(Minghui.org) M. Liu Hongwei, 54 ans, de la ville de Jilin, dans la province du Jilin, a été arrêté à plusieurs reprises pour sa croyance dans le Falun Gong, une pratique de l'esprit et du corps que le régime communiste chinois persécute depuis 1999. À la suite de son arrestation en 2006, il a été torturé au point de ne plus pouvoir marcher et a ensuite été condamné à treize ans de prison.
En raison des mauvais traitements qu'il a subis en prison, presque toutes les dents de M. Liu sont tombées et sa vue a été gravement atteinte ; sa colonne vertébrale a été gravement déformée à cause de son alitement pendant treize ans ; il a souvent eu des vertiges, des palpitations, de la toux, accompagnés de vomissements, et il a souvent ressenti des douleurs au cœur et à la tête.
M. Liu a été libéré le 24 octobre 2019, et placé dans une maison de retraite. Avec l'aide de son ami, qui est également un pratiquant de Falun Gong, M. Liu a pu quitter la maison de retraite et s'installer dans un appartement en location.
Photo récente de M. Liu Hongwei dans un fauteuil roulant
Photo antérieure de M. Liu Hongwei
Voici son témoignage personnel sur les persécutions qu'il a subies :
Arrêté et envoyé dans un camp de travaux forcés
Après le début de la persécution du Falun Gong en juillet 1999, ma femme, Mme Yu Lixin (qui sera ensuite persécutée à mort le 13 mai 2002), notre fille de 5 ans, et moi-même sommes allés à Pékin pour faire appel le 6 septembre 1999. La police nous a arrêtés le 11 novembre et a confisqué tout notre argent, avant de nous renvoyer dans notre ville natale. Après trois jours dans un centre de détention, ma femme et moi avons été transférés au centre de détention no 3 de la ville de Jilin, où nous avons passé les quarante-deux jours qui ont suivi.
En juin 2000, j'ai été arrêté une nouvelle fois alors que je discutais avec d'autres pratiquants à Meihekou, dans la province du Jilin. Pendant la garde à vue, la police m'a blessé au dos, ce qui m'a empêché de marcher. J'ai été libéré après vingt-huit jours de détention.
Le 6 septembre 2000, je me suis rendu pour la troisième fois à Pékin pour faire appel pour le Falun Gong et j'ai été arrêté. Après avoir passé plus de vingt jours au poste de police du canton de Daxing, j'ai été envoyé au poste de police de Zhihe, dans le district de Chuanying, dans la ville de Jilin, en octobre. Plus tard, le chef de la police m'a conduit à l'équipe de la police criminelle no 4 du quartier général de la police de Chuanying. La police m'a menotté à une chaise defer pendant dix-sept heures. Je portais des vêtements fins et le temps était froid. Ils m'ont interrogé avec violence.
Plus tard, j'ai été détenu au centre de détention no 3 de Jilin pendant un mois avant d'être soumis à deux ans de travaux forcés dans le camp de travaux forcés de Huanxiling, dans la ville de Jilin.
Alors que j'étais dans la division no 4 du camp de travail de Huanxiling, d'autres pratiquants et moi-même avons fait les exercices de Falun Gong ensemble un jour et avons été brutalement battus par les gardes. Malgré un traitement aussi brutal, d'autres pratiquants et moi avons demandé notre libération inconditionnelle. Pour punir notre défi, la police nous a enfermés dans de petites cellules pendant sept jours.
Le 27 mars 2001, j'ai été transféré au camp de travaux forcés de Tonghua. Au camp, j'ai refusé de faire du travail d'esclave et j'ai également encouragé les anciens pratiquants qui avaient renoncé à leur croyance sous la pression à reprendre la pratique du Falun Gong.
Le 24 décembre 2001, j'ai été transféré à la division no 3 du camp de travaux forcés de Chaoyanggou, dans la ville de Changchun. Pendant cette période, j'ai été soumis à diverses méthodes de torture. La police m'a asséné des décharges au niveau de l'anus avec des matraques électriques et m'a battu avec une lourde massue en bois. J'ai également été soumis à d'autres abus physiques et tourments mentaux à long terme. À l'expiration de ma peine, la police m'a retenu cinquante jours de plus, puis m'a finalement laissé partir le 11 décembre 2003.
