(Minghui.org) Une ingénieure en environnement de 80 ans de la ville de Jinzhou, dans la province du Liaoning, voit sa pension suspendue depuis 2016 parce qu’elle refuse de renoncer à sa foi dans le Falun Gong.

Mme Wu Xiulan a commencé à travailler en 1968. Elle a occupé divers postes au sein du gouvernement de la ville de Jinzhou, du Bureau de la construction et de l’Institut de protection de l’environnement jusqu’à sa retraite en 2002.

En 1974, Mme Wu a développé une polyarthrite rhumatoïde. Pendant son traitement, elle a contracté le virus de l’hépatite B. Quelques années plus tard, on lui a découvert des fibromes utérins et elle a été opérée. À la suite d’une contamination par transfusion sanguine, elle a également contracté l’hépatite C. Son visage était terne et elle se sentait constamment fatiguée. Elle s’est rendue dans presque tous les grands hôpitaux des villes voisines pour se faire soigner, mais en vain.

Mme Wu a assisté à une série de conférences sur le Falun Gong au début de l’année 1996. Après avoir pratiqué le Falun Gong pendant un certain temps, elle s’est complètement rétablie et a repris le travail après avoir pris un congé de maladie d’un an.

Après que le régime communiste chinois a ordonné la persécution du Falun Gong en juillet 1999, Mme Wu a été prise pour cible à maintes reprises pour maintenir sa foi. Elle a été condamnée à un an de camp de travail et à deux peines de prison d’une durée totale de cinq ans. Après la suspension de sa pension en 2016, elle a contacté plusieurs agences pour demander le rétablissement de sa pension, mais en vain. Le 3 mars 2025, elle a intenté une action administrative auprès du tribunal des chemins de fer de Jinzhou, demandant au Bureau des ressources humaines et de la sécurité sociale de Jinzhou et au Bureau des finances de lui restituer la pension qu’ils lui avaient refusée au cours des neuf dernières années et de rétablir ses prestations de retraite.

Mme Wu a écrit dans sa plainte : « J’ai 80 ans. Je n’ai pas d’enfant. Selon la tradition chinoise et la loi sur la protection des droits sociaux, je devrais être respectée et protégée par la société. Au moins, mes moyens de subsistance de base devraient être protégés. Mais je n’ai pas reçu un centime de ma pension depuis avril 2016. Je n’ai pas d’autre revenu et je ne peux compter que sur les contributions de personnes au grand cœur. Je ne m’attendais pas à me retrouver dans une situation financière aussi désastreuse après avoir travaillé pendant trente-quatre ans. Quelle tristesse de devoir lutter pour survivre à mon âge avancé et de devoir courir partout pour obtenir ma pension durement gagnée ! »

Vous trouverez ci-dessous des extraits de la plainte de Mme Wu.

Peines de prison et torture

J’ai été arrêtée le 13 mai 2015 alors que je posais des affiches autocollantes sur le Falun Gong. Le tribunal du district de Linghe a tenu une audience sur mon cas le 8 septembre 2015 et m’a ensuite illégalement condamnée à deux ans de prison. En avril 2016, le Bureau de la sécurité sociale de la ville de Jinzhou a suspendu ma pension. Après ma libération en mai 2017, je l’ai contacté pour lui demander de rétablir les versements, mais en vain.

J’ai été de nouveau arrêtée le 5 juillet 2019 et illégalement condamnée à trois ans supplémentaires, également par le tribunal du district de Linghe. J’ai été transférée du centre de détention de la ville de Jinzhou à la Prison pour femmes de la province du Liaoning à la fin du mois de décembre 2019. J’avais 74 ans à l’époque et j’aurais dû être affectée à la division des personnes âgées et des infirmes. Les gardiennes m’ont cependant placée dans la cinquième division et j’ai encore été forcée de travailler de longues heures chaque jour sans être payée. Mon poste de travail était situé près de l’entrée du bâtiment, avec des températures plus basses et un fort courant d’air. Il fallait toujours des heures pour que mes jambes se réchauffent lorsque je rentrais dans ma cellule le soir.

De plus, comme je refusais de renoncer au Falun Gong, les gardiennes ne m’ont pas donné de literie et m’ont forcée à dormir sur une planche nue. Plusieurs détenues se sont relayées pour me surveiller et m’empêcher de m’endormir.

