s'accroît si rapidement qu’il est difficile de voir ce que M. Martin doit encore accomplir. Le commerce bilatéral s'est développé jusqu’à environ $31 milliards par année, amenant la Chine à être notre deuxième partenaire commercial le plus important après les Etats-Unis. Ce rapport croissant avec la Chine est déséquilibré, avec les importations canadiennes comptant pour $24 milliards de ce chiffre de $31 milliards.

Tandis qu'un déficit commercial entre les deux pays n'est pas nécessairement nocif, la dépendance commerciale peut l’être. Une plus grande diversité de partenaires commerciaux empêcherait la politique étrangère du Canada de se soumettre aux demandes commerciales.

La Chine est une superpuissance autocratique. La résistance de M. Hu à la réforme démocratique et les menaces flagrantes de son pays contre la démocratie de Taiwan devraient être les principaux soucis de M. Martin.

Toutes les fois que les politiciens canadiens rencontrent les politiciens chinois, on fait mention des droits de l'homme pour la forme. Mais cette mention n’est souvent qu’un panégyrique pour renforcer le dialogue et l'association stratégique. Même la mention symbolique des droits de l'homme est souvent oeuvrée pour éviter d'offenser, comme dans: les droits de l'homme en Chine s'améliorent, mais il reste un certain travail à faire.

Ce genre de déclaration n'est pas assez fort ou assez tranchant pour avoir un impact sur le régime chinois. La visite de M. Hu offre à M. Martin une occasion de parler fortement, fermement et publiquement au sujet de violations spécifiques.

Il devrait parler au sujet de la persécution en cours des pratiquants de Falun Gong.

Il devrait parler au sujet de la Chine qui embrasse des formes de restriction de liberté de parole, y compris la surveillance en ligne des dissidents et des journalistes et la création du logiciel sélectif de recherche sur Internet qui sert de censure anti-démocratique au 21ième siècle.

Il devrait parler du Tibet, où M. Hu était le secrétaire du Parti lorsque la Chine a imposé la violente loi martiale en 1989 et où on empêchait l’entrée des étrangers alors que la Chine célèbre 40 ans d'"autonomie tibétaine."

Oui, M. Martin pourrait en dire beaucoup à M. Hu avant que le président aille à Toronto, aux Chutes du Niagara, à New York, au Mexique et à Vancouver. Le bureau du premier ministre a dit que l’ordre du jour aujourd'hui inclura des discussions non seulement au sujet des droits de l'homme et du commerce, mais également au sujet du tourisme, l'investissement, la science et la technologie, l'énergie et l'environnement. Un ordre du jour si rempli permettrait facilement à M. Martin de porter peu d’attention aux droits de l'homme.

A la place, il devrait voir cette visite comme une chance de mettre les droits de l'homme au premier plan. Le rapport commercial du Canada avec la Chine ne devrait pas empêcher M. Martin de critiquer franchement et publiquement le régime chinois.

http://www.canada.com/ottawa/ottawacitizen/soundoff/story.html?id=13e40b40-2dce-4f82-941d-0df5ed53a52e.

Traduit de l’anglais au Canada le 10 septembre 2005