Reconstitution de torture : Choqué avec des matraques électriques
Au seuil de la mort, je me suis échappé des urgences pour éviter de nouvelles persécutions
Le 16 septembre 2004, j'ai été arrêté par la police du Bureau 610, de la Division de la sécurité intérieure et du poste de police de Yunheli. Au poste de police, j'ai été interrogé. Comme je refusais de coopérer avec eux, on m'a frappé sur le dos. J'ai eu une grave crise cardiaque et j'étais en danger. J'ai été envoyé à l'hôpital de Jilin pour un traitement d'urgence.
Trois jours plus tard, j'ai réussi à m'échapper des urgences alors que j'étais étroitement surveillé par la police. Après mon évasion, la police m'a mis sur la liste des personnes recherchées alors que je devenais sans-abri pour éviter de nouvelles persécutions.
Illustration de torture : Passages à tabac
Arrêté et torturé au point d'être paralysé
Le 23 octobre 2006, une dizaine de policiers nous ont suivis, Mme Mu Ping (ma deuxième femme, que j'ai épousée après le décès de ma première femme) et moi, dans notre maison louée, et ont commencé à nous surveiller. J'ai été arrêté au bureau des impôts du district de Chaoyang, dans la ville de Changchun. La police m'a menotté et a enlevé ma ceinture avant d'utiliser ma chemise pour me couvrir la tête et m'a poussé dans la voiture. Ma femme, qui est également une pratiquante du Falun Gong, a également été arrêtée.
La police a mis notre domicile à sac et a confisqué notre ordinateur, notre argent liquide et notre livret de dépôts bancaires, ainsi que les livres et les documents de Falun Gong. Ensuite, on m'a emmené dans un hôtel près de chez moi.
Dans la chambre d'hôtel, j'ai été menotté à une chaise et un policier m'a marché sur les mains. Il a juré après moi et m'a mis de force un sac sur la tête avant de me remettre dans la voiture et de m'emmener au Département de police de Jilin. Cet après-midi-là, j'ai été emmené dans l'établissement de dressage pour chiens de la police et interrogé.
On m'a emmené dans une chambre de torture où étaient accrochés au mur toutes sortes d'outils de torture. J'ai été menotté à une chaise et le policier Di Shigang m'a menacé de deux choix : tout avouer ou mourir.
J'ai refusé de coopérer avec eux et j'ai été torturé. La police m'a d'abord gavé avec de l'huile de moutarde. Ils ont versé l'huile de moutarde dans une bouteille d'eau et, avec quelques policiers qui me tenaient au sol, ils ont utilisé une pince pour m'ouvrir la bouche et m'ont gavé. J'étais incapable de respirer. L'eau de moutarde est entrée dans ma trachée et mon œsophage. La police a même utilisé une corde pour me tirer la tête vers l'arrière ; je ne pouvais pas bouger et mes dents se sont déchaussées. Je me suis évanoui plusieurs fois.
La torture a duré plusieurs heures. Bien que la torture ait été extrêmement douloureuse, j'ai refusé de trahir le moindre pratiquant.
Ensuite, la police m'a menotté les mains derrière le dos et a redressé mes jambes. Ils ont placé un tissu sur mes jambes avant d'y poser une barre d'acier. Puis, deux personnes se sont mises debout sur mes jambes et ont commencé à rouler. Je tremblais et j'ai failli m'évanouir. Au bout d'un moment, mes jambes étaient presque devenues handicapées.
La police m'a alors mis un casque sur la tête et a utilisé une grosse massue pour frapper le casque. J'étais devenu sourd et je saignais des oreilles. Ensuite, ils m'ont fait porter des vêtements épais et m'ont donné des coups de pied au sol avant de me frapper avec une massue sur le bas du dos. J'étais sur le point de m'effondrer et mon esprit était perturbé après les tortures.
Reconstitution de torture : Battre la tête
Le 25 octobre, après avoir été torturé pendant trois jours et deux nuits, je ne pouvais plus bouger et mon corps était presque handicapé. Pendant tout l'interrogatoire, on ne m'a donné ni nourriture ni eau.