En raison de la persécution, j’ai développé une hypertension artérielle et j’ai eu des vertiges. Les gardiennes m’ont donné des pilules, mais je n’ai pas osé les prendre, craignant qu’elles ne soient toxiques. Voyant que j’étais très fatiguée, la chef des détenues, Li Xiaodan, m’a autorisée à faire une sieste pendant la journée. À la fin de la séance de travail, plusieurs détenues m’ont emmenée dans une petite pièce, me battant et m’agressant verbalement, et essayant de me forcer à renoncer au Falun Gong. L’une d’entre elles m’a également frappée au niveau de la région du foie.

Au bout de quelques jours, j’étais épuisée et dans un état inquiétant. Ce n’est qu’à ce moment-là que les gardiennes ont ordonné aux détenues de cesser de me battre. Mais elles m’ont quand même forcée à travailler jusqu’à ce que je sois remise en liberté.

Il est illégal de suspendre ma pension

Lorsque j’étais encore en prison, j’ai lu le livre Éducation en prison publié par le Bureau central de surveillance. À la page 152, il est écrit : « Pour ceux qui ont pris leur retraite avant d’être condamnés et qui ont déjà commencé à recevoir des paiements de pension, à leur libération de prison, ils recevront le même paiement de pension qu’avant d’être condamnés et pourront bénéficier d’un futur ajustement au coût de la vie. »

Avant ma remise en liberté, deux gardiennes m’ont dit que je devais d’abord m’assurer que le versement de ma pension soit rétabli. L’une d’entre elles m’a recommandé de contacter le Bureau de la justice pour l’informer de ma sortie de prison. Mais lorsque je me suis rendue au Bureau de la justice par la suite, ils m’ont dit qu’ils n’étaient chargés que des affaires judiciaires, et non du paiement des pensions. Je leur ai dit que la gardienne Zhang m’avait dit à deux reprises de contacter le Bureau de la justice et que je n’étais pas sûre de savoir qui me disait la vérité. Ils sont restés silencieux.

Je suis également allée voir mon comité de résidence, qui m’a dit que je devais contacter le Bureau de la sécurité sociale pour obtenir mes pensions, et qui m’a même dit que je pouvais poursuivre le Bureau de la sécurité sociale s’il refusait de me payer. Mais quand j’y suis allée, on ne m’a donné que des explications sur les différentes agences.

Lorsque j’ai parlé au Bureau de la sécurité sociale, on m’a cité l’avis no 69, « Avis sur les questions relatives aux mesures obligatoires prises par les travailleurs institutionnels et au traitement des sanctions pénales administratives », du ministère des Ressources humaines et de la Sécurité sociale en 2012.

Cet avis était une publication interne et non une loi promulguée. Étant donné que le droit du travail et le droit de la sécurité sociale de la Chine protègent les retraités contre la perte de leurs prestations de retraite durement gagnées, l’avis ne peut pas être utilisé pour me priver de mes prestations de retraite.

En outre, le document no 5 [2010] publié par la Direction générale du Comité central du Parti communiste chinois le 21 mai 2021 stipulait à l’article 1 : « Les prisonniers libérés ne doivent pas faire l’objet de discrimination en matière d’emploi, d’éducation, de sécurité sociale, etc., et doivent bénéficier d’un traitement social égal. » L’article 12 stipulait également : « Les prisonniers libérés qui remplissent les conditions pour demander des prestations d’assurance chômage bénéficient des prestations d’assurance chômage conformément à la réglementation ; ceux qui ont participé à l’assurance retraite de base pour les employés ou à la nouvelle assurance retraite sociale rurale continuent à participer à l’assurance et à payer des primes ou à recevoir des pensions de base conformément à la réglementation. »

Dans la « Lettre du Bureau du travail et de la sécurité sociale [2001] no 44 », une réponse du Bureau général du ministère du Travail et de la Sécurité sociale concernant les prestations de retraite pour les retraités après avoir été condamné à une peine de prison : « Après avoir purgé une peine de prison ou subi une rééducation par le travail, les pensions de base peuvent continuer à être versées conformément aux normes en vigueur avant de purger une peine ou de subir une rééducation par le travail, et ils peuvent participer aux futurs ajustements des pensions de base. »

Enfin, le Comité central pour la gestion globale de la sécurité publique, le ministère de la Justice, le ministère de la Sécurité publique, le ministère du Travail et de la Sécurité sociale, le ministère des Affaires civiles, le ministère des Finances, l’Administration fiscale de l’État et l’Administration de l’industrie et du commerce de l’État ont émis un avis commun en 2004 : « Pour les détenus libérés de prison qui ont perçu des pensions de base avant d’être condamnés à la prison ou à la rééducation par le travail, ils peuvent continuer à percevoir des pensions de base basées sur les taux en vigueur avant de purger leur peine ou leur rééducation par le travail, et participer aux futurs ajustements de pensions. »

Comme on peut le voir ci-dessus, il est tout à fait illégal pour le Bureau de la sécurité sociale de retenir ma pension.

