(Minghui.org) Un sexagénaire de la ville de Jinzhou, dans la province du Liaoning, a été jugé le 18 février 2025 pour sa croyance dans le Falun Gong, une discipline spirituelle que le régime communiste chinois persécute depuis 1999.

M. Miao Jianguo, ancien électricien au Bureau des chemins de fer de Jinzhou, section Est, a été arrêté le 21 août 2024 et détenu au centre de détention de la ville de Jinzhou. En raison des menaces de la police, sa famille n’a pas engagé d’avocat pour lui. Les détails concernant son audience ne sont pas encore disponibles.

M. Miao a commencé à pratiquer le Falun Gong en 1995. Comme il est resté ferme dans sa croyance depuis le début de la persécution en 1999, il a été pris pour cible à maintes reprises. Il a purgé une peine de trois ans dans un camp de travail et deux peines de prison, l’une de quatre ans et l’autre d’un an et demi. Après son arrestation en 2001, sa femme enceinte de huit mois, également pratiquante de Falun Gong, a été si affectée qu’elle a fait une rupture de placenta, entraînant la mort de son bébé. Elle n’a jamais plus pu avoir d’enfant. Elle est décédée en 2022, après avoir enduré des années de persécution, alors que M. Miao était toujours détenu.

M. Miao est aujourd’hui confronté à d’immenses difficultés financières, car il a été licencié par son employeur en 2002 et n’est pas en mesure de faire valoir ses droits à la retraite.

Vous trouverez ci-dessous le récit de M. Miao sur la persécution qu’il a subie au fil des ans.

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Séances de lavage de cerveau

Entre le 23 juillet et le 1er août 1999, alors que j’étais en vacances, le secrétaire du Parti, Guo Yunchang, et le directeur Xiao Xingren du Bureau des chemins de fer de Jinzhou m’ont forcé à retourner au travail pour assister à une séance de lavage de cerveau.

Le 26 octobre 1999, Guo et Xiao ont ordonné une autre séance de lavage de cerveau à mon encontre et à l’encontre d’autres pratiquants de Falun Gong travaillant au bureau. Huang Shihui, le chef de la sécurité, nous a dit : « Je savais depuis longtemps que le Falun Gong deviendrait une question politique, et notre département de la sécurité doit vous remettre sur le droit chemin. » À la fin de la séance de lavage de cerveau, deux semaines plus tard, la police nous a parlé à tour de rôle et nous a menacés que nous aurions à faire face à de graves conséquences si nous ne renoncions pas au Falun Gong.

Le bureau a convoqué tous les pratiquants qui y travaillaient une nuit de décembre 1999 et nous a ordonné de rédiger une déclaration de renoncement au Falun Gong. J’ai refusé d’obtempérer et je suis rentré chez moi. Au milieu de la nuit, un groupe de policiers a fait irruption chez moi et m’a demandé pourquoi j’étais parti sans leur demander la permission.

Comme j’ai refusé de renoncer au Falun Gong, j’ai été arrêté en mai 2000 et détenu au poste de police de Zhengda pendant une journée. Les policiers se sont relayés pour m’interroger et me menacer.

Le bureau a organisé une autre séance de lavage de cerveau en juin 2000, et nous avons été de nouveau détenus. Mon père s’est tellement inquiété pour moi qu’il est tombé malade. Ma famille a contacté le secrétaire du Parti, Guo, et a demandé ma libération. Guo et ses subordonnés se sont rendus à mon domicile pour s’assurer de la situation de mon père avant de m’autoriser à l’emmener à l’hôpital. Ils ont également demandé au policier Li Jiuchun de me suivre à l’hôpital.

