(Minghui.org) La musique est une composante essentielle de la culture traditionnelle chinoise. Le Liji (Livre des Rites) affirme : « La vertu est le fondement de l’humanité ; la musique est le rayonnement extérieur de la vertu. »
Ainsi, la musique a été créée et transmise pour harmoniser le Ciel et la Terre, perfectionner le caractère et élever l’âme vers un niveau supérieur.
L’origine de la musique vertueuse
La civilisation chinoise a débuté avec l’Empereur Jaune, qui a vécu il y a environ 5000 ans. C’est sous son règne que le calendrier a été créé. On a appris également à semer les céréales, à écrire, à construire des bateaux et des véhicules. De plus, l’arithmétique, la médecine et la musique ont vu le jour à cette époque.
Sur ordre de l’Empereur Jaune, le musicien Ling Lun a établi les gammes musicales. Utilisant des tuyaux de bambou du mont Kunlun, il les a coupés en douze longueurs différentes, chacune produisant une sonorité unique. Après avoir calibré ces sonorités pour qu’elles correspondent au chant du phénix, il fondit douze cloches pour servir de référence pour ces tons.
Après avoir composé la musique, Ling a dirigé une grande danse musicale par une matinée de printemps. Impressionné par la pureté de la musique au lever du soleil, l’Empereur la nomma Xian Chi. « L’Empereur Jaune l’appela Xian (le tout) Chi (la diffusion), car le Tao se répandra partout pour être suivi. Tout ce qui est divin et tout sur cette terre est béni », tel qu’écrit dans Le livre des Rites.
Nos ancêtres ont introduit la musique non seulement pour cultiver la vertu et vénérer le divin, mais aussi pour rendre hommage à leurs aïeux. Par exemple, l’empereur Zhuanxu a composé la musique de Cheng Yun (qui suit les nuages) en mémoire de l’Empereur Jaune. De même, les empereurs Yao et Shun ont fait composer respectivement le Da Zhang (la musique ample et lumineuse) et le Shao Yue (la musique de la beauté). Ces traditions musicales furent établies pour exprimer la gratitude envers le divin pour ses bienfaits.
Sous la dynastie Zhou, le duc de Zhou a instauré un protocole formel et a enrichi l’art musical. Outre le respect du divin, il s’est également attaché à harmoniser le peuple par la musique. « Les rites régulent les esprits, tandis que la musique fait écho à la voix du peuple », était-il écrit dans le Liji. Afin de vénérer le divin et de protéger le peuple, il a promu la vertu et a mis en place un système rituel complet pour préserver les valeurs morales.
Confucius a également souligné l’importance de la moralité. « Si une personne n’est pas bienveillante, comment traitera-t-elle les rites ? Si une personne n’est pas bienveillante, comment traitera-t-elle la musique ? » Il pensait que la bonne musique permettait d’exprimer ses émotions de manière appropriée. « De la joie, mais sans excès ; de la tristesse, mais sans désespoir », expliquait-il.
Bien que séparées par environ 500 ans, les idéologies du duc de Zhou et de Confucius étaient remarquablement proches. Tous deux accordaient une grande importance aux rites et à la musique. « Le Shijing (Le classique de le la poésie) inspire, les rites enseignent les bonnes manières et la musique forge le caractère », expliquait Confucius. Cette tradition a perduré pendant des millénaires.
Après avoir unifié la Chine et fondé la dynastie Qin, Qin Shi Huang a imposé la normalisation de l’écriture, ouvrant la voie à une documentation et une diffusion cohérentes de la musique parmi les lettrés. L’empereur Wu des Han créa le Yuefu (Le Bureau de la musique) afin de collecter la musique de cour et la musique folklorique. Il y intégra également la musique de groupes ethniques éloignés dans les régions de l’ouest et des peuples barbares du nord. Ces diverses traditions musicales se complétaient, formant un système musical sophistiqué et complet.
Ainsi, dans la Chine ancienne, les rites et la musique étaient profondément imbriqués. Les rites étaient toujours accompagnés de musique et se déroulaient rarement sans elle. Différents types de musique étaient composés pour le culte, les festivités et même l’entraînement militaire. Cette tradition, qui a perduré de la dynastie Zhou à la dynastie Qing, est restée vivante.
Le choix de la musique
Zixia, disciple dévoué de Confucius, a continué de diffuser le confucianisme après la mort de son maître. Le récit suivant, tiré du Shiji (Mémoires du Grand Historien), relate une rencontre entre Zixia et le marquis Wen des Wei.
