(Minghui.org)

la reporter Xu Jing


Cet article a d'abord été publié en mai 2010.



Le 25 avril 1999, des pratiquants de Falun Gong sont allés faire appel à Pékin au Bureau des appels du Conseil d'État. Ils ont demandé la libération de 45 pratiquants détenus à Tianjin et ils ont réclamé un environnement de cultivation non discriminatoire ainsi que la permission de publier les livres du Falun Gong. Le Premier ministre chinois a discuté avec les représentants de ces pratiquants et la question a fini par se résoudre. Cependant, plusieurs mois plus tard, le Parti communiste chinois (PCC) a lancé une vaste campagne de persécution contre le Falun Gong en diffamant l'appel pacifique du 25 avril comme étant une « attaque de Zhongnanhai » (Note : Zhongnanhai est le siège du gouvernement central du PCC, qui est proche du Bureau des appels du Conseil d'Etat). À partir de ce jour là, dans la massive persécution par le PCC, les pratiquants de Falun Gong du monde entier ont débuté leur long chemin difficile d'appels pacifiques.


Nous avons interviewé trois pratiquants qui ont pris part à cet appel à l'époque. Chacun d'eux se souvient de ce jour et partage ici ses souvenirs.


La scène de l'appel pacifique


En apprenant que des pratiquants avaient été arrêtés à Tianjin, Mme Li Jie, qui avait alors 20 ans, et qui pratiquait depuis un an, a rejoint l'appel du 25 avril le cœur pur et bienveillant. En y repensant, elle raconte : « Tout était paisible. Nous considérions que c'était une occasion pour le gouvernement de nous comprendre. Nous n'avons ni crié, ni parlé fort ; nous n'avions pas non plus de banderoles et n'avons pas non plus exprimé nos émotions. Pensant que nous n'avions rien fait de mal, nous n'avions aucune crainte, ni préoccupation, nous étions là debout. C'était en effet très pacifique. Les pratiquants sur le rang de devant étaient tous debout. Quand quelqu'un était fatigué, il ou elle se retirait vers l'arrière où les pratiquants faisaient les exercices ou lisait des livres [du Falun Gong]. »


Mme Li Bin (droite) et Mme Li Jie (gauche), actuellement aux États-Unis.


Quand a eu lieu l'appel du 25 avril, Mme Li Bin, qui venait d'avoir son diplôme universitaire, cherchait un travail à Pékin. Elle a rejoint les appelants parce qu'elle avait bénéficié du Falun Gong à la fois physiquement et mentalement. Pour aider d'autres personnes à comprendre ce qu'est le Falun Gong et en bénéficier eux aussi, elle a rejoint l'appel. Elle n'a même pas réfléchi à ce qui pourrait se produire le lendemain, puisque son intention était pure, elle voulait juste dire la vérité sur le Falun Gong.


Mme Li Bin a dit : « Plusieurs d'entre nous pratiquants sommes allés là-bas en bus vers 6 heures. En arrivant, nous avons vu beaucoup de pratiquants déjà sur place, notamment de ma ville. On reconnaissait facilement les pratiquants car certains portaient des petits insignes avec le symbole du Falun d'autres tenaient le livre Zhuan Falun. Pour éviter de bloquer le trafic routier, nous laissions la route libre n'occupant que le trottoir. Même sur le trottoir, nous laissions de la place aux passants.


« Il y avait beaucoup de pratiquants. Mais le lieu n'était pas encombré, au lieu de cela c'était très calme et paisible. Aucun d'entre nous ne criait, ni n'avait de banderoles. Nous ne pensions pas trop. Il y avait un jeune policier d'une vingtaine d'années, son travail était de maintenir l'ordre. En nous voyant pratiquants de tous âges souriant et paisibles, il était un peu timide. Ensuite, par pudeur, il nous tournait le dos. Après que je lui ai parlé du Falun Gong, il a compris pourquoi nous étions là. J'ai aussi vu des pratiquants ramasser des mégots de cigarettes que les policiers avaient jetés sur le sol. Les policiers en étaient un peu embarrassés. »


 
Mme Zhou Linna et son époux, qui étaient à l'appel du 25 avril 1999


Interviewée, Mme Zhou Linna, qui venait de Pékin a dit : « Je suis restée là toute la journée, jusqu'à 21h. L'appel a duré tout ce temps, c'était très calme. Les pratiquants étaient debout lisant leurs livres. Les jeunes devant les vieux qui étaient assis sur des matelas à l'arrière, soit ils lisaient ou faisaient la méditation. Pendant ce temps, certains pratiquants déambulaient avec des sacs en plastique pour ramasser les choses à jeter, y compris les mégots de cigarettes des policiers. »


Les policiers dirigeaient la situation et nous avons été piégés


D'après Mme Li Jie : « Nous avons passé beaucoup de temps à chercher le centre des appels [le Bureau des appels du Conseil d'État], mais en vain. Il y avait des pratiquants de la ville et d'autres venus d'ailleurs, certains portaient des livres du Falun Gong et d'autres des petits insignes avec le Falun. Nous sommes allés dans un lieu de l'autre côté de la rue de Zhongnanhai. Un gardien est venu nous demander si nous faisions appel. Nous avons acquiescé en leur disant que nous n'arrivions pas à trouver le lieu. Le gardien a offert de de nous montrer le chemin, nous l'avons remercié. Par la suite la route a été barricadée par la police, plus aucune voiture ni bus ne pouvait passer. Ensuite beaucoup de policiers sont venus se mettre debout devant nous, des cars de police tournaient en permanence. Nous ne savions pas ce qu'ils faisaient. Comme nous étions sur le trottoir et ne bloquions pas la circulation, nous étions surpris que les policiers ne permettent pas des véhicules motorisés. »


