3. Le piège

Plus tard, les deux policiers qui étaient là pendant que le policier ‘A’ me frappait m’ont reconduite au bureau des interrogatoires de Hanzhuang. Il y a eu un coup de téléphone. Le policier Zhu Xiaosong a dit que j’avais de la chance et que je pourrais être libérée. Je leur ai demandé quand et il a répondu qu’il allait demander aux autorités supérieures. Après un moment, le policier Zhang Lijun est sorti pour demander ce qui allait se passer. Quand il est revenu, il a dit : « Tellement de problèmes, [le cas d’]un enfant doit être rapporté au grand chef. » Après avoir attendu pendant une demi-heure, le policier Qin Shouwen est entré et a dit : « Donne un coup de fil à tes parents, conviens d’un lieu de rencontre et demande-leur de venir te prendre. » J’ai dit que nous étions d’accord pour me laisser partir seule. Qin a dit : « Nous te laisserons partir seule, mais tu dois convenir d’un lieu de rencontre avec tes parents. » J’ai accepté sa requête. Il me donna son téléphone portable et me demanda d’utiliser son téléphone pour appeler. J’ai pensé que son téléphone portable pourrait avoir une fonction de mémoire automatique pour enregistrer les numéros de téléphone sortant, alors j’ai refusé d’utiliser son téléphone. Il a dit : « De quoi as-tu peur ? Ce téléphone portable ne va pas afficher le numéro de téléphone (de tes parents). » Ce qu’il a dit a justement confirmé que ce que je pensais était juste. J’ai dit : « Je n’utiliserai pas votre téléphone, je veux utiliser un téléphone public. » Ils m’ont conduite à une épicerie. Je leur ai demandé de rester dehors pendant que je faisais mon numéro, ce qu’ils ont fait. Juste après que j’aie composé le numéro et que je sois connectée avec ma mère, ils se sont précipités à l’intérieur. J’ai vu qu’ils voulaient me saisir le téléphone des mains, alors j’ai rapidement raccroché. Le policier Qin Shouwen a recomposé le numéro et a demandé aux autres policiers de me sortir du magasin. Il a écrit le numéro de téléphone de ma mère. Je leur ai immédiatement dit : « Vous avez menti. Pourquoi vous êtes-vous précipités quand j’étais en train d’appeler ? » Les policiers Qin Shouwen et Zhang Lijun ont dit : « Tu as convenu d’un lieu de rencontre avec ta mère. Nous devions le savoir pour être sûrs. » Qin Shouwen a eu ma mère au téléphone. Ma mère leur a demandé de me libérer inconditionnellement. Après le coup de fil, Qin Shouwen était très en colère et a dit : « Ta mère ne va pas venir te chercher, allons-y. » J’ai été renvoyée au centre de détention, c’était déjà environ midi. Dans l’après-midi du 9 novembre 2000, le policier Zhang Lijun est arrivé dans la pièce des interrogatoires et m’a dit : « Tu peux partir d’ici et rentrer à la maison maintenant. » Il m’a envoyé à la porte du centre de détention et m’a dit où était l’arrêt de bus. J’ai pris la route du bus 918 pour Beijing.

Quand je suis arrivée à la station de bus de Dongzhimen, j’ai trouvé là les policiers Qin Shouwen et Zhu Xiaosong qui m’attendaient. Ils m’ont attrapée et n’ont pas voulu me laisser partir. J’ai été forcée de donner un coup de téléphone à ma mère pour qu’elle vienne me chercher. Au téléphone, j’ai murmuré à ma mère que j’avais deux chiens qui me suivaient et je lui ai dit que j’étais à la station de bus de Dongzhimen. Après le téléphone, ils m’ont demandé : « As-tu convenu avec ta mère qu’elle vienne te chercher ? » J’ai dit : « Oui » Ils m’ont mis dans une voiture de police et ont attendu à l’intérieur. Après un moment, le policier Qin Shouwen n’a pas vu venir ma mère et a dit : « Où as-tu dit à ta mère de te rencontrer ? Où est ta maison ? Qu’est-ce qui ne va pas avec ta mère ? » J’ai gardé le silence. Plus tard, j’ai appris par ma mère que le policier Qin Shouwen lui avait dit que j’étais à la station de bus de Dongzhimen, que la police était partie et il demandait à ma mère de venir vite pour me chercher. Je voulais acheter quelque nourriture ; un policier a tiré mon bras, est sorti de la voiture et est venu dans le magasin. Quand je suis sortie, Qin Shouwen m’a traînée par le bras pour retourner dans la voiture de police. Qin Shouwen a rappelé ma mère. Plus tard, ma mère m’a dit (après ma libération) qu’elle avait de nouveau demandé à Qin Shouwen de me libérer inconditionnellement et lui a demandé des explications sur les précédents mensonges qu’il lui avait racontés. Qin était en colère et a dit à ma mère : « Vous ne voulez pas venir prendre votre enfant, alors nous la ramènerons [au centre de détention]. » Après le coup de fil, j’ai été reconduite au centre de détention Pinggu. En chemin il a dit : « Pourvu que tu nous dises ton adresse, nous te relâcherons immédiatement. » J’ai pensé à ce moment : « Vous êtes tous des menteurs. Vous m’avez menti deux fois. Vous m’avez roulée pour lâcher le numéro de téléphone de ma mère et vous m’avez menti pour ma libération. Vous ne me tromperez plus. » Je ne pouvais pas avoir confiance dans leurs paroles.