En tant que fondateur des Wei, le marquis Wen a toujours respecté les érudits vertueux et était désireux d’apprendre d’eux. Un jour, il dit à Zixia : « Lorsque je suis assis bien droit à écouter de la musique ancienne, je m’endors souvent ; en revanche, lorsque j’écoute de la musique des royaumes des Zheng ou des Wei, je ne ressens aucune fatigue. Pourquoi ? »
Zixia répondit que la musique ancienne provenait de l’Empereur Jaune, ainsi que des empereurs Yao et Shun. Cette musique vertueuse était paisible, solennelle et profonde. « La musique est harmonieuse et magnifique », expliqua-t-il. « Elle commence par la paix, s’élève par la force militaire et résout le chaos par la paix. Tout le processus est rapide et gracieux, sans aucune vulgarité. » Ceci est conforme à la mentalité des anciens : s’améliorer, harmoniser la famille et instaurer la paix dans le pays.
Cependant, la musique contemporaine des royaumes des Zheng et des Wei est tout à fait différente. « Leur rythme est désynchronisé, leur voix est frivole et l’émotion est noyée dans l’excès », poursuivit Zixia. « En se comportant comme des pitres, ils ont tendance à brouiller les frontières entre hommes et femmes et à perturber des relations saines, comme celle entre un père et son fils. »
Lorsque le marquis Wen l’interrogea sur l’essence de la musique, Zixia expliqua qu’il était important que le Ciel et la Terre, ainsi que les quatre saisons, soient en harmonie. « Lorsque les gens cultivent la vertu, ils seront bénis par une récolte abondante et préservés de la maladie et des autres catastrophes », expliqua-t-il. « C’est dans ce contexte que les sages ont établi la relation appropriée entre le père et le fils, l’empereur et ses sujets. Grâce à ces principes, la gamme musicale est calibrée et une musique vertueuse est créée pour les commémorations. »
Autrement dit, la musique est l’harmonie entre le Ciel et la Terre, tandis que les rites symbolisent leur ordre. L’harmonie permet à toutes les créatures de coexister en ce monde et l’ordre garantit que chaque chose a sa propre limite, comme le souligne le Shiji. La musique a une origine divine, tandis que les rites servent à maintenir la stabilité sociale.
À l’inverse, Zixia a noté que la musique vulgaire se présente sous plusieurs formes. La musique des Zheng transgresse l’étiquette et se complaît dans l’extravagance, obscurcissant l’esprit ; la musique des Song est obsédée par la luxure et compromet la volonté ; la musique des Wei est impétueuse et spontanée, engendrant agitation et malaise ; la musique des Qi naît de l’arrogance, provoquant insouciance et perte de contrôle. Collectivement, ces quatre types reflètent l’excès et portent atteinte à la moralité, les rendant inappropriés aux contextes formels.
La musique chinoise ancienne possède cinq tons principaux : gong, shang, jue, zhi et yu. « Le son du gong apporte chaleur et ampleur ; le son du shang inspire dignité et droiture ; la note du jue apporte bonté et empathie ; la note du zhi enseigne la générosité ; la note du yu aide à être irréprochable en matière d’étiquette », était-il écrit dans le Shiji.
« Autrement dit, l’étiquette discipline l’individu extérieurement, tandis que la musique le guide intérieurement. Nul ne saurait abandonner l’étiquette, même un court instant ; autrement, il risque de devenir arrogant et d’adopter d’autres comportements inconvenants. De même, nul ne saurait vivre trop longtemps sans musique dans son cœur ; autrement, de mauvaises pensées pourraient s’y développer », poursuit le livre.
« Puisque le manque d’étiquette conduit à des comportements inconvenants, les sages nous ont fait découvrir la musique vertueuse et nous ont sensibilisés à l’étiquette appropriée. Ainsi, chacun de nos pas est empreint de courtoisie et chacune de nos paroles est juste. De ce fait, même si l’on parle toute la journée, on ne sombrera ni dans l’arrogance ni dans de mauvaises pensées », est-il écrit dans le Shiji.
En entendant ces paroles de Zixia, le marquis Wen se consacra à la promotion de la musique vertueuse et se détourna des formes vulgaires. Il accueillit les personnes vertueuses et les plaça à des postes clés, faisant de Wei l’État le plus puissant de son époque.
(À suivre)
Traduit de l’anglais
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