Les techniciens informatiques voulaient allumer mon ordinateur, mais j'ai refusé de leur communiquer mon mot de passe. Comme je refusais toujours de coopérer avec eux, ils ont apposé de force l'empreinte de mon pouce sur leur déclaration écrite. Bien que j'aie été arrêté le 23 octobre et interrogé jusqu'au 25 octobre, la police a inscrit la date de mon arrestation comme étant le 25 octobre.
J'ai été envoyé au centre de détention de Jilin le 25 octobre. Lorsque le centre de détention a refusé de m'accepter en raison de mon état, la police lui a ordonné de m'accepter et m'a même faussement étiqueté comme étant le « chef » du Falun Gong dans la ville de Jilin. Le centre a pris des photos de moi le lendemain.
Comme je ne pouvais manger qu'un peu et que je vomissais en buvant de l'eau, le médecin du centre prenait la tension artérielle de ma femme et la mienne et faisait également un examen physique tous les matins. Le centre a également chargé quelqu'un de noter mon régime alimentaire, notamment la quantité de riz que j'avais mangée, la quantité d'eau que j'avais bue et le nombre de fois que j'étais allé aux toilettes. Ils avaient peur que je meure dans le centre et voulaient enregistrer mon alimentation et l'utiliser pour éviter toute responsabilité. À ce moment-là, ma tension artérielle était extrêmement basse, et ma vie a été en danger à plusieurs reprises.
Ma femme a également été torturée. La police a mis un manche de serpillière sur ses jambes et a commencé à rouler dessus. Ils l'ont également gavée d'eau à la moutarde. Après son arrivée au centre de détention, elle a entamé une grève de la faim et a été gavée tous les jours.
Condamné à treize ans de prison
J'ai écrit une lettre de plainte au procureur en poste au centre de détention pour dénoncer les tortures que les policiers m'ont infligées et qui m'ont rendu invalide. Comme je ne pouvais pas tenir un stylo à ce moment-là, j'ai demandé à un détenu de m'aider. Quelques jours plus tard, un procureur est venu me trouver et m'a demandé de plus amples informations. Par la suite, ils ont menacé de me faire sortir du centre pour me persécuter davantage si j'insistais pour me plaindre.
En raison de mon état, j'étais cloué au lit. Mais la police a eu peur de supporter l'opinion publique selon laquelle j'avais été torturé jusqu'à ce que je sois handicapé et a demandé aux détenus de me sortir pour faire des exercices.
La police m'a également mis des menottes et des chaînes et m'a couvert le visage d'un écran facial sombre avant de m'emmener à l'hôpital no 3 de Jilin pour un examen médical. À mon retour de l'hôpital, la police ne m'a plus obligé à me lever pour faire de l'exercice. Ils ont probablement appris à quel point j'étais mal en point.
J'ai refusé de signer le formulaire d'approbation de l'arrestation lorsque la police m'a interrogé ; j'ai également refusé de signer l'acte d'accusation lorsque le procureur m'a dit de le faire.
Pendant ma détention, je saisissais toutes les occasions pour dire à la police et aux gardes la façon dont j'étais persécuté et je leur disais de cesser de commettre des crimes contre les pratiquants du Falun Gong. Un jeune agent m'a même demandé si je pouvais dire aux pratiquants de retirer son nom de la liste des auteurs.
J'ai refusé de porter l'uniforme ou de répondre à l'appel tous les soirs.
Un jour, quand j'ai été sorti, j'ai profité de l'occasion et j'ai commencé à crier pour que tout le monde entende que j'étais persécuté pour pratiquer le Falun Gong et les noms de ceux qui m'ont persécuté. Tout le monde dans le centre de détention pouvait m'entendre ; même les gardes qui patrouillaient s'arrêtaient pour m'écouter. Personne ne m'a arrêté. Cependant, le centre ne m'a pas permis de sortir à nouveau.
En 2006, la Commission politique et juridique locale a mis en place une équipe de « transformation » et a envoyé certains d'entre eux au centre de détention pour m'interroger. Ils ont essayé de me forcer à arrêter de pratiquer et ont dit que je ne serais pas poursuivi si je coopérais avec eux. J'ai refusé.