Perdre mon bébé

Au cours de l’été 2001, le nouveau directeur, Nie Xing, et le secrétaire Li Jingfa ont reçu des lettres d’un pratiquant les exhortant à ne pas persécuter le Falun Gong, et ils m’ont soupçonné de les avoir envoyées. À l’époque, ma femme, Mme Wei Yuqin, était déjà enceinte de huit mois. Plusieurs membres du personnel de la communauté sont venus chez moi le 7 septembre et ont demandé quand ma femme allait accoucher. Elle leur a répondu que c’était en novembre. À 11 h 30 ce soir-là, un groupe de policiers a fait irruption chez moi et a tenté de m’arrêter. Mon père de 77 ans, qui vivait avec nous, a été tellement terrifié qu’il s’est évanoui. Ce n’est qu’à ce moment-là que les policiers sont partis. Ils m’ont ordonné de me présenter au poste de police, ce que je n’ai pas fait.

J’ai été arrêté sur mon lieu de travail dix jours plus tard, le 17 septembre, et détenu au deuxième centre de détention de la ville de Jinzhou pendant douze jours. Au début du mois d’octobre 2001, ma femme a eu un décollement du placenta dû à une détresse mentale, et notre enfant est décédé avant de naître. Si le bébé avait survécu, il ou elle aurait eu plus de 20 ans aujourd’hui, et je n’aurais pas été aussi seul.

Trois ans de camp de travail

J’ai été arrêté une nouvelle fois le 26 juin 2002 et détenu au Centre de lavage de cerveau du district de Linghe jusqu’au 10 juillet de la même année. Zhang Shifan, de la branche du Bureau 610 des chemins de fer, était chargé de me surveiller. Pendant ce temps, ma femme a également été arrêtée alors qu’elle travaillait à l’usine de vêtements des chemins de fer et emmenée dans un centre de lavage de cerveau. Comme nous étions tous les deux détenus, mes parents, âgés de 70 ans, se sont retrouvés tout seuls à la maison sans personne pour s’occuper d’eux. Mon employeur a également suspendu mon salaire pendant cette période et ne m’a donné que 200 yuans par mois pour couvrir les frais de subsistance les plus élémentaires.

Le soir du 21 juillet 2002, la veille du début de la nouvelle session de lavage de cerveau du Bureau 610 de la ville de Jinzhou, mon directeur Liu Ximing est venu chez moi et a exigé que je reprenne le travail le lendemain, alors que j’étais en congé maladie pour me remettre de la persécution subie au cours des dernières années. Il m’a ordonné de fournir un certificat médical, faute de quoi je devais reprendre le travail.

Le lendemain, lorsque je me suis rendu sur mon lieu de travail pour demander une prolongation de mon congé maladie, le directeur de la sécurité, Pang Qiang, a appelé la police. Peu de temps après, Zu Lijun, du comité de la rue Zhengda, et Lyu Dong, secrétaire adjoint de la Commission des affaires politiques et juridiques du district de Linghe, sont arrivés. Avec Pang, ils ont essayé de me faire monter dans une voiture. En résistant, je me suis cogné et égratigné la tête contre le pare-chocs. Plusieurs policiers, dont Huo Zhigang du département de police de Linghe, Ding Tongliang et Miao Zhihong du poste de police de Zhengda, sont arrivés peu après. Ils m’ont attaché, jeté dans la voiture et emmené au deuxième centre de détention de la ville de Jinzhou. Un mois plus tard, j’ai été condamné à trois ans de camp de travail et transféré au camp de travaux forcés de la ville de Jinzhou.

En novembre 2002, le Bureau des chemins de fer a informé ma sœur que j’avais été licencié. Ma famille s’est également vu extorquer 7000 yuans après ma libération conditionnelle pour raisons médicales, car je souffrais de graves problèmes de santé dus aux tortures subies en détention.

Peu de temps après, des pratiquants locaux ont diffusé des vidéos pour dévoiler la propagande calomnieuse contre le Falun Gong dans un quartier résidentiel. Pour clore rapidement l’affaire, la police m’a accusé d’en être l’auteur. Ils ont fait une descente à mon domicile et ont emporté des fils électriques, le composant chauffant de mon chauffe-eau, une photo du fondateur du Falun Gong et des cassettes.

Pour éviter d’être persécuté davantage, j’ai quitté mon domicile et je me suis caché. J’ai été à nouveau arrêté au cours de l’été 2004 et ramené au camp de travail, où ma peine a été prolongée de deux mois. J’ai finalement été libéré le 15 février 2007.

