(Minghui.org) Une femme âgée de 70 ans de la ville de Fushun, dans la province du Liaoning, a comparu pour la deuxième fois devant un tribunal le 11 septembre 2023 pour sa croyance dans le Falun Gong, une discipline de l’esprit et du corps basée sur le principe Authenticité-Bienveillance-Tolérance, que le régime communiste chinois persécute depuis 1999.

Le procès de Mme Wang Caiyun, une ancienne employée de la mine de Longfeng, fait suite à son arrestation le 17 mai 2022. Elle avait été libérée après quinze jours de détention administrative, avant d’être à nouveau arrêtée le 4 mars 2023. Elle est depuis lors détenue au centre de détention de la ville de Fushun.

Le tribunal du district de Dongzhou a tenu deux audiences sur son cas au centre de détention, la première le 12 juillet et la seconde le 11 septembre.

Lors de la première audience, le procureur Yang Kun a présenté un mystérieux témoin sans l’appeler à la barre. Le témoin s’appelait Xu Dawei, mais aucune autre information (comme le sexe ou l’âge) n’était disponible. Xu aurait assisté à l’interrogatoire de Mme Wang par la police et à la descente à son domicile. Les signatures de Xu sur cinq formulaires différents semblaient toutes différentes.

Au cours de la deuxième audience, Yang a continué d’insister sur le fait que Xu, qui n’était pas présent, était légitime, malgré les preuves du contraire (le mari de Mme Wang, qui était présent lors de la descente de police, n’a jamais vu quelqu’un du nom de Xu chez lui).

Dernières arrestations

Au cours des vingt-quatre dernières années de persécution, ce n’est pas la première fois que Mme Wang est prise pour cible en raison de sa croyance. Elle a été arrêtée à plusieurs reprises et a été condamnée à deux reprises à des travaux forcés pour une durée totale de cinq ans.

Mme Wang a été arrêtée le 17 mai 2022, après avoir été signalée pour avoir parlé du Falun Gong à des personnes lors d’une foire dans le district de Dongzhou. Les agents qui ont procédé à l’arrestation étaient Yang Di et Bao Hengxin du poste de police de Longfeng. Ils ont demandé à leur nouveau chef, Liu Dun, ce qu’il fallait faire.

Liu a répondu que puisque l’arrestation avait eu lieu dans la juridiction du poste de police, ils devaient établir un dossier contre elle. Il a chargé les agents Yang, Cheng Hao, Wang Te, Ma Haotian, Sun Yuanlei, Zhao Bin et Gu Qiqiang de s’occuper de l’affaire.

Les agents désignés ont effectué une descente au domicile de Mme Wang et l’ont interrogée. Ils n’ont inscrit aucun nom dans les trois cases du formulaire d’enregistrement de l’affaire, à savoir « suspect », « agents ayant procédé à l’arrestation » et « informateurs ». Au lieu de cela, ils ont écrit « à enquêter » dans chacune de ces trois cases.

Le capitaine Zhang Aiqun et le vice-capitaine Zhang Zhe (aucun lien de parenté) du Bureau de la sécurité intérieure du district de Dongzhou, qui supervise le poste de police de Longfeng, ont délivré un certificat pour « vérifier » que les amulettes et les dépliants portant des messages du Falun Gong qui ont été confisqués à Mme Wang lors de son arrestation étaient du « matériel promotionnel illégal de Falun Gong ».

Mme Wang a été placée en détention administrative pendant quinze jours et libérée le seizième jour. Les deux capitaines du nom de Zhang ont continué à la surveiller et l’ont arrêtée à nouveau à la même foire locale le 4 mars 2023.

Étant donné que Mme Wang avait déjà été placée en détention administrative en 2022, les capitaines ont ouvert une procédure pénale à son encontre. Ils ont également envoyé les agents Jiang Liqiang et Zheng Wang du poste de police subordonné de Dongzhou pour effectuer une descente au domicile de Mme Wang.

Jiang et Zheng ont confisqué trois pendentifs portant des messages du Falun Gong, ainsi que des billets de banque sur lesquels étaient imprimés des messages sur le Falun Gong (utilisées par les pratiquants comme moyen de sensibilisation à la persécution). Ils ont forcé son mari à signer le mandat de perquisition et l’ont inscrit sur la liste des témoins à charge contre son gré.

Les agents Kang Yunting et Li Sainan du Bureau de la sécurité intérieure de la ville de Fushun ont « authentifié » les biens confisqués sur la personne et au domicile de Mme Wang comme étant de la « propagande illégale ».

Jiang et Zheng ont ensuite été chargés d’interroger Mme Wang. Ils ont également approché le directeur de son comité communautaire local et l’ont interrogé sur les activités de Mme Wang dans le cadre du Falun Gong. Il a seulement vérifié qu’elle vivait dans la communauté sans dire à quel point elle était « active » dans la promotion du Falun Gong, comme la police souhaitait l’entendre.

Le parquet du district de Dongzhou a lancé un mandat d’arrêt formel à l’encontre de Mme Wang le 10 mars 2023 et l’a inculpée quelques mois plus tard.

Le mystérieux « Xu Dawei »

Alors que la police a inscrit le mari de Mme Wang comme témoin à charge récalcitrant, elle a également inscrit une mystérieuse personne s’appelant « Xu Dawei » comme autre témoin. Le nom de « Xu Dawei » apparaît sur cinq formulaires différents en tant que témoin ayant assisté à l’interrogatoire de Mme Wang et à la confiscation de ses trois pendentifs et des billets de banque à son domicile.