Mme Li Bin a dit : « De plus en plus de pratiquants arrivaient, et nous ne savions toujours pas où était le centre d'appels. Ensuite des policiers sont venus nous demander de les suivre. Avec un cœur pur, les pratiquants n'ont pas réfléchi mais ont suivi la police. Je venais d'arriver à Pékin et ne connaissais pas encore les routes. Mais je me souviens que les policiers nous ont mené à un endroit de l'autre côté de la rue en face du mur rouge [tout autour du centre de Zhongnanhai]. Il y avait des policiers partout qui nous ont disposés tout autour du centre des appels. En y repensant, il était évident que le PCC avait pris ses disposition pour nous mener dans une situation qui donnait l'impression que nous encerclions Zhongnanhai. »


Mme Zhou Linna connaissait bien Pékin. Elle a dit : « Au début, nous étions tous très proches du centre d'appel. Ensuite d'autres pratiquants sont arrivés, mais nous n'allions toujours pas à Zhongnanhai. Par la suite vers 7 heures, certains policiers sont venus nous demander de les suivre et nous avons été menés vers la route à l'ouest de l'entrée de Zhongnanhai. Nous étions là debout en face de la rue de Zhongnanhai. Les pratiquants ont fait très attention à ne pas gêner la circulation et à laisser de l'espace pour les passants. À la fois les bus et les gens pouvaient aller librement au travail et se déplacer. »


« À ce moment là, il y avait beaucoup de policiers, à courte distance. Au début, les policiers étaient détendus, ils bavardaient avec nous. En échangeant avec les pratiquants, ils ont compris que le Falun Gong était inoffensif, ils savaient que les pratiquants de Falun Gong étaient de bonnes personnes. Ils étaient très impressionnés par leur calme et la paix qui se dégageaient d'eux. Cependant, à la fin de l'après midi, ces policiers ont été remplacés par la police militaire armée et la situation s'est tendue. La police armée ne parlait pas avec les pratiquants et l'atmosphère a soudain changé, comme si quelque chose risquait de se passer. À ce moment là, les pratiquants étaient debout sur le trottoir et les policiers étaient sur la route. Vers 8 ou 9 heures le soir, les pratiquants représentants qui étaient allés à Zhongnanhai [sur invitation du Premier ministre] sont sortis et nous ont dit que le problème était résolu. Notre demande avait été acceptée et les pratiquants de Tianjin ont été relâchés. Nous étions très heureux et sommes partis. Quand je suis arrivée à la maison, un ami m'a appelée. Il a dit que quelqu'un de sa famille qui travaillait au Bureau général politique, le département des opérations, tenait une réunion. Il m'a dit que si les pratiquants n'avaient pas quitté à minuit, il y aurait eu une action militaire. »


L'escalade : le harcèlement des pratiquants après le 25 avril


Le régime de Jiang Zemin a diffamé l'appel du 25 avril de différentes manières et a utilisé cette excuse pour lancer la persécution contre le Falun Gong. Mme Zhou Linna a dit : « Les reportages télévisés disaient que que nous pratiquants avions encerclé Zhongnanhai. En réalité, nous sommes juste allés là-bas et sommes restés debout dans le calme sans rien faire d'autre. »


Mme Zhou Linna a dit : « La réponse que nous avons reçue du gouvernement le 25 avril était de continuer à pratiquer les exercices comme avant. Cependant le PCC nous jouait un tour en tentant de nous tromper. Au printemps 1999 les dimanches matin, il y avait de grands groupes de personnes pratiquant les exercices à différents endroits de Pékin. Certains d'eux comptaient jusqu'à 1.000 pratiquants, voire même 2.000. Je me joignais souvent au groupe de pratique sur un grand terrain de jeu à Zhongguancun dans Pékin. Je suis retournée là-bas le premier dimanche après le 25 avril. Mais la police est venue chez moi deux jours plus tard pour nous emmener au poste de police, mon mari et moi. C'était la première fois que j'avais affaire à la police. Ils avaient une très mauvaise attitude et ont demandé si nous étions allés faire appel le 25 avril. Ils nous ont aussi demandé si nous étions allés au groupe de pratique à Zhongguancun le dimanche. Finalement les policiers nous ont mis en garde de ne plus jamais pratiquer en nous menaçant d'être tenus responsables si on y allait. »


« Le dimanche suivant, je suis de nouveau allée faire les exercices. Les policiers avaient ordonné à différentes agences gouvernementales d'envoyer sur place à l'avance des motos. Le terrain de jeu ressemblait à un vaste parking rempli de véhicules de police du gouvernement. Nous n'avions donc plus de lieu pour faire les exercices et avons donc présenté le Falun Gong à d'autres personnes. J'ai aussi entendu que les policiers ont continué à harceler les pratiquants en demandant à chaque employeur si l'un de leurs employés avait pris part à l'appel du 25 avril. »


Mme Li Bin a dit que beaucoup de gens savaient la vérité bien qu'ils ne pratiquaient pas le Falun Gong. Elle raconte : « Quand ma mère a appris que j'avais participé à l'appel du 25 avril, elle a eu très peur, elle pensait que le PCC allait nous punir en représailles. Cependant, quand une de mes anciennes camarades qui travaille dans une banque, a entendu une collègue dire que les pratiquants étaient allés créer des problèmes, elle a dit très sérieusement à cette personne : « Ces pratiquants sont allés là-bas juste pour dire au gouvernement ce qu'est le Falun Gong. J'ai beaucoup d'amis qui pratiquent le Falun Gong, ce sont vraiemnt de bonnes personnes. »


25 avril 2010



Traduit de l'anglais en France