On m'a renvoyé dans ma chambre seulement lorsque mon corps frêle n'a plus pu supporter cela. Lorsque j'ai parlé aux gardes de l'équipe qui essayait de me forcer à renoncer à ma croyance, les gardes ont répondu qu'ils ne pouvaient pas se permettre de les offenser, donc qu'ils ne pouvaient pas intervenir.
J'ai été jugé en juin 2007. Quatre policiers m'ont porté, moi et mon fauteuil roulant, et m'ont emmené au tribunal du district de Chuanying.
Après que le président du tribunal a annoncé le début du procès, j'ai vu deux avocats, le procureur et plusieurs responsables dans la salle. Lorsque le juge m'a demandé si j'avais des demandes, j'ai demandé que le procureur soit destitué, car il m'avait déjà jugé auparavant et il n'était donc pas apte à être procureur.
Le juge a ajourné l'audience. Au bout d'un moment, une femme juge est venue me dire que ma demande avait été rejetée. Elle m'a demandé de coopérer avec eux et a dit qu'ils n'avaient pas leur mot à dire sur mon dossier, car ils devaient écouter les supérieurs.
Lorsque l'audience a repris, mes deux avocats ont essayé de me défendre, mais ils ont été arrêtés par le juge. Le juge a de nouveau ajourné l'audience lorsque mes avocats ont insisté sur le fait que c'était le droit des avocats de plaider non coupable au nom de leur client. Les fonctionnaires locaux ont parlé à l'un de mes avocats lorsque le tribunal a été ajourné. J'ai pensé qu'elle avait été menacée par les responsables, car elle ne parlait plus en mon nom à la reprise de l'audience.
Pendant le procès, j'ai dit au procureur qu'il devrait apprendre à respecter les autres, ce qui l'a fait rougir de honte. Ainsi, il a bégayé à la lecture de l'acte d'accusation.
Lorsque j'ai vu qu'un policier qui m'avait persécuté auparavant était également présent, j'ai dit au juge que ce policier devrait être traduit en justice. Cependant, le juge a rapidement mis fin au procès.
Après être retourné au centre de détention, j'ai appris que j'avais été condamné à treize ans de prison. J'ai fait appel de la condamnation, mais le verdict a été maintenu.
Torture inhumaine dans la prison de Gongzhuling
J'ai été envoyé à la prison de Gongzhuling le 18 juillet 2007, après avoir passé plus de huit mois détenu au centre de détention de Jilin. Sur le chemin de la prison, le policier que j'ai désigné au tribunal est venu me demander pourquoi je l'avais choisi alors qu'il ne me battait pas. Je lui ai dit qu'il avait également joué un rôle dans la persécution dont je faisais l'objet, car il écrivait de fausses déclarations.
Lorsque je suis arrivé à la prison, les gardiens ont refusé de m'accepter après avoir vu que j'étais paralysé. Cependant, la police du centre de détention a appelé le responsable de la prison et après discussion, j'ai été emmené à l'hôpital de la prison pour un examen physique. J'ai dit aux médecins qu'ils seraient responsables s'ils m'acceptaient et s'il m'arrivait quelque chose. Mais ils ont refusé de m'écouter et m'ont fait porter l'uniforme de la prison, ce que j'ai refusé. Ils ont abandonné après avoir vu que j'étais catégorique.
Ma mère est venue me rendre visite quelques jours plus tard. Comme je refusais de porter l'uniforme de la prison, je n'ai pas eu droit à une visite. Lorsque ma mère âgée est revenue, j'ai mis l'uniforme de prisonnier à contrecœur après avoir pensé qu'il n'était pas facile pour elle de me rendre visite et qu'elle serait triste si elle ne pouvait pas me voir. Ma mère, accompagnée de ma sœur et de mon frère, a pleuré en voyant que j'étais paralysé. Ma sœur m'a demandé si je pouvais obtenir une réduction de peine alors que mon frère avait l'air très triste et ne disait rien. Depuis, ma sœur a coupé tout lien avec moi, car elle était souvent harcelée et faisait l'objet d'enquêtes de la part des autorités.
En janvier 2008, j'ai été transféré à la division de réhabilitation après la dissolution de la division médicale de la prison. Afin de générer des profits, la prison a forcé les détenus à faire du travail non rémunéré, ce qui a eu pour conséquence que les détenus se sont battus tout en essayant d'obtenir plus de travail afin de voir leur peine réduite.