Arrêté à nouveau et condamné à quatre ans de prison

Quelques mois après ma libération, avec plusieurs pratiquants qui avaient également été licenciés par le Bureau des chemins de fer, je suis allé parler au directeur Xu Zhijian. Xu a rejeté nos demandes de réintégration et nous a signalés à la police.

J’ai de nouveau été arrêté à mon domicile le 25 février 2008 par des agents de la Division de la sécurité intérieure du district de Linghe. J’ai de nouveau été détenu au deuxième centre de détention de la ville de Jinzhou. En août 2008, j’ai été condamné à quatre ans de prison par le tribunal du district de Linghe. J’ai d’abord été conduit à la nouvelle division d’admission de la prison de Nanshan, puis transféré à la première division de la prison de Dongling.

Les gardiens de la prison de Dongling se sont arrangés pour que des détenus me surveillent 24 heures sur 24. J’étais contraint à travailler pendant la journée et à rester assis sur un petit tabouret sans bouger le soir. Ma santé s’est rapidement détériorée et mon corps était couvert de plaques de gale.

Le décès de mes parents

Pendant ma détention, le chagrin de ma mère a été immense et elle est décédée le 28 janvier 2009, le troisième jour du Nouvel An chinois. Je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer lorsque j’ai appris la nouvelle.

Un malheur n’arrive jamais seul. Début 2010, ma femme s’est fracturé la jambe. En mars 2011, mon père est mort dans un accident de voiture. Lorsque j’ai finalement été libéré le 24 février 2012, ne sachant pas que mon père était décédé, je l’ai cherché partout dans la maison. Puis mon frère m’a demandé de ne plus chercher. Je me suis effondré sur une chaise, les larmes aux yeux. C’était tellement triste de ne pas avoir pu voir mes parents une dernière fois avant leur mort.

Une autre arrestation

Le 13 juillet 2018, j’ai pris le train pour rendre visite à ma sœur pour son anniversaire. J’ai été arrêté au guichet et fouillé. Après avoir trouvé sur moi des billets imprimés avec des informations sur le Falun Gong, la police de la gare de la ville de Jinzhou m’a arrêté. Ils ont pris ma clé, ont perquisitionné mon domicile et m’ont détenu au poste de police de Jinzhou.

Deuxième peine d’emprisonnement d’un an et demi

Mon arrestation suivante a eu lieu le 21 juillet 2021, à mon domicile. Ma femme ayant été victime d’un accident vasculaire cérébral en mars 2021 et étant devenue invalide, la police m’a relâché au bout de cinq jours. J’ai été de nouveau arrêté le 21 février 2022. Le tribunal de la ville de Linghai m’a ensuite condamné à un an et demi de prison et à une amende de 3000 yuans. À mon insu, le tribunal a saisi mon compte bancaire pour payer l’amende.

J’ai d’abord été conduit à la nouvelle division d’admission de la prison de Panjin le 15 février 2023, puis à la prison de Nanshan le 1er mars. Le 15 mars, j’ai été transféré à la 12e division. Pour me forcer à renoncer au Falun Gong, la prison a appelé ma sœur et ma belle-sœur, leur demandant de venir à la prison pour me parler. Jin Long, le directeur de production de la prison, a également tenté de me transformer. Il a dit qu’il avait transformé quatre ou cinq pratiquants de Falun Gong. Il a promis de me rendre la vie plus facile dans la prison si j’acceptais de renoncer au Falun Gong, et qu’il recevrait une récompense de 2000 yuans de la prison pour avoir transformé un pratiquant de Falun Gong.

Le 15 avril, le chef des gardiens Zhang Xiaolei a ordonné au détenu Liu Guoxin de réduire la quantité de nourriture qui m’était donnée. Je n’avais droit qu’à deux cuillères de riz et à très peu de légumes, mais je devais quand même travailler pendant de longues heures sans être payé. Ils ont menacé de me priver de sommeil si je ne coopérais pas avec eux.