Une fois de retour au bureau de la sécurité publique de Pinggu, les policiers Zhu Xiaosong et Zhang Lijun étaient trop endormis pour me surveiller, alors deux autres policiers ont été envoyés. J’ai été plus tard envoyée à la section judiciaire au quatrième étage. Jusqu’alors, je n’avais pas dormi depuis 36 heures et j’étais en grève de la faim depuis le 8 novembre 2000. Ils ont menotté une de mes mains à un chauffage et m’ont finalement autorisée à dormir sur deux chaises mises ensemble. Le policier a dit : « En faisant comme ça, je n’ai pas trop à m’inquiéter. » J’ai pensé que je devais les laisser me renvoyer ouvertement.

4. Détention et menaces d’être nourrie de force par intubation

Aux environs de 10h. du matin le 10 novembre, j’ai été cueillie et emmenée pour un interrogatoire par l’officier de police Qin Shouwen. Il a saisi mon col avec colère et a demandé à connaître mes nom, adresse, d’où venait la banderole et qui l’avait faite. Il a demandé des détails sur ma mère. Je ne lui ai pas répondu. Il a menacé : « Je te le dis, peu importe que tu sois jeune, nous pouvons te jeter en prison. » J’ai été emmenée au troisième étage où l’officier Qin téléphonait à ma mère et lui disait ce qu’il venait de me dire. Il lui a ensuite ordonné d’apporter des couvertures et de l’argent pour payer pour ma détention, disant qu’il faisait très froid ici et disant que le centre de détention ne pouvait fournir aucun « équipement » pour quoi que ce soit. Ma mère a répondu : « C’est une détention illégale. Vos officiers qui doivent appliquer la loi sont en train de violer la loi. Si vous n’arrêtez pas, j’exposerai vos actes répugnants aux médias internationaux. » L’officier Qin était de plus en plus frénétique et a hurlé : « Vous pouvez m’exposer où vous voulez. Je n’ai pas peur, allez-y ! » Il a ensuite raccroché le téléphone.

On m’a ramenée au bureau des interrogatoires (Etat de Han) au premier étage. Les officiers de police Zhu Xiaosong et Zhang Lijun étaient tous les deux en train d’écrire des rapports de détention. Comme je n’avais pas révélé mon nom, ils m’ont assigné le numéro 3501. Déjà l’officier Qin Shouwen entrait. Il a dit : « Si tu ne nous dis pas ton nom, nous allons t’emprisonner. » J’ai perçu qu’ils avaient utilisé tous les moyens auxquels ils avaient pensé. J’ai répondu que ce n’était pas à lui de prendre la décision. Il a demandé avec colère si ce n’était pas sa décision, alors la décision de qui était-ce ? J’ai pensé en moi-même : « C’est au Maître. » Je l’ai alors ignoré et ne lui ai plus parlé.

En fin d’après-midi, l’officier Qin est de nouveau entré. Il avait déjà signé mon ordre de détention, mais avait également besoin de l’approbation du chef de la police, l’officier Wang. Je l’entendis demander au téléphone : « Pouvons-nous envoyer cet enfant au centre de détention ? Elle ne peut pas rester ici pour toujours. » Je ne sais pas ce que Wang a dit. Après un moment, Qin a dit : « Attendre une autre nuit ? » Plus tard il m’a ordonné de manger et m’a menacée, je devais manger ou sinon je serais nourrie de force par intubation à 22h. cette nuit-là. J'ai pensé en moi-même que je ne pouvais pas le laisser réussir à me nourrir de force et j’ai demandé au Maître son aide. Qin a essayé de me fourrer des biscuits et d’autres nourritures dans la bouche, mais je serrais les dents et alors il m’a giflée. Il m’a pincé le nez et a enfilé de l’eau dans ma bouche. Je suffoquais presque, alors j’ai bu quelques gorgées. Il hurla sauvagement : « Si tu ne manges pas, je te forcerai à manger. Si tu ne manges toujours pas, je verserai la nourriture au fond de ta gorge. » Il lutta pendant un long moment, mais ne réussit toujours pas. Il me donna l’ordre de m’accroupir près du mur, mais parce que je n’avais pas mangé depuis plusieurs jours, je n’avais pas l’énergie de m’accroupir, alors je me redressai. Peu de temps après, une femme cruelle à charge de la section B est entrée et a commencé à nouveau l’interrogatoire. Chaque fois qu’elle parlait, elle me poussait brusquement l’épaule avec le doigt et menaçait de me nourrir de force avec des tubes d’une épaisseur de 1,5 à 2 cm. Elle m’a ensuite giflée en disant : « Quand le moment arrivera de te nourrir de force, tu souffriras. » J’ai répondu : « Je n’ai pas peur. » Elle a aussi dit : « Plus tard, on pourra te donner des substances pour te faire perdre la mémoire. On verra ensuite si tu continueras la pratique ou non. » Je me suis souvenue de ce que le Maître avait dit sur « les potions magiques », que ces choses ne fonctionneraient pas sur les pratiquants de Falun Dafa. Voyant que je refusais de répondre quoique ce soit, elle a dit à l’officier Qin : « Suspends-la. Suspends-la pendant une nuit. » Après un moment, elle a dit : « Si elle ne mange pas d’ici 22h., intube-la et envoie-la en détention. » Ils sont ensuite partis tous les deux.

(à suivre)