Le garde Zhang Yaquan, qui était chargé de transformer les pratiquants de Falun Gong, venait souvent me rendre visite et disait aux détenus de me surveiller de près et il ne me permettait pas de parler aux autres.
Ma mère est revenue me rendre visite en janvier 2008. Lorsqu'elle a essayé de me parler au téléphone, Zhang s'est tenue à côté d'elle et a essayé de l'écouter, ce qui l'a rendue anxieuse. J'ai alors dit à Zhang : « Si vous étiez une personne âgée et qu'un agent se tenait à côté de vous pendant que vous essayez de parler à votre fils, comment vous sentiriez-vous ? »
Il n'a pas répondu et s'est retiré au fond de la pièce.
Une fois la visite terminée, Zhang m'a suivi. Je lui ai alors demandé d'autoriser une visite spéciale en face à face avec ma mère, car elle avait des problèmes d'audition. Cependant, il m'a dit que je devais d'abord accepter d'être transformé.
Lorsque je suis arrivé à la prison, j'ai raconté à tous les agents de la prison et à tous les détenus comment j'étais persécuté et j'ai également écrit une lettre de plainte de 13 pages à la Haute cour provinciale du Jilin pour leur raconter la façon dont j'étais persécuté pour avoir gardé ma croyance. J'ai également demandé au tribunal de traduire ces auteurs en justice et de nous libérer sans condition. Après avoir lu la lettre, certaines personnes ont commencé à changer d'attitude envers les pratiquants.
Avant le Nouvel An chinois en 2009, un pratiquant du nom de M. Wang En'hui a été gavé à plusieurs reprises dans la prison lorsqu'il a entamé une grève de la faim. Lorsque j'ai vu des détenus donner des coups de pied à M. Wang alors que je me rendais aux toilettes, je les ai arrêtés. Cependant, comme j'étais paralysé, je n'ai pas pu les empêcher lorsqu'ils ont recommencé à le frapper. Je suis donc allé voir l'instructeur de la prison et j'ai demandé que ces détenus soient punis. Ce soir-là, un détenu est venu s'excuser auprès de moi et m'a dit que la police les avait incités à frapper M. Wang. M. Wang a été persécuté à mort au bout d'un certain temps.
Le supermarché en prison était aussi appelé le marché noir. Non seulement les choses étaient chères, mais les détenus devaient aussi soudoyer les gardiens lorsqu'ils achetaient des produits de première nécessité. Si la prison voulait acheter un nouveau téléviseur ou d'autres articles coûteux, elle utilisait des moyens indirects pour que les détenus couvrent les frais - ceux qui participaient recevaient des points de bonus qui étaient comptabilisés dans la réduction de peine.
Zhang a également donné à chaque détenu un livret pour enregistrer mes mouvements quotidiens, comme l'heure à laquelle je me suis réveillé, j'ai mangé, et à qui j'ai parlé. Quand il est venu me parler, je lui ai parlé du Falun Gong, mais il a refusé de me laisser parler.
Une autre fois, j'ai dit haut et fort que le régime chinois persécute le Falun Gong et que les policiers sont tous complices. Zhang est parti sans un mot. Un détenu a alors fait remarquer que le Falun Gong devait avoir raison puisque Zhang n'a rien dit.
Une fois, le service de santé de la prison est venu vérifier l'hygiène dans la pièce. Tout le monde s'est mis en rang, sauf moi. Quand le directeur est venu dans mon lit, il m'a demandé pourquoi je ne pouvais pas me lever. Je lui ai alors dit que mon dos avait été blessé par la police.
Deux mois plus tard, j'ai été transporté au département de l'éducation, car les responsables de la Commission politique et juridique étaient là pour vérifier ma situation. Ils ont demandé au détenu qui me portait de me mettre sur une chaise, mais j'ai refusé, en leur disant que je n'étais pas en tort et qu'ils n'avaient pas le droit de m'interroger. J'ai dit au détenu de me mettre plutôt sur le canapé.
Lorsque j'ai commencé à demander aux responsables leurs noms et leurs titres, ils sont devenus anxieux. Je leur ai également demandé de traduire en justice les policiers qui m'avaient paralysé. Ils m'ont dit que mon affaire était hors de leur contrôle.