Comme j’ai refusé de prêter allégeance au drapeau du Parti communiste le 30 avril 2023, les gardiens m’ont emmené à la division de gestion stricte cette nuit-là sans me laisser manger. On m’a fait asseoir de force sur une surface de 79 cm carrés et un tabouret de 20 cm de haut de 5 h 30 à 21 h. Pour chaque repas, j’ai reçu un petit pain à la vapeur et deux cuillères de soupe. Malgré le peu de nourriture que nous recevions, nous devions tout de même faire des exercices de marche militaire trois fois par jour, pendant une heure à chaque fois. La torture a finalement pris fin quarante-cinq jours plus tard, quand la famille d’un détenu a porté plainte contre la prison.

J’ai été détenu à la division de gestion stricte jusqu’à la fin de ma peine, soit 111 jours au total. Pendant cette période, ma famille n’a pas eu l’autorisation de me rendre visite ni de déposer de l’argent sur mon compte de dépôt. Je n’ai pas pu m’acheter une bassine, une serviette de toilette, du dentifrice, ni même du papier hygiénique. Je n’ai pas pris de douche pendant les presque six mois de ma détention à la prison.

Avant la date de ma libération, le 20 août 2023, la prison n’a pas informé ma famille pour qu’elle vienne me chercher. Ma sœur a réussi à découvrir la date, et elle est venue à la prison ce jour-là. Lorsqu’elle m’a vu, elle a failli ne pas me reconnaître : j’étais hagard, mes cheveux étaient devenus gris, ma barbe était longue et également grise, et j’étais émacié après avoir perdu quinze kilos.

Le décès de ma femme

En avril 2022, deux mois après mon arrestation de février 2022, ma femme a été envoyée dans une maison de repos. Elle est décédée subitement le 29 décembre 2022. Pendant toutes ces années, elle a enduré d’innombrables épreuves avec moi. Mais au moment où elle avait le plus besoin de moi, je n’étais pas là pour elle. Mon cœur était rempli de chagrin lorsque je suis retourné dans ma maison vide.

La dévastation financière

En août 2024, j’ai atteint l’âge de la retraite à 60 ans. J’ai contacté le Bureau des chemins de fer pour faire valoir mes droits à la retraite. Ils ont refusé de traiter la demande, mais m’ont ordonné de la déposer auprès du Bureau de la sécurité sociale du district de Linghai. J’ai consulté ce dernier et on m’a dit qu’ils pourraient peut-être traiter la demande pour moi, mais que le paiement mensuel que je recevrais serait beaucoup moins élevé. J’ai consulté un avocat et j’ai appris que le Bureau des chemins de fer n’avait aucune base légale pour refuser ma pension. Je n’ai finalement pas demandé ma pension au Bureau de district de la sécurité sociale et j’ai quand même demandé mes prestations de retraite au Bureau des chemins de fer, qui, à ce jour, n’a pas approuvé ma demande.

Huit autres employés du Bureau des chemins de fer ont également été licenciés pour leur pratique du Falun Gong : Wang Zhongli, Wang Yinghua, Wang Zhibin, Wang Zhigang, Ge Chunling, Jin Xiaomei, Yuan Kanan et Zheng Suli. M. Wang Zhibin a effectué plusieurs petits boulots pour subvenir aux besoins de sa famille. Il a eu un accident de voiture le 11 septembre 2005, après avoir travaillé de nuit. Il est décédé à l’âge de 35 ans et laisse derrière lui sa femme et un jeune enfant.

Pendant vingt-six ans, simplement parce que j’ai refusé de renoncer à ma croyance dans le Falun Gong, j’ai subi toutes sortes de persécutions, y compris la perte de mon emploi, et la perte de mes parents, de ma femme et de mon enfant. J’ai été détenu et torturé. Aujourd’hui, à un âge avancé, je vis dans le dénuement et j’ai du mal à joindre les deux bouts. C’est la dure réalité à laquelle je suis confronté. J’espère qu’une telle tragédie n’arrivera pas à d’autres personnes et que la persécution du Falun Gong cessera immédiatement.

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Traduit de l’anglais