Les signatures de « Xu Dawei » semblaient toutefois provenir de cinq personnes différentes sur les cinq formulaires.

Première audience

Le tribunal de district de Dongzhou a tenu une audience le 12 juillet 2023. La famille et les amis de Mme Wang n’ont pas été autorisés à entrer dans la salle d’audience. Seuls son avocat et son fils (en tant que défenseur de la famille) étaient présents pour défendre son innocence dans la pratique et la diffusion d’informations sur le Falun Gong.

Le procureur Yang Kun a d’abord présenté trois éléments de preuve pour vérifier l’identité, l’adresse et l’arrestation de Mme Wang, notamment un témoignage du directeur du comité communautaire local de Mme Wang indiquant qu’elle vivait bien dans cette communauté, une photo en noir et blanc de Mme Wang marchant seule et le formulaire de dépôt de plainte rempli à la suite de son arrestation en 2022 (même si le formulaire ne mentionnait pas les noms du suspect, des agents ayant procédé à l’arrestation ou des personnes ayant fourni des informations).

Yang a ensuite évoqué la détention administrative de Mme Wang en 2022. Il a déclaré que, selon la loi, les personnes ayant fait l’objet d’une détention administrative dans les deux ans suivant leur dernière arrestation doivent faire l’objet de poursuites pénales. Il n’a toutefois pas pu préciser de quelle loi il s’agissait lorsque l’avocat de Mme Wang l’a contesté.

Les trois pendentifs et les dix billets de banque avec des messages de Falun Gong qui ont été confisqués au domicile de Mme Wang après son arrestation le 4 mars 2023 sont également considérés comme des éléments de preuve à charge. Yang a déclaré que ces objets indiquaient que Mme Wang s’était engagée dans des « activités illégales. » L’avocat et le fils de Mme Wang ont réfuté le fait qu’aucune loi promulguée ne criminalise le Falun Gong ou ne le qualifie de secte, et qu’il était donc parfaitement légal pour elle de posséder des objets liés au Falun Gong, y compris des dépliants, des pendentifs et des billets de banque avec des messages de Falun Gong imprimés.

Yang a déclaré que la signature du mari de Mme Wang sur le mandat de perquisition indiquait qu’il avait témoigné contre elle. L’avocat de Mme Wang a rétorqué que personne ne devrait être contraint de témoigner contre un suspect et que la police avait enfreint la loi en inscrivant le mari de Mme Wang comme témoin à charge contre son gré.

Malgré les signatures manifestement différentes de Xu Dawei sur cinq formulaires différents, Yang a affirmé que ces signatures indiquaient qu’une tierce partie indépendante, à savoir Xu, avait assisté à l’interrogatoire de Mme Wang par la police et à la descente à son domicile.

Cependant, Xu n’était pas présent au tribunal pour accepter le contre-interrogatoire, et il n’a pas été fait mention de son sexe, de son âge, de sa profession ou d’autres informations requises. De plus, la vidéo de la police montrant la descente au domicile de Mme Wang ne montre aucun « Xu Dawei ».

Le procureur Yang n’a pas pu réfuter les arguments de l’avocat et du fils de Mme Wang, et le tribunal a ajourné l’audience.

Deuxième audience

Lors de la deuxième audience, le 11 septembre 2023, le procureur Yang a présenté de « nouvelles » preuves indiquant que Xu Dawei était bien un témoin de la descente de police au domicile de Mme Wang. La nouvelle preuve est le témoignage des agents Jiang et Zeng qui ont effectué la descente.

Yang a également expliqué que Xu n’apparaissait pas dans la vidéo de la police à cause simplement de l’angle du caméscope, qui ne parvenait pas à (le ou la) capturer dans la vidéo.

L’avocat de Mme Wang s’est opposé à ces nouveaux éléments de preuve et a fait valoir que le tribunal ne les avait jamais notifiés à lui-même ni au fils de Mme Wang (défenseur de la famille). Selon la loi, les nouvelles preuves introduites par l’une ou l’autre des parties (procureur ou défense) doivent être communiquées à l’autre partie à l’avance afin qu’elle ait le temps de préparer sa réponse au tribunal.

Yang a déclaré qu’il avait obtenu l’autorisation du tribunal de recueillir de nouvelles preuves, mais le juge n’a pas produit la demande ou l’autorisation de Yang lorsque l’avocat a demandé à les voir. L’avocat a averti qu’il pourrait poursuivre le juge et Yang pour collusion dans la poursuite de sa cliente.

Le fils de Mme Wang a répété que Xu ne pouvait pas avoir été le témoin de la descente de police, car seules trois personnes étaient présentes lors de la descente de police, dont son père (le mari de Mme Wang) et les agents Jiang et Zheng.

Le fils de Mme Wang a déclaré que son père était dans l’audience et qu’il pourrait témoigner. Yang a répondu par la négative, car une personne dans l’audience ne peut pas être un témoin en même temps.

Le juge a rejeté la demande d’authentification des signatures de Xu Dawei, même si elles semblaient différentes sur différents formulaires. Le juge a également rejeté la demande du fils de Mme Wang d’appeler Xu à la barre pour voir qui il (ou elle) était vraiment.

Voir aussi :

Une femme du Liaoning jugée pour sa croyance dans le Falun Gong

(Un article connexe est disponible dans la version chinoise.)

Traduit de l’anglais