Ma mère, qui avait un cancer avancé, est venue me rendre visite en 2010, car elle savait que c'était peut-être sa dernière visite. Elle m'a dit qu'elle voulait me tenir la main à nouveau. Lorsque j'ai demandé à la police d'aider ma mère à réaliser sa dernière volonté, ils ont refusé.
Quelques mois plus tard, j'ai appris que ma mère était morte.
J'ai vomi du sang le 11 septembre 2012. À ce moment-là, mes dents, desserrées par les gavages à l'huile de moutarde, ont commencé à tomber. Comme je n'avais pas le droit d'aller à l'hôpital, je ne pouvais que demander à d'autres personnes de m'aider à arracher les dents avec un fil fin. Pendant cinq à six ans, mes gencives étaient rouges et enflées. J'avais souvent des maux de tête et un visage gonflé à cause du mal de dents. Pendant un mois environ, j'ai failli devenir aveugle à cause de la douleur mentale et physique.
Après la mort de ma mère, ma belle-mère est également décédée ; ma fille et mon frère ont progressivement coupé les liens avec moi en raison de ma longue peine, de mon handicap et aussi du harcèlement constant de la police. Dès lors, je suis devenu quelqu'un qui avait besoin de l'aide des autres en prison et qui n'avait pas de famille.
M. Liu Hongwei montrant les quelques dents qui lui restent.
Les dents endommagées qui ont été arrachées par M. Liu Hongwei.
En 2014, le policier Wang Renjian, du département de l'éducation, a demandé à un détenu de me porter dans une chambre au deuxième étage. Comme j'étais très faible, j'ai demandé qu'ils me portent, moi et mon fauteuil roulant. La police n'a pas accepté.
Wang m'a dit qu'ils m'avaient préparé un canapé, car ils connaissaient mon état de santé et essayaient de me transformer. Je lui ai dit qu'ils n'y parviendraient pas.
Le détenu m'a porté dans l'après-midi. Comme j'étais très faible et que mes mains tremblantes ne pouvaient plus tenir le détenu, je suis tombé en arrière et ma tête et mon dos ont heurté le sol. Je me suis évanoui.
Quand j'ai repris connaissance, j'ai découvert que j'étais sur mon lit. La police a voulu m'envoyer à l'hôpital, mais j'ai refusé. Les jours suivants, je ne pouvais plus remuer la tête ; mes jambes et mes mains étaient enflées et j'avais besoin de quelqu'un pour me nourrir.
Une fois que j'ai été un peu mieux, Wang est revenu, cette fois avec deux autres personnes. Ils m'ont poussé dans mon fauteuil roulant jusqu'à une pièce et ont commencé à discuter entre eux pour tenter de me transformer. Je les ai regardés en silence. Deux ou trois heures plus tard, Wang m'a demandé si j'étais d'accord avec eux. Je lui ai dit qu'ils avaient très bien parlé, mais que ce qu'ils avaient dit n'avait rien à voir avec moi. Depuis lors, Wang ne m'a plus jamais dérangé.
En 2017, la prison a essayé de me donner des points chaque mois pour essayer de me transformer. Je leur ai dit que je n'en avais pas besoin et j'ai refusé : je n'ai signé aucun des formulaires de points bonus. Ils ont arrêté après avoir vu qu'ils ne pouvaient pas me toucher.
Après près de treize ans de persécution et de torture, toutes mes dents avaient failli tomber et mes cheveux étaient devenus gris. Ma vue était gravement atteinte et toutes les nuits j'avais du mal à dormir à cause de mon dos gravement déformé. Mes jambes étaient froides et engourdies et je me sentais souvent étourdi ; j'avais des palpitations, de la toux, accompagnée de vomissements ; je ressentais souvent des douleurs à la poitrine et des maux de tête.
Comme il ne me reste que quelques dents, j'ai du mal à manger et des difficultés à avaler la nourriture, ce qui fait qu'elle reste parfois coincée dans ma trachée. La déglutition des aliments a provoqué des indigestions, des gonflements et des douleurs de l'estomac ; et des troubles intestinaux se produisent souvent.
J'ai été libéré le 24 octobre 2019, après avoir purgé treize ans de prison. J'ai quitté la prison dans un fauteuil roulant.