Vivre dans le dénuement

Après avoir purgé ma première peine de prison en mai 2017, je me suis rendue au Bureau de la sécurité sociale pour demander le rétablissement de ma pension. Ils m’ont ordonné de rembourser les fonds que j’avais reçus entre mai 2015 et mai 2016 (la période entre mon arrestation et le moment où ils ont commencé à suspendre ma pension). Je leur ai dit que je n’avais pas les moyens de rembourser l’argent. Ils se sont à nouveau référés à l’avis no 69 et ont dit que c’était à mon employeur de décider si je devais recevoir le minimum vital.

J’ai soutenu que l’avis ne devait pas être utilisé comme base juridique pour suspendre ma pension, car il allait à l’encontre de la loi sur la sécurité sociale. Même en vertu de l’article 9 de la section 2 de la notification, ma pension aurait dû être rétablie depuis longtemps, puisqu’elle stipulait : « Si un membre du personnel d’une institution publique ou un employé d’une agence gouvernementale fait l’objet de mesures obligatoires et de sanctions administratives ou pénales après sa retraite, si il ou elle a participé au paiement de sa pension, celle-ci doit être gérée conformément aux dispositions pertinentes de l’État. »

Mais l’agent de la sécurité sociale qui m’a reçue a recouvert une copie papier de l’avis pour m’empêcher de le lire.

Lorsque j’ai été libérée de ma deuxième peine de prison en juillet 2022, il m’a fallu près de dix-sept mois pour commencer à recevoir la prime de chauffage, et ma pension était toujours suspendue.

Les peines de prison et la persécution financière m’ont causé d’énormes difficultés. Je me sens épuisée mentalement et physiquement. J’ai été soumise à une pression sans précédent, incapable de travailler et de vivre seule à mon âge. Avant de recevoir la prime de chauffage en décembre 2023, je grelottais souvent dans le froid de l’hiver, le vent soufflant à travers mes vieilles fenêtres. J’ai essayé de sceller les fenêtres avec du tissu en coton, mais cela n’a pas très bien fonctionné. Plus tard, une personne au grand cœur m’a proposé de me payer de nouvelles fenêtres. J'ai vraiment apprécié son aide, mais je n'ai pas pu le rembourser.

En plus des fenêtres, le chauffage était également cassé, l’évier et le balcon fuyaient, mais je n’avais pas les moyens de réparer quoi que ce soit.

Pendant toutes ces années, j’ai compté sur la nourriture donnée par les membres de ma famille et mes amis pour survivre : certains me donnaient des sacs de riz, d’autres de la farine ou des légumes. Parfois, je déterrais des légumes sauvages comestibles dans les champs.

Lorsque le Parti communiste chinois se glorifie à la télévision, personne ne s’attendrait à ce que, sous son règne, une ancienne ingénieure de 80 ans, qui a travaillé trente-quatre ans pour l’agence gouvernementale, doive survivre en mangeant des légumes sauvages. J’étais très respectée lorsque je travaillais, mais lorsque je suis devenue âgée, j’ai été forcée de vivre dans le dénuement à cause de la persécution dont ma foi fait l’objet. Je n’ai rien fait de mal, j’essaie simplement d’être une bonne personne en suivant le principe Authenticité-Bienveillance-Tolérance. C’est le prix à payer pour être une bonne personne sous le règne communiste.

J’ai contacté le Bureau de la sécurité sociale à plusieurs reprises, leur expliquant que j’avais été condamnée à tort et que la pension est un bien que j’ai légalement gagné, grâce à mes décennies de dur labeur. Elle n’est pas octroyée par le gouvernement ; le Bureau de la sécurité sociale ne devait que m’aider à la gérer et n’avait pas le droit de me la refuser ou de la suspendre. Mais quoi que je dise, ils m’ont tous ignorée et ont continué à retenir les paiements, me laissant dans une situation désastreuse.

Voir aussi :

Arrestation dune femme de 74 ans pour sa croyance

Ville de Jinzhou, province du Liaoning : Suspension illégale de la pension des pratiquants de Falun Gong

Traduit de l’anglais