Persécuté dans une maison de retraite
Le jour de ma libération, j'ai été poussé hors de la prison et dans une voiture de police qui m'attendait dehors. Des pratiquants de la ville de Jilin qui étaient venus me chercher ont été photographiés par les autorités.
La police m'a conduit dans la ville de Siping pour retrouver ma fille, mais elle a refusé de m'accepter, car elle ne voulait pas être impliquée à nouveau. La police m'a ensuite emmené dans une maison de retraite et a falsifié ma signature pour me faire admettre.
À mon arrivée, on m'a transporté dans une chambre à trois lits où un couple de personnes âgées logeait. J'étais fatigué et je voulais me reposer. Cependant, lorsque je me suis couvert avec la couverture, j'ai réalisé qu'elle était remplie de traces d'excréments et d'urine, et qu'elle avait une forte odeur. Non seulement j'ai dû rester avec le couple, mais il y avait aussi une chambre fermée à clé avec un homme de 24 ans qui souffrait de troubles mentaux. Je n'ai pas pu m'endormir, car l'homme n'arrêtait pas de crier.
Le lendemain, le pratiquant Daping, qui est aussi mon bon ami, est venu de Changchun pour me rendre visite. Le directeur associé de la maison de retraite a essayé de l'empêcher d'entrer, car la police avait donné l'ordre que toute personne qui me rendait visite devait être accompagnée de trois policiers.
La police a demandé à Daping sa carte d'identité et il leur a dit qu'il était venu s'occuper de moi en tant qu'ami. La police lui a permis de me rendre visite le lendemain.
Quand Daping est revenu, il m'a apporté beaucoup de nourriture. Une fois qu'il a vu l'état de la chambre, il a dit à la maison de retraite de me transférer dans une meilleure chambre et sa demande a été acceptée.
Les personnes qui séjournaient dans la maison de retraite étaient soit folles, soit handicapées. Les conditions de vie et la nourriture étaient presque équivalentes à celles de la prison. Tous les jours, je ne pouvais que rester au lit la plupart du temps et je n'étais autorisé à visiter aucun autre endroit. Comme c'était une maison de retraite privée, il y avait très peu de chauffage, car ils voulaient faire des économies. Ainsi, la chambre était toujours froide pendant plus de vingt heures par jour.
Lors de mon séjour à la maison de retraite, les autorités locales sont venues prendre des photos de moi afin de me faire une carte d'identité et un enregistrement de domicile pour moi.
Avec l'aide de Daping et d'autres pratiquants, une partie de mes besoins ont été satisfaits.
À partir du 12 décembre, j'ai commencé à écrire des lettres aux autorités locales pour leur faire part de mon handicap et de la situation actuelle de la maison de retraite. J'ai également demandé à reprendre ma vie normale. Daping a également essayé d'entrer en contact avec les autorités pour me faire sortir de la maison de retraite.
Les autorités ont d'abord accepté la demande de Daping après le Nouvel An. Cependant, lorsque les autorités ont vérifié sa carte d'identité et ont réalisé que Daping avait déjà fait des travaux forcés pour avoir pratiqué le Falun Gong, elles ont commencé à retarder le processus.
J'ai entamé une grève de la faim et je n'ai ni mangé ni bu pendant trois jours et trois nuits. J'ai appelé les autorités et leur ai dit que j'utiliserais ma vie pour défendre mon droit à la liberté. Le directeur de la maison de retraite a également parlé aux autorités de ma grève de la faim.
Le lendemain, Daping a été informé qu'il pourrait me faire sortir de la maison de retraite s'il trouvait quelqu'un qui n'est pas pratiquant pour être mon tuteur. Daping a réussi à me trouver un tuteur et a également loué un appartement de deux chambres à coucher pour moi.
Le 22 février 2020, j'ai été emmenée de la maison de retraite à l'appartement loué. Cependant, les autorités locales sont entrées chez moi et ont pris des photos de l'intérieur.
Voir aussi :
M. Liu est torturé par l'équipe de sécurité nationale de Jilin, et condamné à treize ans de prison
M. Liu Hongwei est emmené à une maison de retraite après treize ans d'emprisonnement injustifié
(D'autres articles connexes sont disponibles dans la version anglaise.)
Traduit de l'anglais
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